enfin la grande Neapolis, actuellement Nabel, dont les jardins ver doyants cachent des inscriptions importantes. La quatrième et dernière exploration a pour objet l'ancienne Zeugitane. On y signale surtout Uthina, Henchir Botria, Zucchara, Scressita, Thibica et Thuburbo-Majus. A Thuburbo, les portes triomphales, la piscine, l'amphithéâtre, les beaux marbres sculptés, rappellent une splendeur à jamais éteinte; mais cette ville reste chère au chrétien par le nom de Servus, dont la foi résista aux supplices qu'inventa la férocité des rois vandales. Il est évident que, malgré son ardeur, M. Guérin n'a pu embrasser dans le cercle de ses études la surface entière de la Tunisie : ce vaste champ garde encore bien des trésors; du moins, l'habile voyageur a fait presque complétement le tour de la régence, et l'a traversée en plusieurs sens. Ce sol, témoin de grandes choses, n'a pas enseveli tous les secrets du passé ; l'écho des quatre dominations qui s'y sont succédé se fait encore entendre au voyageur attentif. La puissance phénicienne, et surtout l'empire romain, y ont marqué leur passage; l'invasion vandale y a détruit la liberté et la civilisation, et les musulmans ont, depuis des siècles, fait régner le silence et la mort sur un pays où, avec le christianisme, devaient s'acclimater la gloire, l'activité et le savoir. Dans ces florissantes régions dont le brillant soleil favorisait l'architecture et la vie publique, chez un peuple ami des lettres et des prodiges de l'art, l'Eglise naissante s'était rapidement et heureureusement propagée. A l'aide des œuvres de saint Cyprien, nous avons relevé, dans la seule province proconsulaire qui répond assez à la Tunisie actuelle, une liste de quarante-sept siéges épiscopaux dépendant de l'Eglise de Carthage; au v° siècle, on en comptait plus de trois fois autant. L'ouvrage de M. Guérin permet de retrouver les traces de quelques-unes de ces antiques chrétientés. dont les noms ont été immortalisés par leurs martyrs, leurs vertus et leurs malheurs. Ruinart, dans sa savante Histoire de la persécution des Vandales en Afrique (Historia persecutionis Vandalica, 1694), et Morcelli, dans son Africa christiana (1816), avaient très-judicieusement disserté sur les lieux qu'ils n'avaient pourtant pas visités. Par son érudition et par sa foi, M. Guérin est digne de venir à leur suite, d'achever et de corriger leur œuvre. En parcourant les pages où il esquisse tant de ruines, ce n'est pas la pensée de la formidable puissance de Rome ou de Carthage, ni même le souvenir de l'éclat artistique et littéraire de ces contrées, qui nous a le plus pour suivis ce qui nous intéressait profondément, c'étaient les vestiges d'une croix ou les traces d'une basilique enfouis sous les restes imposants de la domination romaine, parce que ces fragments sacrés sont non-seulement le témoignage du passé, mais aussi le signe de l'espérance. Le jour semble s'approcher, en effet, où le christianisme triomphant ramènera la vie morale sur ces plages arrosées du sang de saint Cyprien, fécondées par l'éloquence de ses évêques, sanctifiées par les pas de saint Louis. Ces pauvres et obscurs débris, recueillis et peut-être sauvés de la destruction par le zèle intelligent de M. Guérin, demeureront comme l'ancien titre de possession du christianisme sur ces provinces si illustres et si éprouvées. E.-A. BLAMPIGNON. VARIÉTÉS. EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1862. IMPRIMERIE. LIBRAIRIE. Nous n'avons pu obtenir, sur l'exposition universelle qui a eu lieu à Londres en 1862, des détails statistiques pareils à ceux que nous avons donnés sur celle de Paris en 1855 (Voir p. 201 de notre t XV); mais nous avons trouvé, dans le 5° volume des Rapports du jury international sur l'ensemble de l'exposition, quelques pages qui ne manqueront pas d'intéresser nos lecteurs, car il s'agit d'une maison qu'ils connaissent, qu'ils estiment, qui n'a jamais voulu publier que de bons livres, et que les membres du jury signalent comme occupant le premier rang tant par le bon marché que par la parfaite exécution de tout ce qu'elle produit. Voici comment s'expriment MM. Laboulaye et Wolowski dans leur travail sur les impressions en général et sur la reliure. La maison Mame, si connue par le bon marché de ses publications à l'usage de la jeunesse, a dû sa grande prospérité à la vulgarisation d'ouvrages d'une exécution aussi parfaite que celle des livres que leur prix élevé ne rendait autrefois abordables qu'aux classes riches. Tout en développant par masses considérables sa manufacture de livres à bon marché, M. Mame s'est adonné depuis plusieurs années à la production d'ouvrages de grand luxe, et n'y a pas moins bien réussi, prouvant ainsi qu'il n'était pas seulement un ad ministrateur éminent, mais aussi un typographe habile, amoureux de son art. Comme manufacture de livres, cette maison, dans laquelle le cartonnage et, comme on l'a dit ailleurs, la reliure complètent l'œuvre de la typographie, est extrêmement remarquable. Le bon marché de ses produits n'est jamais dû à la mauvaise qualité du papier ou de l'impression, mais uniquement à l'importance du tirage, à une grande production et à un vaste écoulement. De petits livres pour les écoles primaires à 35 c., des in-8° à 1 fr. 20 c., recouverts de cartonnage doré, des paroissiens élégamment reliés à 60 c., dorés sur tranche à 1 fr. 05 c., défient toute concurrence. Ajoutons que la production de cette maison colossale atteint aujourd'hui près de vingt mille volumes (de dix feuilles in-12 en moyenne) PAR JOUR. Comme ouvrages de luxe, les in-8° magnifiquement imprimés et illustrés à 6 fr. le volume, que cette maison expose, sont de superbes livres d'étrennes. Mais surtout il faut citer de nouveau la Touraine, in-folio que le jury de 1855 proclamait, à juste titre, « un ou« vrage hors ligne, » et dont l'exemplaire qui figure à l'exposition, tiré sur peau vélin, à la presse mécanique, avec de belles gravures sur bois brillant d'un vif éclat, est un merveilleux spécimen. Le missel rouge et noir, illustré d'après les dessins de M. Hallez, est également un fort beau livre, qui mérite les mêmes éloges que la Touraine. Enfin, des dessins du dessinateur actuellement à la mode, M. Doré, gravés dans le genre classique, par Pannemaker, pour une bible en préparation, prouvent que, loin de s'arrêter, M. Mame va se surpasser encore, et, par son goût et son initiative, se placer en tête des typographes de notre époque (pp. 384, 382). La véritable reliure de bibliothèque, élégante sans prétention, d'une structure commode et attrayante, d'un effet simple, approuvé par le bon goût, à lignes fermes sans roideur, à couture solide sans lourdeur, avec laquelle le livre s'ouvre bien et ne risque jamais de voir les pages se détacher, qui respecte les exemplaires qui lui sont confiés pour les conserver et non pour les détruire, dont le prix ne fait pas reculer les fortunes souvent modestes des hommes qui aiment les livres, voilà ce qui est le plus désirable, et malheureusement le plus rare: on ne le rencontre guère en dehors de l'Angleterre et de la France. Ici encore, il est de notre devoir de rendre un légitime hommage à M. Mame : à côté de son superbe volume de la Touraine, véritable monument élevé à la gloire de la typographie française, et dont la reliure est digne de l'œuvre qu'elle accompagne, il a su élever la reliure courante à la hauteur de l'industrie manufacturière. Il avait résolu le problème du livre réduit à sa moindre valeur vénale; il vient d'aborder avec un égal succès le complément indispensable de son œuvre, la reliure qui rend le livre maniable en lui donnant la solidité et la durée. Sa grande manufacture aborde tous les genres de reliure, depuis la basane jusqu'au chagrin, au maroquin du Levant, au cuir de Russie, au velours, à l'écaille et à l'ivoire. Cette branche de la production, qui comprend environ quatre-vingts manipulations différentes, par suite d'une intelligente division du travail, occupe trois immenses ateliers : l'un est consacré à la pliure et à la couture des volumes: les femmes seules y travaillent; dans les autres s'exécutent les diverses opérations destinées à terminer l'œuvre l'endossure, la rognure, la marbrure, la dorure sur tranche, la parure des peaux, la coupure, la dorure sur cuir, la gaufrure, etc. Des outils et des auxiliaires perfectionnés ap portent aux opérations de toute nature non-seulement la célérité et l'économie, mais encore la régularité et la perfection. Les ouvriers, au nombre de sept cents, tous recrutés à Tours, ont fait chez M. Mame un apprentissage complet, et sont arrivés à constituer une spécialité remarquable. A côté d'eux, des artistes habiles s'inspirent des meilleures époques de l'art et varient les dessins; ils progressent incessamment, aussi bien pour le fini de l'exécution que pour les procédés et les résultats économiques. C'est par suite de ces infatigables efforts que M. Mame est arrivé à un des plus beaux résultats que l'exposition nous ait permis de constater: il a obtenu l'approbation unanime du jury, qui a reconnu, dans le compartiment réservé à cet habile fabricant, un véritable modèle de perfection et de bon marché. Comment s'expliqueraiton, autrement que par l'emploi des procédés les plus perfectionnés, la production de cette Imitation de Jésus-Christ, bien imprimée sur beau papier, dorée sur tranche, en maroquin, et vendue 2 fr. 15 c.; et ce Paroissien de Paris, bien relié, également doré sur tranche, marqué 65 c. REVUE DES JOURNAUX ET RECUEILS PÉRIODIQUES du 21 mai au 15 juin 1863. Constitutionnel. JOURNAUX. 26 mai, 1er, 8, 9 juin. SAINTEBEUVE: Horace Vernet, suite. · 29 mai, 9 juin. Ernest CHESNEAU: Salon de 1863. 30 mai. Henri DE PARVILLE Revue des sciences. 3 juin. Louis ENAULT : nouveau Guide à Paris, par M. Adolphe Joanne. 4. Ernest CHESNEAU: Exposition des arts industriels. A. GRENIER : France. Journal des débats. 31. Philarète Annuaire encyclopédique, année 1861-1862. 26 mai. Fs BARRIÈRE: Etudes prati5. A. GRENIER: Histoire de Bayard, parques sur les maladies nerveuses et mentaM. Henry d'Audigier. 6. Ch. Bernard les, par M. le docteur Giraud de Cailleux. DEROSNE: Revue bibliographique.- BA- 27 mai, 2, 9 juin. Adolphe VIOLLET BINET: Bulletin scientifique.-15. Sainte- LE DUC: Salon de 1863. Beuve: Mémoires de l'abbé Legendre, CHASLES: une Poésie slave retrouvée. chanoine de Notre-Dame, secrétaire de 1er juin. Jules JANIN: Mme de Lamartine. M. de Harlay, archevêque de Paris. – 3, 4, 5. H. TAINE : les Prosateurs anglais de la renaissance. 6. SAINT-MARC GIRARDIN Variétés (ouvrages sur la Po7. Emile 21, 30 mai, 3, 6, 10, 13 juin. Comte logne et souvenirs militaires). Horace DE VIEL-CASTEL: Salon de 1863. DESCHANEL : l'Acropole d'Athènes; — Etu23 mai. Stéphane DE ROUVILLE: His- des sur le Péloponése; Phidias, drame toire d'un homme, par M. Amédée Achard. antique, par M. Beulé. -14. MIGNET : — 23, 31 mai, 7. 14 juin. Louis FIGUIER: Notice sur la vie et les travaux de lord MaSciences. 2 juin. Baron DE BAZAN- caulay, lue à l'Académie des sciences moCOURT: Guerre d'Amérique. Récit des opérales et politiques, le 13 juin. rations militaires, suite.-6. Gustave MERLET la Grèce en 1863, par M. A. Grenier. 15. Baron DE BAZANCOURT: les Caprices d'un régulier, par M. de Molènes. Journal des villes et campagnes. 3 juin. Emile DUBOIS: Traité des im pots, par M. de Parieu. Augustin GALITZIN Christianisme et socialisme. -7. Augustin GALITZIN Méditations sur les épi24 mai. 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Edmond TEXIER: Mme de Lamartine. teres et portraits contemporains, par M. 24. Auguste LUCHET: Carac Amédée Marteau. 24 mai, 3, 7, 11, 14 juin. Adrien PAUL: Salon de 1863.— 31 TAIGNY: Etudes politiques et économiques, par M. Edouard Boinvilliers. 13. Paul Dalloz les Machines à air dilaté. Le Gazo-mai. Louis CUZON : le Châtelet de Paris, par moteur de M. J. Belou. - 15. Emile MONTÉGUT Fantaisics esthétiques. Visions du passé. Opinion nationale. 23 mai. Antony MERAY: les grandes Voies fluviales de l'Afrique. – 3 juin. Jules LEVALLOIS : le Roman dévot et le roman religieux. 6, 13. Olivier MERSON: Salon de 1863. . P.-F. MATHIEU : la Pluralité des mondes habités, par M. Camille Flamarien. Paul PERROT: Historiens, poetes et romanciers, par M. Cuvillier-Fleury. 8. Antony MÉRAY: Histoire de Franz de Sickingen, par M. E. Boutellier; le Chevalier de la mort, d'Albert Durer. -10. Ernest HAMEL: le nouveau Paris, par Sébastien Mercier. LABBE: Victoire Normand, un drame en province, par M. Claude Vignon. phane GACHET: Paris rebâti. 7. G. DE CADOUDAL: Dominique, par M. Fromentin; - l'Echappé de Paris, par M. F. Béchard. -S. Théodore ANNE: des Eaux publiques et de leur application aux besoins des grandes villes, des communes et des habitations rurales, par M. Gri9. Alfred NETTEMENT: maud, de Caux. · En Orient. Souvenirs de voyage, 18581861, par M. Ferdinand Schickter. -10. Edelestand DU MÉRIL: Garin le Lohérain, chanson de geste, mise en nouveau langage, par M. Paulin Paris. #1. Theodore ANNE: Histoire de l'empire, par M. Thiers, 2e article.-14. MOREAU: les vrais Ro 24 mai, 4, 14 juin. Paul DE SAINT-VIC- binsons, par M. Ferdinand Denis. |