certain de la soumission des peuples et de la justice des rois. M. l'abbé de la Fage, qui prêche le Carême à la cour, remplit son ministère avec une facilité et une vigueur qui étonnent toujours. La parole de Dieu a dans sa bouche cette noble simplicité qui lui convient, et qui la rend efficace. Il ne sait ni outrer les vérités saintes par une sévérité excessive, ni les atténuer par un relâchement coupable. L'âge et le ton de ce respectable vieillard ajoutent encore à la force de ses discours, et son auguste auditoire paroît l'entendre avec intérêt. S. M. qui le suivoit très-exactement, a été obligée de s'en abstenir à cause de sa goutte. Mais MONSIEUR n'a manqué à aucun sermon, et l'attention de ce Prince à entendre assiduement la parole de Dieu, condamne la légèreté et l'indifférence de tant de chrétiens dans ces jours consacrés particulièrement aux oeuvres de piété. -Le lundi, 6 mars, on célébrera à midi, dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, une messe du Saint-Esprit, pour attirer les bénédictions de Dieu sur l'établissement des jeunes orphelines connues sous le nom d'Enfans de la Providence, et sur les bienfaiteurs de ce même établi: sement. Le discours sera pronconcé par M. l'abbé Letourneur. Les enfans seront présens. Il y aura une quête. Le lendemain, 7 mars, on dira, à huit heures et demie, une messe basse pour les bienfaiteurs décédés. Les personnes qui ne pourroient se trouver à l'une ou l'autre de ces religieuses cérémonies, sont priées d'adresser leurs dons à M. le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois. LUCERNE. Un nouveau bref, du 11 janvier, confirme la séparation déjà prononcée des cantons suisses du diocèse de Constance. Ce bref a été communiqué aux autorités ecclésiastiques par l'évêque de Constance lui-même dans sa lettre du 6 février. Ainsi, puisque l'ordinaire y consent, on ne voit pas quelles difficultés il peut rester sur cet article. Les cantons suisses doivent désirer, plus que personne, la nouvelle dispo sition. Elle est faite en leur faveur. Plusieurs catholi→ ques la sollicitoient, et elle est conforme à leur intérêt. Le diocèse de Constance étoit excessivement étendu. Il est avantageux aux catholiques d'avoir au milieu d'eux un évêque dont la surveillance sera plus active. Est-ce aux protestans que cette mesure porteroit ombrage? On en chercheroit la raison. Nous croyons que les préven tions qui se sont, dit-on, répandues à cet égard, se dis siperont, et que les Suisses verront dans ce projet de S. S. une nouvelle preuve de sa sollicitude pour eux, et de son désir de consolider la religion catholique dans les cantons où elle s'est conservée. ANCÔNE. Le roi de Naples a fait paroître un opuscule, intitulé: Vœux des Napolitains. On prétend y démontrer au roi Ferdinand, qu'il n'a aucun droit sur la couronne de ses ancêtres. Nous ne savons comment l'écrivain chargé de prouver cela s'y sera pris; il aura été bien habile, et il méritera d'être bien payé, s'il a pu̟ trouver quelques argumens un peu spécieux. On mande encore de Naples que d'après l'avis du conseil d'Etat, un décret de S. M., du 3 de ce mois, défend qu'il soit publié dans les Marches aucun acte de la cour de Rome pour le spirituel, avant que le conseil d'Etat n'en ait soumis l'approbation au roi. Quiconque publiera ou colportera des actes tendant à rétablir la puissance temporelle du Pape dans les Marches, sera poursuivi comme perturbateur de la tranquillité publique, et sera sur-lechamp livré à une commission extraordinaire. Ce langage doux et humain est de mode dans cette famille. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. S. M. va beaucoup mieux. Elle vaque aux affaires comme à l'ordinaire, et a donné plusieurs audiences. Seulement elle ne sort pas de ses appartemens. Ses médecins lui ont conseillé encore quelques jours de repos. -Lord Castlereagh vient d'arriver de Vienne, après avoir réglé les affaires les plus importantes. S. Exc., a eu, mardi 28 février, une audience du Roi. Elle s'est remise en route pour Londres, le lendemain. On dit que M. le comte Jules de Polignac vient de repartir pour Rome avec une nouvelle mission. -M. Dauxion-Lavaysse, qui avoit été chargé d'une mission à Saint-Domingue, vient d'arriver en France. Les journaux anglois ont parlé fort diversement de lui et de l'issue de son voyage. On s'attend que le gouvernement publiera quelque chose de certain et d'officiel à cet égard. - Une ordonnance du 27 février règle l'établissement de la cour des comptes. Il n'y a aucun changement dans la composition de cette cour. Elle reste dans l'état où elle étoit au 1. janvier dernier. M. Barbé de Marbois en est toujours premier président. -S. M., par une ordonnance du 14 février, a nommé chevalier de la légion d'honneur, M. Stadler, ancien chef du secrétariat de la grande aumônerie. ORLÉANS. Le lundi, 27 février, Mr. le duc d'Angoulême et MADAME sont arrivés ici vers les quatre heures du soir, et sont descendus à la préfecture. Immédiatement après, le Prince est monté à cheval, et est allé sur le Mail passer en revue la garde nationale, les lanciers royaux et le 14*. de ligne, en garnison dans cette ville. Rentré à la préfecture, il a reçu les corps et les fonctionnaires publics qui avoient déjà eu l'honneur de complimenter MADAME. LL. AA. RR. ont répondu avec beaucoup d'affabilité. Elles se mirent à table à six heures, et il fut permis à un grand nombre de personnes invitées par billets de circuler autour de leur table, et de rester dans le grand salon de la préfecture, où elles eurent encore l'honneur de saluer LL. AA. Le mardi matin, lę Prince alla entendre la messe à la cathédrale, puis monta à cheval vers sept heures, et se porta sur le Chemin-Neuf où les régimens de la garnison étoient rangés. Il y descendit de cheval, et distribua des croix de saint Louis à trois officiers, et des croix d'honneur à plusieurs des officiers et sous-officiers. De là il rejoignit à pied sa voiture où l'attendoit MADAME, et ils continuèrent leur route. Quoique nous eussions déjà eu l'honneur de voir LL. AA. RR., cependant leur présence a excité un nouvel enthousiasme. Les rues où a passé le cortège étoient élégamment décorées de drapeaux, de guirlandes et de devises, et les troupes ont monté, par leurs acclama tions, qu'elles partageoient l'allégresse des habitans. Le Prince et la Princesse ont eu la bonté de témoigner qu'ils étoient sensibles à cet accueil. C'est pour nous le prix le plus flatteur. Il y a dans les campagnes le même empressement. Nous apprenons qu'à la poste suivante, la Ferté, les augustes voyageurs ont bien voulu s'arrêter un demi quart d'heure pour entendre les cris de joie des habitans, et recevoir les complimens du curé et du maire. BRUXELLES. Toute notre ville est en mouvement. Des dépêches adressées par le prince d'Orange au comte de Thiennes, commissaire-général de la justice, annoncent que d'après une détermination prise au congrès, les Pays-Bas autrichiens feront partie d'une souveraineté appartenant à la maison d'Orange. On a illuminé la ville pour cette nouvelle. A l'hôtel de Thiennes étoit un transparent avec ces mots : Guillaume Ier, roi des Pays-Bas. Cette nouvelle monarchie comptera à peu près cinq millions d'habitans. Elle comprendra aussi l'évêché de Liége. Le duché de Luxembourg est indépendant de la monarchie des Pays-Bas, et sera gouverné comme propriété particulière du souverain. On le lui a donné en échange de ses possessions d'Allemagne. La politique de Philippe II seroit un peu surprise de voir ce nouvel ordre de choses, qui finit nos incertitudes. BERLIN. Le sort de la Prusse est fixé. Ce royaume redevient ce qu'il étoit en 1805. Il garde la Prusse occidentale, Dant→ zick et Thorn, et une partie de la grande Pologne, Il renonce à Bayreuth et à Anspach, et reçoit en indemnité une partie de la Saxe, Wittemberg, Torgaw, Corvey, Dortmund, les duchés de Westphalie et de Berg, l'ancien héritage de la maison d'Orange, et une étendue de pays considérable sur la rive gauche du Rhin. Dans cette partie sont les villes de Cologne, d'Aix-la-Chapelle, de Trèves et de Coblentz. L'article officiel qui contient ces détails loue la Prusse de la modération qu'elle a montrée, et la félicite d'avoir cédé quelque chose au vou des grandes puissances, et au besoin généralement senti d'un arrangement définitif. ANNONCES. La véritable Prophétie du vénérable Holzhauser, ou le Rétablissement des Papes à Rome, d'une fédération en Allemagne, de la solennité du culte pour tous les catholiques François, et de la paix dans l'univers, après la déchéance de Napoléon Bonaparte, prédit dès le milieu du 17o. siècle, ainsi que d'autres événemens relatifs à la fin du 18., ou au commencement du 19e., avec l'explication, par M. V***. Preuves de l'authenticité de cette pièce, dont les quatorze prédictions, qui sont des plus curieuses et des plus intelligibles, continuent de se verifier depuis 1787 jusqu'à nos jours, c'est-à-dire, depuis 27 ans. Mutation, altération, et falsification de la prophétie d'Holzhauser, dans les deux éditions de Bamberg et de Wurtzbourg, en 1793 et 1797. 1 vol. in-12, broché; prix, 1 fr. 50 c., et 2 fr. franc de port. A Paris, chez Crapart, tue du Jardinet, no. 10, et au bureau du Journal. Mme. Lepetit, libraire, rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, no. 2, mettra incessamment en vente un nouvel écrit de M. Montjoie, intitulé: Les Bourbons, ou Notice historique sur les Aïeux du Roi, sur Sa Majesté, et sur les Princes et Princesses du nom de Bourbon qui entourent le trône. Cet ouvrage est orné de vingt-un portraits extrêmement ressemblans, et dont la gravure a été soignée. Sa Majesté a bien voulu permettre que M. Montjoie lui dédiât cette nouvelle preuve de son dévouement inaltérable à sa personne sacrée. On trouve chez Delaunay, libraire, au Palais-Royal, galerie de bois, no, 244; chez Dentu, Palais-Royal; chez Debray, libraire, rue Saint-Nicaise, no. 1; et chez Méquinon, junior, rue de la Harpe, et au bureau du Journal, une petite brochure ayant pour titre : Sur le Projet d'un Monument à ériger à la mémoire de Louis XVI. Les circonstances feront lire avec intérêt ce petit ouvrage, écrit dans un esprit très-religieux. L'auteur commence par des réflexions sur la personne de Louis XVI, et sur le caractère de la révolution dont il fut la victime. Il ne blesse personne dans ces réflexions, et ne cherche point à réveiller les partis; mais il fait remarquer que la révolution a toujours porté un caractère d'irreligion. Dans ses différentes phases on a toujours eu pour but d'anéantir ou d'altérer le christianisme. C'est dans cet esprit que l'auteur envisage le monument à élever. Il voudroit donc que ce monument portât un grand caractère religieux. Il propose de prendre autour du cimetière de la Madeleine, où Louis XVI fut enterré, un emplacement convenable. Cette église, dédiée à SaintLouis, formeroit une croix qui embrasseroit le lieu de la sépulture du Roi et de la Reine. On y célébreroit journellement des messes pour le repos de leurs ames. On établiroit aussi là un monastère de filles, sous le nom de Filles de l'Expiation. Il faut voir dans la brochure de l'auteur les détails de son plan. Il ajoute que si on vouloit finir la nouvelle église de la Madeleine, on joindroit à cette église, qu'alors on nommeroit de Saint Louis, le monastère proposé, et qu'on établiroit une communication entre cette église et le monument qu'on éléveroit sur le lieu de la sépulture de Louis XVI. Il y auroit peut-être quelques objections à faire contre cette partie du plan, attendu qu'il y a quelque distance entre ce cimetière et l'église. Mais les vues de l'auteur nous paroissent néanmoins mériter en général de l'attention. |