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en sa vingt-septième année à peine, fut décerné ce personnal ecclésiastique, réservé, jusqu'ici, à des anciens du chapitre, mais auquel, en cette rencontre, l'appelaient les voeux de tous les chanoines, et de ceux-là même qui, par leur âge, auraient pu se croire le plus en droit d'y prétendre. Au lieu qu'en 1652 il avait été nommé archidiacre de Sarrebourg par l'évêque titulaire de Metz (Henri de Bourbon, marquis de Verneuil), il dut, cette fois, son avancement à ce quinteux princier de Metz, Claude Bruillart de Coursan, que, précédemment, nous avons fait connaître; soit que Coursan, en cette rencontre, eût agi de son propre mouvement; ou (chose plus probable) que lui fussent venus, pour cela, les ordres exprès du cardinal Mazarin, postulé évêque de Metz, en 1652, comme on a vu, et en instance pour ses bulles, qu'alors il pouvait espérer encore'. A Bossuet estimé, admiré de tous, et, de plus, agréable à tous, les dignités toujours se devaient offrir ainsi d'ellesmêmes; ses supérieurs, quels qu'ils fussent, se montrant empressés à l'y appeler, quoique son mérite, seul, les eût sollicitées. Touché de ces marques d'honneur, encore qu'il ne les eût point souhaitées, « je ne suis

Les provisions données à Bossuet, par le princier, sont du 27 août 1654. Autorisé par un arrêt du parlement du 16 septembre suivant, Bossuet prit possession le 27 dudit mois. (Registres du parlement de Metz, 16 septembre 1654. — Registres du chapitre de Metz, et Genuit du même chapitre. ) Je possède un acte, du 29 novembre 1657, par lequel J.-B. Bossuet, grand archidiacre, déclare avoir mis ce jour-là Charles Beauregard en possession de la cure de Saint-Jean de la Citadelle (dans Metz), cure dépendante du grand archidiaconé. Il y avait dans Metz seize paroisses, qui toutes dépendaient du grand archidiacre, ainsi que toutes celles des archiprétrés cu doyennés du Val de Metz et de Noizeville. Dom Beaunier y ajoute l'archiprêtré de Marsal, que les anciens Genuit ne mentionnent pas comme dépendant du grand archidiaconé.

(disait-il) ni remuant, ni insensible'; » et sur de telles paroles, que pourrions-nous dire qui n'affaiblit pas l'idée qu'elles donnent du cœur ingénu et reconnaissant qui les sut trouver? Installé au chœur le 27 septembre 1654 (c'était le vingt-septième anniversaire de sa naissance), ce jour avait-il été choisi sans dessein; et le chapitre, applaudissant à la promotion de Bossuet au grand archidiaconé, ne voulut-il pas que sa réception, véritable fête pour leur église, en fût une aussi pour les Bossuet, pour les Bretagne, ces familles, si estimées au loin dans les trois évêchés 2? Remis en de telles maifis, le grand archidiaconé, n'allait pas être un vain titre d'honneur; et Bossuet devait, dix années durant, remplir avec zèle, avec fermeté, les devoirs que lui imposait cette fonction nouvelle. Ses droits, en 1658, ayant été mis injustement en dispute; et, à Auxi, une sentence contre lui ayant été rendue; dont il appela, aussitôt, au parlement séant à Toul : << MM. du chapitre (écrivait-il ) ont intérêt à cet appel; s'agissant de maintenir les droits d'une dignité de leur église. » Il demandait, en conséquence, leur adjonction, qu'ils durent ne lui point dénier.

Confiance du chapitre

la sagesse de Bossuet.

Avec l'attachement de tous ses confrères, Bossuet, en un âge si peu avancé encore, ayant mérité leur confiance de Metz en sans bornes, on devait songer à lui dans toutes les rencontres où étaient nécessaires l'application, l'intelligence

Lettre de Bossuet à l'abbé Bossuet, à Rome; Marli, 15 juillet 1697, édition de Versailles, XL, 345.

* Essai philologique sur les commencements de l'imprimerie à Metz, par Teissier; 1828, in-8°, p. 92, 93.

3 Lettre autographe, inedite, de Bossuet, grand archidiacre de Metz, a M. Roussel, procureur en parlement à Toul, datée de Metz, 7 no, yembre 1658.

des grandes affaires, ou seulement l'attention, le soiu, l'esprit de suite que les moindres réclament'. Dès mai 1654, avant sa promotion au grand archidiaconé, on avait voulu qu'il fût d'un conseil, composé de quelques chanoines, choisis, « tant pour traiter que pour conférer de toutes les affaires qui regardaient l'Église de Metz, avec pouvoir d'en ordonner et décider ainsi qu'ils trouveraient à propos. » Nous voyons cette compagnie, un autre jour, le nommer tout d'une voix solliciteur de ses affaires. Il devait, plus tard, en être élu syndic, dans des circonstances dont il convient de dire ici quelque chose3: c'est que nul, depuis longtemps, dans le chapitre, n'ayant eu charge de veiller à l'exécution des délibérations de cette compagnie, elles étaient toutes presque jusqu'ici (les plus importantes même) demeurées sans effet. Instituer, sous le nom de syndic, un censeur qui, bien instruit des décisions du chapitre, tant anciennes que récentes, eût mission, en temps opportun, de les remettre en mémoire, c'était à un mal très-réel avoir su trouver un infaillible remède, si surtout l'on mettait en cette charge un homme ferme et vigilant autant que capable. Bossuet, imbu très à fond de ce que contenaient les registres capitulaires, compulsés par lui longtemps avec un soin extrême, étant par là devenu apte, plus que nul autre, au syndicat, la compagnie l'avait unanimement revêtu de cet office, où il devait demeurer longtemps. Bien des soins, à ce titre, lui tom

1 En 1655, Bossuet fut chargé, avec d'autres, du soin de « visiter et recognoistre tous les ornements de l'église. Reg. capitul. ecclesiæ Me

tentis, 10 mai 1655.

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Reg. des chapitres annaux de la cathedrale de Metz ( 1651 à 1744), délibération du 29 mai 1654.

3 Idem, ibid.

baient à charge; celui, entre autres, de « prendre garde que les anciennes résolutions du chapitre, tant pour le spirituel que pour le temporel, fussent exécutées et observées; et que celles à intervenir fussent exactement consignées au registre, dans des termes conformes à l'intention qui les avait suggérées

1

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Registres des chapitres annaux de l'église cathédrale de Metz, 22 mai 1651. — Registre capitulaire du 20 avril 1658,

Deptus avril 4656

jusqu'à l'an

tomne de 1657,

Bussnet se eatre Paris,

partage

Dijon et

Metz.

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LIVRE IV.

Sermon prononcé par Bossuet à Dijon. Ses premières prédications à Paris.

Arrivé à Paris en avril 1656, après une absence de quatre années, Bossuet y allait faire un long séjour, interrompu à peine par de courtes apparitions à Dijon et à Metz'. Assidu aux réunions, tant mensuelles qu'extraordinaires de la Sorbonne, souvent on le voit figurer dans les assemblées tenues alors; soit qu'il eût charge d'examiner des livres, soit pour des tentatives ou d'autres actes de même sorte, auxquels la faculté de théologie avait désiré qu'il prît le soin de présider 2; ce que toujours il fit avec éclat. Les esprits, alors, en Sorbonne, étaient vivement émus; la fameuse censure C'était après contre Antoine Arnauld ayant été prononcée, il y avait d'Antoine deux mois ", l'absence de ce docteur, par suite, et celle de ses adhé de soixante autres qui venaient d'être exclus avec lui ‘,

l'exclusion

Arnauld et

rents.

Ainsi Bossuet était, au milieu de décembre 1656, allé à Metz, et y prononça l'Oraison funèbre d'Yolande de Monterby, abbesse du petit Clairvaux, décédée le 14 décembre. Par anticipation, nous en avons parlé au livre III.

2 J.-B. Bossuet est mentionné comme présent aux assemblées de la Faculté de théologie des 1er septembre, 2 octobre, 4 novembre, 2 décembre 1656; 2 janvier, 1or févrire, 2 mai, 1o5 juin, 1er septembre 1657. Il avait pu assister à d'autres assemblées; mais on ne nomme aux registres que les docteurs qui sont, dans la séance, chargés de quelque mission.

3 La censure contre Antoine Arnauld avait été prononcée le 31 janvier 1656. Histoire ecclésiastique du dix-septième siècle, par Ellies Du Pin; 1727, in-8, t. II, 352 et suiv.

4 Ils s'étaient comme exclus eux-mêmes en refusant, le 18 février 1676,

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