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du 9 novembre 1650 ayant été reconnue valide, et Bossuet dispensé de recommencer sa thèse, qui ne voit que pour Navarre c'était, en cela du moins, gagner sa cause, au delà même de ce qu'il lui avait été permis d'espérer après une si imprudente attaque? La réitération de l'Acte, par commandement de la cour, eût été pour elle une confusion véritable; au lieu qu'elle ne pouvait manquer d'être pour Bossuet l'heureuse occasion d'un nouveau triomphe. Après donc que, par sa première thèse, dédiée à Cospéan; par sa brillante tentative en présence de Condé, Bossuet déjà avait donné un si grand éclat à Navarre, Navarre aujourd'hui, et en une si délicate conjoncture, lui devait d'avoir pu échapper à un affront jugé inévitable et un peu mérité peut-être. Jacques Péreyret, trois mois à peine après cet arrêt, renonçant à la grande maîtrise de Navarre, que Cornet, son ami, consentit à reprendre', quittait Paris, pour s'aller fixer à Clermont, où lui avait été donné un canonicat en l'église cathédrale; le nouvel évêque de cette église, Louis d'Estain, sacré depuis peu, ayant, par les conseils de Vincent de Paul, appelé à son aide ce docteur, dont il avait été le disciple à Navarre, et qui fut son coopérateur dans le gouvernement de son diocèse 2.

notaires, le 29 septembre 1665, entre la maison de Sorbonne et MM, du college de Navarre, sur les droits (reconnus d'accord) du prieur de Sorbonne, notamment dans l'acte dit Sorbonique. (Manuscrits, Bibliothèque impériale, Fonds de Sorbonne, no 1099-423, p. 656, 657.) 1 Mémoires mss. de Le Dieu..

2 Les Origines de la ville de Clairmont, par feu M. le président Savaron, avec les Remarques de Pierre Durand, Paris, Muguet, 1662, in-fol., p. 279. Gallia Christiana, t. II, col. 300. - Péreyret avait été nommé grand maître le 27 juin 1643, à la demande de Cornet, qui, en octobre 1651, après le départ de son ami, rentra dans la grande maitrise.

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Cérémonie

nymphes.

phe par tous

paranym

les bacheliers de sa

licence.

A la fin de chaque licence avait lieu, dans ces temps- es paralà, la cérémonie dite des paranymphes', consacrée toute Bossuet eiu à des harangues, à des compliments, et aussi à des épigrammes sur le caractère, les talents, les qualités, les défauts de chacun des étudiants de la licence. Bossuet, en 1651, fut tout d'une voix nommé paranymphe; ainsi -appelait-on l'orateur élu par ses condisciples pour remplir le grand rôle dans cette solennité universitaire. Ils devaient, au préalable, aller tous en corps, et lui à leur tête, convier à cette fête le chancelier de l'Université, le parlement, les autres cours supérieures, le Châtelet, l'hôtel de ville. Bossuet, revêtu de la robe d'écarlate fourrée d'hermine, allant, suivi de ses condisciples de licence, haranguer en latin les compagnies', ses paroles durent, croyons-nous, être accueillies en tous ces lieux, à la grand'chambre notamment, par les applaudissements des magistrats, et par ceux des bacheliers, heureux et fiers, à bon droit, d'avoir fait choix d'un tel organe. Vint enfin le jour fixé pour la cérémonie; et là avec l'exquise latinité de Bossuet, avec son éloquence, avec sa verve de poëte, se devaient manifester à tous la bienveillance de son cœur, sa généreuse franchise, cet amour pour son pays, ce sentiment d'affectueuse fidélité à ses rois, si vifs, si constants en lui toujours. Dans le discours, comme dans les vers lus en ces rencontres, l'usage permettant que l'orateur, que le poëte caractérisât successivement tous les bacheliers de sa licence, et qu'en vantant les qualités de chacun d'eux

Dictionn. de Trévoux, article: Paranymphe.

› Collection des meilleures dissertations, Notices et Traités particuliers relatifs à l'Histoire de France, par MM. Le Ber, Salgues, Cohen; 1826, in-8°, t. VII, 63, 77.

du 9 novembre 1650 ayant été reconnue valide, et Bossuet dispensé de recommencer sa thèse, qui ne voit que pour Navarre c'était, en cela du moins, gagner sa cause, au delà même de ce qu'il lui avait été permis d'espérer après une si imprudente attaque? La réitération de l'Acte, par commandement de la cour, eût été pour elle une confusion véritable; au lieu qu'elle ne pouvait manquer d'être pour Bossuet l'heureuse occasion d'un nouveau triomphe. Après donc que, par sa première thèse, dédiée à Cospéan; par sa brillante tentative en présence de Condé, Bossuet déjà avait donné un si grand éclat à Navarre, Navarre aujourd'hui, et en une si délicate conjoncture, lui devait d'avoir pu échapper à un affront jugé inévitable et un peu mérité peut-être. Jacques Péreyret, trois mois à peine après cet arrêt, renonçant à la grande maîtrise de Navarre, que Cornet, son ami, consentit à reprendre', quittait Paris, pour s'aller fixer à Clermont, où lui avait été donné un canonicat en l'église cathédrale; le nouvel évêque de cette église, Louis d'Estain, sacré depuis peu, ayant, par les conseils de Vincent de Paul, appelé à son aide ce docteur, dont il avait été le disciple à Navarre, et qui fut son coopérateur dans le gouvernement de son diocèse 2

notaires, le 29 septembre 1665, entre la maison de Sorbonne et MM, du college de Navarre, sur les droits (reconnus d'accord) du prieur de Sorbonne, notamment dans l'acte dit Sorbonique. ( Manuscrits, Bibliothèque impériale, Fonds de Sorbonne, no 1099-423, p. 656, 657.)

Mémoires mss. de Le Dieu.

› Les Origines de la ville de Clairmont, par feu M. le président Savaron, avec les Remarques de Pierre Durand, Paris, Muguet, 1662, in-fol., P. 279. Gallia Christiana, t. II, col. 300. - Péreyret avait été nommé grand maître le 27 juin 1643, à la demande de Cornet, qui, en octobre 1651, après le départ de son ami, rentra dans la grande maîtrise.

Cérémonie

nymphes.

paranym

les bacheliers de sa

licence.

A la fin de chaque licence avait lieu, dans ces temps- des paralà, la cérémonie dite des paranymphes', consacrée toute Bossuet eiu à des harangues, à des compliments, et aussi à des épi- phe par tous grammes sur le caractère, les talents, les qualités, les défauts de chacun des étudiants de la licence. Bossuet, en 1651, fut tout d'une voix nommé paranymphe; ainsi appelait-on l'orateur élu par ses condisciples pour remplir le grand rôle dans cette solennité universitaire. Ils devaient, au préalable, aller tous en corps, et lui à leur tête, convier à cette fête le chancelier de l'Université, le parlement, les autres cours supérieures, le Châtelet, l'hôtel de ville. Bossuet, revêtu de la robe d'écarlate fourrée d'hermine, allant, suivi de ses condisciples de licence, haranguer en latin les compagnies', ses paroles durent, croyons-nous, être accueillies en tous ces lieux, à la grand'chambre notamment, par les applaudissements des magistrats, et par ceux des bacheliers, heureux et fiers, à bon droit, d'avoir fait choix d'un tel organe. Vint enfin le jour fixé pour la cérémonie; et là avec l'exquise latinité de Bossuet, avec son éloquence, avec sa verve de poëte, se devaient manifester à tous la bienveillance de son cœur, sa généreuse franchise, cet amour pour son pays, ce sentiment d'affectueuse fidélité à ses rois, si vifs, si constants en lui toujours. Dans le discours, comme dans les vers lus en ces rencontres, l'usage permettant que l'orateur, que le poëte caractérisât successivement tous les bacheliers de sa licence, et qu'en vantant les qualités de chacun d'eux

⚫ Dictionn. de Trévoux, article: Paranymphe.

› Collection des meilleures dissertations, Notices et Traités particuliers relatifs à l'Histoire de France, par MM. Le Ber, Salgues, Cohen ; 1826, in-8°, t. VII, 63, 77.

Harangues de Bossuet

lors de la

cérémonie

des para

nymphes.

il n'en dissimulât point les défauts ', à la louange l'épigramme plus d'une fois et la satire s'étaient venues mêler dans ces jeux d'esprit, non sans péril pour l'union si désirable entre de jeunes hommes que mettent en présence, chaque jour, de communes et sérieuses études. Mais ce danger, l'aurait-on pu craindre avec un paranymphe tel que Bossuet, bon pour tous dès l'enfance, indulgent toujours, et qui « jamais ne détesta rien tant que l'esprit de raillerie 2. » Attentif uniquement, en un tel jour, à signaler ce que dans d'affectionnés condisciples son ingénieuse bienveillance avait su, parmi leurs imperfections, démêler d'aimable, de digne d'estime, on le devait voir se complaire à louer dans chacun d'eux les bonnes qualités qui l'avaient touché 3.

'Histoire du Doctorat (Mercure Galant, août 1709, p. 76). — Collection des meilleures Dissertations, Notices et Traités particuliers relatifs à l'histoire de France, par MM. Le Ber, Salgues, Cohen; 1826, in-8°, t. VII, 63-77.

2 « Je ne déteste rien tant que l'esprit de moquerie, » disait-il. (Bossuet, édition de Versailles, t. XXXIX, 287.)

3 Guillaume Marcel, mentionné dans une note précédente, avait as sisté, en 1652, à la cérémonie des paranymphes, où Bossuet parut avec tant de succès; et il avait célébré, alors, cette action dans la première de ses deux pièces de vers latins intitulées : Menalcas; première pièce, dont nous n'avons pu retrouver que ces mots :

Hic juvenis, numina, quantus erit!

Dans une seconde pièce, intitulée : Menalcas SENIOR, publiée en 1682 ( et mentionnée précédemment), il se ressouvient de cette journée des paranymphes, et dit :

Mitto Navarræâ partas in gymnade palmas,

Nec lutio memorem quas tulit eloquio,

Dum laudans alios, laudi omni dignior ipse,

Quam sociis confert, candidus ipse refert,

Dans cette deuxième pièce, faisant allusion à ses vers de 1652, il dit :

Parta mihi augurio si qua priore fides,

Nam rursum en de te presagâ voce, Menalcas,

Vaticinor......

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