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GROUPEMENTS
HUMAINS.

sur lesquelles s'est répandue l'influence fertilisante des matériaux volcaniques. Il suffit de s'écarter de 22 kilomètres vers l'Est et de gagner la vallée de la Dore pour que cessent, dans le pays et les habitants, les caractères typiques. La plaine qui s'étend à l'est de Lezoux, ainsi que celle qui s'étend au nord de Gannat, était, il n'y a pas longtemps, soumise au régime d'étangs artificiels, comme la Dombes ou la Brenne. Elle n'avait rien de commun avec la Limagne. La culture est la seule industrie pratiquée sur les pentes qui se déroulent de Clermont à Riom : au contraire, les torrents qui débouchent des anfractuosités porphyriques des monts du Forez ont créé des nids d'industrie. La Limagne tire surtout parti des sources : à Thiers, au contraire, la force et la pureté des eaux courantes sont exploitées dans les coutelleries, de procédés souvent si primitifs, qui s'étagent sur les bords de la Durolle.

La Limagne s'ouvre vers le Nord. Aucun relief important ne vient plus barrer la vallée de l'Allier; elle s'incline par une pente graduée jusqu'au Bourbonnais et au confluent de la Sioule. Et cependant l'aspect du pays change entièrement. Les forêts de plaine deviennent nombreuses. Au delà de Gannat, la forme des maisons, l'aspect du bétail, la prononciation ou le patois des habitants, avertissent qu'on a changé de pays.

Cette Limagne plantureuse, synonyme d'abondance pour les contrées plus pauvres entre lesquelles elle est enchâssée, introduit au cœur de la France centrale les influences venues du Bassin parisien. Elle atténue dans une certaine mesure l'isolement du Massif. Entre la Limagne et le Val d'Orléans, autre pays de civilisation précoce les rapports sont anciens; on a relevé dans l'architecture des traces d'échanges réciproques. Ces anciens groupements de population et de richesse se détachaient plus vivement autrefois sur le fond général; ils exerçaient une attraction d'autant plus forte qu'ils étaient en petit nombre. La Limagne paya plus d'une fois par des invasions et des ravages sa renommée proverbiale. Elle inspirait à nos Mérovingiens un sentiment qu'on ne peut comparer qu'à celui qu'un beau gibier inspire au chasseur; c'était avec un soupir de convoitise que l'un d'eux, Childebert, aspirait à revoir la « belle Limagne »>!

C'est pour cela que de bonne heure ses rocs basaltiques, ses buttes isolées, ses fragments de plateaux se hérissèrent d'oppida et de châteaux forts. Celui de Montpensier surveillait l'entrée septentrionale de la Limagne; Vic-le-Comte, au Sud, gardait les passages d'Issoire. En avant de l'hémicycle qui s'ouvre au pied du Puy de Dôme était campée Gergovie. Mais les grandes lignes d'établissements humains se constituèrent surtout au pied des côtes volcaniques. Une

ceinture de gros villages, très rapprochés les uns des autres surtout entre Clermont et Riom, se déroule suivant la ligne de réapparition des eaux infiltrées sous la lave. Dans leur aspect d'aisance un peu fruste respire le caractère profondément rural du pays. Cependant la vie urbaine trouve ici des conditions plus propices que dans la Haute-Auvergne. Elle prit racine à Clermont, au pied du Puy de Dôme. Dans cet amphithéâtre de vignes et de vergers que réchauffent les poussières volcaniques, au milieu du jaillissement d'eaux thermales, minérales, et de sources vives, dans ce paysage où la nature semble évoquer du sol la fécondité sous toutes ses formes, la métropole de l'Auvergne apparaît comme fille de la montagne qui la surmonte et qui la signale.

CHAPITRE IV

L'OUEST DU MASSIF CENTRAL

ET LES ROUTES VERS L'AQUITAINE

LE LIMOUSIN.

A

l'Ouest de la chaîne des Puys, qui marque l'extrême limite dans cette direction des poussées volcaniques, le granit prend possession du sol; à l'Auvergne succède le Limousin. L'altitude. diminue graduellement. Nul point n'y atteint 1000 mètres, même sur le sauvage plateau de Millevaches, sorte de Highlands de la France centrale, avec leurs franges d'étroites et creuses vallées. L'aspect montagneux s'atténue; de plus en plus la contrée se modèle sur un plan où les ondulations et les croupes en alternances régulières atteignent les mêmes niveaux. A partir du méridien de Limoges, le niveau s'abaisse encore davantage. Seules les croupes arrondies de quelques massifs isolés, comme les Monts de Blond et le Puy de Chalus, dressent encore quelques saillies au-dessus de 500 mètres. Encore une cinquantaine de kilomètres vers l'Ouest, et les roches primitives disparaîtront de la surface; le Massif semblera terminé, et sa prolongation souterraine vers le Poitou ne se décèlera que par des pointements isolés.

Le gué ou passage qui a fixé la position de Limoges est un point vers lequel ont convergé naturellement les routes. La voie venant de l'Auvergne y rencontrait celle qui, des centres gaulois de Bourges et d'Argenton, se dirigeait vers Périgueux et les vallées du Sud-Ouest. Celle-ci était une très ancienne voie de peuples, qui préexistait certainement à la domination romaine. Traversant à son extrémité le Massif central, elle y rencontrait les vieilles exploitations d'étain dont les traces subsistent au sud des Monts de Blond1. Le nombre des monu

1. Vaury (voir la carte no 2, première partie).

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Chaos de blocs sur le versant gauche de la vallée de l'Agout. Le ruisseau coule invisible sous les roches. Les granits, divisés en blocs plus ou moins arrondis, sont mis à nu par l'érosion. Cl. de M. de Martonne.

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Un ruisseau a creusé son lit dans la nappe basaltique, qui a recouvert en partie le Vivarais à l'époque miocène. Les coulées, en se contractant, se sont divisées en prismes verticaux; les eaux s'infiltrent à travers leur carapace. Près de là, le village de Jaujac.

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