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pôt de tout ce qu'il y a d'important pour la religion.

Le 6 juillet 1809, dernier jour de l'octave de saint Pierre, une heure environ avant l'aurore, plusieurs piquets de cavalerie s'emparèrent des issues qui, des divers quartiers de Rome, mènent au palais de Monte-Cavallo, et peu après un corps d'infanterie, venu de ses casernes en toute hâte, environna, de tous côtés, la résidence du souverain Pontife. La gendarmerie, une troupe de shires, et quelques Romains bien connus pour leurs opinions et leur conduite, escaladerent le palais. Quelques-uns descendirent dans une des cours; d'autres appuyèrent des échelles aux fenêtres des appartemens, et les ayant ouvertes à coups de hache, pénétrèrent dans l'intérieur, et coururent ouvrir la porte principale, sur la place, pour faire entrer dans la grande cour un nombre suffisant de soldats. En même temps la gendarmerie, les sbires et les sujets romains qui s'étoient joints à eux, mirent en pièces les portes qui conduisoient à l'appartement de S. S. et à celui du cardinal Pacca. En peu de temps ils avancèrent jusqu'à la chambre même où étoit le saint Père, qui, éveillé au premier bruit de cette invasion, s'étoit revêtu de ses habillemens ordinaires et de l'étole, et attendoit avec la figure la plus calme le dénouement de cette nouvelle scène. Autour de lui s'étoient rassemblés les cardinaux Despuig et Pacca, plusieurs prélats qui habitoient le palais même, et des ecclésiastiques employés à la secrétairerie d'Etat. Le premier François qui entra, fut le général Radet, suivi d'officiers de gendarmerie, et de sept ou huit Romains. Le général garda le silence pendant quelques minutes. Il étoit pâle et visiblement agité. Enfin il prit la parole, et d'un ton de voix tremblant, il dit

à

au Pape qu'il avoit à remplir une commission désagréable et pénible, mais qu'ayant prêté serment de fidélité et d'obéissance à l'empereur, il ne pouvoit se dispenser de s'en acquitter; qu'il étoit chargé de lui intimer, de la part de l'empereur, de renoncer à la souveraineté temporelle de Rome et de l'Etat de l'Eglise, et que si S. S. ne s'y conformoit pas, il avoit ordre de la conduire chez le général commandant en chef, qui lui indiqueroit sa destination ultérieure. Le Pape, sans rien perdre de sa tranquillité, lui répondit peu près en ces termes : Si vous avez cru devoir exécuter des ordres semblables de votre empereur, à cause du serment de fidélité et d'obéissance que vous lui avez prété, pensez-vous que nous puissions abandonner lès droits du saint Siége, auquel nous sommes liés par tant de sermens? Nous ne pouvons renoncer à ce qui ne nous appartient pas. Le domaine temporel est à l'Eglise romaine; nous n'en sommes que les administrateurs. L'empereur pourra nous mettre en pièces, mais il n'obtiendra jamais cela de nous. Au reste, après tout ce que nous avions fait pour lui, nous ne devions pas attendre ce traitement. Saint Père, dit alors le général, je sais que l'empereur vous a beaucoup d'obligations. Il m'en a plus encore que vous ne pensez, reprit le Pape avec un accent expressif; puis continuant, il demanda au général Devons-nous aller seuls? Le général répondit:. V. S. peut conduire avec elle son ministre, le cardinal Pacca. Ce cardinal, qui étoit à côté du Pape, se tourna vers lui, et lui dit : Quel ordre me donnez-vous, saint Père? Aurai-je l'honneur de vous accompagner? Le Pape lui ayant répondu : Oui, le cardinal passa, escorté de quelques gendarmes, dans une pièce voisine, où il se revêtit de ses habits de cardinal, avec

:

l'aumusse et le rochet, parce qu'il avoit cru qu'on alloit les conduire chez le commandant en chef. Etant rentré dans la pièce où il avoit laissé le Pape, il fut fort étonné de voir qu'on avoit déjà fait partir sa Sainteté sans lui donner même le temps de faire aucune disposition. Il se hâta de rejoindre le saint Père, qui étoit escorté des gendarmes, des sbires ét des félons romains. Sa Sainteté marchoit difficilement à travers les débris des portes renversées. Ayant traversé la grande cour, elle arriva à la porte principale, où se trouva une espèce de voiture appeléé bátarde. On y fit monter le Pape, et puis le cardinal. Immédiatement après, les deux portières furent fermées à clef par un maréchal des logis des gendarmes. Le général Radet s'assit sur le siége du cocher, et prit auprès de lui ce maréchal des logis, qui étoit un jeune Toscan de ses protégés. Alors le carrosse partit. Des gendarmes à cheval l'entouroient. On prit la route, non du palais Doria, où demeuroit le général en chef, mais de la porte Pia. A peu de distance de Monte-Cavallo, on fit un tour à gauche, et on sortit par la porte Salara, l'unique qui fut ouverte; puis, , par un circuit autour des murs de la ville, on arriva à la porte del Popolo, où les chevaux de poste attendoient. Il y avoit dans la rue des piquets de cavalerie, le sabre nu, pour plus de précaution. Fendant qu'on relayoit, le saint Père reprocha doucement au général Radet de l'avoir trompé, en lui laissant croire qu'on ne le menoit que chez le général Miollis. Il se plaignit aussi qu'on l'eût fait partir de Rome sans suite, et avec les seuls vêtemens qu'il avoit en ce moment. On lui répondit qu'incessamment quelques-uns de ceux que le Pape avoit demandés avant

de partir, le rejoindroient avec ce qui seroit nécessaire. L'ordre fut, en effet, donné à un gendarmie d'aller chez le général Miollis pour presser le départ de ceux qui devoient suivre S. S. Alors le carrosse partit. Lorsqu'on changea de chevaux aux premières postes, on voyoit sur les figures des passans l'étonnement et l'inquiétude. A Monterosi, des femmes, qui étoient aux fenêtres, reconnurent le saint Père, et, à la vue des gendarmes, ne purent plus douter qu'on l'emmenoit loin de Rome. Elles témoignèrent leur douleur par par les gestes les plus expressifs. Le saint Père fut touché de ces marques de sensibilité; mais le général, craignant apparemment qu'en d'autres endroits la vue du Pape n'excitât du tumulte, fit baisser les rideaux de la voiture; de sorte que l'on ne pouvoit plus rien voir. Le Pape demeura ainsi renfermé et privé d'air, pendant les heures les plus brûlantes de la journée, sous un soleil d'Italie, au mois de juillet. Vers midi il témoigna vouloir prendre quelque chose, et on s'arrêta à la maison de la poste, placée dans un lien désert, sur la montagne de Viterbe. Là on fit entrer S. S. dans une chambre malpropre; elle ne trouva pour s'asseoir qu'une chaise vieille et peu sûre, et on lui servit un ceuf et un peu de jambon sur une nappe dégoûtante de saleté. Le cardinal Pacca étoit assis sur une paillasse. Le repas ne fut pas long. On se remit en route par une chaleur excessive. Le soir, le souverain Pontife eut envie de boire, et comme il n'y avoit -pas de maison dans cette campagne, le maréchal des logis, dont nous avons parlé, prit dans une bouteille de l'eau de source qui couloit près du chemin, et l'apporta à S. S. à qui elle fit plaisir. Enfin, aprèsdix-neuf heures d'une course continuelle, on arriva

à la montagne de Radicofani. Le saint Père souffroit beaucoup, et les secousses de la voiture et la longueur du voyage lui faisoient éprouver les premières douleurs d'une incommodité grave. Rien n'étoit préparé à Radicofani. Le saint Père fut placé dans une petite chambre, et le cardinal Pacca dans une autre contiguë. On eut la précaution de mettre des gendarmes aux portes. A la chaleur du jour succéda la fraîcheur de la nuit, qui se faisoit sentir sur une montagne élevée. Le Pape n'avoit rien pour changer. Après un souper, un souper, tel qu'on put le trouver, et où S. S. servit le cardinal (1), elle se jeta toute habillée sur un mauvais lit, et ne put dormir. L'incommodité qu'elle avoit ressentie durant le jour, angmenta. Il s'y joignit un peu de fièvre, Le général Radet avoit ordre de poursuivre et de gagner, sans s'arrêter, la Chartreuse de Florence. Mais le Pape déclara qu'il ne partiroit point jusqu'à l'arrivée des personnes de sa suite. Le général Radet consentit à attendre. Heureusement, quelques heures après midi, arrivèrent, en deux carrosses, Mr. Doria, maître de chambre de S. S.; Mr. Pacca, neveu du cardinal, un chapelain, un chirurgien et deux domestiques. On partit peu après, et on voyagea toute la nuit. La matinée suivante on prit quelques heures de repos, dans une petite auberge de Poggibonzi. Au sortir de ce village, dans un moment où la voiture couroit avec rapidité, l'essieu de la voiture cassa, et la caisse se renversa au milieu de la route. Malgré la violence du coup, le saint Père ne reçut aucune con

(1) Ce sont les termes de la relation. Ils signifient sans doute que S. S. permit au cardinal de s'asseoir à sa table, et qu'elle partagea avec lui son souper,

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