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,,might be delighted with the various methods of worshipping ,,him, which divided the whole world. I am pretty sure you ,,and I should no more make good Inquisitors to the modern ,,tyrants in faith, than we could have been qualified for Lictors ,,to Procrustes, when he converted refractory members with the ,,rack. In a word, I can only repeat to you what, I think, I ,,have formerly said; that I as little fear God will damn a man ,,who has Charity, as I hope that any Priest can save him ,,without it." (Letter to Edward Blount, Esq.; Feb. 10, 1715)*).

3o,,I heartily join with you in wishing Quiet to our na,,tive country: Quiet in the state, which, like Charity in religion, ,,is too much the perfection and happiness of either, to be broken ,,or violated on any pretence or prospect whatsoever. Fire and ,,sword, and fire and faggot, are equally my aversion. I can ,,pray for opposite parties, and for opposite religions, with ,,great sincerity. I think to be a lover of one's country is a ,great elogy, but I do not think it so great an one as to be ,,a lover of mankind." (Letter to Sir William Trumbull; Dec. 16, 1715)**).

Qui est-ce qui voudra nier que ces beaux passages que je viens de citer, ne respirent des principes de tolérance et d'amour de l'humanité, qui, d'après mon opinion, sont incompatibles avec les maximes ultramontaines? En vérité, je suis convaincu qu'un tel amour du prochain n'est point du goût des théologiens de l'Église romaine, et que ces derniers prononceraient les anathèmes contre celui qui s'aviserait de pratiquer la vertu de la tolérance. C'est donc une erreur de Mr. Villemain et d'autres savants, que de vouloir mettre en fait la catholicité de Pope.

Aussi Mr. Hettner est-il, à ce qu'il me semble, d'opinion que le poète anglais ne peut être compté parmi les bons ca

*) Voy. The Works of Alexander Pope, Esq. London, 1751. Vol. VIII, p. 11. 12

**) The Works of A. Pope. Lond., 1751. Vol. VII, p. 159.

tholiques. Je tire cette conjecture du passage suivant qui se trouve dans le premier volume de l'ouvrage de ce littérateur (p. 239. 240): ,,Mit Recht wurde daher von jeher dieses Ge,,dicht (c'est-à-dire l'Essai sur l'Homme) mit dem engli,,schen Deismus in nächste Verbindung gebracht. Pope jedoch, ,,der schwache und kriechende, wollte diese deistische Grundlage ,,seines Gedichtes niemals anerkennen. Als die Angriffe seiner ,,Gegner das Gedicht wegen Unglaubens und irreligiöser Hin,,neigung zum Fatalismus anklagten, da schob er vor, er habe ,,den Inhalt von Bolingbroke empfangen, er habe ungläubig ge,,dichtet, ohne ungläubig zu sein; ja, gegen den jüngeren Racine, ,,der Jansenist war, behauptete er sogar, er sei ein strenggläu,,biger Katholik." Je suis bien fâché que Mr. Hettner ne se soit pas suffisamment expliqué sur ce point, et je crois qu'il faut qu'on blâme l'auteur d'avoir tu la source où il a puisé cette remarque.

On me pardonnera de m'être peut-être trop étendu sur cette question délicate; mais, je ne crois avoir fait rien de superflu, quand j'en ai fait mention.

Il serait hors des bornes de mon travail, si je voulais comparer l'Es sai sur l'Homme avec les livres de Bolingbroke, de King, de Shaftesbury, de Leibnitz, et citer ici tous les passages pareils et ressemblants. Il ne m'importe que de démontrer l'influence que le poète anglais a exercée sur Voltaire

En effet, plusieurs littérateurs ont déjà indiqué cette influence, et ont nommé les deux poèmes de Voltaire des imitations de l'Essai de Pope*). Ajoutez à cela qu'il se trouve dans l'une des lettres de Voltaire à Mr. de Formont un passage remarquable qui nous permet de supposer que le philo

p. 186.

*) Cfr. Villemain, Cours de litt. fr. Tabl. du 18me siècle, vol. I, Michaud, Biographie Universelle, vol. 44, p. 100. Pattison, Pope's Essay on Man, Introd., p. 23. Demogeot, Hist. de la litt. fr., 12me édition, p. 482.

allusion:

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sophe français, en écrivant cette lettre, a voulu avouer d'avoir profité des Épîtres de Pope. Voici le passage auquel je fais En attendant, voici un de mes ,,sermons (c'est-à-dire le sixième des sept Discours sur ,,l'Homme) que je vous envoie, avant qu'il soit prêché publi,,quement. Je vous prie, comme théologien du monde, et comme ,,connaisseur, et comme poète, de m'en dire votre avis. Vous ,,y verrez un peu le système de Pope, mais vous verrez aussi ,,que c'est aux Anglais plutôt qu'à nous qu'il faut reprocher le ,,ton éternellement didactique, et les raisonnements abstraits, ,,soutenus de comparaisons forcées"*). Je crois qu'on peut, à bon droit, tirer de ce passage la conclusion que Voltaire a nonseulement parcouru les Épîtres de Pope légèrement, mais qu'il s'y est enfoncé, et qu'il a essayé de les imiter, sinon dans tous les deux poèmes, du moins dans les Discours sur l'Homme. Au reste, Voltaire a allégué dans ses lettres le nom de Pope et celui de ses Épîtres tant de fois, et a fait sur elles tant de réflexions**), qu'il est permis de hasarder la conjecture que cet apôtre des lumières et de la raison a attentivement étudié le poème anglais, et qu'il a mis à profit les opinions qui y sont renfermées.

J'ai d'abord mis en fait que Voltaire composa ses deux poèmes, après que Pope eut déjà publié son publié son Essai sur l'Homme; ensuite j'ai dit que plusieurs auteurs ont déjà indiqué les rapports qui existent entre les compositions de Voltaire et celle de Pope; je vais maintenant examiner ces rapports eux-mêmes. Faire voir l'influence que le poète anglais a eue, sans aucun doute, sur Voltaire, rechercher et citer les pensées pareilles ou ressemblantes que l'on rencontre, en comparant les

*) Voy. Oeuvres Compl. de Voltaire. Éd. de Gotha, LVII, p. 173. **) Cfr. Oeuvres Complètes de Voltaire, Éd. de Gotha, vol. LVI, p. 291. 345. 378.

trois poèmes: telle est la tâche que je me suis imposée dans cette dissertation.

L'Essai sur l'Homme par Alexandre Pope est une théodicée, mais une théodicée imparfaite où il n'y a, comme Lessing et d'autres savants ont mis en évidence, ni système ni méthode*). Lessing, dans son traité: „Pope ein Metaphysiker!" a fait connaître clairement que la poésie et la métaphysique sont deux choses irréconciliables, et que Pope a, sans aucun doute, des prétentions bien fondées au titre de poète, mais qu'il est bien loin de passer pour un métaphysicien**). A vrai dire, il ne lui importe que d'exprimer en beaux vers et d'une manière attrayante quelques vérités métaphysiques. Il a étudié plusieurs systèmes de philosophie sans les comprendre, et il a emprunté à chacun d'eux tout ce qu'il a fallu pour produire d'extraordinaires effets poétiques. C'est pourquoi il s'efforce constamment de rechercher les expressions les plus fortes pour rendre ces vérités convaincantes, et qu'il se détermine souvent en faveur de l'expression forte et brillante plutôt qu'en faveur de l'expression juste. En un mot, son poème est un chef-d'oeuvre de versification; mais, qui voudrait y trouver un système continu de doctrines philosophiques, serait fort embarrassé.

Quant à Voltaire, il a essayé de rendre l'Essai de Pope, en passant sous silence les discussions peu intelligibles qui se trouvent dans ce poème, et en ne communiquant, pour ainsi dire, au lecteur français que ce que nous appelons des lieux communs. Cependant, pour lui rendre justice, il faut reconnaître qu'il a exprimé ses idées d'une manière plus claire et palpable que ne l'a fait le poète anglais. En vérité, on comprend, du premier coup, tout ce qu'il dit, tandis que ce n'est

*) G. E. Lessing's sämmtliche Schriften, hersg. von K. Lachmann, vol. V, p. 5-–8; 22-28. — Pattison, Pope's Essay on Man, Introd. p. 8. 9. **) G. E. Lessing's sämmtl. Schriften, hersg. von K. Lachmann, vol. V, p. 7.

qu'après une seconde ou troisième lecture que se dissipent les obscurités que l'on rencontre dans les Épîtres anglaises. Pope l'emporte, sans doute, sur Voltaire par l'élévation des pensées, par l'harmonie et l'élégance de ses vers admirables; mais je crois que les lecteurs se sentent convaincus des vérités que renferment les Discours de Voltaire plutôt que de celles que l'on trouve dans le poème de Pope. Aussi le Poème sur la Loi naturelle est-il distingué par la même clarté dans les idées et dans le style. Néanmoins, il est inférieur aux Discours, parce qu'il n'a pas l'éloquence de ces derniers.

Il est temps de m'expliquer sur la manière dont je veux faire la comparaison entre les trois poèmes. Je me suis proposé d'analyser d'abord rapidement l'Essai de Pope, et de discuter ensuite d'une manière plus exacte et plus scrupuleuse le contenu des Discours et celui du Poème sur la Loi naturelle, en indiquant en même temps les ressemblances qui existent entre les deux poèmes de Voltaire et celui de Pope. Voilà ce qui fait le sujet de la première partie de mon traité. Dans la deuxième partie, j'aurai quelques remarques à faire sur les différences qu'il y a entre la composition de Pope et celles de Voltaire, et sur la valeur des opinions que les deux philosophes ont établies dans leurs ouvrages.

Première Partie.

I. Un Essai sur l'Homme.

L'Essai sur l'Homme consiste en quatre Épîtres adressées à Milord Bolingbroke. Dans la première, le poète parle de la nature et de l'état de l'homme par rapport à l'univers. Il met en fait que Dieu a dû choisir le meilleur et le plus parfait des mondes possibles, qu'il y a dans ce monde, comme dans l'univers, un ordre et une harmonie universels, et que les désordres et les maux qui y existent, sont ,,un presque

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