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triomphante, il fallut deux ans pour assembler une convention et mener ses délibérations à leur fin, et une autre année pour obtenir la ratification de ses travaux. Avec une guerre comme celle que nous avons actuellement, les vues de l'assemblée nombreuse de négociateurs proposée subiraient de constantes variations d'après les vicissitudes des combats, et l'espoir d'amener une concordance de vues serait promptement abandonné, laissant les parties plus divisées que jamais et plus désespérées quant à la possibilité d'arriver à une négociation fructueuse.

De plus, comment aplanira-t-on les difficultés résultant des prétentions opposées des deux belligérants en ce qui concerne plusieurs États? Suppose-t-on que la Virginie entrera dans une convention avec les délégués que nos ennemis choisiront pour la Virginie occidentale, et reconnaîtra ainsi un démembrement insolent et violent de son territoire? Ou les États-Unis consentiront-ils à ce que la Virginie occidentale soit privée de ses droits d'égalité après l'avoir admise comme un État, et lui avoir accordé le droit de vote pour l'élection à la présidence? Qui enverra une délégation pour la Louisiane, le Tennessee, le Kentucky et le Missouri? L'ennemi prétend avoir le gouvernement de ces États, tandis que nous affirmons qu'ils font partie de la Confédération. Recevra-t-on des délégués des deux côtés? S'il en est ainsi, la convention sera promptement rompue. Si l'on ne uomme des délégués d'aucune part, alors les États les plus vivement intéressés au résultat de la convention ne seront pas représentés, et quelle valeur pourra-t-on attacher aux simples recommandations d'un corps de négociateurs dans de semblables circonstances? Diverses autres considérations se présentent d'elles-mêmes, mais j'en ai dit assez pour justifier ma conclusion que la proposition d'une action séparée des États n'est pas sage, qu'elle est impraticable et qu'elle ne présente aucun avantage pour contrebalancer les nombreuses et mauvaises conséquences qu'elle aurait pour notre pays.

Signé JEFFERSON DAVIS.

Résolutions collectives présentées le 18 novembre au Congrès confédéré, par M. Henry, sénateur du Tennessee.

Résolutions collectives précisant la position des États confédérés et déclarant que le Congrès et le peuple desdits États sont déterminés à poursuivre la guerre jusqu'à ce que leur indépendance soit reconnue. 18 novembre 1864.

Résolu par le congrès des Etats confédérés de l'Amérique : attendu que le peuple des États confédérés a reçu de son créateur les inalié

nables droits de vie et de liberté, ainsi que celui de travailler à son bonheur; que, pour assurer ces droits suprêmes, il a été institué parmi les hommes des gouvernements tenant du consentement des gouvernés leurs légitimes pouvoirs, et que, lorsqu'un gouvernement vient à détruire cette destination, le peuple a le droit de le changer ou de l'abolir, et de le remplacer par un nouveau gouvernement établissant sa base sur ces principes et organisant ses pouvoirs en la forme qui lui paraît la plus propre à sa conservation et à son bonheur; que sur ces principes contenus dans la déclaration de l'indépendance américaine, les colonies unies en 1777 ont rompu le lien qui les attachait au gouvernement de la Grande-Bretagne, et que c'est en vertu de ces mêmes principes que les États confédérés ont brisé les liens de cette union politique qui les attachait au peuple et au gouvernement des États-Unis d'Amérique plutôt que de se soumettre aux injustices réitérées à eux infligées par ce peuple, ainsi qu'aux usurpations de ce gouvernement dont le but réel est de les dépouiller de leurs droits, des biens à eux assurés par les garanties constitutionnelles et d'établir une tyrannie absolue sur ces États.

Résolu que les États confédérés en ont appelé aux armes pour la défense de ces droits et l'établissement de ces principes, seulement après qu'ils ont eu conjuré en vain le peuple et le gouvernement des États-Unis, par tous les liens de leur commune origine, de désapprouver et de faire cesser ces injures et ces usurpations; et après aussi qu'ils ont eu demandé réparation dans les termes les plus mesurés et reçu, pour toute réponse, une répétition des insultes et des injures dont ils avaient déjà eu tant à souffrir, injures qui faisaient prévoir des usurpations futures encore plus dangereuses pour la liberté.

Résolu également qu'après quatre années presque entières d'une guerre cruelle, épouvantable et hors nature, guerre pendant laquelle le peuple des États confédérés a établi d'une manière indiscutable sa capacité de se gouverner lui-même, et la possibilité où il est de résister à toutes tentatives de l'ennemi pour le subjuguer, ce Congrès n'hésite pas à avouer son désir sincère de voir la paix rétablie, et, dans ce but, il déclare solennellement à la face du monde que le gouvernement confédéré est prêt à ouvrir des négociations pour conclure une paix honorable et permanente entre les États confédérés et les États-Unis sur la base de l'indépendance particulière des premiers. Résolu que le moment est venu pour le congrès confédéré de proclamer devant le monde entier, au nom du peuple des États confédérés, sa détermination immuable d'être libre et de ne pas céder d'un point dans leur résolution de mourir libres plutôt que de vivre esclaves.

Si la population des États-Unis, en procédant à la réélection d'Abraham Lincoln, a entendu signifier par là la nouvelle année de guerre ou la réunion forcée à la fédération, tout en déplorant la cruelle nécessité qui leur est imposée et comptant sur la justice de leur cause et la bravoure de leurs soldats, ils relèvent le gant qui leur est jeté, laissant au ciel, dans sa justice, à faire pencher la balance. Résolu qu'en vue de la détermination de l'ennemi de continuer cette horrible guerre, contre laquelle les États confédérés ont toujours protesté, et que l'ennemi a soutenue avec une vigueur extraordinaire en la signalant par des actes d'atrocité insolites, contrairement aux usages de la guerre entre peuples civilisés, le Congrès des États confédérés se consacrera de nouveau à la grande cause de la légitime défense contre la tyrannie combinée de l'ennemi. Ce ne sera plus seulement le soin momentané du Congrès et du peuple des États confédérés, mais bien l'affaire de toute son existence de concentrer toute la force du pays en hommes et en matériel de guerre, d'entrer en ligne comme un seul homme avec la résolution invincible de défendre leurs autels et leurs foyers jusqu'à ce que le dernier champion de la liberté soit tombé.

GRANDE-BRETAGNE.

Réponse du comte Russell à la note des agents des États confédérés d'Amérique, contenant copie du manifeste émis par le Congrès de ces États.

Foreigh-Office, 25 novembre 1864.

Messieurs, j'ai eu l'honneur de recevoir la copie que vous m'avez envoyée du Manifeste émis par le Congrès des soi-disant États confédérés d'Amérique.

Le gouvernement de Sa Majesté regrette profondément la nature prolongée de la lutte entre les États du Nord et ceux du Sud de la république anciennement unie de l'Amérique du Nord.

A l'exception d'une courte période de temps, la Grande-Bretagne, depuis 1783, est restée liée par des relations amicales tant avec les Etats du Nord qu'avec ceux du Sud. Depuis le commencement de la guerre civile qui a éclaté en 1861, le gouvernement de Sa Majesté a continué d'entretenir des sentiments d'amitié également pour le Nord et pour le Sud. Le gouvernement de Sa Majesté ne s'est jamais hasardé à juger des causes de la rupture; il déplore le commencement de ces troubles sanguinaires et attend avec anxiété le moment qui les verra finir.

En attendant, il est convaincu qu'il sert mieux les intérêts de la paix et qu'il respecte le droit de chacun en observant une stricte et impartiale neutralité. Cette neutralité, Sa Majesté l'a fidèlement maintenue, et elle continuera de la maintenir.

Je vous prie, messieurs, d'agréer l'assurance de la très-haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être, messieurs, votre trèshumble et très-obéissant serviteur.

Signé: RUSSELL.

A MM. John Slidell, esq.; J.-M. Mason, esq., A. Budley Monn, esq., etc.

ÉTATS PONTIFICAUX.

Dépêche du cardinal Antonelli à MM. les commissaires des États confédérés à Paris, en réponse au manifeste de leur gouvernement.

Rome, 2 décembre 1864.

Honorables messieurs, M. Sauttez m'a remis votre lettre du 11 novembre avec laquelle, suivant les instructions de votre gouvernement, vous m'avez envoyé une copie du manifeste publié par le Congrès des États confédérés et approuvé par le très-honorable président, afin d'appeler sur ce sujet l'attention du gouvernement de Sa Sainteté, auquel vous vous êtes adressé ainsi qu'aux autres gouvernements.

Les sentiments exprimés dans ce manifeste tendant, en réalité, à amener la cessation de cette sanglante guerre qui désole actuellement votre pays et à mettre fin aux désastres qui en sont la conséquence; de plus, comme en cherchant à ouvrir des négociations pour la paix, ces sentiments sont complétement d'accord avec les dispositions et le caractère du chef de l'Église catholique, je n'ai pas hésité un seul instant à placer ce manifeste sous les yeux de Sa Sainteté.

Sa Sainteté, qui a été sincèrement affligée des récits qui lui ont été faits de l'horrible carnage causé par cette lutte obstinée, a reçu avec une vive satisfaction l'expression des mêmes sentiments. Comme vicaire sur la terre de ce Dieu qui est l'auteur de la paix, il désire avec ardeur voir s'apaiser ces colères et la paix se rétablir.

Pour en donner une preuve, il a écrit aux archevêques de NewYork et de la Nouvelle-Orléans, dès le 18 octobre 1862, les invitant à ce but sacré. Vous pouvez donc être assurés, honorables messieurs, que Sa Sainteté saisira avec empressement toute occasion favorable qui se présentera de hâter un résultat si désirable, afin que tous les peuples soient unis par les liens de la charité.

En vous instruisant de cette bienveillante disposition du Saint-Père, je suis heureux de me dire moi-même, avec les sentiments de la plus haute estime, etc.

Signé Cardinal ANTONELLI.

A MM. C. Dudley Mann; J.-M. Mason; John Slidell, commissaires des États confédérés de l'Amérique, à Paris.

SUÈDE ET NORWÉGE.

Dépêche du comte de Manderstroém, adressée à MM. les commismissaires des États confédérés d'Amérique à Paris, en réponse au manifeste de leur gouvernement.

Stockholm, 18 décembre 1864.

Le soussigné, ministre d'État des affaires étrangères de S. M. le roi de Suède et de Norvége, a récemment reçu la lettre à lui adressée sous la date de Paris, 11 novembre dernier, par MM. Mason, Slidell et Dudley Mann, commissaires des États confédérés d'Amérique, laquelle communique au gouvernement du roi, son auguste souverain, le manifeste adopté par le Congrès des États confédérés, le 14 juin, en même temps qu'une résolution faisant connaître les intentions, les principes et les vues de ces États, relativement à la guerre qui se poursuit entre eux et les États-Unis d'Amérique. Le soussigné croit de son devoir d'accuser réception de ladite lettre et de vous informer qu'il s'est empressé de mettre ces documents sous les yeux du roi. C'est par l'ordre de Sa Majesté qu'il doit se borner à déclarer que le gouvernement de Suède et de Norwége est résolu à observer, comme par le passé, la plus stricte neutralité vis-à-vis de la déplorable lutte qui a éclaté entre les États qui jusqu'ici formaient la grande et puissante Confédération américaine, et qu'en même temps, il fait les vœux les plus sincères pour qu'une guerre aussi désastreuse cesse enfin, et qu'il y ait un arrangement qui puisse satisfaire aux justes réclamations de chacun des États qui étaient membres de l'Union, avec laquelle, dès sa naissance, le gouvernement des Royaumes-Unis a entretenu les plus cordiales relations.

En obéissant à cet ordre, le soussigné profite de cette occasion pour offrir à MM. Mason, Slidell et Mann, les assurances de sa considération très-distinguée.

Signé MANDERSTROÊM.

MM. J.-M. Mason, J. Slidell et A. Dudley Mann, à Paris.

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