part, fasse le procès à ce qu'il y a de plus éclairé. Ce sont de singuliers obscurans que des écrivains renommés pour leurs talens et le succès de leurs ouvrages. Au surplus, il est bon de savoir que cette dénomination d'obscurans est donnée, dans quelques coteries, à tous ceux qui ne sont point assez épris de la philosophie, et qui ne se prosternent pas devant les idées libérales, à ceux entr'autres qui témoignent du respect pour la religion et de l'attachement à nos anciennes institutions. A ce compte, Bossuet et Fénélon, et même Newton et Leibnitz eussent été des obscurans; ce qui est un petit sujet de consolation pour ceux à qui on adresse les mêmes reproches. Nous conseillons donc aux lumineux auteurs de cette facétie de choisir un autre cadre, de laisser là leur éteignoir, qui n'est ni noble ni ingénieux, d'être malins, s'ils le veulent absolument; mais de tâcher d'être spirituels, s'ils le peuvent, et de songer qu'il faut du sel dans l'épigramme et de la délicatesse jusque dans la satire. Il existoit autrefois, à Paris, deux sociétés de bienfai→ sance en faveur des pauvres prisonniers : l'une fondée en 1728, sous le nom de Société de l'assistance, avoit pour objet de porter des consolations et des secours au sein même des prisons; l'autre, connue sous le nom de Société de la délivrance, remontoit à la fin du XVIIe. siècle, et devoit son origine à une dame de Lamoignon. Elle délivroit les détenus pour dettes, que leurs malheurs et leur probité recommandoient à son intérêt; assistoit les familles que la captivité de leur chef plonge souvent dans la misère; rendoit à leurs enfans, à l'industrie, à la société, des pères de famille honnêtes, et d'utiles citoyens. Toutes deux concouroient à un même but d'utilité publique : elles prévenoient les crimes auxquels entraîne trop souvent le défaut absolu de ressources au moment de la misé en liberté; elles encourageoient à la vertu, et servoient ainsi tout à la fois les intérêts de la politique et de la morale. Vingt années de troubles avoient presqu'effacé le souvenir du bien produit par ces utiles institutions, lorsqu'en 1809, elles sortirent de leur ruine. Une société nouvelle s'établit sur le modèle de celles qui l'avoient précédée. Sept cents individus soulagés, un grand nombre de détenus pour opinions politiques assistés, quatre-vingts prisonniers pour dettes mis en liberté; le commerce de plusieurs d'entre eux rétabli; des enfans baptisés, des mariages réhabilités, des familles entières rappelées à la vertu et aux pratiques d'une religion trop méconnue; tels sont les résultats qu'elle a produits. La protection d'un gouvernement ami de tout ce qui est bien, lui facilitera les moyens d'exécution; mais uniquement alimentée par les offrandes de la charité publique, elle tombe et s'évanouit si cette source vient à tarir. Les ames charitables n'abandonneront pas une œuvre si glorieuse à Dieu, si utile aux malheureux qui en sont l'objet. On ose donc, avec confiance, la rappeler à ceux qui déjà l'ont soutenue, et la recommander à ceux qui ignoreroient son existence. Vendredi prochain, 3 mars 1815, à deux heures très-précises, la société se réunira dans l'église SaintThomas d'Aquin, rue Saint-Dominique. Une quête sera faite pour les pauvres prisonniers à la suite d'un sermon par M. l'abbé de Quélen, vicaire-général de la grandeaumônerie. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. S. M. a ressenti ces jours-ci quelques atteintes de goutte. Depuis mercredi 22, elle n'a point entendu la messe dans la chapelle ordinaire du château, mais dans l'intérieur de ses appartemens. Car nos Rois ne se dispensent point de cet acte journalier de piété. Vendredi, S. M. put présider le conseil des ministres. D'ailleurs les douleurs de goutte n'ont point augmenté, et nous apprenons, en ce moment, que S. M. va de mieux en mieux. VIENNE, 14 février. La convention relative à la Saxe n'est pas encore conclue, mais on connoît déjà d'une manière authentique le tableau de partage annexé au traité. D'après ce tableau, les pays saxons cédés au roi de Prusse offrent la population suivante : Cercle de Wittemberg, avec Barby, Gommern, etc., 121,299 habitans; cercle de Thuringe, avec Stolberg, etc., 161,325; cercle de Neustadt, 38,949. Une partie du cercle de Misnie, savoir: les bailliages de Seuftenberg, Finsterwalde, Muhlberg, Torgau, une partie de Grossenhagn, 48,414; les enclaves de Reuss, 1500; la Basse-Lusace, 143,921; la moitié de la Haute-Lusace, 151,586; la principauté de Querfurt, 24,536; l'évêché de Naumbourg, 34,487; la partie saxonne de Mansfeld, 28,060; la partie saxonne de Henneberg, 24,740; une partie de l'évêché de Mersebourg, 33,306. Total des cessions, 855,305 habitans. Il reste au roi de Saxe les pays suivans: cercle des Mines, 452,464 habitans; la majeure partie du cercle de Misnie, 247,945; idem, du cercle de Leipsick, 206,917; idem, du cercle de Voigtland, 88,639; les bailliages des Mines, 6800; la moitié de la Haute-Lusace, 169,879; une partie de l'évêché de Mersebourg, 10,000. Total du royaume actuel, 1,182,744 individus. Le royaume de Saxe, avant ce partage, comploit 2,038,049 habitans. C'est avec beaucoup de peine qu'on est parvenu à réduire les demandes prussiennes de 920,000 sujets, à 850,000. La Prusse insistoit pour avoir Leipsick. Cette ville importante, sous le rapport commercial, se trouvera en grande partie entourée des possessions prussiennes. NAPLES. LL. MM, ne paroissent toujours point tranquilles. Elles affectent la meilleure intelligence avec l'Autriche, mais ne sont point rassurées sur les discussions du congrès qui les concernent, à ce qu'on croit, en ce moment. Elles se sont crues obligées de renvoyer les François, afin de se rendre plus agréables aux Napolitains, et peut-être aussi de peur que les François ne les quittassent les premiers. Car, qui d'entr'eux pourroit aujourd'hui se résoudre à se tenir éloigné de son pays où tout l'invite à retourner? On dit qu'il y a une correspondance active entre Naples et l'île d'Elbe. Mme. Borghèse va fréquemment de l'un à l'autre. Le général Bertrand a aussi fait ce voyage, à ce qu'on croit; mais il ne s'est pas montré. On ajoute que S. M. la reine a conservé un vif attachement pour son frère, et qu'elle blama dans le temps le traité avec les alliés. Elle fait son possible pour se rendre agréable au peuple, et visite avec un peu d'ostentation les établissemens de bienfaisance, ce qu'elle n'avoit jamais fait auparavant. Quant au roi, il caresse surtout l'armée. Il a environ 45,000 hommes de troupes. L'occupation d'Ancône augmente un peu ses ressources. Mais on est persuadé que cette mesure de sa part contribuera à le perdre. S'il se fût tenu tranquille à Naples, il auroit excité moins de plaintes, et seroit peut-être parvenu, à force de modération, à faire oublier le vice de son origine. Mais cette envie de s'étendre, cette manie prenante, qui est une véritable maladie de famille, cette ambition d'un soldat qui devroit trouver déjà sa fortune assez belle, attireront l'attention de l'Europe, et il est à croire qu'on ne voudra pas laisser à l'extrémité de l'Italie un nouveau ferment de guerres. En attendant, S. M. joue la comédie; elle affecte un extrême attachement aux idées libérales; elle se fait demander une constitution. Les colonnes de notre Moniteur sont remplies d'adresses pleines d'une exagération ridicule. Mais on s'aperçoit que les dispositions du peuple sont mobiles. AVIS. Quelques personnes parmi celles qui se sont fait inscrire pour l'ouvrage intitulé: Mémoires pour servir à l'Histoire ecclesiastique pendant le x111, siècle, nous ont écrit pour s'informer si cet ouvrage paroîtroit pas bientôt. Nous devions, en effet, le publier ce carême; mais nous avons pensé que nous ne pouvions nous dispenser de couronner notre écrit par les arrangemens ecclésiastiques qui se préparent. Ces arrangemens doivent fermer, en quelque sorte, l'histoire de la révoJution et compléter le tableau de notre délivrance. Nous attendrons donc encore quelque temps, dans l'espérance que ces arrangemens étant bientôt terminés, nous pourrons clorre par-là notre travail. Tel a été le conseil de plusieurs personnes éclairées, et le désir formel de plusieurs abonnés. L'impression de l'ouvrage est d'ailleurs fort avancée. Les deux premiers volumes sont finis; le troisième et le quatrième s'impriment à la fois. Ce dernier est celui qui, par la nature du sujet, demande le plus de soins pour la correction des épreuves. Nous tâchons de mettre de la célérité dans l'impression; mais nous avons à cœur surtout 'y mettre de l'exactitude. Nos abonnés tiennent, sans doute, encore plus à l'une qu'à l'autre, et ils diront avec nous : sat citò, si sat benè. Nous espérons pouvoir leur annoncer, peu après Pâque, le moment de la mise en vente de l'ouvrage. Notre intention est de leur donner les quatre volumes à la fois : nous ne pourrions même guère faire autrement, vu la distribution des matières. SUR l'enlèvement du Pape hors de Rome, en 1809. L'HISTOIRE de cet enlèvement n'a pas toujours été présentée d'une manière exacte. On en trouve deux relations différentes dans le recueil intitulé: Correspondance authentique de la cour de Rome avec la France. La première de ces relations, contenue dans une lettre de Gênes, du 10 août 1809, est la plus fautive. On y dit entr'autres, que le saint Père fut attaché dans un fauteuil, et descendu par la fenêtre. D'autres particularités rapportées dans cette lettre, tiennent également de l'exagération. La seconde relation est un peu moins ridicule; mais elle omet plusieurs circonstances importantes, et elle en renferme d'autres qui ne sont point véritablement arrivées. C'est cette relation qu'a suivie M. de Beauchamp, dans son Histoire des malheurs et de la captivité de Pie VII. Il y a même mêlé encore des détails qu'il ne paroît pas avoir puisés dans une source bien sûre. Il importoit cependant de fixer, à cet égard, l'opinion des amis de la religion et de la vérité. Occupés à rassembler des renseignemens certains sur la dernière persécution de l'Eglise, nous avions écrit à Rome pour nous procurer des rapports exacts sur un des faits les plus marquans de cette persécution. La pièce suivante, que nous venons de recevoir, nous paroît de nature à intéresser le lecteur. Nous la donnons avec confiance, comme un monument qui servira à l'histoire de l'Eglise, et qui doit trouver sa place dans un journal dont nous voulons faire le déTome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 91. N |