Scène à scène averti de ce qui s'alloit faire; J'avois beau m'en défendre, il a poussé sa chance, Moi, de lui rendre grâce, et, pour mieux m'en défendre, De dire que j'avois certain repas à rendre. << Ah! parbleu! j'en veux être, étant de tes amis, Et manque au maréchal à qui j'avois promis. - De la chère, ai-je fait, la dose est trop peu forte Pour oser y prier des gens de votre sorte. Non, m'a-t-il répondu, je suis sans compliment, Et j'y vais pour causer avec toi seulement; Je suis des grands repas fatigué, je te jure. Mais si l'on vous attend, ai-je dit, c'est injure.... Du funeste succès qu'avoit eu mon excuse, 1. Galèche, pour calèche, se lit dans les premières éditions. Pour sortir d'une peine à me faire mourir, Je me suis doucement esquivé sans rien dire; LA MONTAGNE. Ce sont chagrins mêlés aux plaisirs de la vie. SCÈNE III LYSANDRE. Sous ces arbres, de loin, mes yeux t'ont reconnu, (Il prélude.) La, la, hem, hem, écoute avec soin, je te prie. (Il chante sa courante.) N'est-elle pas belle? 1. La courante était la danse à la mode avant le menuet. Ah! ÉRASTE. LYSANDRE. Cette fin est jolie. (Il rechante la fin quatre ou cinq fois de suite.) Comment la trouves-tu ? ÉRASTE. Fort belle, assurément. LYSANDRE. Les pas que j'en ai faits n'ont pas moins d'agrément, Et surtout la figure a merveilleuse grâce. (Il chante, parle et danse tout ensemble, et fait faire à Éraste Tiens, l'homme passe ainsi; puis la femme repasse; Ce fleuret? ces coupés courant après la belle? ÉRASTE. Tous ces pas-là sont fins. LYSANDRE. Je me moque, pour moi, des maîtres baladins. On le voit. ÉRASTE. LYSANDRE. Les pas donc...? ÉRASTE. N'ont rien qui ne surprenne LYSANDRE. Veux-tu, par amitié, que je te les apprenne? ÉRASTE. Ma foi, pour le présent, j'ai certain embarras.... LYSANDRE. Hé bien! donc, ce sera lorsque tu le voudras. Si j'avois dessus moi ces paroles nouvelles, Une autre fois. ÉRASTE. LYSANDRE. Adieu; Baptiste1 le très cher N'a point vu ma courante, et je le vais chercher : (Il s'en va chantant toujours.) Ciel! faut-il que le rang, dont on veut tout couvrir, 1. Jean-Baptiste Lulli, qu'il appelle familièrement Baptiste. PANCRACE, se tournant du côté par où il est entré, et sans voir Sganarelle. Allez, vous êtes un impertinent, mon ami, un homme bannissable de la république des lettres. SGANARELLE. Ah! bon, en voici un fort à propos. PANCRACE, de même, sans voir Sganarelle. Oui, je te soutiendrai par vives raisons que tu es un ignorant, ignorantissime, ignorantifiant et ignorantifié, par tous les cas et modes imaginables. SGANARELLE, à part. Il a pris querelle contre quelqu'un. (A Pancrace.) Seigneur.... PANCRACE, de même, sans voir Sganarelle. Tu veux te mêler de raisonner, et tu ne sais pas seulement les éléments de la raison. SGANARELLE, à part. La colère l'empêche de me voir. (A Pancrace.) Seigneur.... PANCRACE, de même, sans voir Sganarelle. C'est une proposition condamnable dans toutes les terres de la philosophie. |