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Après la défaite de son armée, Joachim en s'éloignant de Naples avait laissé un agent choisi

«descendit subitement, au mépris de toutes les lois sanitaires, trente <«< hommes armés pour la plupart de fusils et de pistolets, en criant continuellement Vive le roi Joachim! L'un deux, que l'on recon<< nut ensuite pour Murat, se proclama ainsi lui-même, somma chacun << de crier avec lui, et se montra sur le rivage et tout le long du che<«< min qui conduit à la place publique, afin d'y être reconnu. Lorsque « ces individus y furent arrivés, en criant ainsi eux-mêmes, Murat « se tourna vers quelques légionnaires à qui il ordonna de battre « l'appel, de se joindre à lui, de le suivre, d'arracher le drapeau royal qui flottait sur cette place, et d'y substituer le sien qu'il avait « apporté avec lui; enfin il déclara formellement qu'ayant repris possession de son royaume, ce n'était plus à Ferdinand IV, mais à «< lui qu'on était obligé d'obéir.

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« La ferme résistance qu'on opposa aux instigations de Murat et de << sa suite, les força à de nouveaux efforts. Le peuple s'arma et se joignit en grand nombre à la légion, afin de s'emparer des hauteurs <«<et d'opposer la force à une tentative si extraordinaire et à peine croyable. Murat voyant ces préparatifs prit en toute hâte avec les << siens la route supérieure; mais il avait à peine fait quelques pas << hors du Pizzo, que quelques coups de fusil partis des hauteurs le << forcèrent de gagner précipitamment le rivage à travers des rochers escarpés, afin de se rembarquer, suivi d'un petit nombre de ses << compagnons, dont le reste était caché dans les vallées, et poursuivi <«< sur tous les points par un feu très-vif: il atteignit la côte, mais << comme les bâtimens s'en étaient éloignés, il ne trouva plus les << moyens de s'enfuir. Il n'y avait là par hasard qu'une seule nacelle, << et il voulait s'y abandonner à la merci des flots, lorsqu'il arriva quel<«<ques marins qui s'oppo èrent à son dessein et l'arrêtèrent. Ses com«< pagnons, au nombre de vingt-huit, et tous Corses, furent ensuite <«< également saisis les armes à la main; un d'eux fut tué d'un coup de << carabine.

<< Murat a déclaré qu'il avait fait voile avec les siens dans la nuit du « 28 septembre d'Ajaccio pour Trieste, d'où il avait voulu rejoindrè <«< sa famille; qu'il avait été assailli d'une tempête, et avait résolu d'a« border sur cette côte pour prendre des vivres, et changer son bâti

dans une classe peu apparente, mais sur la fidélité duquel il croyait devoir compter. Les moyens les

«ment étroit et en mauvais état, contre un autre plus spacieux et plus fort.

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« Parmi les papiers trouvés sur Murat, on remarque ses décrets des «25 et 27 septembre, dans lesquels il se donne le titre de roi des Deux-· · Siciles, et accorde des grades militaires et des distinctions honorifi«< ques à deux de ses partisans, Jean Moltedo et Pierre Pernice.

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« Il paraît par une lettre de M. l'intendant de Cozenza au général Nunziante, en date du 12, que Murat avait déjà tenté le 7 octobre « d'aborder à la côte de Saint-Lucido, et que, poursuivi par la force « militaire de cet endroit, il avait laissé deux de ses compagnons sur «<le rivage.

<< Considérant en outre que Joachim Murat, dont le sort avait été « décidé par les armes, après avoir abandonné il y a quatre mois le << royaume de Naples, qu'il n'avait occupé que par la force des armes ; «< après être ainsi rentré dans l'état de simple particulier, et se trou<< vant égal devant la loi à tout autre individu, après le retour du roi légitime a abordé en plein jour au Pizzo, accompagné d'un petit << nombre d'hommes armés et a proclamé l'insurrection;

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« Que le prétexte de prendre des vivres et un autre bâtiment était « réfuté par le fait, vu que tous les moyens possibles ont été employés « pour porter les habitans de cette commune à la révolte; que Murat «< avait déjà fait la veille une autre tentative de descente près de Saint-Lucido; que ses compagnons, tous étrangers et armés, sont << descendus précipitamment à terre, au mépris des ordonnances sé« vères relatives à la salubrité publique; qu'on n'a demandé ni vivres << ni un bâtiment nouveau; qu'au contraire son bâtiment a continué « sa route; que toutes ces circonstances, loin de montrer l'intention « de demander du secours dans un pays hospitalier, prouvent au con« traire avec évidence une invasion hostile pour renverser l'ordre << existant;

« Considérant enfin que les pièces écrites en forme de décrets, de la «<< propre main de Murat, la veille de son départ d'Ajaccio, prouvent qu'il n'avait pas renoncé à ses plans pour recouvrer son royaume, « et que, manquant de moyens nécessaires pour exécuter l'entreprise

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plus secrets d'une correspondance de convention avaient été concertés. Ce confident devait rallier un parti de Napolitains dévoués, et indiquer au roi l'instant et le lieu favorables pour un débarquement, et pour tenter, avec d'aussi faibles ressources, de reconquérir son trône. Un des chefs de la police de Naples fut assez adroit pour découvrir l'intrigue et s'emparer du mystérieux confident. On ignorait quels moyens avaient été employés pour corrompre ou pour effrayer la fidélité de cet homme. Ce que l'on donnait comme certain, c'est que, forcé de seconder les plans de la police, il avait écrit au roi de Naples que tout était disposé pour le recevoir. Ces avis perfides

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qu'il avait formée de renverser le gouvernement légitime existant, «< il a voulu exciter la guerre civile et la révolte, et pressé les habitans « de s'armer pour lui; qu'ainsi il sacrifiait à ses desseins pervers la « sûreté personnelle des citoyens paisibles, soumis et dévoués à leur

<< monarque.

« La commission a déclaré, à l'unanimité, Joachim Murat coupa«ble d'avoir tenté de renverser le gouvernement, exciter les habitans <«< à s'armer contre le roi et l'ordre public; enfin, d'avoir voulu pro«duire une insurrection dans la commune du Pizzo, pour la propager <«< ensuite dans le royaume. En conséquence, Murat est coupable d'at« tentat contre la sûreté intérieure du royaume, et ennemi de l'état. Quant à la seconde question sur l'application de la peine, la « commission militaire, d'après les articles 87 et 91 du Code pénal, l'a «< condamné à la peine de mort, et ordonné la confiscation de ses biens, et l'impression du jugement au nombre de cinq cents exemplaires.

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La commission s'était réunie le 13, à dix heures du matin, au château du Pizzo; la sentence a été rendue à cinq heures de l'aprèsmidi.

entraînèrent de piége en piége ce prince trop crédule jusque sur les bords de la Calabre ultérieure, où tout était préparé d'avance pour s'emparer de sa personne, le juger et le fusiller. Ce récit paraissait d'autant plus vraisemblable, qu'il serait impossible d'expliquer autrement une si déplorable tentative. La police de Naples était véritablement fondée à dire qu'elle ne perdait pas de vue le général Murat, même pendant sa retraite en France, et qu'elle connaissait tous ses secrets. Ce fut, proportion gardée, une répétition des influences mystérieuses qui décidèrent le départ de l'île d'Elbe. Le retour dans la Calabre avait le même caractère et le même but.

Le 20 novembre vit éclore deux nouveaux traités, qui furent suivis de beaucoup d'autres qui n'étaient que leur application aux localités. Il

Traité entre la France et les puissances alliées, conclu à París le 20 novembre 1815

« Au nom de la très-sainte et indivisible Trinité:

<«< Les puissances alliées ayant, par leurs efforts réunis et par le << succès de leurs armes, préservé la France et l'Europe des boulever« semens dont elles étaient menacées par le dernier attentat de Napo«<léon Bonaparte, et par le système révolutionnaire reproduit en » France pour faire réussir cet attentat.

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Partageant aujourd'hui avec S. M. très-chrétienne le désir de «< consolider, par le maintien inviolable de l'autorité royale, et la re<«< mise en vigueur de la charte constitutionnelle, l'ordre de choses << heureusement rétabli en France, ainsi que celui de ramener entre << la France et ses voisins ces rapports de confiance et de bienveillance TOME IV. 4

est remarquable que l'époque où, par suite des doctrines nouvelles de la haute politique, les an

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réciproque que les funestes effets de la révolution et du système «< de conquête avaient troublés pendant si long-temps.

« Persuadées que ce dernier but ne saurait être atteint que par un <«< arrangement propre à leur assurer de justes indemnités pour le passé, et des garanties solides pour l'avenir;

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« Ont pris en considération, de concert avec S. M. le roi de France, « les moyens de réaliser cet arrangement; et ayant reconnu que l'in« demnité due aux puissances ne pouvait être toute territoriale, ni << toute pécuniaire, sans porter atteinte à l'un ou à l'autre des inté~ « rêts essentiels de la France, et qu'il serait plus convenable de com<< biner les deux modes de manière à prévenir ces deux inconvéniens; « LL. MM. II. et RR. ont adopté cette base pour leurs transactions <«< actuelles; et se trouvant également d'accord sur celle de la neces<< sité de conserver pendant un temps déterminé, dans les provinces «< frontières de la France, un certain nombre de troupes alliées, elles << sont convenues de réunir les différentes dispositions fondées sur ces « bases dans un traité définitif.

<< Dans ce but, et à cet effet, S. M. le roi de France et de Navarre « d'une part, et S. M. l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie et de « Bohême, pour elle et ses alliés, d'autre part, ont nommé leurs plénipotentiaires pour discuter, arrêter et signer ledit traité définitif,

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<<< savoir :

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(Suivent les noms et qualités des plénipotentiaires.)

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs, trouvés en << bonne et due forme, ont signé les articles suivans:

« ART. 1er. Les frontières de la France seront telles qu'elles étaient << en 1790, sauf les modifications de part et d'autre qui se trouvent indiquées dans le présent article :

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« 1o Sur les frontières du nord, la ligne de démarcation restera <<< telle que le traité de Paris l'avait fixée, jusque vis-à-vis de Quié« vrain; de là elle suivra les anciennes limites des provinces belgi«ques, du ci-devant évêché de Liége et du duché de Bouillon, telles qu'elles étaient en 1790, en laissant les territoires enclavés de

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