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<< Les ponts ont pour but l'utilité publique et <<< l'embellissement des villes.

« Le pont projeté entre le Louvre et les Qua<< tre-Nations remplira incontestablement la pre<<mière de ces deux conditions; car le contour

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journalier des personnes qui traversent la Seine <«<en batelets sur ce point, fait assez connaître qu'il sera l'un des plus fréquentés de Paris. H «< ne reste plus qu'à discuter sur l'emplacement «< qu'on a choisi.

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« Nous ne pouvons nous empêcher d'assurer, malgré les opinions imprimées dans quelques journaux, que la place désignée entre le Pont« Neuf et celui des Tuileries nous paraît la plus <<< convenable; car, selon les règles du bon goût << et de la raison, il est certain que c'est dans l'alignement du Louvre et des Quatre - Nations qu'il doit être construit. Il liera d'une manière «< commode deux grands édifices, et il sera, quoi qu'on en ait dit, une communication facile entre « les deux plus beaux quartiers de la ville.

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<«< Mais on trouvera peut-être que la seconde des conditions n'est pas complétement remplie; << car sous le rapport des embellissemens, la ville « aura peu gagné par la construction d'un pont << en fer, qui doit être fort étroit, qui diminuera «< l'espace d'un beau canal souvent destiné à

donner des fêtes, et qui ne répondra pas par sa «< forme légère et son étendue à la magnificence

<< des deux monumens entre lesquels il va être « élevé.

« Nous pensons cependant que les avantages à << tirer de toutes les entreprises de ce genre, étant presque toujours obtenus aux dépens les uns des « autres, il suffira, dans la discussion sur le pont «< du Louvre, de déterminer si ceux d'une utilité << reconnue doivent l'emporter sur ceux d'embel<<< lissement qui leur sont nécessairement sacri« fiés. »

L'état de maison du premier consul était devenu plus considérable de jour en jour. Le château de la Malmaison n'étant plus en proportion avec les besoins d'une grande représentation, une déçision suprême mit à sa disposition le palais de Saint-Cloud. On avait présumé que les dépense's pour la restauration des bâtimens seraient peu importantes. Un des premiers courtisans de Napoléon avait même assuré qu'il n'en coûterait pas plus de 25,000 francs pour cet objet..... Après les vérifications les plus exactes, il se trouva que le devis des travaux les plus indispensables exigeait une dépense de 2,847,000 francs. Le mauvais état dans lequel étaient les planchers força les architectes de tout démolir. Le travail fut ordonné en conséquence. Pendant que l'on s'en occupait, le premier consul ayant entendu dire que les bois

avec lesquels on remplaçait ceux qui étaient pourris étaient de mauvaise qualité, fit appeler son architecte et lui fit part de ses craintes à ce sujet. Celui-ci chercha à le rassurer, en lui disant qu'à la vérité on s'était servi de bois venus par eau, mais qu'ils étaient parfaitement secs lorsqu'on les avait employés. Ces observations ne détruisirent pas les impressions reçues. Quelques jours après arrivèrent à Saint-Cloud, par ordre du premier consul, deux sous-officiers d'artillerie qui avaient reçu la commission de visiter les bois de construction, et d'en constater la qualité. Une commission composée de deux militaires effraya bien moins les architectes que ne l'aurait fait une commission de savans et de docteurs. Ces deux sous-officiers examinèrent tout avec la sévérité et l'exactitude de gens qui observent une consigne; et après avoir bien dîné avec le maître charpentier, ils déclarèrent qu'on ne pouvait pas employer des bois meilleurs.

Le rétablissement du culte catholique et la signature du concordat commandèrent des dispositions nouvelles dans les distributions intérieures du palais. La salle de bains du premier consul avait été pratiquée dans le petit oratoire d'Anne d'Autriche. Elle fut rendue à sa première destination, et l'on y éleva un petit autel portatif, avec une petite estrade d'une marche, pour y célébrer la

messe. Toutes les convenances furent d'autant

plus satisfaites, que plusieurs tableaux pieux, et notamment celui du plafond, qui décoraient anciennement ce cabinet, s'y trouvaient encore.

Le 21 avril, Napoléon dicta la note suivante sur les embellissemens des Tuileries, en présence du ministre des finances. Les dispositions qu'elle renferme annoncent l'ordre et l'économie qu'il voulait établir dans ses opérations.

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D'après l'exposition des projets présentés pour le percement d'une rue qui conduira des <«< Tuileries au Louvre, il faut :

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1° Connaître la valeur des maisons qui sont « à acquérir, et l'estimation des propriétaires; « 2° Cela fait, passer des contrats avec une compagnie que le gouvernement substituera à lui, en disant : Vous paierez les particuliers propriétaires des maisons que l'on doit acheter. « Le gouvernement vous cède l'hôtel de Longue<< ville pour une valeur qui est de 557,000 francs, << en diminuant pour la rue la portion qu'il se « réserve; reste à payer par le gouvernement la « somme de.......

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Moyennant quoi la rue sera percée avant << deux années, et l'on aura achevé de bâtir à la

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A la suite de cette disposition le premier consul prit un arrêté pour ordonner le percement d'une rue longeant la terrasse des Feuillans, sur les terrains des Feuillans, des Capucins, de l'Assomption et du Manége. Les terrains riverains de cette nouvelle rue du côté de la ville devaient être vendus, à la charge de faire des façades uniformes, d'après les modèles et les dessins déjà présentés par MM. Fontaine et Percier.

Il fut encore ordonné de faire une place en face du méridien, sur l'emplacement de l'hôtel des Pages, avec une rue aboutissant à la rue SaintHonoré. Le même arrêté portait qu'une rue serait percée pour conduire des Tuileries au Louvre, et déterminait une façade régulière pour les habitations qui devaient subsister de droite et de gauche en face des Tuileries sur la place du Carrousel.

Ces mesures étaient bien éloignées des pensées vastes et noblement ambitieuses des architectes du gouvernement: ils désiraient l'entière démolition de toutes les maisons intermédiaires qui séparaient les deux palais.....; mais ils regardèrent le percement de cette dernière rue comme une disposition préparatoire au déblayement total de ces deux magnifiques monumens de la grandeur nationale. L'exécution de cette belle conception présentant d'ailleurs une dépense effrayante, ils jugèrent à propos, pour le moment, de ne faire

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