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Du docteur
Clande

Lefeuvre.

était vicaire général et official de cette église '; puis, à sa place, Claude Lefeuvre, après que Cornet, en 1643, se a fut substitué Péreyret dans les fonctions de grand maître de Navarre. Docteur des plus insignes de ce temps-là, Claude Lefeuvre est mentionné dans mille écrits contemporains, et toujours avec une distinction très-marquée. Consulté de tous, tous avec empressement lui déféraient; et l'évêque de Meaux, à quarante-cinq ans de là, recourant à ses lumières, lui son disciple autrefois, la réponse du profond théologien nous a été conservée dans les ouvrages du grand évêque". Les éclatants succès de Bossuet réjouiront toute leur vie tant d'habiles maîtres, qu'on le verra, du reste, honorer et affectionner toujours *. De solennelles conférences publiques hebdomadaires Conferences établies à Navarre, deux ans après l'entrée de Bossuet, durent beaucoup profiter aussi à un sujet si studieux et si capable. Elles avaient lieu le lundi, sous la présidence du grand maître, en présence de nombre de prélats, de bénéficiers, d'ecclésiastiques, empressés toujours d'y venir. Les docteurs de Navarre, tenus tous d'y prendre part, s'y devaient faire entendre tour à tour, sur les diverses matières choisies pour sujet de l'Entretien du jour.

Les origines de la ville de Clairmont (sic) par feu M. le président Savaron, avec les Remarques de Pierre Durand, Paris, Muguet, 1662, in-fol., p. 279.

2

Jacques Péreyret, par les soins de Nicolas Cornet, devint à sa place grand maître de Navarre le 27 juin 1643. Mais Péreyret, en 1653, étant allé se fixer à Clermont en Auvergne, où l'appelait Louis d'Estaing, évêque de cette ville, Nicolas Cornet, en octobre 1651, rentra dans la charge de grand maître de Navarre. ( Archives de l'empire, registres des secrétaires d'État, volume 3369. Mémoires mss. de Le Dieu. Les Origines de la ville de Clairmont, par Savaron, déjà citées. )

3 3 Lettre de Cl. Le Feuvre, 13 mai 1687. (OEuvres de Bossuet, édit, de Versailles, t. XLII, 627 et suiv.)

publiques à Navarre sur toutes les matières

intéressant ecclesias

le ministère

tique (1646).

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4 Mémoires mss, de l'abbé Le Dieu,

ር.

La théorie, la pratique, successivement, y étant traitées, après qu'on y avait parlé, un lundi, des saintes Écritures, de la controverse, de l'histoire de l'Église, en venant, la semaine d'après, à l'application, on s'y devait occuper des décrets des conciles, des canons, de la discipline ecclésiastique, tant ancienne que moderne, des cas de conscience, de l'administration des diocèses, du gouver nement des paroisses. Toujours, au reste, les objets précis de la prochaine Conférence ayant été, un mois à l'avance, indiqués par une affiche, se faudra-t-il étonner que tant d'hommes laborieux, doctes, pleins de zèle y arrivassent chaque fois bien préparés'? Après que des hymnes, des prières pour invoquer l'assistance de Dieu, récitées pieusement à l'ouverture de chacune de ces conférences, leur avaient dès l'abord imprimé un caractère de solennité propre merveilleusement à pénétrer tous les assistants d'un saint respect, commençaient aussitôt les exercices, auxquels avec les docteurs assistèrent toujours, auditeurs obligés, tous les licenciés et bacheliers de Navarre. Cornet, par un établissement si notable, s'était proposé d'entretenir les docteurs dans l'application à l'étude; de les rendre capables à un haut degré de toutes les fonctions du saint ministère; et qui ne sent que, par de tels exercices, la communauté de Navarre ne pouvait manquer de devenir utile de plus en plus à l'Église et au pays? Ainsi était-il donné à Bossuet, après qu'il avait écouté ces savants professeurs enseignant chacun en particulier du haut de la chaire, d'entendre ensuite en un seul jour et quatre fois dans le mois, de voir aux prises tous ces docteurs ensemble,

Règlement pour les docteurs de la maison de Navarre, arrêté au conseil d'Etat le 1⁄2 mai 1646. – Archives de l'Empire, section domaniale,

de Bossuet à l'étude.

avec quel avantage pour lui, est-il besoin de le dire? Si, dès l'enfance, Bossuet à Dijon s'était montré Application avare de son temps, combien dans Paris il le devait être plus encore ! A Navarre, sur le cadran de l'horloge, cette inscription si notable : [ Horæ ] transeunt et imputantur*, aurait-elle pu, à l'arrivée de Jacques-Bénigne dans ce collége, ne frapper point ses curieux regards? De quoi, du reste, lui pouvait servir une telle leçon, que, pour tant d'autres, il eût été inestimable d'avoir présente à l'esprit toujours? Ces heures qui fuient, ces journées qui se mesurent', ce temps donné de Dieu avec tant d'épargne, et dont l'homme, qui vit si peu, se devrait montrer meilleur ménager, Bossuet, dès lors, les vouait uniquement aux graves études, propres elles seules à l'initier au saint ministère. Lui qui ne supporta jamais que nul dans les sciences, dans les lettres, dans les arts se proposât pour toute fin le plaisir, on l'avait vu, dans Navarre, attentif à ne prendre des mathématiques, de l'algèbre que ce qu'il lui importait véritablement d'en savoir; les curiosités de ces sciences ne pouvant, pensaitil, lui servir de rien dans son noviciat pour le sacerdoce. « C'est (disait-il une étude trop abstraite, d'un trop grand attachement et de peu de fruit pour les gens d'Église. » Aux savants, voués par goût et par état à ces études, leur y proposant un digne objet de leurs médita

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Les heures passent, et il faudra en rendre compte. » (Description historique de la ville de Paris, par Piganiol, édition de 1765, t. V, 195.)

2

3

« Ecce mensurabiles posuisti dies meos. » Psalm. XXXVIII, 6.

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Ne fiant delectabilia... quæ sunt inutilia,» a dit saint Augustin, de Anima et ejus origine, lib. I, no 3, X, col. 339. Ces paroles sont souvent reproduites par Bossuet dans ses ouvrages. Voir son Traité de la Concupiscence, chap. XVIII, t. X, 400.

4 Mémoires mss. de Le Dieu, dans mon exemplaire, corrigé de sa

Bossuet accorde peu

de temps

aux mathematiques.

conseil qu'il quiétudient

donne à ceux

ces sciences.

Débats entre l'université et les jésuites.

tions, de leurs efforts, « Vous, philosophes (leur dit-il ), vous, occupés des sciences abstraites qu'on appelle mathématiques, où la vérité semble présider plus que dans les autres, je ne veux pas dire que vous n'ayez pas de dignes objets de vos pensées; car, de vérité en vérité, vous pouvez aller jusqu'à Dieu, qui est la vérité des vérités, la source de la vérité, la vérité même, où subsistent les VÉRITÉS que vous appelez ÉTErnelles, les vérités immuables et invariables, qui ne peuvent pas ne pas être vérités, et que tous ceux qui ouvrent les yeux voient en eux-mêmes et néanmoins au-dessus d'eux-mêmes, puisqu'elles règlent leurs raisonnements comme ceux des autres, et président aux connoissances de tout ce qui voit et entend, soit hommes, soit anges. C'est celle vérité que vous devez chercher dans vos sciences. Cultivez donc ces sciences, mais ne vous y laissez point absorber. Ne présumez pas, et ne croyez pas être quelque chose plus que les autres, parce que vous savez les propriétés et les raisons des grandeurs et des petitesses: vaine pâture des esprits curieux et foibles, qui, après tout, ne mène à rien qui existe, et qui n'a rien de solide qu'autant que, par l'amour de la vérité, et l'habitude de la connoître dans des objets certains, elle fait chercher la véritable et utile certitude en Dieu seul ».

De si généreux et si constants efforts, venus en aide à des dispositions si rares, ayant assuré au jeune Bossuet tout d'abord une supériorité promptement et franchement reconnue de tous, il tardait au grand maître Cornet de la faire éclater avec bruit au dehors. C'était au plus fort de ces vifs et longs démêlés entre l'université et les jésuites; lorsque ceux-ci, demandant avec empire leur

› Bossuet, Élévations sur les Mystères, XVII semaine, 3o Élévation, t. VIII, 393.

agrégation immédiate et l'admission de leurs disciples aux degrés et priviléges universitaires, le chancelier Séguier, un jour, vit se présenter à son audience la Faculté de théologie, en corps, réclamant fortement contre cette prétention, et résolue, témoignait-elle, de n'y condescendre jamais'. Entre ces institutions rivales étaient échangés chaque jour de violents factums et d'amers libelles, remplis d'invectives plus encore que de raisons. Parmi tant de questions vivement débattues alors, celle-ci étant venue à surgir: « Qui, de l'université, ou de la compagnie de Jésus, formait les plus notables élèves, » Cornet avait tressailli plein d'espérance; et la transcendance du jeune Bossuet lui semblant promettre à l'université gain de cause, le grand maître aurait eu à cœur que l'insigne étudiant pût figurer en quelque rencontre d'apparat, et y fit ses preuves avec une telle notoriété que le souvenir ne s'en effaçât de longtemps. Or, JacquesBénigne se disposant en ce moment même à soutenir en public sa première thèse, Cornet, ravi d'une rencontre si favorable, voulut que l'acte fût dédié à Philippe Cospéan, évêque de Lisieux, et se fit sous la présidence de ce prélat, protecteur affectionné aujourd'hui de cette université, qui naguère l'avait vu briller parmi ses plus signalés professeurs 2.

Cospéan, à la vérité, par ses savantes leçons, où l'on vit s'empresser les plus grands seigneurs, par l'heureuse révolution que fit dans la chaire sa vive éloquence, dont tous les contemporains n'ont parlé qu'avec trans

* Registres de la Faculté de théologie de Paris, 16 mars 1643.

* Le Prélat accomply, représenté en la personne d'illustrissime seigneur Philippe Cospéan, évesque et comte de Lisieux, par frère René Lemée, cordelier; Saumur, 1647, in-4°, p. 214, 215. Histoire de la vie du duc d'Espernon, par M. Girard; 1730, in-12, t. II, 274.

› Le Prélat accomply, etc.

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