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publier tout ce qu'il savait sur ce point : « Pour parler, dit-il, de cette victime de la « loi de grâce offerte par Jésus-Christ, et « pour faire comprendre une vérité qui passe l'intelligence humaine, il ne faudrait rien « moins qu'un homme parfait, exercé à ju«ger le bien et le mal, et qui fût en droit de « dire par un pur mouvement de la vérité : « Nous prêchons la sagesse aux PARFAITS (1). <<< Celui dont saint Jean a dit : Voilà l'agneau « de Dieu qui ôte les péchés du monde.... << a servi d'expiation, selon certaines lois

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mystérieuses de l'univers, ayant bien voulu << se soumettre à la mort en vertu de l'a«mour qu'il a pour les hommes, et nous <<< racheter un jour par son sang des mains « de celui qui nous avaient séduits, et auquel nous nous étions vendus par le pé« ché (2).»

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De cette rédemption générale, opérée par le grand sacrifice, Origène passe à ces rédemptions particulières qu'on pourrait appeler diminuées, mais qui tiennent toujours au même principe. « D'autres victimes, dit-il,

(1) I, Cor. II, 6.

(2) Rom. VII, 14.—Orig. opp., tom. IV. Comment. in Evang. Joh. Tom. VI, cap. xxxII, xxxvi, p. 151, 155.

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« se rapprochent de celle-là.... je veux par«<ler des généreux martyrs qui ont aussi « donné leur sang : mais où est le sage pour comprendre ces merveilles; et qui a de l'intelligence pour les pénétrer (1)? Il faut «des recherches profondes pour se former « une idée, même très imparfaite, de la loi en vertu de laquelle ces sortes de victimes purifient ceux pour qui elles sont offertes (2).... Un vain simulacre de cruauté « voudrait s'attacher à l'Etre auquel on les сс offre le salut des hommes; mais un esprit élevé et vigoureux sait repousser les objections qu'on élève contre la Providen«ce, sans exposer néanmoins les derniers « secrets (3) car les jugements de Dieu sont « bien profonds; il est bien difficile de les expliquer; et nombre d'âmes faibles y ont <<< trouvé une occasion de chute : mais enfin

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pour

(1) Osée, XIV, 10.

(2) Les martyrs administrent la rémission des péchés ; leur martyre, à l'exemple de celui de Jésus-Christ, est un baptême où les péchés de plusieurs sont expiés ; et nous pouvons en quelque sorte être rachetés par le sang précieux des martyrs comme par le sang précieux de JesusChrist. (Bossuet, Médit. pour le temps du jubilé, cinquième point; d'après ce même Origène dans l'Exhortation au martyre.)

(5) Ὡς ἀπορρητοτέρων ὄντων καὶ ὑπερ ἀνθρωπίνην φύσιν. (Ibid.)

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<< comme il passe pour constant parmi les << nations qu'un grand nombre d'hommes se « sont livrés volontairement à la mort pour << le salut commun, dans les cas, par exemple, d'épidémies pestilentielles (1), et que <<< l'efficacité de ces dévouements a été recon<<<nue sur la foi même des Ecritures par ce « fidèle Clément, à qui saint Paul a rendu << un si beau témoignage (Phil., IV, 13.), « il faut que celui qui serait tenté de blasphémer des mystères qui passent la portée <<< ordinaire de l'esprit humain, se détermine << à reconnaître dans les martyrs quelque «< chose de différemment semblable.... »

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<< Celui qui tue... un animal venimeux... « a bien mérité sans doute de tous ceux auxquels cette bête aurait pu nuire si elle n'a<< vait pas été tuée....; croyons qu'il arrive << quelque chose de semblable par la mort <<< des très saints martyrs...., qu'elle détruit « des puissances malfaisantes..., et qu'elle << procure à un grand nombre d'hommes des

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(1) Si l'on parcourt l'échelle de l'esprit humain, depuis Origène jusqu'à La Fontaine on verra combien ces idées sont naturelles à l'homme.

L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements.

(Animaux malades de la peste.)

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« secours merveilleux, en vertu d'une cer<<< taine force qui ne peut être nommée (1).»

Les deux rédemptions ne diffèrent donc point en nature, mais seulement en excellence et en résultats, suivant le mérite et la puissance des agens. Je rappellerai à cet égard, ce qui a été dit dans les Entretiens, au sujet de l'intelligence divine et de l'intelligence humaine. Elles ne peuvent différer que comme des figures semblables qui sont toujours telles, quelles que soient leurs différences de dimension.

Contemplons en finissant la plus belle des analogies. L'homme coupable ne pouvait être absous que par le sang des victimes: ce sang étant donc le lien de la réconciliation, l'erreur antique s'était imaginé que les dieux accouraient partout où le sang coulait sur les autels (2); ce que nos premiers docteurs mêmes ne refusaient point de croire en croyant à leur tour que les anges accouraient partout où coulait le véritable sang de la véritable victime (3).

(1) Orig., ubi sup.

(2) Porphyr., de Abst., lib. II, dans la Dem. evang. de Leland, tom. I, ch. v, § 7. (Saint August. de Civit. Dei, X, 11. Orig., adv., Cels. lib. III.)

(5) Chrysost., Hom. III, in Ep. ad Ephes., orat. de Nat. Chr.;.

Par une suite des mêmes idées sur la nature et l'efficacité des sacrifices, les anciens voyaient encore quelque chose de mystérieux dans la communion du corps et du sang des victimes. Elle emportait, suivant eux, le complément du sacrifice et celui de l'unité religieuse; en sorte que, pendant longtemps, les Chrétiens refusèrent de goûter aux viandes immolées, de peur de communier (1).

Mais cette idée universelle de la communion par le sang, quoique viciée dans son application, était néanmoins juste et prophétique dans sa racine, tout comme celle dont elle dérivait.

Il est entré dans les incompréhensibles desseins de l'amour tout-puissant de perpétuer jusqu'à la fin du monde, et par des moyens bien au-dessus de notre faible intelligence, ce même sacrifice, matériellement offert une seule fois pour le salut du genre humain. La chair ayant séparé l'homme du ciel, Dieu

Hom. III, de Incomp. Nat. Dei. — Perpét. de la foi, etc., in-4o, t. I, iv. II, chap. vii, no 1. Tous ces docteurs ont parlé de la réalité du sacrifice, mais nul d'eux plus réellement que saint Augustin lorsqu'il dit: que le Juif, converti au Christianisme, buvait le méme sang qu'il avait verse (sur le Calvaire). Aug. Serm. LXXVII.

(1) Car tous ceux qui participent à une même victime sont un même corps. (I. Cor. X,17.)

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