2 culièrement senti par ceux qui sont chargés d'enseigner l'a philosophie. Nous pensons que les maîtres et les disciples se trouveront également bien d'un ouvrage qui leur offrira des notions saines, des raisonnemens exacts et une logique sûre. On a mis en tête de l'ouvrage une notice stir M. le Grand. Louis le Grand, né en Bourgogne én 1711, entra dans la congrégation des prêtres de SaintSulpice, et y professa avec succès. Il étoit docteur de Sorbonne, et jouit dans le siècle dernier d'une réputation méritée dans son corps. Il eut part à tout ce que fit la Sorbonne lors des premiers éclats des livres philosophiques. Mais en jugeant sévèrement les ouvrages, il montra de la modération pour les auteurs, et cette disposition prouve que son zèle n'avoit rien d'àpre. Il mourut à Issy, le 20 juillet 1780. Il a laissé d'autres ouvrages de théologie, tous en latin. SACRIFICE de foi et d'amour au saint Sacrement de l'autel par le P. Gourdan. Nouvelle édition (1). Le P. Simon Gourdan, chanoine régulier de SaintVictor, fut un des hommes du dernier siècle qui portèrent le plus loin la pratique de la piété. Né à Paris, en 1646, et entré à Saint-Victor, en 1661, il y mena constamment la vie d'un Trappiste, et joignit aux exercices de la pénitence l'esprit intérieur, l'humilité, l'habitude de l'oraison. Il avoit voulu, dit-on, passer à la Trappe; mais l'abbé de Rancé fut le premier à lui conseiller de rester dans l'ordre où il avoit fait profession, et où il pouvoit être utile (1) Un volume in-12; prix, 2 fr. 50 cent. en feuilles, et 3 fr. 60 cent. franc de port. A Paris, chez A udot, et au bureau du Journal. à un plus grand nombre de personnes. Le P. Gourdan avoit, en effet, une grande réputation dans son temps. On avoit confiance en ses prières, et on s'empressoit à le consulter sur les matières de la vie spirituelle. Il a laissé des livres de piété qui montrent combien il étoit pénétré des sentimens d'amour de Dieu et du prochain. Il avoit travaillé au Missel de Paris, et avoit composé une histoire des hommes illustres de son ordre, laquelle est restée manuscrite. On a publié sa vie en 1756. Il faut convenir pourtant que cet excellent religieux n'a pas réuni tous les suffrages. Trop pieux et trop humble pour prendre d'autres couleurs que celles de l'obéissance et de la soumission, il fut traité par quelques-uns comme un homme foible et prévenu. On ne contesta pas sa piété, mais on l'accusa d'un zèle outré et de manque de lumières. Ces reproches sont démentis par ce que les mémoires du temps nous apprennent du P. Gourdan. Sa vertu eut de son vivant un éclat qui terrassa l'envie, et l'on prétendit même qu'après sa mort il s'opéra des miracles par son intercession. Nous ne voulons rien affirmer à cet égard. Nous sommes très-éloignés à la fois, et de la crédulité aveugle qui adopte sans examen de tels prodiges, et de l'irréligion qui les rejette indistinctement et avec dédain. Mais nous croyons que l'opinion seule qui se répandit, à cet égard, et qui n'étoit point dictée par l'esprit de parti, honore la mémoire du P. Gourdan, et montre ce que ses contemporains pensoient de sa vertu. Tel est le pieux écrivain à qui l'on doit l'ouvrage que nous annonçons. Il convenoit peut-être d'entrer dans quelques détails sur sa vie ; car aujourd'hui à peine notre orgueilleuse indifférence daigne-t-elle se rappeler la mémoire de ces hommes vénérables des ROYAL temps passés, qui ont édifié nos pères, qui ont planté ou affermi la foi chez nous, et ont rendu la religion plus respectable. Le P. Gourdan a d'autant plus de droits à notre souvenir et à notre estime, qu'il peut encore nous être utile par ses écrits. Il n'a pas été seulement un modèle pour ses contemporains; il donne encore des leçons aux générations qui l'ont suivi. Defunctus adhuc loquitur. L'ouvrage intitulé: Sacrifice de foi et d'amour au -saint Sacrement de l'autel, indique assez par ce titre quel en est l'objet. I tend à réveiller notre foi et notre amour sur le mystère auguste, et à le lier avec les principales circonstances de la vie du Sauveur et avec ses qualités glorieuses. L'auteur tire de ces circonstances et de ces qualités des motifs nouveaux et variés d'adorer Jésus-Christ dans l'Eucharistie, et il fournit à la piété des fidèles une ample matière d'aspirations et d'hommages. On se lasse quelquefois de trouver dans les livres les mêmes prières; ici elles sont présentées sous différentes faces. JésusChrist y est considéré daus les principales actions de sa vie mortelle, principalement dans sa passion; de sorte, qu'il ne se trouve aucun mystère où les ames chrétiennes ne puissent trouver des motifs d'adoration, de reconnoissance et d'amour. On en doit dire autant de ses qualités, qui forment aussi l'objet le plus fréquent des méditations des personnes accoutumées à cet exercice de la vie spirituelle. A la suite de ces élévations à Dieu, se trouvent d'autres prières pour servir de préparation avant la communion ou d'actions de grâces après l'avoir reçue. Elles sont tirées des Psaumes, et sont appliquées à l'Eucharistie, L'ouvrage est terminé par des élévations à Dieu sur le sacerdoce et le sacrifice de Notre Seigneur, et pour la messe. La même piété a dicté toutes ces effusions d'amour. L'ame fidèle y parle toujours, et toutes les réflexions de l'auteur y sont sous la forme d'aspirations, de protestations, d'actes de foi et de dévouement. Cet ouvrage, souvent réimprimé, parut pour la première fois en 1714. Depuis le P. Gourdan en donna une seconde édition, et l'éditeur estime qu'il y en a eu jusqu'à vingt. Mais il a cru que le style de ce livre s'éloignoit trop du goût actuel, qu'il renfermoit des répétitions, des expressions louches ou incorrectes, des termes hors d'usage, des constructions embarrassées, et il a entrepris de rajeunir cette production, et de la ployer, et aux changemens qui ont pu s'opérer dans la langue, et à la délicatesse un peu exigeante de nos oreilles. Il n'a point épargné les soins pour faire disparoître tout ce qui auroit pu blesser les lecteurs les plus difficiles, et les nombreuses corrections qu'il a faites attestent sa patience, son zèle et son désir de mettre à la portée de tous -un livre qui peut, en effet, être utile aux prêtres et aux simples fidèles. Les uns et les autres y trouveront de quoi nourrir leur piété, soit en célébrant le saint sacrifice, soit en y assistant. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. ROME. S. S. a réuni les deux présidences de l'Annonne et de la Grâce, et en a donné la surintendance à S. E. le cardinal Fabrice Ruffo. L'état où se trouvoit Rome dans ces dernières années, et le systême de vexations de celui qui en avoit usurpé l'empire, avoient empêché les jeunes personnes qui se destinoient à la profession religieuse, d'exécuter leurs pieux désirs. Elles ont recouvré à cet égard leur liberté. Françoise Toruzzi a pris le voile, le 23 janvier, dans le monastère de l'Incarnation du Verbe, Mgr. Odescalchi a fait la cérémonie. Le 30 suivant, S. E. le çardinal Oppizzoni, archevêque de Bologne, a donné l'habit, dans l'église des Carmélites, à Jeanne Philipponi, piémontoise, fille du secrétaire d'intendance du roi CharJes-Emmanuel IV. La veille, la marquise Grimaldi, de Gênes, avoit conduit cette jeune personne au Quirinal, où elle reçut la bénédiction de S. S. Les trois derniers jours du carnaval, il y a eu exposition du saint Sacrement dans l'église de Jésus. Le dimanche, il s'y trouva plusieurs cardinaux. Le P. Pavani, Jésuite, prononça un discours sur l'Eucharistie. Le dernier jour, la bénédiction fut donnée par Mgr. Frattini, vice-gérent de Rome. S. Exc. le sénateur de Rome y assistoit avec ces conservateurs du peuple. Le jour des Cendres, S. S. après avoir célébré la messe, se rendit avec la pompe accoutumée à la chapelle Pauline du Quirinal. Elle étoit accompagnée de seize cardinaux, des prélats et chefs d'ordres. Après l'obédience, elle fit la bénédiction et la distribution des cendres, et assista à la messe solennelle, qui fut chantée par le cardinal di Pietro, grand pénitencier. -S. S. connoissant le mérite distingué du P. Philippe Anfossi, de l'ordre des frères Prêcheurs, l'a nommé, le 30 janvier, pour remplir les fonctions de maître du sacré palais, à la place du P. Pani, que son âge avancé empêche de vaquer aux devoirs de cette place. Le P. Anfossi s'est livré, dès sa jeunesse, à l'étude de la religion, a professé dans son ordre, a publié des ouvrages de théologie, et prêché avec distinction dans les principales villes d'Italie. Il occupe, pendant ce carême, la chaire de Sainte-Marie de la Minerve. - Le mercredi, 8 février, le P. Frédéric de SaintJean, de l'ordre des Capucins, prédicateur apostolique, commença sa station devant S. S. En même temps, le P. Bardani, Dominicain, prêchoit devant la famille |