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DE L'IMPRIMEUR.

J

'Ai crû pouvoir joindre au Spectactur François, Differens Morceaux du même Auteur, qui ont paru dans plufieurs Mercures, & qui alors, à ce qu'on dit, y furent lûs avec plaifir. Cependant comme l'Auteur étoit extrêmement jeune quand il les a faits; je fuis chargé de demander au Public de l'indulgence pour

eux.

PIECES DÉTACHÉES

ECRITES DANS LE GOUT

DU

SPECTATEUR FRANÇOIS.

Lettre de M. de M** contenant une Avanture.

'Ai reçû votre lettre; mon cher ami. L'avantu re dont vous m'y faites le recit, eft particuliere, & vous avez, dites-vous, de l'admiration pour une femme qui meurt de douleur, après avoir appris l'irréparable infidelité de fon amant, un fi prodigieux excès d'amour vous penetre de refpe&t pour elle, & je n'en fuis point furpris car vous aimez. Cette tragique hif

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toire fait un exemple du caractere d'amour, que vous fouhaitteriez pour vous à votre maîtreffe; mais cruel! en le lui fouhaitant, fongezvous aux confequences? je la garantis morte,fi vous êtes exaucé, & morte peutêtre dans huit jours: peutêtre le hazard va-t-il vous prefenter' un vifage aimable, dont la proprietaire armera toute la coquetterie contre vous. Vous aurez des yeux,un coeur & de l'amour propre; vous vous a muferez à regarder avec plaifir; vous aimerez à plaire; voilà votre maîtreffe à fon dernier foûpir; vous acheverez de vous gâter la nuit par de flatteufes & de reconnoiffantes rẻ flexions; la voilà morte. Où est-il le coeur de tout fexe, dont la loyauté ne periffe dans les dangers dont je parle? & que deviendroient les amans, fi l'inconftance de l'un étoit un arrêt de mort contre l'autre ? les hommes & les femmes tomberoient autour de nous par pelottons; on ne pourroit compter fur la vie de perfonne, & je conçois qu'il ne refteroit plus fur terre que quelques

gens, qui par cas fortuit, fe feroient mutuellement portés un coup fourré d'inconftance. Jufte Ciel! que de trepas indifcrets & fcandaleux ne verroit-on pas? que de dévots reconnus pour hypocrites après leur mort! eux, dont la bonne odeur ne fubfifte qu'à la faveur du fecret qui derobe leurs foibleffes. Que de meres détrompées de l'innocence de leurs filles! que de maris credules, & qui ne pourroient plus l'être! que de vieilles femmes ridiculifées, en ceffant de vivre!mais grace à Dieu,nous n'avons rien à craindre de tout cela. La nature plus fage que vous, mon ami, ne donne pas à l'amour un fi grand credit fur les coeurs; le pouvoir qu'elle lui laiffe, va tout à l'avantage du genre humain, & loin, d'être homicide, il n'eft dangereux que par le contraire. On pleure l'inconftance de fon amant ou de fa maîtreffe, on la foupire; voilà le plus grand inconvenient d'un amour trahi; encore ne voit-on paffer par ces peines que ceux dont la nature a manqué le coeur; je veux

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