pelle cardinalice. A dix heures et demie, S. Exc, Mgr. l'ancien évêque de Saint-Malo, ambassadeur extraordinaire de France, est venu honorer aussi la mémoire d'un saint qui appartient, en quelque sorte, à la France par ses ouvrages, par l'ordre qu'il a fondé, et par les relations qu'il y entretenoit. S. Exc. y a dit la messe, et a été reçue avec honneur par la supérieure, qui est Françoise, ainsi que plusieurs religieuses de sa communauté. Ces filles exilées avoient été accueillies à Rome avec bienveillance. S. S. continue de nommer aux places qui étoient vacantes, soit dans sa maison, soit dans les différentes chambres et tribunaux. Le cardinal Maury prépare une apologie de sa conduite, à laquelle il se flatte qu'il n'y aura pas de réplique. Elle sera volumineuse. Il compte, dit-on, la faire imprimer en Toscane, et il ne doute pas qu'elle n'ait un grand débit dans toute l'Europe, vu la réputation de l'auteur, et l'intérêt du sujet, qui offre néanmoins quelques épines. Mais S. E. est accoutumée à triompher des plus grandes difficultés. Le cardinal Castiglione, qui est mort le 9 janvier, étoit très-versé dans la théologie et les sciences canoniques. Il étoit associé de la Sapience, et avoit été président du college germanique-hongrois, et secrétaire de la congrégation du bon gouvernement. La prélature de Saint-Yves et la commanderie du Saint-Esprit furent les premières récompenses de son mérite. Ayant été élevé au cardinalat, il remplaça le cardinal Antonelli comme grand pénitencier pendant son voyage à Paris, et depuis 1808 consacra tous ses soins au bien de son diocèse. Le docteur Poynter, vicaire apostolique de Londres, est arrivé à Rome. L'ambassadeur de France l'a reçu avec distinction, lui et plusieurs autres Anglois, catholiques et anglicans, qui sont en ce moment à Rome. Il les réunit souvent à dîner dans son palais, et acquitte à leur égard la dette de la France, et surtout du clergé. PARIS. On dit dans un journal que tous les évêques de France vont être mandés à Paris pour prêter entre les mains du Roi un nouveau serment de fidélité, et qu'en cette occasion il leur sera fait des communications importantes. Nous croyons pouvoir assurer que ce bruit n'a pas de fondement. Il n'est pas question de faire prêter aux évêques un nouveau serment de fidélité: ils n'en ont même encore prêté aucun, et il est très-vraisemblable qu'on attendra pour le demander que tous les arrangemens soient terminés. M. l'abbé Legris-Duval répétera, le 22 de ce mois, dans l'église Saint-Thomas d'Aquin, le discours qu'il prononça, le mois dernier, dans l'église de l'Assomption. Le produit sera encore destiné au soulagement des habitans de Méry-sur-Seine, et de tout le département de l'Aube, dont les maisons ont été ravagées et incendiées. Le jour choisi pour prononcer ce discours sera précisément l'anniversaire de l'incendie de Méry. On ne doute pas que les personnes riches et charitables ne s'empres sent de répondre à cet appel de la religion, surtout dans un temps particulièrement consacré à la piété, et à une époque qui nous rappelle tant de malheurs et de fléaux, dont plus heureux que tant d'autres, nous avons été délivrés dans cette capitale. -M. le marquis de Rivière, ambassadeur de France à Constantinople, est parti, le 14 février, pour se rendre à sa destination. Il doit s'embarquer à Toulon. Sa mission n'est pas seulement importante sous le rapport po litique, elle le sera aussi sous le rapport religieux. On sait qu'autrefois les ambassadeurs du Roi très-chrétien près la Porte étoient les protecteurs nés des chrétiens de ま ees contrées. Ils étoient leur refuge contre les avanies des 'bachas, favorisoient le zèle des missionnaires, et soutenoient par leur crédit ces églises chancelantes et persécutées. Cet honorable patronage étoit à la fois religieux et politique. Il avoit été interrompu comme tout ce qui étoit grand et utile. Il va reprendre aujourd'hui sous un ambassadeur qui est instruit des intentions salutaires de S. M., et qui, pénétré lui-même des sentimens de religion, aura le bonheur de rendre à la France son influence pour le bien de l'Eglise, et de servir la cause du christianisme dans ces pays, où elle rappelle tant de beaux souvenirs, et où sa gloire passée forme un si grand contraste avec sa situation présente. Les chrétiens d'Asie vont être consolés en apprenant qu'il leur arrive un protecteur, et la délivrance de l'Europe sera aussi, en quelque sorte, celle de ces pays lointains. LYON. Il y a eu dans cette ville, le dimanche 12 février, une cérémonie religieuse, qui a été fort intéressante par elle-même et par les circonstances qui l'ont accompagnée. Il y avoit dans l'hôpital-général une trentaine de militaires qui étoient en convalescence. Ils n'avoient pas fait leur première communion, quoique quelques-uns d'eux fussent âgés de plus de quarante ans. Touchés, pendant leur séjour dans l'hôpital, des soins charitables qu'on y donne aux malades, et auxquels ils devoient peut-être leur retour à la santé, frappés des leçons qu'ils y avoient entendues, et des exemples de vertu qu'ils y avoient sous les yeux, ils avoient témoigné le désir de ne point sortir de la maison sans réparer le passé par un grand acte de religion. Ils s'y sont disposés avec cette ardeur, cette droiture et cette franchise qui conviennent si bien à un militaire loyal. Leur zèle à écouter les instructions et à mériter la grâce de la réconciliation a été vif et soutenu. Leur première communion s'est faite dans l'église de l'hôpital, en présence des administrateurs, et au milieu d'un grand con cours de fidèles. Tous portoient l'uniforme de leurs corps. On étoit édifié de leur attitude recueillie. La cérémonie a été un instant troublée par un accident arrivé à l'un d'eux, qui s'est trouvé mal. On l'a emporté à la sacristie, et on lui a donné des secours. Mais à peine s'est-il senti mieux, qu'il a demandé à être reconduit à l'église, afin de ne pas se priver des grâces qui l'atten doient. Un discours simple, mais touchant et instructif, leur a été adressé par M. Charpin, qui leur a montré, par de grands exemples, que la religion s'allie bien avec le métier des armes, et qu'un soldat n'en est que plus brave, plus estimable, plus exact à la discipline et soumis à ses chefs, quand il est animé par les sentimens d'un chrétien. Il y a eu un temps en France où chaque régiment avoit son saint, et dans le dernier siècle encore, le marquis de Fénélon, blessé à Raucoux; le marquis de Montcalm, tué à Quebec; le général de Chabrié, 'tué à Bergen, le 15 avril 1759 (1), le chevalier de Gomer, etc. etc., étoient à la fois des militaires distingués et de bons chrétiens. Ces temps ne pourroient-ils pas revenir sous un Roi chrétien, et sous des Princes qui donnent l'exemple de la piété comme de la loyauté? Nos trente soldats ont écouté avec attention le discours qui leur étoit adressé, et après la communion, ils ont pros mis de servir fidèlement Dieu et le Roi. L'acoent qu'ils ont mis à cette promesse fait espérer qu'ils la tiendront. Cette cérémonie a singulièrement édifié les assistans, qui se réjouissoient de voir des militaires donner à la religion des consolations puissantes, et à leurs camarades des exemples honorables. (1) Ce héros chrétien mérite d'être connu. Modèle de bravoure, de zèle et de dévouement, il étoit parvenu, par son mérite, au grade de général d'artillerie, et avoit servi, sous Louis XV, à Fontenoy. Il est auteur d'Heures militaires, qui étoient fort répandues autrefois. Le jeudi-saint, veille de sa mort, il avoit fait ses pâques et son testament. Il étoit chéri et respecté dans son corps, où ses exemples se perpétuérent long-temps. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. C'est aujourd'hui, 22 février, que la cour de cassation est installée, avec pompe, au Palais de Justice, par M. le chancelier. L'ordonnance de S. M. qui lui donne son organisation définitive est trop importante pour n'être pas citée ici toute entière : Louis, etc. Les Etats ne fleurissent que par la justice; elle fait au debors la gloire et la force des empires; c'est elle qui au dedans est la plus sûre garantie de l'honneur et de la fortune des citoyens, et le lien commun des familles. Le droit et les devoirs de la royauté nous prescrivent de remettre à des tribunaux l'administration de la justice, qué plusieurs de nos prédécesseurs rendirent autrefois eux-mêmes à leurs sujets. Toute justice émane du Roi (art. 57 de la charte); mais nous en déléguons l'exercice à des juges dont la nomination nous est exclusivement réservée, et auxquels l'irrévocabilité que notre institution leur imprime assure celle indépendance d'opinion qui les élève au-dessus de toutes les craintes comme de toutes les espérances, et leur permet de 'écouter jamais d'autre voix que celle du devoir et de la conscience. La plupart des magistrats de notre royaume attendent avec impatience l'institution royale qui va consacrer le reste de leur existence aux fonctions dans lesquelles nous les aurons établis ou maintenus; mais nous devions avant tout chercher et recueillir tous les renseignemens qui pouvoient éclairer ou diriger nos choix; nous voulions encore préparer à l'a❤ vance des fonds de rétraite pour les magistrats que l'âge ou les infirmités mettoient hors d'état de continuer leurs utiles services; désirant que tous ceux qui laisseront dans nos tribunaux d'honorables souvenirs emportent avec eux des récompenses méritées de leurs longs services, et que ces récompenses elles-mêmes deviennent autant d'encouragemens pour ceux qui les remplacent. Nous commençons l'institution générale des juges par la |