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tienne. » De plus, et ces nouvelles chrétiennes, et les sœurs chargées de les instruire feront, tous les jours, soir et matin, des prières particulières pour la conversion des juifs'.

dérables que

de la Propa

Foi.

De si charitables intentions ayant eu promptement les Biens consiplus heureuses suites, entre tant de graves témoignages fit la Maison qui ne laissent aucun lieu d'en douter, il conviendra de gation de la remarquer un Acte de l'évêque d'Auguste, suffragant de l'église de Metz. Le prélat, se félicitant des heureux fruits de l'œuvre, n'hésita pas à dire que « Dieu s'était servi d'Alix Clerginet pour la conversion de plusieurs filles juives; » et il signala en particulier une jeune Israélite (Marie Simon) qui, quelque temps après avoir reçu le baptême, était entrée aux Carmélites de Metz, dont elle fut l'exemple et l'ornement jusqu'à la fin de sa vie 2. Dans les lettres patentes de Louis XIV, pour l'établissement de la Maison de la Propagation, après de justes louanges décernées à l'infatigable charité, aux persévérants efforts d'Alix Clerginet, furent mentionnés avec honneur les notables résultats qui déjà les avaient couronnés. Dans un Acte de 1660 (l'œuvre, de plus en plus, ayant porté ses fruits), après avoir reconnu que « la ville de Metz, autrefois, avait été remplie de judaïsme, on ajoutait ces notables paroles : « Le ju

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Il a

Règlement du séminaire des filles de la Propagation de la Foi, établies en la ville de Metz; par M. l'abbé Bossuet, docteur en théologie, et supérieur de la maison; Paris, Muguet, 1672, in-18, 72 pages. été imprimé dans les œuvres de Bossuet, édition de Versailles, t. XXV, 68, 99.

2 Acte de l'évêque d'Auguste, 16 novembre 1655.

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Arrêt du par

3 Lettres patentes du 25 mai 1656 et d'avril 1657. lement de Metz, 20 juillet 1657, qui en prononce l'enregistrement. (Recueildes édits enregistrés au parlement de Metz [par Emmery], in-4o, t. IV, 117 et suiv.)

Bossuet

étudia a fond les erreurs

confera avec

daïsme a commencé à y déchoir beaucoup depuis qu'on a pris soin d'assurer la vie de ceux de l'un et de l'autre sexe, que la grâce de Dieu tire des ténèbres pour les transporter dans les lumières des perpétuelles et constantes vérités orthodoxes'. »

En présence des juifs de Metz, pendant dix-sept andes juifs, et nées; et, dans son ardent désir de combattre leurs erles rabbins. reurs, appliqué chaque jour à les bien connaître, Bossuet pouvait-il manquer de beaucoup apprendre de plusieurs d'entre eux qu'il avait entrepris de ramener, et dont quelques-uns étaient très-lettrés; des rabbins de Metz, de ceux de Strasbourg, qu'il entretenait fréquemment, et dont les opinions, dont les plus secrètes pensées ne lui avaient guère moins été connues que les livres dont, très-gratuitement, ils se prévalaient? Il put, en cela, être beaucoup aidé aussi, par Charles-Marie de Veil, par Louis de Compiègne, puîné de celui-ci ; qui, tous deux fidèles d'abord à la vérité et à la gratitude, avaient longtemps été assidus près de lui, admis à sa table, et avec qui l'on sait que ses entretiens, chaque jour, roulaient, de préférence, sur les textes originaux de l'Écriture Sainte, sur les récits des docteurs juifs, et enfin sur tout ce que l'on enseignait dans les synagogues2.

Son Discours

sur l'Histoire uni

verselle

lors.

Combien, par exemple, furent connues de lui à fond les Paraphrases chaldaïques, le Talmud, non moins sacré conen des pour les Hébreux que l'Écriture elle-même; avec quelle sagacité il avait su, parmi tant de fables impertinentes, répandues à profusion dans ces ouvrages, démêler de beaux restes des anciennes traditions judaïques et des

I

Acte de donation de Mme de Villevault à la Maison de la Propagation des filles de Metz, 1o septembre 1660. ( Archives préfect,, de Metz* Longueruana, 1735, in-12, t. 1, 69, 109.

preuves pour convaincre cette nation opiniâtre', son Discours sur l'Histoire universelle devait, dans la suite, le faire assez connaître. Et puisque nous avons ainsi, avant le temps, parlé de cet ouvrage, pourquoi hésiterionsnous à ajouter ici que dans Metz, où Bossuet, chaque jour, s'occupa des juifs avec le zèle, avec l'activité qu'on a vus, avait été, à coup sûr, non point projeté seulement, mais conçu, préparé, sinon composé et écrit, ce prodigieux ouvrage? Dans ce tableau de notre religion, apologie magnifique, triomphante, sublime au delà de tout ce qu'ont vu les temps passés, rien ne saurait être comparé à ce qui regarde les juifs, dont jamais les bons, les mauvais jours n'avaient été racontés avec tant de charme, d'intérêt, de poésie, de vérité tout ensemble. Et quel autre sut peindre ainsi ces juifs « plus abattus que leur temple, que leur ville, » <«< ce peuple sans aucune forme de peuple, où tout est renversé, où il ne reste plus pierre sur pierre; ces proscrits errants en tous lieux, un joug de fer sur la tête, portant écrite sur leur front toute leur histoire, où l'on apprend ce qu'ils ont été, pourquoi ils sont comme on les voit, à quoi ils sont réservés2. » Celui que, dans Metz, on vit naguère, interprète lumineux des prophéties, les expliquer les unes par les autres avec tant de succès, celui-là aussi, mais cette fois dans un grand ouvrage composé tout exprès, disant son dernier mot sur ce sujet si saisissant, après qu'il a, avec une lucidité merveilleuse, manifesté la concordance des livres saints entre eux, en venant ensuite à leur authenticité, la lumière, ici, plus que jamais su

↑ Bossuet, Discours sur l'Histoire universelle, 2o partie, chapitre XXI.

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A quelles

conditions Metz accepta au seizieme

siècle, le Protectoral des rois de France.

rabonde; et, après qu'il a terrassé le judaïsme, il confond à leur tour les critiques, si hardis de ce temps, dont l'audace (il l'a prévu) pourra s'accroître encore, ainsi que le nombre. Ces saintes Écritures qu'ils voudraient contester, il les leur montre aux mains, non suspectes, des Juifs eux-mêmes, des Juifs qu'elles condamnent, et qui néanmoins, remplis pour elles d'un religieux respect, en sont les aveugles dépositaires et les inviolables gardiens par toute la terre; en sorte que le monde, toujours, y pourra lire les prédictions qui regardent JésusChrist et ses mystères. Là paraît l'identité, quant au sens, entre le texte des Hébreux et le texte des Samaritains, peuples séparés depuis tant de siècles, ennemis irréconciliables, mais dont, malgré leur rupture, malgré leurs haines ardentes, les livres néanmoins sont dans un si parfait accord. Jamais la lumière n'avait été versée avec une telle profusion sur toutes ces questions, les plus grandes sans doute et les plus hautes que puisse débattre le monde. « A cette fois (c'est ce qu'écrivait à Bossuet un pieux et docte évêque), à cette fois, toutes les prophéties sur les juifs, celles de Daniel, entre les autres, apparaissent dans tout leur jour; et la perversité judaïque étant poussée jusque dans ses derniers retranchements, que lui reste-t-il que de rendre les armes '! » Les soixantesix semaines de Daniel ne sauraient plus avoir pour nous aucun mystère; et déjà semble prochain, autant qu'il est indubitable, ce désiré retour des juifs, que promit saint Paul dans sa merveilleuse épître aux Romains.

Appliqué avec tant d'ardeur à confondre le ju

1 Lettre de Jean de Néercassel, évêque de Castorie, à Bossuet, 21 août 1681. OEuvres de Bossuet, t. XXXVII, 227.

daïsme, Bossuet aurait-il pu perdre de vue la réforme, puissante alors et en force dans ce diocèse, où, aux derniers temps surtout, elle avait fait de si grands progrès? A tort un siècle auparavant avait-on cru, en donnant le pays Messin à la France, opposer à la réforme une digue infranchissable. En 1552 avait eu lieu ce retour, devenu irrévocable, l'année d'après, par l'éclatant échec que le grand empereur CharlesQuint, avec sa formidable armée, vint subir, non sans une confusion inimaginable, ni sans une indicible douleur, à la vue de la désirable cité de Metz, qu'il avait assiégée, et qu'il se croyait bien assuré de reprendre'. A quatre années de là (en 1556) se devait consommer entièrement cette réunion du pays messin à la France, par l'authentique cession que les évêques de Metz firent à Henri II des droits régaliens et de souveraineté, qui toujours jusque-là semblent avoir appartenu à ces prélats, tant dans la ville de Metz que dans tout le pays messin 2; cession notable et dont il convient d'indiquer ici les motifs.

Le protestantisme, qu'on avait pu croire abattu, dans Metz, en 1543, par une Ordonnance des Treize, y

1

Bayle, Dictionnaire critique, article: Charles-Quint.

? Histoire des évesques de l'église de Metz, par le R. P. Martin Mewrisse, évesque de Madaure, suffragant de l'église de Metz; Metz 1634, in-fol., p. 187, 188, 308, 332, et suiv., 415, 587 etc. Recueil des édits enreg, au parlement de Metz [par Emmery ], in-4o, t. I, p. 487, 488.

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3 Huchement, ordonnance, et édict, taict en la cité de Metz, touchant l'extirpation de la nouvelle doctrine, 13 octobre 1543. (Histoire de la naissance, du progrès, et de la décadence de l'hérésie dans la ville de Metz, et dans le pays messin, par le R. P. Meurisse, évêque de Madaure, suffragant de l'évesché de Metz. A Metz 1642, in-4o, p. 89, 90 et suiv.

4 Avant qu'un parlement eût été établi à Metz, par un édit d'août 1633,

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