1° Bouillir: En or bouillant bouillu seras. (Myst. inéd. I. p. 94.) Et ung enfer ou damnez sont boulus. (Fr. Villon, p. 106.) 2o Faillir: Et pour ce faillu lendemain Que la place au prince rendissent. (Eust. Desch. p. 246.) Je cite cet exemple-ci, bien que faillut y soit pour fallut et non pour faillit, parce que la forme faillu de faillir me paraît provenir d'une confusion entre les deux verbes, dont les Blaisois ont mêlé la forme mouillée de l'un avec la terminaison en u de l'autre. 3o Repentir : Je me repens, je me suis repentu. (Palsgr. p. 686.) 4° Sentir : Il m'a arraché une dent, et je n'ay point sentu de peine. C'est une faute de dire sentu pour senti. (H. Est. dans Livet, p. 436.) Sentu se trouve encore dans le Dict. de rimes de Richelet, de 1781. (') Tu luy diras que je luy mande Qu'en elle sera ma vertu Et que je me suis consentu Recouvrer le royaume de France. (M. du S. d'Orl., v. 7200.) 5° Suivre : (1) V. affaire Varenne St Hilaire, Gaz .des Trib. aud. du 16 juillet 1868: Mes mains ont sentu mauvais. (Déposition de P. Mercier.) Toujours j'ay suyveu ceste guerre. (M. du S. d'Orl. vs., 17526.) Les Anglois l'ont tant poursuiveue. (Id. 11025.) I sonne également u ou eu dans qq. subst. comme linot, crible, limas, pron. lunot-leunot, crube-creube, lumas-leumas. Ces mots sont probablement arrivés à la forme blaisoise en passant par e, eu, u cribrum, creble, creuble, cruble. Limax, lemas, leumas, lumas. Cf. avec fimarium, femier, feumier, fumier; Limus, (lens), (leuns), luns. CHAPITRE IV. De la prononciation de la voyelle O. RÈGLE I. La voyelle o dans le dialecte blaisois se prononce généralement ou; Ex.: homme, bonne, côté, fossé, rosée, gosier, etc.; prononcez: houme, boune, côuté, foussé, rousée, gousier, etc. Cette prononciation de l'o est aussi vieille que la langue française. Chez certains peuples voisins du Latium et dans le langage des paysans romains l'o sonnoit u-ou, surtout quand il était suivi d'un m ou d'un n. De même chez nos ancêtres l'u et l'o servirent à marquer le son ou; Ex.: Respundirent ces de Jabes: Dune nus respit set jurs; manderum nostre estre a tuz ces de Israel. Si poum avoir rescusse, nus l'atenderum; si nun, nus nus rendrum. (Liv. des Rois, cité par Génin, Variat, p. 167.) Alez, vous pri, au rei Othon; Si li dites cum je l' semun. (Chr. d. d. de Norm. vs. 18144.) Prononcez Outhoun, coume je l'semoun. : D'en sum del munt un flume sort Qui dreit vers Oriant s'en curt. (Chr. d. d. de Norm. vs. 319.) XVII sont, vaut bien chis contes? Pinchedé, warde que t'empruntes. (Jehan Bodel, Buchon, p. 185.) Je crois également qu'il faut lire our, oure les rimes en or, ore qu'on rencontre si fréquemment au XVII siècle, surtout chez les écrivains bourguignons; Ex.: Or puis avoir nom Chante-plore, Qui de duel chante et de tristor. Mult a Deus au monde en pou d'ore Tolu quanqu'il avait d'onor; Escossé en at tote flor; Et nature ses desonore, La ou la mors est au desore; Et ele emporte lo meillor. (Floire et Blancheflor, Ch. hist., I. 137.) En effet dans les poètes du XII et du XIIIe siècle, souvent dans le même poète, les mêmes mots sont écrits tantôt en or, tantôt en our. Il y avait entre les trois principaux dialectes français pour cette terminaison différence d'orthographe; je ne pense pas qu'il y ait eu différence de prononciation. Les Picards écrivaient eur et our, les Normands ur, les Bourguignons or; (Voir Burguy, I, 17, 70.) tous disaient our, excepté les Picards, qui semblent avoir généralement préféré eu à ou, mais qui parfois néanmoins écrivaient eur et prononçaient our. PLORE : J'en ai au cuer si grant dolour Qu'a biau semblant souspir et plour. (Ch. hist. I. 96.) Plourez, plourez, flour de chevalerie. (Eust. Desch. p. 27. Cf. Ibid. 27, 44, 117, 231.) TRISTOR: Plaine de doulour De tristour Et de plour, Dame de toute langour, Que n'est ma vie finée! (Eust. Desch. p. 151. Cf. Ibid. 66.) ORE Sire, je suis venu a oure et a tens garder mon jour. (Assises de Jérusal. ch. 50.) ONOR : FLOR: De ci a icele oure qu'ert prise la cité. (Gui de Bourgogne, V. 391.) Ains l'ama de si bonne amour Que mieux de li garda s'onour. (Ch. hist. I. 94.) En un vergier, cueillant la flour. (Id. id. I. 98, id.) A luy sacrifier laboure. (R. de la Rose, vers 9124.) DESORE: Une grant roche dessoure appeirt. (Saint-Grég. livr. I. ch. 8, dans Roquef.) MEILLOR: Ahi, amors, com dure departie Me convenra faire de la meillor Qui onques fust amée ne servie! Diex me ramaine a li par sa douçour. (Ch. hist. I. 113.) Du reste, la division admise par Burguy des trois terminaisons our, ur, or, attribuées à chacun des trois principaux dialectes est loin d'être complètement justifiée. Si Marie de France, ce charmant poète anglo-normand, écrit presque toujours ur : Et sun Barun li respundi Que il ot veu sun Lecheur Qi li fist hunte et desonur. (M. de Fr. II. p. 209.) l'auteur de la chronique des ducs de Normandie écrit le plus souvent or : Mars, qui est deus de bataille, Fu estrait de lur anceisors: De c'unt joie, c'est lur honors. (Vs. 479.) J'ai dit presque toujours, car Marie de France, pour ne citer ici qu'elle, bien que la terminaison en ur domine dans ses écrits, ne se fait point de scrupule, si le texte de Roquefort est exact, d'employer également les deux autres, ce qui vient à l'appui de ma thèse, que ces trois syllabes finales n'avaient qu'un seul et même son; Ex.: Par cet Fable puvez savoer Chant e biauté tute valer; Pregne ce qu'a pur le meillor. (M. de Fr. Fabl. 43.) Qi si cunseillent lur Seignour, Qi plus lur vient a deshounour. (Id. Fabl. 63.) Ou en repos ou en dolur, Solunc lur ævre et lur labur. (Id. le Purgat. de Saint-Patrice, vers 147.) On peut donc dire qu'au XIIIe siècle le son ou était représenté à la fois par les signes ou, o, u et de plus par la forme écrite ol, dont j'aurai à m'occuper plus tard. Ex.: O et U: OU et 0 : Deu doint a tus cels joie d'amurs Qui a danz Noel ferunt honors. (Ch. du XIII° siècl. Musée Britanniq.) Bel compain, od vus en irrum Et le sepulcre garderum. Nul n'i vendra qui ne prengum, N'il ne levera que ne l'sachoms. (La résurrect. du Sauveur, Buchon, p. 19.) Et sire Roger de Leyburne, Que ca et la sovent se torne. (Ch. hist. I. 199.) Ly prodhom, |