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au moment où elle était entièrement suspendue, le sommet au-dessus de l'astragale se rompit dans l'un des fils terrasseux dont le marbre du Languedoc est ordinairement rempli. Cet accident ne serait point arrivé si le temps avait permis de les faire en granit. Au reste, le morceau détaché fut réuni au tronçon, consolidé par des mastics à feu et rassemblé par de forts tenons en fer qui le traversent en entier.

La glorieuse campagne d'Iéna retenait l'empereur en Allemagne; mais son absence pendant la fin de l'année 1806 ne ralentit point les travaux: il prévoyait de Berlin les besoins de chaque service, et portait même son attention sur les plus petits détails. Les plafonds de la chapelle du palais furent terminés et décorés; ceux de la salle du conseil d'état le furent également, sauf l'emplacement réservé pour le magnifique tableau de la bataille d'Austerlitz par Gérard; les eaux de la pompe à feu de Chaillot furent conduites au grand jet du bassin octogone dans le jardin des Tuileries; les corps-de-garde furent établis sous la nouvelle terrasse du côté du pont tournant; plusieurs travées de la grande grille longeant la terrasse des Feuillans furent placées, et l'on devait continuer les autres sur le même modèle, qui servit de base au marché qui fut conclu avec le serrurier au prix de seize sous la livre, y com

pris la pose, les fermetures et la dorure des lances; on démolit le pavillon de Charles IX, au Louvre, pour raccorder cette portion de l'édifice à la hauteur des trois ailes couronnées par des balustrades, et continuer l'exécution des projets de l'achèvement de ce superbe monument; la translation de la monnaie des médailles, qui de tout temps avait été établie au Louvre, fut faite à l'hôtel général des Monnaies de France; l'hôtel de Brionne et les vieilles masures de la cour des Tuileries disparurent; la rue Impériale, des Tuileries au Louvre, fut percée et totalement déblayée; les plafonds des grands appartemens et ceux de l'impératrice furent restaurés et redorés sans rien changer à leur forme; la première pierre de l'arc de triomphe avait été posée le 7 juillet, et le 22 août il était déjà élevé à la hauteur des petites voûtes; l'église de Notre-Dame fut restaurée; les armures de l'arsenal de Vienne furent placées dans la petite bibliothèque qui précédait la salle de l'institut au Louvre, du côté de la galerie d'Apollon; on continua d'ouvrir les arcades du rez-de-chaussée de la galerie du Musée sur la place du Carrousel, pour former un portique à jour... ; cette partie fut destinée à l'Orangerie, etc., etc.; enfin, le 9 décembre, la construction de la chapelle était si complète, que le grand aumônier y officia, et y sacra trois évêques.

FIN DE 1806.

CHAPITRE IV.

État de gêne et de souffrance du commerce et de l'industrie pendant la guerre. - Napoléon fait remettre plusieurs millions de francs, à titre d'avances, aux manufactures de luxe, et rend l'emploi de cette somme profitable au mobilier de la couronne.-L'hôtel de Croï est destiné à une institution gratuite de jeunes demoiselles. - Démolition du garde-meuble de la couronne et du cloître Saint-Nicolas. Enlèvement des échoppes du Louvre. Les employés des Musées quittent le Louvre.-L'école de peinture est transférée aux QuatreNations. Budget de 1807 pour les bâtimens, signé à Finkenstein. - Concours pour l'église de la Madeleine. — Fondation des grands prix pour les beaux-arts. — Première exposition au Louvre. —Plan de M. Vignon pour l'église de la Madeleine; il est adopté. — Lettre du grand-maréchal à M. Fontaine à ce sujet. - Réponse de M. Fontaine. Les appartemens du pavillon Marsan sont rétablis. Re placement des frontons du Louvre.-L'empereur fait poser la grande grille de la terrasse des Feuillans.— Madame Véry. — Le couvent des Dames de la Croix est donné aux sœurs hospitalières.

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1807.

Les succès militaires, quels que soient leur éclat et leur importance, entraînent avec eux une grande stagnation dans les spéculations et les entreprises de l'industrie et des arts; les effets de la gloire sont presque toujours aussi funestes au

párti qui triomphe qu'à celui qui succombe. Au commencement de l'année 1807, il arriva će qui devait arriver: pendant que la valeur française plantait ses aigles victorieuses sur les bords de la Vistule: le commerce était dans un état de gêne et de souffrance qui ne pouvait échapper à la sagesse administrative de Napoléon. Pour remédier à cette maladie momentanée, ce prince décida que plusieurs millions à titre d'avances seraient distribués aux manufactures de luxe, afin de donner de l'ouvrage aux ouvriers de Paris et de Lyon dont les fabriques étaient dans l'état le plus languissant le ministre de l'intérieur fut chargé de cette distribution: il devait s'entendre avec l'architecte

du

gouvernement et l'administrateur du mobilier de la couronne, afin d'en rendre l'emploi profitable à l'ameublement des palais de Versailles, Compiègne, etc., etc. Des avances furent faites aux fabricans qui déposèrent des objets déjà fabriqués, et qui, trouvant un heureux débouché pour leurs produits, purent se livrer à de nouvelles spéculations.

Parmi les maisons que le gouvernement avait affectées au premier consul à l'époque de son installation, l'hôtel de Croï, rue du Regard, avait été désigné pour le dépôt des tapis et des tapisseries des différens palais cette maison parut trop belle pour un objet aussi peu important; l'empereur la

:

fit mettre à la disposition de mademoiselle du Chaulnoy, pour y établir une institution gratuite de jeunes demoiselles.

Le garde-meuble de la couronne, rue des Orties, près le palais du Louvre, fut démoli, ainsi que le cloître Saint-Nicolas et les maisons attenantes; les matériaux furent vendus par l'administration des domaines.

On fit évacuer tous les petits marchands et leurs échoppes qui formaient une espèce de marché sous les quatre vestibules des portes du Louvre; ce beau palais fut enfin déblayé et isolé.

L'administration et les employés des Musées furent également obligés de quitter l'intérieur du Louvre; on leur assigna l'hôtel d'Angivilliers pour y placer les ateliers du moulage des statues, de la restauration des tableaux, de la calcographie, la collection des dessins et le dépôt des ouvrages courans de peinture. L'école de peinture fut transférée au palais des Quatre-Nations.

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