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« J'ai été bien surpris d'apprendre par V. Exc. <«< que mon rapport sur les projets de la Madeleine, qui m'avait été demandé par S. M., est «< arrivé trop tard. Je l'avais fait en sortant de la « séance de chez le ministre de l'intérieur, et je << l'avais envoyé le lendemain 15 mai. Il n'y a eu << aucune négligence de ma part, etc., etc.

J'ai appris, par les journaux seulement, la décision de l'empereur. J'avoue que j'étais éloigné de penser, d'après les termes du pro<< gramme et d'après les questions faites par ordre « de S. M. dans la séance chez le ministre, que

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l'ouvrage de M. Vignon obtiendrait la préfé<< rence. Ce projet, considéré dans la pensée de << l'auteur comme un temple antique ou comme <«< une basilique, est le plus dispendieux de tous. << ceux qui, dans le concours, avaient adopté ce parti: il ne conserve de l'édifice que le portique; <«< il ne présente à l'intérieur qu'une nef étroite, «< sans moyens de faire des tribunes, et de placer << convenablement une nombreuse assemblée. Il

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paraît que S. M. a voulu que le temple de la Victoire fût grand, majestueux, et surtout qu'il << ne ressemblât en rien aux églises modernes. Je << dois avouer que parmi les quatre projets présentés, celui de M. Vignon, aux inconvéniens « de construction et de détail près, approche plus que les trois autres de la forme du temple que S. M. demande; mais j'oserai répéter à

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« V. Exc. seule, ce que j'ai dit dans le rapport « que j'ai pris la liberté de lui adresser... Doit-on <«< conserver le plus possible les constructions << faites? Veut-on chercher à élever un édifice propre à de grandes cérémonies, à de grandes solennités, sur les bâtisses de la Madeleine? Je « pense que ce n'est pas la forme d'une basilique, <«< d'un temple grec, qu'il faut adopter; elle ne «< convient pas aux dispositions que cette sorte de << monument exige. Il faut, selon moi, démolir « les piliers du dôme, faire une grande rotonde << au centre des deux nefs, dont une servira pour le trône de l'empereur, et l'autre pour les assis<< tans; les renfoncemens à droite et à gauche, pris sur les bras de la croix, fórmeront les tri<< bunes pour les dames et pour les orchestres;

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Les salons, les appartemens de réception, se «< trouveront à l'extrémité en face de l'entrée, « derrière le chevet de l'édifice. Les fenêtres que «< cette distribution exige ne seront pas vues sur «< la face principale du temple, et l'on peut, dans «< ce parti, produire une très-belle chose, profiter « de tout ce qui est fait, et économiser beaucoup «<< d'argent.

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<< Doit-on, sans rester dans les bornes d'une « économie étroite, donner carrière à l'imagina<«<tion et concevoir un temple à la Victoire, di<< gne par sa forme et par son élégance d'un aussi <«< beau sujet? Doit-on prendre les anciens pour

« modèle ? Ce n'est pas une basilique, ce n'est pas <«< un temple grec, mais le panthéon d'Agrippa, « que selon moi l'on devrait imiter. Une grande << rotonde convient mieux qu'une nef pour de «< nombreuses assemblées; on peut y trouver des « moyens de décorations et d'ajustemens plus fa«< ciles à accorder avec les besoins des solennités « et des cérémonies. Je crois enfin que la ro<< tonde coûterait moins que le temple grec : elle sa<«<tisferait mieux aux conditions demandées; mais « le temple grec sera plus imposant au dehors.

« J'ai osé vous renouveler mes observations, <«< parce que vous m'avez dit que S. M. voulait que je fusse consulté; cependant, quoique je ne

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puisse approuver l'idée de faire sur les cons<«tructions de la Madeleine un temple grec, je <«< dois avouer que si l'on exécute le projet de « M. Vignon, avec les modifications et les amé<< liorations dont il est susceptible, on verra avec <«< admiration un monument dont il n'existe plus « de modèles et qui par sa grandeur devra l'emporter sur tout ce qui a été fait chez les an«< ciens dans ce genre, etc., etc. »

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L'absence de l'empereur ne ralentit point les travaux des bâtimens. Les appartemens du pavillon Marsan furent rétablis. Les frontons sur l'avant-corps de la façade de l'horloge du Louvre,

dans la partie occupée autrefois par l'académie française, furent achevés et mis en place. M. Moitte avait fait celui qui représente l'Histoire; M. Roland, ceux de la Renommée et de la Victoire, et M. Chaudet, celui de la Poésie.

Les frontons de la partie ancienne du Louvre, qui avait été démolie pour la mettre en harmonie avec les deux autres, furent replacés avec un respect religieux; c'était un hommage rendu à la perfection de la sculpture du temps de Henri II. Les frontons qui faisaient face au pont des Arts, avait été faits par MM. Fortin, Dupasquier et Esparcieux. L'achèvement de cette dernière façade conduisit naturellement aux réparations de la belle colonnade, qui avait été dégradée en plusieurs endroits.

La grande grille de la terrasse des Feuillans fut posée en entier, sauf la partie occupée par quelques restaurateurs du côté du palais. Madame Véry, grâce à la protection de l'impératrice Joséphine, obtint un sursis jusqu'au moment où la rue de Rivoli serait bâtie; elle occupait encore ce terrain en 1815.

Les fouilles des fondations pour l'aile neuve à partir du pavillon Marsan, en parallèle avec celle

du Musée, furent faites, quoiqu'il ne fût pas encore décidé si l'on y construirait une galerie, un musée ou des appartemens. Les fonds étaient faits par le budget, il fallait les employer.

Le couvent des Dames de la Croix, rue de Charonne, fut donné aux sœurs hospitalières de Saint-Vincent-de-Paul, pour en faire le chef-lieu de leur institution. Madame, mère de l'empereur, sous la protection de laquelle étaient tous les établissemens de charité, en avait fait la demande.

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