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la Normandie, émue un instant, mais que leur présence inattendue avait affermie dans le devoir. La résistance en Bourgogne devait durer davantage; car, après qu'au duc de Vendôme les frondeurs eurent rendu, non sans coup férir, le château de Dijon, puis Bellerans, SaintJean de Losne, Verdun sur le Doubs, Châlons-sur-Saône, restait à réduire Bellegarde (Seurre '), place très-forte, où tous les partisans de Condé s'étaient allés jeter, résolus de la bien défendre. En vain les bourgeois de Seurre, se prononçant hautement (30 janvier 1650) pour la cause royale, s'étaient-ils, par des actes en forme, que tous spontanément signèrent, déclarés résolus de vivre et mourir pour le service du monarque; les actifs affidés des princes, le comte de Tavanes, Bouteville, Du Passage, le colonel Royer de Saint-Micault, maîtres bientôt de la place, y appelèrent en toute hâte des renforts considérables; et la Fronde bientôt y étant devenue maitresse, les bourgeois de Seurre, désarmés en diligence, vexés, opprimés par la soldatesque, se durent enfin résigner, non sans douleur; et toutes ces troupes mal disciplinées, faisant de fréquentes sorties, commettaient chaque jour dans le pays, dans la ville même, d'inimaginables désordres, pillant, brûlant les maisons, maltraitant, rançonnant, tuant les habitants'.

Seurre, qui, en 1611, avait été érigée en marquisat, et en 1619 en duché-pairie, sous le nom de Bellegarde, en faveur de Roger de Bellegarde, reprit, par délibération des habitants, le nom de Seurre après la mort de ce duc, arrivée en 1646. ( Description du duché de Bourgogne, par Béguillet et Courtépée, t. IV, p. 584.)

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Description du duché de Bourgogne, t. I, 290 et suiv. Mémoires de Lenet, Collection Petitot, 2o série, t. LIII, 76 et suiv., 97 et suiv. 3 Registres du parlement de Bourgogne, 26 janvier 1650. Description du duché de Bourgogne, par Béguillet et Courtépée, t. IV, 577 4 Registres du parlement de Dijon, 16 avril 1650. duché de Bourgogne, par Béguillet et Courtépéc‚t. IV, 578.

Description du

Mais la venue de la cour, prompte, après avoir pacifié la Normandie, à s'avancer vers la Bourgogne, allait bientôt mettre un terme à ces intolérables excès.

suet ménage 4 la soumission de Seurre.

L'armée royale, commandée par le duc de Vendôme, Claude Bosmarcha sur Seurre et venait d'en commencer le siége lorsque le comte de Tavanes dépêcha vers la cour, annonçant l'intention de parlementer, et demandant qu'on lui envoyât à cette fin Claude Bossuet, en qui il déclara se fier plus qu'en nul autre, encore qu'il connût bien son inébranlable dévouement à la cause royale. Le duc de Vendôme, qui, plein d'estime, lui aussi, pour Claude Bossuet, avait en lui une confiance sans bornes, le pria, de l'avis du cardinal Mazarin, de s'aboucher avec ces seigneurs, disposés, comme il semblait, à rentrer dans le devoir. Seurre étant le berceau des Bossuet, combien l'ancien vicomte - maïeur aurait eu à cœur de sauver une place qu'il voyait la cour résolue de réduire, à quelque prix que ce fût! Il la devait sauver en effet, mais non sans peine; l'opiniâtreté, les forfanteries de Tavanes, de Bouteville et de nombre d'autres gentilshommes frondeurs accourus là à leur aide ayant contraint l'habile et zélé négociateur d'aller par trois fois de Saint-Jean de Losne à Seurre et de Seurre à Saint-Jean de Losne, où s'était arrêté Mazarin avec le roi, la régente et la cour. La fermeté du ministre, les instances de Claude Bossuet, la jeunesse, les grâces, l'innocence, le bon droit de Louis XIV, qui, âgé de quatorze ans à peine et apparaissant inopinément sous les murs de Seurre, avait été salué avec transport par les soldats du camp, puis par les troupes de la garnison,

Mémoires de Montglat, collection des Mémoires sur l'histoire de France, 2o série, t. L, 222.

Le duc de Vendôme, gouverneur

gne, attache

Antoine
Bossuet.

malgré les menaces, malgré les efforts des chefs frondeurs pour réprimer cet élan, devaient faire rentrer enfin ces derniers dans le devoir; et il ne faut pas douter que Claude Bossuet, médiateur agréable entre la Fronde et la cour, n'eût été désigné au comte de Tavanes par la fidèle bourgeoisie de cette ville, berceau des Bossuet, dont le nom toujours y était en honneur'.

Au duc de Vendôme le gouvernement de Bourgogne, de Bourgo- après l'arrestation des princes, ayant, par commission, à sa personne comme on a vu, été confié pour un temps, Claude Bossuet, très-estimé du nouveau gouverneur, lui avait donné son neveu Antoine, que le prince s'empressa d'attacher à sa personne. Agé alors de vingt-six ans, le frère aîné de Jacques-Bénigne s'était, lui aussi, acquis de l'estime. Des mémoires du temps le signalent comme un homme de condition très-intelligent 2.

Le duc Bernard d'Epernon nominé au gou

vernement

gne.

Après la délivrance des princes (février 1651), le duc Bernard d'Épernon étant devenu (en mai) goude Bourgo verneur de la Bourgogne, sur la démission de Condé, qui eut la Guienne en échange, ce duc, non moins favorable à Antoine Bossuet que l'avait été César de Vendôme, le devait aider à devenir en 1652 trésorier

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Registres du parlement de Dijon, 1650, 26 janvier, 3, 11 février; 16, 20 avril. Mss. Le Tellier (Papiers d'État), t. III, in-fo (Bibliothèque impériale, Lettre du C. Mazarin, Dijon, 13 avril 1650). — Gazette dz France, 1650, no 57, p. 513, et passim. Collect. Petitot, 2o série, t. L, 222, 223, 224.

lect. Petitot, 2o série, t. LIII, 184 et suiv.

Mémoires de Montglat

- Mémoires de Lenet, Col

Description historique

du duché de Bourgogne, par Béguillet et Courtépéc, t. IV, 590.

2 Mémoires mss. de Marc-Antoine Millotet, avocat général au parle. ment de Dijon. (Mss. Bibliothèque'de Dijon, no 492, p. 52, 53.) — Memoires mss. de Le Dieu.

3 Les provisions du duc de Vendôme, pour l'office de gouverneur {par commission) de la Bourgogne, sont du 31 janvier 1651. Ses pouvoirs, pour le commandement des armées, sont du lendemain 1er fevrier. Le 23 mai suivant, fut presentée au parlement de Dijon une lettre du

Antoine

Bossuet

sorier re

general des Etats de Bourgogne 1632.

receveur général des États de Bourgogne. Sous les auspices d'un si insigne protecteur, Antoine avait acheté cet nommé tréoffice (provincial, et non royal), où il devait demeurerceveur longtemps et eut beaucoup à souffrir, comme on le verra dans la suite. C'était, sous la surveillance des élus, des alcades, sous le souverain contrôle des États de Bourgogne (sans aucun regard ni du roi ni de ses ministres), avoir en charge l'administration des deniers de la province et une grande part à toutes les affaires du pays Seurre (ou Bellegarde), que nous avons vu en avril 1651 capituler et se rendre au roi, ayant été en 1653 surprise de nouveau par les mécontents, disposés cette fois à s'opiniâtrer davantage et à tenir bon contre la prend part cour, sous le commandement du comte de Bouteville, la résolution avait sur l'heure été prise dans le conseil du ment de

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prince de Condé, annonçant qu'il avait quitté le gouvernement de Bourgogne pour celui de la Guienne. Le gouvernement de Bourgogne était donné au duc d'Épernon et à son fils M. de Candale. (Registres du parlement de Dijon, 23 mai 1651. — Lettre du prince de Condé à cette cour, 16 mai 1651. — Lettre du même à la chambre des comptes de Dijon, aussi du 16 mai 1651.-Traité de la chambre des comptes de Dijon, par Hector Joly; 1653, in-fol., p. 109.) — La première entrée du duc Bernard d'Épernon à Dijon avait eu lieu le 30 octobre 1651. Il y en fit une seconde le 21 juin 1653. Il en devait, le 8 mai 1656, faire une troisième, dont nous aurons à parler dans la suite. (Registres des délibérations de la chambre de ville de Dijon.)

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'Acte notarié, du 28 janvier 1652, passé à Dijon, par lequel Guillaume Burgat, trésorier receveur général des États de Bourgogne, cède à noble Antoine Bossuet, avocat au parlement de Paris et au conseil privé, Foffice de receveur général des États. Prix: 65729 liv. 4 s. Antoine Bossuet, agréé par le duc d'Épernon et par les élus, prêta serment peu après. ( Archives de la chambre des comptes de Dijon, registres des enregistrements de provisions vol. 33o (1643-1654 ), fol. 208 et suiv.)

› Le 30 mai 1671 Antoine Bossuet possédait encore cet office. (Archives de Bourgogne, registre 38°, folio 177, verso.)

3 Une province sous Louis XII, situation politique et administrative de la Bourgogne, de 1661 à 1715, par Alexandre Thomas; Paris, Crapelet, 1844, in-8°, p. 73, 135.

à la réduction et au démantèle.

Seurre, dont les frondeurs s'étaient saisis de nouveau.

Le duc de Vendôme,

gouverneur

gne, attache

Antoine

Bossuet.

malgré les menaces, malgré les efforts des chefs frondeurs pour réprimer cet élan, devaient faire rentrer enfin ces derniers dans le devoir; et il ne faut pas douter que Claude Bossuet, médiateur agréable entre la Fronde et la cour, n'eût été désigné au comte de Tavanes par la fidèle bourgeoisie de cette ville, berceau des Bossuet, dont le nom toujours y était en honneur'.

Au duc de Vendôme le gouvernement de Bourgogne, de Bourgo- après l'arrestation des princes, ayant, par commission, à sa personne comme on a vu, été confié pour un temps, Claude Bossuet, très-estimé du nouveau gouverneur, lui avait donné son neveu Antoine, que le prince s'empressa d'attacher à sa personne. Agé alors de vingt-six ans, le frère aîné de Jacques-Bénigne s'était, lui aussi, acquis de l'estime. Des mémoires du temps le signalent comme un homme de condition très-intelligent 2.

Le duc Bernard d'Epernon nommé au gouvernement

gne.

Après la délivrance des princes (février 1651), le duc Bernard d'Épernon étant devenu (en mai) goude Bourgo verneur de la Bourgogne, sur la démission de Condé, qui eut la Guienne en échange 3, ce duc, non moins favorable à Antoine Bossuet que l'avait été César de Vendôme, le devait aider à devenir en 1652 trésorier

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-Gazette de

Registres du parlement de Dijon, 1650, 26 janvier, 3, 11 février; 16, 20 avril. Mss. Le Tellier (Papiers d'État), t. III, in-fo ( Bibliothèque impériale, Lettre du C. Mazarin, Dijon, 13 avril 1650). France, 1650, no 57, p. 513, et passim. Collect. Petitot, 2o série, t. L, 222, 223, 224.

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Mémoires de Montglat

- Mémoires de Lenet, Col

-

Description historique

lect. Petitot, 2o série, t. LIII, 184 et suiv.
du duché de Bourgogne, par Béguillet et Courtépée, t. IV, 590.

2 Mémoires mss. de Marc-Antoine Millotet, avocat général au parle. ment de Dijon. (Mss. Bibliothèque'de Dijon, no 492, p. 52, 53.) — Memoires mss. de Le Dieu.

3 Les provisions du duc de Vendôme, pour l'office de gouverneur (par commission) de la Bourgogne, sont du 31 janvier 1651. Ses pouvoirs, pour le commandement des armées, sont du lendemain 1er février. Le 23 mai suivant, fut présentée au parlement de Dijon une lettre du

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