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* XXIX.

Le mal que nous faisons ne nous attire pas tant de persécution et de haine que nos bonnes qualités.

XXX.

Nous avons plus de force que de volonté; et c'est souvent pour nous excuser à nous-mêmes, que nous nous imaginons que les choses sont impossibles.

XXXI.

Si nous n'avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres 1

XXXII.

La jalousie se nourrit dans les doutes; et elle devient fureur, ou elle finit, sitôt qu'on passe du doute à la certitude. a

est une fureur qui nous fait toujours souhaiter la ruine du bien des autres. (1665 · n° 31.)

Var. Si nous n'avions point de défauts, nous ne serions pas si aises d'en remarquer aux autres. ( 1665 - - n° 34.) 2 Var. La jalousie ne subsiste que dans les doutes; l'incertitude est sa matière ; c'est une passion qui cherche tous les jours de nouveaux sujets d'inquiétude, et de nouveaux tourments. On cesse d'être jaloux dès que l'on est éclairci de ce qui causoit la jalousie. (1665 no 35.) La jalousie se nourrit dans les doutes. C'est une passion qui cherche toujours de nouveaux sujets d'inquiétude et de nouveaux tourments, et elle devient fureur sitôt qu'on passe du doute à la certitude. (1666 — n° 32.)

XXXIII.

L'orgueil se dédommage toujours et ne perd rien, lors même qu'il renonce à la vanité.

* XXXIV.

Si nous n'avions point d'orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres.

* XXXV.

L'orgueil est égal dans tous les hommes, et il n'y a de différence qu'aux moyens et à la manière de le mettre au jour.

XXXVI.

Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l'orgueil pour nous épargner la douleur de connoître nos imperfections.

1

* XXXVII.

L'orgueil a plus de part que la bonté aux remontrances que nous faisons à ceux qui commettent des fautes, et nous ne les reprenons

Var. La nature, qui a si sagement pourvu à la vie de l'homme par la disposition admirable des organes du corps, lui a sans doute donné l'orgueil pour lui épargner la douleur de connoître ses imperfections et ses misères. ( 1665 — n° 40. )

pas tant pour les en corriger, que pour leur persuader que nous en sommes exempts.

* XXXVIII.

Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.

XXXIX.

L'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé.

XL.

L'intérêt qui aveugle les uns, fait la lumière des autres.

1

XLI.

Ceux qui s'appliquent trop aux petites choses, deviennent ordinairement incapables des grandes. 2

* XLII.

Nous n'avons pas assez de force pour suivre

toute notre raison.

XLIII.

L'homme croit souvent se conduire lorsqu'il

1 Var. L'intérêt, à qui on reproche d'aveugler les uns, est

tout ce qui fait la lumière des autres. ( 1665 — no 44.)

2

Var. La complexion qui fait le talent pour les petites choses, est contraire à celle qu'il faut pour le talent des grandes. ( 1665

- n° 51.)

est conduit; et pendant que, par son esprit, il tend à un but, son cœur l'entraîne insensiblement à un autre.

* XLIV.

La force et la foiblesse de l'esprit sont mal nommées; elles ne sont en effet que la bonne ou la mauvaise disposition des organes du

corps.

XLV.

Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune.

XLVI.

L'attachement ou l'indifférence que les philosophes avoient pour la vie, n'étoient qu'un goût de leur amour-propre, dont on ne doit non plus disputer que du goût de la langue ou du choix des couleurs. 2

XLVII.

Notre humeur met le prix à tout ce qui nous vient de la fortune.

1 Var. L'homme est conduit, lorsqu'il croit se conduire, et pendant que par son esprit il vise à un endroit, son cœur l'achemine insensiblement un autre. (1665 — no 47.)

2

Var. L'attachement ou l'indifférence pour la vie, sont des goûts de l'amour-propre, dont on ne doit non plus disputer que de ceux de la langue, ou du choix des couleurs. ( 1665 — n° 52.)

* XLVIII.

La félicité est dans le goût, et non pas dans les choses; et c'est par avoir ce qu'on aime qu'on est heureux, et non par avoir ce que les autres trouvent aimable.

XLIX.

On n'est jamais si heureux ni si malheureux qu'on s'imagine.

1

* L.

Ceux qui croient avoir du mérite, se font un honneur d'être malheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu'ils sont dignes d'être en butte à la fortune.

LI.

2

Rien ne doit tant diminuer la satisfaction que nous avons de nous-mêmes, que de voir que

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Var. On n'est jamais si malheureux qu'on croit, ni si heureux qu'on avoit espéré. (1665 n° 59.) — On n'est jamais si heureux ni si malheureux que l'on pense. (1666 — no 5o.)

2 Var. Ceux qui se sentent du mérite se piquent toujours d'être malheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu'ils sont au-dessus de leurs malheurs, et qu'ils sont dignes d'être en butte à la fortune. (1665 — no 57.) On trouve dans la même édition (no 60 ) la même pensée ainsi rédigée: « On se console souvent d'être malheureux par un certain plaisir qu'on trouve à le paroître. »

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