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Eminence le cardinal Morlot, aucune ne mérite autant de confiance que celle-ci. Puisés à leur vraie source, les détails qu'elle renferme sont d'une exactitude dont il n'est pas permis de douter. Là, rien de hasardé, rien de controuvé, rien de supposé. On suit heure par heure les progrès du mal qui a si rapidement enlevé le vénérable cardinal à l'affection de son clergé et des fidèles; on le voit, on l'entend en quelque sorte lui-même, et nous ne saurions dire avec quelle édification. Jamais patience plus admirable, résignation plus absolue, piété plus touchante, n'ont accompagné les crises douloureuses d'une plus pénible agonie. - Répandre cette brochure sera une œuvre doublement excellente on contribuera ainsi à faire bien connaître le vénéré pontife dont l'éloge est dans toutes les bouches, et on offrira à tous, dans sa sainte mort, un exemple précieux à méditer maintenant et à imiter plus tard. Il y a là, d'ailleurs, pour la religion et pour l'Eglise, une gloire, un honneur, qui ne doivent pas être méconnus. Nous signalons à nos lecteurs ce bien à faire. Le prix du format in-18 a été calculé de manière à favoriser leur zèle.

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- 1 volume in-12

19. MATHILDE ET MARTHE, par Mme Valentine VATTIER. de 140 pages plus 1 gravure (1862), chez A. Mame et Cie, à Tours, et chez Mme veuve Poussielgue-Rusand, à Paris (Bibliothèque des écoles chrétiennes, 3o série); prix : 45 c.

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Marthe, jalouse de la supériorité de Mathilde, qu'on lui propose sans cesse pour modèle, nourrit contre elle un mauvais vouloir persévérant, et cherche, mais toujours en vain, à la trouver en faute. Ce sujet, quoique bien rebattu, est néanmoins d'un à-propos réel pour les enfants, chez qui on découvre toujours les mêmes défauts; il faudrait seulement lui donner de l'intérêt, et ce n'est pas ce qui a lieu ici. Le fond usé n'est relevé par aucun trait piquant, par aucun incident original; tout est d'une grande faiblesse. Nous le regrettons doublement, car nous craignons que de pareilles productions ne jettent de la défaveur sur une collection qui se recommande par beaucoup de meilleurs livres. J. MAILLOT.

20. ŒUVRES de MALHERBE, recueillies et annotées par M. L. LALANNE, ancien élève de l'école des chartes; nouvelle édition, revue sur les autographes, les copies les plus authentiques et les plus anciennes impressions, et augmentée de notices, de variantes, de notes, d'un lexique des mots et locutions remarquables, d'un portrait, d'un fac-simile, etc. Tomes I et II. 2 volumes in-8° de cxxvII-494 et 736 pages (1862), chez L. Hachette et Cie (les grands Ecrivains de la France); - prix: 7 fr. 50 c. le volume.

<< Enfin Malherbe vint! » a dit Boileau; enfin Malherbe est venu,

pouvons-nous dire à notre tour, car voici la première édition vraiment complète de ses œuvres. Imprimées séparément ou disséminées dans les différents recueils de l'époque, elles n'avaient point été réunies de son vivant; plusieurs même étaient restées inédites. Deux ans après sa mort, en 1630, parut la première édition, contenant la plupart des poésies, des traductions et des lettres. Souvent reproduite, cette édition perdit en route, dans le cours des âges, le gros bagage des traductions, et ne garda plus que les poésies, qui, en compensation, s'enrichirent des commentaires curieux et prolixes de Ménage (1666), véritablement critiques de Saint-Marc (1757). Les éditions de Malherbe diminuaient donc en avançant, au lieu de grossir, contrairement à sa renommée qui, elle, crescebat eundo; aucune d'elles, d'ailleurs, n'avait été complète. Ainsi, sa traduction des Epitres de Sénèque, publiée pour la première fois en 1637, n'avait jamais été jointe aux autres œuvres. Puis restait la partie inédite : l'Instruction de Malherbe à son fils, éditée il y a dix-sept ans sur une copie fautive, et reproduite ici d'après le manuscrit original conservé à la bibliothèque de Carpentras; - la correspondance entretenue pendant vingtdeux ans par Malherbe avec le savant Peiresc, publiée, il est vrai, en 4822, d'après les originaux de la bibliothèque impériale, mais d'une manière excessivement défectueuse, en sorte que l'édition d'aujourd'hui, scrupuleusement collationnée sur les autographes de Malherbe, à Paris, et sur les minutes de Peiresc, à Carpentras, peut passer pour originale; enfin, un grand nombre de lettres nouvelles, éditées successivement, pour la plupart, depuis une quarantaine d'années, par MM. Roux-Alpheran, Miller, Hauréau et Mancel, et réunies pour la première fois par les nouveaux éditeurs en corps d'ouvrage. — L'édition aura quatre forts volumes. Les deux premiers, que nous avons seuls sous les yeux, contiennent d'abord une notice biographique sur Malherbe, avec un appendice par M. Lalanne; la vie de Malherbe, par Racan, son disciple chéri; une notice bibliographique; une discussion critique des pièces attribuées à Malherbe, et une étude sur ses portraits. Dans ces cent trente pages petit texte se trouve contrôlé, par la plus sévère critique, tout ce qu'on peut savoir sur Malherbe, sa généalogie, sa vie, ses charges, ses travaux, son esprit et son caractère. Viennent ensuite les poésies,-123 pièces, d'abord soigneusement revisées sur les autographes ou sur les anciennes copies et impressions, puis rangées, autant que possible, par ordre de dates, enfin enrichies de notices qui expliquent l'origine, l'occasion et la

date de chaque pièce, et de notes qui éclaircissent tout passage, toute expression pouvant offrir quelque obscurité au lecteur. Le premier volume contient encore l'Instruction de Malherbe à son fils, écrit sans valeur littéraire, mais riche de curieux renseignements sur la famille du poëte et sur quelques points de sa vie ; diverses épitaphes en prosc; le discours sur les œuvres de Malherbe, mis en tête de l'édition de 1630, premier ouvrage de Godeau; la traduction du XXXIII livre de Tite-Live, dont dix-sept chapitres venaient d'être découverts, et un fragment de traduction des Questions naturelles de Sénèque, resté inédit et inconnu jusqu'à ce jour.— Le second volume est rempli tout entier par la traduction du Traité des bienfaits et des quatre-vingt-onze premières épîtres de Sénèque. Quant aux traductions, le travail du nouvel éditeur consiste en notices, en variantes intéressantes mises au bas des pages, et en notes où, sans avoir l'intention de relever toutes les inexactitudes et les licences de l'interprétation, il a cru devoir signaler quelques-unes de ces infidélités que se permettaient sans scrupule les traducteurs du xvu siècle. Soit ici, soit ailleurs, les notes sont moins nombreuses que dans l'édition des lettres de Mme de Sévigné, et nous sommes loin d'en faire un reproche à M. Lalanne; car il faut bien dire que ces notes si multipliées, quelle qu'en puisse être la valeur historique ou littéraire, fatiguent un peu le lecteur, en le raccrochant sans cesse comme autant d'épines, alors qu'il voudrait cheminer doucement dans un sentier de fleurs. D'après ce qui précède, on voit que les deux derniers volumes de cette édition seront remplis par la correspondance annotée de Malherbe. Nous sommes certains à l'avance que, matériellement et littérairement, ils seront aussi soignés que les deux premiers.— On ne saurait trop féliciter les éditeurs de cette riche collection. En dehors des éditions dites de luxe, on peut dire que rien de plus grand et de plus beau n'a été fait dans notre siècle. Achevée, cette collection tiendra la place d'honneur dans la plus riche bibliothèque. maintenant, pour finir, peut-être serait-il bon de dire quelques mots de Malherbe poëte et écrivain; mais, sur ce point, plus que M. Lalanne nous sommes tenus à une grande réserve; car ici nous ne devons faire qu'un article bibliographique. D'ailleurs, que dire de Malherbe qui n'ait été dit cent fois? Qui ne connaît son génie, et surtout sa mission littéraire ? Qui ne sait qu'après avoir rendu la langue française à sa liberté et à son indépendance, menacées par l'invasion grécolatine de la pléiade, par l'invasion italienne des pétrarchistes, par l'inva

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Et

sion provinciale et non nationale de Montaigne, il lui donna, lui le premier, des lois et une constitution; qu'il a réglementé, non-seulement notre poésie, mais encore notre prose, comme cette édition nouvelle le montrera plus que jamais; qu'il a été un réformateur et un initiateur, et que, plus que personne, il a préparé le siècle de Louis XIV? A tous ces titres, sa place était marquée dans cette collection; car, pour tout dire d'un mot, Malherbe, c'est un ancêtre !

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U. MAYNARD.

21. ŒUVRES spirituelles de saint PIERRE D'ALCANTARA, précédées du portrait historique du saint par sainte THÉRÈSE, traduites en français par le P. Marcel Bouix, de la Compagnie de Jésus. 1 volume in-8° de xv1-448 pages (1862), chez Périsse frères, à Lyon, et chez Régis Ruffet et Cie, à Paris; prix : 6 fr. 22. VIE de saint Pierre d'Alcantara, réformateur des frères-mineurs en Espagne et coopérateur de sainte Thérèse dans la réforme des carmélites, par UN MEMBRE DU Tiers-ordre de SAINT-FRANÇOIS. - 1 volume in-12 de xxvIII312 pages (1860), chez Mme veuve Poussielgue-Rusand; - prix: 2 fr. 25 c. Nous joignons ces deux ouvrages qui se complètent mutuellement, et qui se recommandent d'eux-mêmes au public chrétien. Ceux qui aimeront à lire les œuvres, si simples et si sublimes tout à la fois, de saint Pierre d'Alcantara, désireront naturellement prendre connaissance de la vie de ce grand homme. De même, on ne pourra point avoir sa vie sans sentir comme un besoin de posséder aussi ses œuvres. Ainsi que le dit sainte Thérèse, qui eut des rapports tout particuliers avec lui, saint Pierre d'Alcantara a composé en langue castillane des livres sur l'oraison, et l'a fait d'une manière merveilleusement utile pour les personnes qui s'appliquent à ce saint exercice. Le pape Grégoire XV, en le mettant au rang des bienheureux, portait sur ses écrits le mémorable jugement qui suit : « Ce livre est une très« brillante lumière, qui dirige les âmes vers le ciel; la doctrine en est «< céleste, et le Saint-Esprit lui-même l'a dictée. » Que pourrionsnous ajouter à des autorités si imposantes? Elles disent tout à l'esprit et au cœur du catholique; comme le fait remarquer le savant traducteur, il ne reste plus qu'à lire un livre qui doit faire tant de bien à l'àme (p. in ), qu'à se pénétrer de la doctrine toute céleste qu'il contient. On trouve dans les OEuvres spirituelles de saint Pierre d'Alcantara: 1° son portrait historique extrait de la Vie de sainte Thérèse écrite par elle-même; 2° un traité de l'oraison et de la méditation, dans lequel le traducteur a intercalé les enseignements de sainte Thé

rèse sur le même sujet, et où l'on sera heureux de rencontrer plus de pratique que de théorie, dans deux séries de méditations pour chaque jour de la semaine, ainsi que quelques avis pleins de sagesse sur l'exercice de l'oraison et de la méditation; 3° un traité de la dévotion, où il s'agit de la nature de la dévotion, des moyens de l'acquérir, des obstacles qui en détournent, des remèdes contre les tentations qui fatiguent le plus communément les âmes vouées à l'oraison, et enfin des règles propres à guider dans ce saint exercice; 4° une réponse à une consultation de sainte Thérèse, pour lui démontrer qu'elle était conduite par l'esprit de Dieu, et qu'ainsi ses craintes sur l'état de son âme et sur le caractère des grâces dont elle était comblée n'avaient aucun fondement pièce capitale, qui pose avec une admirable précision les règles du discernement des esprits, de cette science mystique qui est comme l'œil de la vie spirituelle; 5o une lettre à dom Alvaro de Mendoca, évêque d'Avila, pour le prier de prendre sous sa protection le monastère de Saint-Joseph, que sainte Thérèse se proposait de fonder dans cette ville on y trouve un mémorable témoignage en faveur de la sainte carmélite. Enfin, le traducteur a cru devoir joindre aux OEuvres spirituelles l'admirable et touchante explication du Pater par sainte Thérèse, et la bulle de la canonisation du saint, texte latin avec traduction française. Nous ne dirons rien du travail particulier du P. Bouix, sinon que sa traduction nous a semblé digne de l'original, et que ses éditeurs n'ont rien négligé pour en faire un livre de luxe.

Le P. Bouix renvoie à la savante vie publiée par les bollandistes ceux qui souhaiteraient connaître plus à fond tout ce qui regarde le grand serviteur de Dieu (p. Iv), et un membre du tiers-ordre de SaintFrançois leur offre son travail sur le même sujet. Il s'est plu à faire ressortir la sainteté merveilleuse de son héros, l'importance de ses relations avec l'illustre réformatrice des carmélites et avec un grand nombre de personnages princiers et de têtes couronnées, ses prodigieuses austérités, son zèle tout apostolique, ses miracles vraiment étonnants, la vertu de ses exemples, l'efficacité de ses prédications, l'influence irrésistible qu'il exerçait sur tous ceux qui étaient en rapport avec lui, et le mérite tout particulier des quelques livres qu'il a laissés. Cette vie, si éminemment intéressante par elle-même, est racontée dans tous ses détails avec une grande clarté et une simplicité parfaite. Ce n'est pas seulement une histoire, c'est une véritable vie de saint. Sous ce rapport, nous ne pouvons que féliciter l'auteur.

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