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DOM JUAN.

Qui peut frapper de cette sorte?

SGANARELLE.

Qui diable nous vient troubler dans notre repas?

DOM JUAN.

Je veux souper en repos au moins, et qu'on ne laisse

entrer personne.

SGANARELLE.

Laissez-moi faire, je m'y1 en vais moi-même.

DOM JUAN 2.

Qu'est-ce donc ? Qu'y a-t-il3?

SGANARELLE, baissant la tête comme a fait la Statue*.

Le.... qui est là 3 !

DOM JUAN.

Allons voir, et montrons que rien ne me sauroit ébranler ".

SGANARELLE.

Ah! pauvre Sganarelle, où te cacheras-tu?

1. Laissez-moi, je m'y. (1734.)

2. D. JUAN, voyant revenir Sganarelle effrayé. (Ibidem.)

3. Qui a-t-il (sic) là? (1683 A, 94 B.)

4. SGANARELLE, laissant la tête. (Ibidem.)

Statue. (1734.)

Baissant la tête comme la

5. L'édition cartonnée de 1632 a ainsi un point d'exclamation; ses dérivées et le texte non cartonné, un point d'interrogation; les deux éditions étrangères et celle de 1734, un simple point.

6. Que rien ne sauroit ébranler. (1683 A, 94 B; sans points à la fin de la phrase.)

SCÈNE VIII.

DOM JUAN, LA STATUE DU COMMANDEUR, qui vient se mettre à table, SGANARELLE, Suite 1.

3

DOM JUAN 2.

Une chaise et un couvert, vite donc. (A Sganarelle*.) Allons, mets-toi à table.

SGANARELLE.

Monsieur, je n'ai plus de faim".

DOM JUAN.

Mets-toi là, te dis-je. A boire. A la santé du Commandeur je te la porte, Sganarelle. Qu'on lui donne du vin.

SGANARELLE.

Monsieur, je n'ai pas soif.

DOM JUAN.

Bois, et chante ta chanson, pour régaler le Commandeur.

SGANARElle.

Je suis enrhumé, Monsieur.

DOM JUAN.
7

Il n'importe. Allons. Vous autres, venez, accompagnez sa voix.

1. DOM JUAN, LA STATUE DU COMMANDEUR, SGANARELLE, SUITE. (1683 A,

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DOM JUAN, LA STATUE DU COMMANDEUR, SGANARELLE, LA VIOLETTE,

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4. Cette indication n'est pas dans les éditions de 1683 A, 1694 B. Et un couvert. Vite donc. (Dom Juan et la Statue se mettent

relle. (1734.)

5. Je n'ai plus faim. (1730, 34.) 6. La chanson. (1683 A, 94 B.)

7. A ses gens. (1734.)

table.) A Sgana

LA STATUE.

Dom Juan, c'est assez. Je vous invite à venir demain souper avec moi. En aurez-vous le courage?

DOM JUAN.

Oui, j'irai, accompagné du seul Sganarelle.

SGANARELle.

Je vous rends grâce1, il est demain jeûne pour moi. DOM JUAN, à Sganarelle.

Prends ce flambeau.

LA STATUE.

On n'a pas besoin de lumière', quand on est conduit par le Ciel'.

1. Grâces. (1730, 33, 34.)

2. De lumières. (1683 A, 94 B.)

3. Voyez la Notice, p. 11 et p. 24.

FIN DU QUATRIÈME ACTE,

ACTE V'.

SCÈNE PREMIÈRE.

DOM LOUIS, DOM JUAN, SGANARELLE.

DOM LOuis.

Quoi? mon fils, seroit-il possible que la bonté du Ciel eût exaucé mes vœux? Ce que vous me dites est-il bien vrai? ne m'abusez-vous point d'un faux espoir, et puis-je prendre quelque assurance sur la nouveauté surprenante d'une telle conversion?

DOM JUAN, faisant l'hypocrite.

Oui, vous me voyez revenu de toutes mes erreurs ; je ne suis plus le même d'hier au soir, et le Ciel tout

1. Le théâtre représente une campagne. Le lieu de la scène est un peu moins facile à déterminer pour cet acte que pour les précédents. Nous ne sommes plus chez Dom Juan, car Dom Carlos lui dit (début de la scène III) : « Je suis bien aise de vous parler ici plutôt que chez vous. » Il est probable que la scène est dans la campagne, du côté où est bâti le mausolée du Commandeur, et assez près de la ville pour qu'on en distingue les maisons et les rues, puisque Dom Juan dit à Dom Carlos (fin de la même scène) : « Je m'en vais passer tout à l'heure dans cette petite rue écartée qui mène au grand couvent. Cette conjecture est confirmée par la manière beaucoup plus précise avec laquelle Thomas Corneille établit le lieu de l'action dans ce cinquième acte: Dom Juan est rencontré par son père, qui lui dit (scène Iro, 2d couplet de Dom Louis):

Mais, dans cette campagne, où s'adressent vos pas?
J'ai sorti de la ville exprès pour une affaire....
Et j'ai voulu marcher un moment au retour;
Mon carrosse m'attend à ce premier détour.

(Note d'Auger.)

2. Cette indication n'est pas dans les deux éditions étrangères ni dans celle de 1734. Sur ce trait du caractère de Dom Juan, voyez la Notice, p. 19 et 20,

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p. 30, p. 35 et 36.

3

1

d'un coup a fait en moi un changement qui va surprendre tout le monde : il a touché mon âme et dessillé mes yeux, et je regarde avec horreur le long aveuglement où j'ai été, et les désordres criminels de la vie que j'ai menée. J'en repasse dans mon esprit toutes les abominations, et m'étonne comme le Ciel les a pu souffrir si longtemps, et n'a pas vingt fois sur ma tête laissé tomber les coups de sa justice redoutable. Je vois les graces que sa bonté m'a faites en ne me punissant point de mes crimes'; et je prétends en profiter comme je dois, faire éclater aux yeux du monde un soudain changement de vie, réparer par là le scandale de mes actions passées, et m'efforcer d'en obtenir du Ciel une pleine rémission. C'est à quoi je vais travailler; et je vous prie, Monsieur, de vouloir bien contribuer à ce dessein, et de m'aider vous-même à faire choix d'une personne qui me serve de guide, et sous la conduite de qui je puisse marcher sûrement dans le chemin où je m'en vais entrer 8.

DOM LOUIS.

Ah! mon fils, que la tendresse d'un père est aisément rappelée, et que les offenses d'un fils s'évanouissent vite au moindre mot de repentir! Je ne me souviens plus déjà de tous les déplaisirs que vous m'avez donnés, et tout est effacé par les paroles que vous venez de me faire entendre. Je ne me sens pas 10, je l'avoue ; je jette des larmes de joie; tous mes vœux sont satisfaits,

1. A fait un changement qui va. (1683 A, 94 B.)

2. Le long déréglement. (Ibidem.)

3. << De la justice », dans le texte non cartonné de 1682.

4. En ne punissant point mes crimes. (1683 A, 94 B.)

5. Aux yeux de tout le monde. (Ibidem.)

6. Réparer le scandale. (Ibidem.) — 7. A faire un choix. (Ibidem.)

8. Où je vais entrer. (Ibidem.). 9. Est facilement rappelée. (Ibidem.) 10. Molière a dit de même, sans complément : « je ne me sens pas, » dans la scène Iv du Mariage forcé (tome IV, p. 36).

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