À moins que vous cessiez, madame, d'être aimable, Et d'étaler aux yeux les célestes appas... HENRIETTE. Hé! monsieur, laissons là ce galimatias. Vous avez tant d'Iris, de Philis, d'Amarantes, Que par-tout dans vos vers vous peignez si charmantes, Et pour qui vous jurez tant d'amoureuse ardeur... TRISSOTIN. C'est mon esprit qui parle, et ce n'est pas mon cœur. HENRIETTE. Hé! de grace, monsieur... TRISSOTIN. Si c'est vous offenser, Mon offense envers vous n'est pas prête à cesser. Vous consacre des vœux d'éternelle durée. Qui prétend couronner une flamme si chère; HENRIETTE. Mais savez-vous qu'on risque un peu plus qu'on ne pense Qu'il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net, Et qu'elle peut aller, en se voyant contraindre, TRISSOT IN. Un tel discours n'a rien dont je sois altéré: HENRIETTE. En vérité, monsieur, je suis de vous ravie ; Bien propre à lui donner tout l'éclat de sa gloire, TRISSOTIN, en sortant. Nous allons voir bientôt comment ira l'affaire ; SCÈNE I I. CHRYSALE, CLITANDRE, HENRIETTE, CHRYSALE. Ah! ma fille, je suis bien aise de vous voir; HENRIETTE. Vos résolutions sont dignes de louange. Gardez que cette humeur, mon père, ne vous change; Soyez ferme à vouloir ce que vous souhaitez; Et ne vous laissez point séduire à vos bontés. Ne vous relâchez pas, et faites bien en sorte D'empêcher que sur vous ma mère ne l'emporte. CHRYSALE. Comment! me prenez-vous ici pour un benêt? Est-ce donc qu'à l'âge où je me voi Je n'aurois pas l'esprit d'être maître chez moi? CHRYSALE. Ouais! Qu'est-ce donc Je vous trouve plaisante à me parler ainsi. HENRIETTE. Si je vous ai choqué, ce n'est pas mon envie. CHRYSALE. Ma volonté céans doit être en tout suivie. HENRIETTE. Fort bien, mon père. CHRYSALE. que ceci? Aucun, hors moi, dans la maison N'a droit de commander. HENRIETTE. Oui, vous avez raison. CHRYSALE. C'est moi qui tiens le rang de chef de la famille. D'accord. HENRIETTE. CHRYSALE. C'est moi qui dois disposer de ma fille. HENRIETTE. Hé! oui. CHRYSALE. Le ciel me donne un plein pouvoir sur vous. |