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mir, à jamais, ces enfants dans la foi, et de les pénétrer d'une solide dévotion, devra, chaque semaine, être fait pour elles, avec l'application la plus sérieuse, un catéchisme, auquel viendront en aide de pieuses et édifiantes lectures; et, dans la cathédrale, ayant été établies, anciennement, des controverses, des prédications, elles devront, chaque dimanche, y être assidues.

Assurer ensuite, assurer à jamais l'existence de ces filles, dénuées pour la plupart, étant le second objet pour lequel l'asile fut fondé; les instruire, les former au travail, les préparer à une condition où elles puissent suffire à tous les besoins de la vie, c'est à quoi sera donné tout le reste du temps. Beaucoup de ces enfants ne sachant nulle chose, leur apprendre à lire, leur enseigner l'écriture, les former à tous les travaux qui, plus tard, leur pourront être nécessaires, soit dans l'état de domesticité, soit dans le ménage, ce sera, du matin. au soir, la tàche d'une ou deux des sœurs de la maison; et, pour toutes les élèves, l'apprentissage devra durer jusqu'à ce que, devenues aptes à entrer en condition, ou appelées à contracter mariage, la maison, de plus, ait pu, pour elles, trouver une situation honnête et sûre. Mais quoi encore; si, sans leur faute, elles venaient à perdre cette condition qui leur fut procurée, elles seront dans la maison reçues de nouveau, jusqu'à ce que leur ait pu être assurée une situation nouvelle. A celles qui auraient failli (ô condescendance vraiment chrétienne! } est ménagé un asile chez des personnes charitables; et l'établissement y pourvoira à leurs besoins, jusqu'à ce des moyens d'existence aient pu, de nouveau, leur être offerts. Une vie vouée tout entière et consacrée, sans relâche, à de tels exercices n'était-elle pas, proprement, un apostolat ?

que

Aussi, pour y être reçue, en qualité de sor, de rares dispositions, qui ne le sent, étant requises, <<< les sœurs (avait dit Bossuet) devront être animées de zèle, détachées de l'amour des choses présentes, abandonnées à la vie apostolique, désintéressées, ne cherchant que Dieu et le bien des âmes. Dans leurs cœurs devra, pour que l'œuvre aille à bien, régner la charité fraternelle. Cette charité sera l'âme du séminaire. Les sœurs y vivront en une sainte unité de cours, conspirant unanimement à la même fin le salut des âmes; et dans une union propre à édifier leurs jeunes élèves; se traitant mutuellement. avec civilité et avec des égards propres à inspirer le respect aux néophytes. Simplicité, pauvreté, prière assidue, recueillement habituel, piété, travail, c'est l'esprit qui régnera dans l'asile. » Pour reconnaître, avec assurance, en celles qui se présentaient pour servir l'œuvre, des sentiments si rares, avaient été jugés nécessaires d'attentifs examens, auxquels Bossuet, qui les avait prescrits, voulut toujours présider lui-même. Puis, devait succéder un long noviciat, qu'éclaira sans cesse son intelligente et infatigable surveillance. Bossuet, secondé qu'il était par une personne zélée, capable, expérimentée comme Renée des Bordes, et les cinq autres sœurs, d'un mérite éprouvé, envoyées de Paris à l'aide de cette habile femme, devait, à un établissement si précieux pour le pays, si cher à son cœur, imprimer, dès l'abord, une salutaire direction, et en assurer à jamais la durée. Aussi y avait-on vu régner aussitôt un ordre merveilleux, « l'ordre qui (disait Bossuet) est l'âme et l'unique fondement de toutes les congrégations chré

tiennes. »

› Bossuet, Préface du règlement de la Maison de la Propagation de la Foi de Metz.

Heureuses suites de l'établisse

ment de

Propagation

de la foi.

Quels heureux succès devaient, d'ailleurs, récompenser ses efforts, plusieurs actes, de ce temps-là, le Fasile de la font bien connaître. Nous entendions, en 1655, le suffragant Pierre Bédacier, évêque d'Auguste, déclarer qu'il y avoit, à Metz, une ample moisson à faire, pour le ciel, de filles huguenotes et juives'. » Mais à cette grande tâche n'avaient point manqué les ouvriers; et à ceux-ci le courage ne fit point défaut; puisque, dans un autre acte, du 1er septembre 1660, auquel Pierre Bédacier assistait encore, avec Bossuet, cette fois, et que le charitable archidiacre avait rédigé lui-même, se trouvera cette déclaration, qui révèle l'amélioration, croyable à peine, obtenue depuis cinq années : « Le judaïsme (y est-il dit) commence à déchoir beaucoup en la ville de Metz, depuis qu'on a pris soin d'assurer la vie de ceux que la grâce de Dieu tire de l'horreur des ténèbres pour les transporter dans les lumières des perpétuelles et constantes vérités orthodoxes 2. » Ces deux dates : 1655, 1660, ont, elles seules, fait voir assez quels avaient été, en un laps de temps si restreint, les résultats de l'œuvre. « La maison (ajoute-t-on dans l'acte cité déjà), la maison a fait de grands biens dans la ville de Metz, depuis son établissement, tant à cause du grand nombre de filles qui s'y convertissent que de la charité qui s'y exerce, dont les catholiques sont merveilleusement édifiés, et les hérétiques touchés; en sorte que plusieurs y ont été attirés à la vraie religion3. » De toutes ces filles,

Acte de P. Bédacier, évêque d'Auguste, du 16 novembre 1655. 2 Acte notarié (passé à Paris) de donation, par madame de Villevault, à la Maison de la Propagation de Metz, 1er septembre 1660. ( Archives préfect. de Metz.)

3. Lors d'un dénombrement fait à Metz, en 1679, on reconnut que tiers, seulement, des habitants faisait profession de protestantisme; au fieu qu'en 1663 encore la ville était mi-partie entre le catholicisme et la

religionnaires ou israélites, après que celles-ci avaient abjuré, celles-là reçu le baptême, leurs noms, aussitôt, étaient inscrits sur des registres, dont plusieurs subsistent encore; et dans l'un d'eux, ouvert en 1657, se trouvent jusqu'à trois cents noms environ, dont la plupart appartiennent à cette année '.

Ces résultats, avec le temps, ne faisant ainsi que croître, nous entendrons Louis XIV, en 1670, dans des lettres patentes, se louer de l'établissement de Metz; des très-grands fruits qu'il a produits jusqu'à présent; de ceux que journellement il ne cesse de produire encore, et que lui a fait connaître (dit-il) le clergé de la ville de Metz. Bossuet, si son nom n'est pas inscrit dans cet acte solennel, y était, du moins, bien manifestement désigné; à lui seul, à sa capacité, à son zèle infatigable ayant été commise l'organisation d'un établissement que le suffragant, que tous les ecclésiastiques du diocèse ont vu, avec admiration, naître, s'accroître, se consolider sous ses auspices. Cette maison, protégée ainsi par les rois, par les reines', par tant de personnes charitables, devait prospérer de plus en plus, et faire un bien inimaginable, jusqu'au 28 mars 1792, époque où,

reforme. (Histoire generale de la ville de Metz, par des religieux bénédictins, t. III, 346, 347. Recueil des édits enregistrés au parlement de Metz [publié par Emmery], tome IV, 116, 117, 118.)

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Registres de Réception de la Maison de la Propagation de la Foi, à Metz. (Archives de la préfecture de Metz.)

Lettres patentes, d'avril 1670, enregistrées au parlement de Metz le 30 avril 1671. (Recueil des édits enregistrés au parlement de Metz [ publié par Emmery], t. V, 650.)

3 Journal de ce qui s'est fait pour la réception du roi Louis XV dans sa ville de Metz, le 4 août 1744; Metz, 1744, in-fol, de 83 pages.

4 Lettre de Marie-Thérèse, reine de France (23 acût 1673), par laquelle

elle témoigne hautement sa sympathie pour la Maison de la Propagation.

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Les dames de la Propagation prennent des pensionnaires, qu'elles

Etat où

Anne d'Autriche,

en 1657,

diocèse de

au spirituel.

fidèles, comme leurs devancières, à la foi de Vincent de Paul, à la foi de Bossuet, les treize sœurs de la Propagation, s'étant refusées aux exigences injustes autant qu'impies des lois de ce temps, force leur fut de sortir d'une sainte demeure où, depuis cent cinquante années, tant de maux avaient trouvé du soulagement et tant de malheureux un refuge'.

Anne d'Autriche, si secourable, si généreuse pour cette maison de nouvelles catholiques, avait, dans tronva le l'intérêt du diocèse de Metz, conçu plusieurs autres Metz quant grands desseins, suggérés à son zèle par tout ce qu'on lui rapporta, par ce qu'elle même put connaître du déplorable état spirituel de ce pays pendant le séjour prolongé qu'y fit la cour. Sans parler encore de ce qu'elle projetait, dès ce temps-là, pour les campagnes, et exécuta en effet dans la suite, rien de plus triste, alors, que l'état de la ville de Metz, en ce qui touche la religion et l'instruction cléricale 2. Où, cependant, eût été plus nécessaire un clergé plein, tout ensemble, de zèle et de lumières? « Nous avons ici (écrivait en janvier 1658 le suffragant Bédacier), nous avons ici un nombre fort

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instruisent parfaitement, et tiennent des écoles publiques. (Histoire générale de Metz, par des religieux bénédictins; 1775-87, in-4o, tom. III, 289.)

I

Registres des délibérations du conseil général de la commuue de Metz, 14 avril 1791 et jours suivants. Le 28 mars 1792, la Maison de la Propagation fut fermée. A l'instar de l'établissement de Metz, avait été fondée, à Sedan, une Maison de la Propapation de la Foi (pour les filles), que vinrent organiser trois des sœurs de celle de Metz. (Recueil des édits enregistrés au parlement de Metz [par Emmery], t. V, 283.)

« A dit S. M. la reine-mère, du Roi que pendant le séjour qu'elle fit en la ville de Metz, en l'année 1657, elle a appris et même reconnu le grand besoin spirituel qui était tant dans la ville de Metz qu'aux environs; et se sentit si fort touchée de compassion de l'état spirituel de ce diocèse qu'elle prit résolution d'y apporter quelque remède. » (Contrat de fondation, par Anne d'Autriche, le 30 mai 1663, du séminaire de Sainte

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