plus petit nombre de volumes et ces objections et ces répon ses. Quelques personnes ont demandé là-dessus s'il n'y avoit pas quelque inconvénient à rassembler ces objections que tout le monde ne connoît pas. Les réponses seront-elles du moins bien choisies? Seront-elles concluantes? Cela dépend beaucoup du talent de M. l'abbé Duclot. On dit qu'il a déjà fait quelques ouvrages. Nous ne les connoissons pas; ainsi nous ne pouvons avoir aucune opinion sur le mérite présumé de la compilation qu'il annonce. Nous aimous à croire que s'il présente les objections dans toute leur force, il saura aussi y proportionner les réponses, et qu'il a assez de discernement, de jugement et de goût pour rendre la solidité de ces réponses sensible, et pour dissiper les nuages de l'irréligion. Nous aimons à croire qu'il a autant d'instruction que de zèle, et qu'il saura choisir et disposer ses matériaux dans le meilleur ordre. Son Prospectus n'est point mal fait, et peut prévenir favorablement pour lui. Cependant nous devons lui dire qu'on a trouvé ses volumes un peu minces. Ils ne doivent contenir que 448 pages. C'est bien peu de chose pour un in-8“. Je sais qu'il y a à cet égard dans ces dernières années d'illustres exemples, et que des auteurs très-renommés se sont mis sur le pied de nous donner de très-petits volumes qu'ils vendent fort cher. Il est tel ouvrage en trois volumes, qui pourroit être réduit à deux ou même à un. On emploie pour tromper le lecteur de petits artifices, un gros caractère, une justification très-courte, des lignes bien espacées, de grandes marges, de telle sorte qu'une page in-8°. ne contient tout au plus que ce que renferioit autrefois une page in-12; et comme les volumes sont moins épais, il se trouve qu'un in-8°. peut renfermer un quart de moins que les anciens in-12. Chaque volume de Bullet renferme de 500 à 560 pages. Les volumes annoncés n'iront que jusquà 448. Quant au prix, il ne sera que de 3 fr. 50 cent. pour les souscripteurs. Les autres paieront 5 fr. Les livraisons, chacune de deux volumes, doivent paroître, suivant l'annonce, en avril, en juin et en août de cette année. L'auteur se flatte que vu l'importance du sujet la souscription sera bientôt remplie. Il promet que l'ouvrage sera imprimé avec soin. Un ecclésiastique de la capitale doit donner ses soins à l'impression. On souscrit, à Paris, au bureau du journal. Nous formons des vœux pour que cette entreprise ait tout le succès qu'elle mérite. VIE de saint Bruno, instituteur de l'ordre des Chartreux; par M. Ducreux, chapelain honoraire de l'Hôtel-Dieu de Rouen, avec cette épigraphe : Ecce elongavi fugiens, et mansi in solitudine; à judiciis enim tuis timui (1). L'UN des instituts qui a le plus honoré l'Eglise par la perfection de la vie cenobitique, est celui des Chartreux. D'autres ont commencé avec des réglemens aussi austères; mais peu à peu le relâchement s'y est introduit; il a fallu, ou mitiger la règle, ou rappeler ces établissemens dégénérés à leur sévérité première par des réformes. L'ordre des Chartreux n'a point eu besoin d'y avoir recours. Dans les derniers temps de son existence, il étoit à peu près tel qu'à son origine. Même éloignement du monde, même assujettissement à une retraite rigoureuse, même vie pénitente, même silence, même exactitude au jeûne et à tous les exercices d'une vie mortifiée. A la vie contemplative et à la prière, les Chartreux joignoient le travail. Ils n'avoient, pendant l'année, que trois jours de travail commun; c'étoit au supérieur à en déterminer le genre; mais ils devoient être occupés dans leurs cellules. Avant l'invention de l'imprimerie, leur travail le plus ordinaire consistoit à transcrire des manuscrits. Quel nombre de (1) 1 vol. in-12 de 470 pages; prix, broché, 3 fr. et 4 fr. franc de port. A Rouen, chez l'auteur; et à Paris, au bureau du Journal. Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 88. K précieuses copies n'a pas dû sortir de ces mains laborieuses, pendant plus de trois cents ans qu'ils en ont fait leur occupation journalière, et quelle obligation doivent leur avoir les sciences et les lettres! Aussi la bibliothèque de la grande Chartreuse étoitelle prodigieusement riche en manuscrits, et leur historien remarque qu'une magnifique argenterie leur ayant été offerte pour leur église, ils préférèrent des cuirs et des parchemins, qui leur étoient plus nécessaires, parce qu'ils servoient à leurs travaux habituels. C'est à dom Ducreux, dernier prieur de la Chartreuse de Bourbon-lez-Gaillon, en Normandie, qu'on doit cette nouvelle Vie de saint Bruno. Il a su y faire entrer non-seulement ce qui concerne ce pieux fondateur, mais encore les commencemens de l'ordre, ses progrès, des anecdotes curieuses relatives à l'histoire ecclésiastique du temps, et à celle des Papes contemporains. II appartenoit à un enfant de saint Bruno d'élever ce monument à la mémoire de son ordre, au moment où, avec toutes les institutions du même genre, il étoit prêt à disparoître de presque tous les pays de la catholicité, et il est consolant pour les ames religieuses de voir retracer dans son livre les mœurs et la vie presque céleste de ces respectables solitaires. Dom Ducreux paroît encore avoir été déterminé à cette entreprise par un autre motif. Quoique la vie de saint Bruno eût été souvent écrite en latin, jamais, dit-il, elle ne l'avoit été en notre langue. Il ne s'est pas rappelé que le P. de Tracy, Théatin, en avoit donné une en françois; Paris, 1786, in-12. On sait que dans les anciennes Vies de saint Bruno, on donnoit pour motif de sa conversion le prodige arrivé en sa présence, dit-on, dans l'église de Paris, où un chanoine (1), apporté pour ses obsèques, leva, à trois reprises différentes, sa tête du cercueil, aux mots de la quatrième leçon de l'office des morts, responde mihi, répondez-moi, et prononça successivement ces paroles, par un juste jugement de Dieu je suis accusé...., je suis jugé....., je suis condamné. Dom Ducreux soutient l'authenticité de cette histoire, que d'habiles critiques, et particulièrement dom Mabillon et le docteur Launoy, ont regardé comme une fable, qu’Urbain VIII a fait retrancher du Bréviaire romain, et qui depuis l'a été de tous les autres Bréviaires. Quoique d'habiles gens, tels que Gerson et SaintAntonin, aient été du même sentiment, c'est aujourd'hui une opinion presqu'entièrement abandonnée, et dont, disent les critiques, on ne trouve de trace qu'environ cent cinquante ans après la mort de saint Bruno. Dom Ducreux cite néanmoins un manuscrit de l'abbaye de Grammont, qu'il dit être d'environ 1115, où le fait est rapporté. Si cette date est juste, il faut convenir qu'elle se rapprocheroit beaucoup de l'époque de la conversion de saint Bruno. D'autres vont plus loin, et prétendent qu'il est douteux que saint Bruno soit jamais venu à Paris, et qu'il est faux qu'il y eût pris le bonnet de docteur. Quoi qu'il en soit de cette anecdote, la nouvelle Vie de saint Bruno est écrite d'une manière extrêmement édifiante. Elle fait bien connoître ce saint personnage, non moins célèbre par son esprit et les (1) Les auteurs qui rapportent cette histoire nomment ce chanoine Raymond, diacre, mort, disent-ils, en odeur de sainteté, en 1984. progrès qu'il avoit faits dans les sciences divines et humaines, que par sa vie pénitente. On y trouve des lettres de lui, écrites dans un latin pur et élégant, et qui marquent une plume exercée. Les pièces justificatives dont l'auteur a fait suivre l'ouvrage offrent. de l'intérêt. On y voit que cet ordre avoit encore, dans les derniers temps, cent soixante-douze maisons, divisées en seize ou dix-sept provinces, sans en compter beaucoup qu'il avoit perdues ou qui avoient été supprimées; qu'il a produit un grand nombre de personnages qui ont illustré l'Eglise, et en ont occupé les premières dignités, comme celles de cardinaux, de patriarches, d'archevêques et évêques; que l'ordre n'a pas été moins fécond en écrivains utiles. Voltaire dit quelque part que D. Noel d'Argonne est le seul Chartreux qui ait cultivé la litté– rature. D. Ducreux cite plus de deux cent cinquante écrivains de son ordre. Tous sans doute ne sont pas également illustres; mais leur nombre prouve au moins que cet ordre ne regardoit pas le soin de composer des ouvrages comme indigne de lui, et qu'on savoit à la fois et s'y sanctifier par la piété et s'y adonner aux études. L. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. ROME. Les dames de la Visitation, dites Salésiennes, ayant obtenu le couvent de l'Humilité qui appartenoit autrefois aux Dominicaines, y ont célébré, le jour de la Sexagésime, la fête de leur saint fondateur. S. S. a voulu ajouter à l'éclat cette fête par sa présence. Elle s'est rendue en grand cortége dans leur église, et il y a eu cha |