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sant à Courcelles, à Chaussy, dans d'autres villages encore, voisins de Metz, dont il était le seigneur; six religionnaires, conseillers au parlement de Metz, Charles de Lallouette du Bac, entre autres, et son neveu Frédéric de Lallouette de Vernicourt'; les avocats Joseph Ancillon et Alexandre Duclos, membres aussi de ce consistoire, lui furent bien souvent d'un grand secours La ville de dans les affaires. A Metz, enfin, ville mi-partie entre partie entre les catholiques et les dissidents', la réforme en était ques et les venue à ce point non plus seulement de se faire épargner, mais d'inspirer des craintes à ceux qui avaient souci de la foi.

Metz, mi

les catholi

dissidents.

religieux.

chaque se

la cathédrale.

Gagner au catholicisme, des populations prêchées sans Efforts des cesse par des ministres habiles, pleins de zèle, soutenus Controverse, par un consistoire composé d'hommes si autorisés et si maine, dans capables, était une tâche difficile pour le clergé de Metz, divisé et mal régi, comme on a vu. Que dis-je! pour retenir ce torrent, pour l'empêcher de forcer ses digues et de tout inonder, ne fallait-il point déjà de grands efforts? A la vérité, on ne les épargna pas. Les religieux, nombreux à Metz, plus qu'en aucun autre lieu de France,. s'y étaient toujours employés sans relâche;

His

gistrés au parlement de Metz [par Emmery], in-4o, t. I, 600.
toire du parlement de Metz; par Emm. Michel; 1845, in-8°, p. 193.
Biographie du parlement de Metz, par E. Michel; 1853, in-8°, p. 265,

I

266.

2 Mème ouvrage, p. 3.

3 Mème ouvrage, p. 134.

4 Sommaire des raisons des prétendus réformés, de Metz, présenté par eux à Louis XIV, en 1663. (Emmery, Recueil des édits enreg. au parlement de Metz, in-4o, t. IV, 117.

5 Arrêt du Conseil, du 28 avril 1666. Arrêts du parlement de Metz, des 22 juin 1667 et 4 juin 1668. (Recueil des édits enregistrés au parlement de Metz [publié par Emmery ], 5 vol, in-4o, t. V, 30, 267,

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mais surtout les pères Jésuites, qui avaient dans cette ville un collége, établi en 1622, célèbre, au loin, par le mérite signalé de ses régents' et dont plusieurs, outre cela (les Pères Adam, Cochlès, Sylvestre, Lescossois, Petiot, Polonceau), s'étaient voués uniquement à la prédication, aux conférences, et enfin, par tous les moyens, à l'instruction des dissidents. L'un d'eux, chaque semaine, dans la cathédrale, prêchait la controverse, avec succès, en présence d'un immense auditoire, où toujours l'on avait vu affluer les religionnaires2. Ces prédicateurs controversites ayant à cœur, surtout, de réfuter sans délai, et comme jour par jour, ce que Ferri, Decombles, Ancillon, Jassoy auraient pu dire en chaire, qui prêtât à la réplique, avaient dû, trèsexacts à se rendre au prêche, y écouter attentivement toutes choses, prompts toujours à noter soigneusement ce que les quatre ministres pourraient se laisser aller à dire de hasardé, de trop peu mesuré, de faux quelque

-

'Histoire générale de Metz, par les Bénédictins; 1775, in-4o, t. III, p. 218. Histoire des évesques de l'église de Metz, par Martin Meurisse, évêque de Madaure, suffragant de l'évêché de Metz; 1634, in-fol. pag. 671.

D

2 Acte du 3 novembre 1662, par lequel le P. Étienne Petiot, jésuite, déclare « qu'il est obligé d'aller, toutes les semaines, ouïr les ministres de la religion prét, réf, au prêche qu'ils ont dans Metz [à Chambières ], afin de réfuter leurs erreurs, le dimanche suivant, dans l'église cathédrale, où (dit-il) je fais mes controverses. » ( Archives Préfect. de Metz.) — Ce religieux publia, plus tard, le résultat de ses travaux, sous ce titre : Démonstrations théologiques pour établir la foi chrétienne contre les superstitions et les erreurs de toutes les sectes infidèles, par le P. Petiot (Etienne), de la compagnie de Jésus; Metz, Nicolas Antoine, in-fol., 1674. - Bossuet, dans son règlement pour la Maison de la Propagation de la Foi (5 novembre 1658), ordonne que « les nouvelles catholiques assisteront aux prédications et controverses qui se font en la grande église. » Règlement, chap. III, art. 5.

Conference entre le suf

fragant de

ministre An

fois '; et qui ne voit ce que de telles prédications, faites par des religieux si capables, et ayant trait toujours à des choses actuelles, pouvaient avoir d'intérêt non point pour les catholiques seulement, mais aussi pour tous les religionnaires intelligents, pour les ministres surtout, assidus, eux aussi, à aller écouter les Jésuites, dans la cathédrale, comme ceux-ci avaient été ponctuels à les aller entendre au prêche ?

Des conférences, de vive voix, entre prêtres et minisMetz et le tres, moyen délicat, auquel rarement on eut recours, cillon (1657), avaient quelquefois été tentées à Metz. Une dispute de cette sorte, proposée, en 1622, par un religieux récollet, le P. Lescrivain, à Paul Ferri et à deux de ses collègues (Le Coulon et Marsal) n'ayant pu avoir lieu, parce qu'après avoir promis de conférer, les trois ministres se dédirent, les catholiques avaient triomphé; et, alors fut lancé, contre l'église calviniste de Metz, un libelle, où le ridicule est répandu à pleines mains 'contre ces ministres 2. David Ancillon, une autre fois, provoqué à son tour, ayant accepté le défi, et voulu tenir la gageure, une solennelle conférence eut lieu entre lui et le suffragant de Metz, Bédacier, sur les Traditions dogmatiques des Apôtres. Il y avait fallu deux longues séances, l'une chez le ministre, l'autre à l'évêché, où assistèrent les plus notables d'entre les catholiques et les protestants de la ville. Les relations de

1 Discours sur la vie de feu M. [ David] Ancillon, par Charles Ancillon, son fils, déjà cité.

› Nouveau prodige, arrivé en la ville de Metz, où trois coqs de ministres se sont convertis en poules; 1622, in-8°, collection Le Ber, Bibliothèque de Rouen, t. II du Catalogue, p. 285, no 4283.

3 Assistaient à ces conférences (les 29 janvier et 5 février 1657) : 1o le lieutenant de Roi, baron Moussy La Contour; Morel, religieux augustin, docteur de Sorbonne, prédicateur, en 1656, de l'Avent, et

cette célèbre dispute, publiées, l'une par le religieux Mauduit, à la gloire de Bédacier, l'autre par Ancillon, qui s'y attribue la victoire, sont venues jusqu'à nous', ainsi que l'ouvrage d'un des témoins, le minime Clivier, qui donne l'avantage au suffragant de Metz 2.

Aux luttes sanglantes avaient ainsi succédé, en France, des combats dont l'humanité n'eut plus à gémir, où profita la raison humaine, et par lesquels la vérité, de jour en jour, faisait des progrès. De doctes et loyaux pourparlers, engagés entre toutes les communions dissidentes, des projets de conciliation, sincèrement, paisiblement débattus, semblaient permettre d'espérer que bientôt se pourrait accomplir la désirable réunion de tous les chrétiens, divisés trop longtemps. Conjonctures favorables, qui ouvraient devant Bossuet une carrière immense, où il allait s'élancer, et qu'on le verra par

en 1657, du carême dans la cathédrale de Metz; le P. Beschefer, recteur du college des jésuites de Metz; le P. Lescossois, jésuite; le P. Mauduit, de Xaintonge. 2o Y assistaient pour les calvinistes, Du Bac; de Vernicourt; Stref; Le Bey de Batilly, maréchal de camp; Alexandre Duclos, avocat, etc. Bosssuet n'y assista pas; il était alors à Paris.

11o Relation véritable de ce qui s'est fait, dit et allégué en la contro verse des traditions dogmatiques et apostoliques, agitée contre le sieur Ancillon, l'un des quatre ministres de la R. P. R. de la ville de Metz, les 29 janvier et 5 février 1657, par Monseigneur l'évêque d'Auguste, suffragant de l'évêché de Metz, fidèlement racontée par le sieur François Mauduict, Xaintongeois, présent; à Metz chez Jean Antoine, imprimeur juré, un vol, in-4o (sans indication d'année, )

2o Relation, par David Ancillon, de sa Conférence avec l'évêque d'Auguste; Sedan 1657, in-4o.

3o Discours sur la vie de M. David Ancillon, ministre à Metz, puis à Berlin; Basle 1698, in-12, p. 207 et suiv. (L'ouvrage est de Charles Ancillon, son fils.)

4° Histoire générale de Metz, par des religieux bénédictins, cinq volumes, in-40; 1775, 1788, t. III, 278.

2 Le Fort de la tradition de l'Église romaine, etc., par le P. Clivier, minime; Metz 1658.

instruit à

l'histoire des

dissidentes.

Bossuet, courir avec tant de gloire. Imbu des livres sacrés, des fond de écrits des saints Pères, des histoires de l'Église, du dogme, communions de la tradition, du détail des anciennes hérésies, des moyens employés jusqu'ici, pour les confondre, les études particulières par lesquelles il lui fallut se préparer à combattre les erreurs modernes lui avaient peu coûté, on le peut croire. Nul, d'ailleurs, n'avait plus curieusement recherché les origines de la réforme, n'en avait observé, avec plus d'attention, les commencements; nul, aussi, n'avait mieux su pénétrer les novateurs, scruter leur vie, connaître leurs intérêts, leurs passions, démêler leurs desseins, que souvent trahissent leurs propres écrits, leurs actions attentivement considé rées, et enfin les aveux de leurs apologistes eux-mêmes, contraints par la force des choses de dire la vérité, quoiqu'elle leur dût nuire. En France, en Allemagne, en Angleterre, aucune secte n'avait paru, soit dans le moyen âge, soit depuis, que Bossuet ne connût à fond. Les plus secrètes annales de tous les pays, en ce qui regarde la foi, n'avaient point pour lui de mystère ; aucun détail, sur ce point, n'ayant pu se soustraire à ses intelligentes recherches; en sorte qu'à chaque nation, à chaque province, à chaque ville, il aurait pu nonsculement nommer les auteurs de sa défection, et leurs auxiliaires, mais les caractériser tous, les peindre, comme on a vu déjà qu'il le savait si bien faire; indiquer la cause véritable et secrète de la séparation; en raconter les moyens; et à chaque communion séparée dire, au vrai, son histoire.

Bossuet établit que

Pour ne parler ici de l'origine de la Réforme qu'en les Albigeois ce qui regarde le pays messin, au lieu que, bien

avaient été

des mani notoirement, la séparation y avait eu pour auteurs, au freizième siècle, Jean Chastelain, ce moine apostat,

chéens.

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