Nous enseigne la sainteté, Et certes sa doctrine exquise Sur ce sermon, nous ne pourrions ici, bien à regret, ajouter autre chose, encore que Bossuet l'eût jeté par écrit, à sa manière; plus tard, en effet, il y devait renvoyer lui-même, dans son Panégyrique de saint Benoît, ou plutôt dans les fragments qui sont demeurés de cet autre discours', dont il ne jeta sur le papier qu'une informe ébauche. Bossuet est la societe admis dans dite des mardis, établie par Paul. Les relations de Bossuet avec Vincent de Paul, anciennes déjà, allaient, pendant un séjour si prolongé dans la capitale, devenir plus étroites, plus intimes encore. A ce temps devra même être rapportée, avec certitude, Vincent de l'admission de l'archidiacre de Metz dans la société dite des mardis, composée (comme on l'a vu précédemment) de tout ce qui, dans le clergé de France, se distinguait le plus par la piété, par les lumières, et « dont il n'y avait pas, dans Paris, un ecclésiastique de mérite qui ne voulût être. » L'époque précise d'une si honorable admission dans cette société, où son cœur trouva tant de douceur et son esprit tant de lumières, Bossuet lui-même nous la fera connaître, lorsque, plus tard, nous l'entendrons Bossuet, à la fin du 1er point de ce panégyrique de saint Benoit, nous renvoie (dit Déforis ) au 3e point d'un Panegyrique de saint Thomas d'Aquin, que nous n'avons encore pu découvrir. Dom Déforis, note sur le Panégyrique de saint Benoit, —Bossuet, édition de Versailles, XVI, 154. 2 Vie de saint Vincent de Paul, par Collet, édition de 1818, 4 vol. in-8°, t. I, 337. - Mémoires de Lancelot, touchant la vie de M. l'abbé de Saint-Cyran. Vie de M. Olier [par M. l'abbé Faillon ]; Paris 1841, in-8°, deux volumes, t. I, 67. Panegyrique s'applaudir d'avoir eu le bien, dans les six dernières années de la vie de M. Vincent, d'être admis dans la compagnie de MM. les ecclésiastiques qui s'assemblaient pour la conférence spirituelle des MARDIS'; » et la fin de septembre 1660 étant l'époque douloureuse de la mort du vénérable supérieur de Saint-Lazare, ainsi demeurera bien fixé le temps de l'admission de Bossuet dans une société, élite de tout le clergé du royaume. Mais écoutons ce que Loret nous va dire d'un PanéJoseph pro- gyrique de saint Joseph, prêché par Bossuet, le lundi de saint noncé par feuillants, Bossuet aux 19 mars 1657, aux feuillants de la rue Saint-Honoré, 19 mars 1657. où le curieux gazetier s'était empressé de l'aller entendre encore. « J'en peux (dit-il) Il ne se va point agir, ici, de ce discours demeuré si fameux sous le nom de Depositum custodi, et appelé ainsi à cause des paroles de son texte, empruntées à la première épître de saint Paul à Timothée. Le Depositum custodi (pour conserver à ce Panégyrique un nom sous lequel il fit alors tant de bruit), antérieur, ce semble, à celui dont nous allons parler, avait apparemment été prononcé à Metz, par Bossuet, qui s'en va souvenir à Paris, dans celui de 1657, et qui, une deuxième fois, d'ailleurs, le fera, plus tard, entendre dans les chaires de la capitale. Ces paroles : « Quæsivit sibi Deus virum Témoignage, inédit, rendu par Bossuet à Vincent de Paul, à l'époque où l'on s'occupait à Rome (1702) de la béatification du saint prêtre. 2 Jean Loret, Muze historique, lettre du 24 mars 1657. Antoine Barberin et d'évêques nombre tendre Bossuet. juxtà cor suum', » tel est le texte d'un discours tout Le cardinat nouveau, qu'entendirent, aux feuillants, en mars 1657, le cardinal Antoine Barberin et vingt-deux évêques, avec des prêtres sans nombre2. Antoine Barberin, après set. la mort du pape Urbain VIII, son oncle, s'étant venu réfugier en France, et y trouvant toute faveur, devint grand aumônier; et promu, en 1652, à l'évêché de Poitiers, qu'en mars 1657 il avait encore, il devait, en juin de cette année même, être élevé sur le siége de Reims'. Quant aux prélats, aux simples prêtres, venus, ce jour-là, en si grand nombre, aux feuillants, ils avaient été députés, par les diverses provinces ecclésiastiques du royaume, à cette mémorable et longue assemblée générale du clergé, qui, ouverte, à Paris, le 25 octobre 1655, devait, le 23 mai 1657, seulement, y terminer ses séances 5. Les évêques Jean de Lingendes, Pierre de Bertier, Félix Vialart de Herse, Antoine Godeau, et dix-huit ou vingt autres prélats; les abbés Armand Jean Le Bouthillier de Rancé, condisciple de Bossuet; Jean Baillet, son ' I Reg., XIII, 140. 2 Ces mots : mes sœurs, répétés souvent dans le texte, montrent qu'après avoir été prononcé aux feuillants ce discours avait été remanié pour être prêché dans une communauté de religieuses; ce qui eut lieu, en effet, comme nous le ferons voir dans la suite. 3 Mémoires du cardinal de Retz, année 1650. Talon, collect. Petitot, 2o série, t. LX, 468. Mémoires d'Omer 4 Nommé au siége de Reims par le roi en 1657; mais n'ayant pu obtenir de bulles du pape Alexandre VII, Antoine Barberin les obtint, en 1667, de Clément IX, et prit, cette année même, possession de son siége. (Mémoires de François Maucroix, chanoine et sénéchal de l'église de Reims, publiés par M. Louis Paris (Société des bibliophiles de Reims, 1842). Histoire généalogique et chronologique de la maison de France, par le P. Anselme, t. II, p. 91; t. VIII, 290. Lettre de Gui Patin, 14 juin 1657.) 5 Procès-verbal de l'assemblée du clergé de France, tenue en 1656 et 1657, in-fol. de 1378 pages. compatriote; François de Nesmond, Dominique de Ligny, le docteur Hallier sont là ', juges compétents, auditeurs attentifs, que, tout d'abord, le panégyriste captive, en annonçant le dessein de son discours. La simplicité, le détachement, l'amour de la vie cachée, ce sont les vertus que Bossuet voudra célébrer, aujourd'hui, dans l'époux de Marie. « Je laisse (dit-il ) les dons et les mystères, qui pourraient relever son Panégyrique. Je ne vous dis plus qu'il est le dépositaire des trésors célestes; le père de Jésus-Christ; le conducteur de son enfance; le protecteur de sa vie, l'époux et le gardien de sa sainte mère. Je veux taire tout ce qui éclate. » L'orateur, cette fois, passera, en effet, sous silence, les grâces signalées, les merveilleux priviléges, que, naguère, avec tant d'effusion, avec tant de succès, il célébra, dans cet autre Panégyrique (le Depositum), dont nous nous promettons de parler dans la suite. Que, du reste, ce nouveau sermon (le Quæsivit Deus) ait été prononcé précisément le 19 mars 1657, Jean Loret nous en est un garant que l'on ne saurait dédire. L'analyse que, sur l'heure, il en fit, à sa manière, en sera, d'ailleurs, un indubitable témoignage; et si, des paroles de l'orateur on veut rapprocher celles du gazetier, aucun lieu ne saurait plus rester au doute. Bossuet (dit le poëte), Bossuet, ce jeune docteur, Cet excellent prédicateur, Et, plus que jamais, épancha Ces prélats et abbés avaient été députés à l'assemblée générale du clergé de France de 1655, 1656, 1657. (Voir le Procès-verbal, déjà cité.) Remarquer, dans ce deuxième panégyrique de saint Joseph, d'autres traits de même sorte, t. XVI, 116, 144. 2 Dans les cours de son auditoire Et qui fut toujours si modeste 1. Barberin et les évêques admirérent ce discours. Déjà, par ce peu de mots du gazetier, la démonstration Le cardinal n'est-elle pas acquise pour tous ceux qui auront lu le discours dont il s'agit ici? Volontiers aussi ceux-là croiront ce que remarque Loret, du brillant succès de ce panégyrique, de l'admiration du cardinal grand aumônier, du ravissement de tant de prélats et de membres du clergé venus là avec empressement pour entendre l'archidiacre de Metz. Il débita cette matière Avec tant d'art et de lumière, Avec tant de moralité, Absente, cette fois encore, Anne d'Autriche, le même jour, était allée entendre, aux grandes carmélites du faubourg Saint-Jacques, le P. Robert de Saint-Gilles3, Supérieur des Minimes de la Place royale, bon prédicateur, et plus en renom alors, surtout dans Paris', que ne le Jean Loret, Muze historique, lettre du 24 mars 1657. 2 Jean Loret, lettre du 24 mars 1657. 3 Gazette de France, 24 mars 1657. 4 P. Robert de Saint-Gilles, né en 1614 d'une famille très-noble de Normandie. Il eut, tant en province qu'à Paris, d'éclatants succès dans la chaire. Il mourut le 28 février 1673. (Diarium Patrum, Fratrum |