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cation a suffisamment prouvé que ce fait ne sauroit m'être imputé.

Dans cette même vue de se faire valoir et par suite du même mépris pour la vérité, on dit qu'un officier général napolitain fut envoyé auprès de moi avec la proposition d'opérations combinées, à laquelle je ne lui fis pas de réponse: cet officier arriva en effet, et le lendemain je me transportai au quartier-général de Murat pour concerter avec lui nos futurs mouvemens. Lorsqu'indépendamment de l'impossibilité de laisser entièrement exposé notre point d'embarcation et notre ligne de communication, je lui représentai le grand inconvénient de réunir ses troupes et nos Napolitains, d'où il ne pourroit résulter que la discorde et des plaintes mutuelles, il admit sur-le-champ la validité de la remarque. Il se plaint aussi d'une proclamation de la cour de Sicile, publiée lors du débarquement des troupes. Cette proclamation étoit un ordre du jour donné par le prince héréditaire de Sicile à ses propres troupes. Elle circula à Livourne sans que j'en eusse connoissance. J'accordai dans le temps qu'elle étoit mauvaise; mais l'objection que j'avois déjà faite contre la réunion de troupes de la même nation qui se trouvoient à différens services, étoit une

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preuve qu'un projet de séduction étoit entièrement étranger à mes intentions; et après cette explication, il me semble que le fait n'auroit pas dû être mentionné.

Il est dit dans la note du duc de Campochiaro, que s'il (Murat) n'a pu marcher à des succès plus décisifs, il faut l'attribuer, 1o au retard inattendu qu'ont éprouvé les ratifications de son traité d'alliance avec l'Autriche; 2° à la conduite extraordinaire de lord Bentinck.

Je n'ai rien à dire sur le premier point. Quant au second, par lequel on fait principalement allusion à ma demande d'occuper la Toscane, ou une partie de ce pays (car j'offris d'en laisser fixer l'étendue par les ministres d'Autriche), je veux faire cette réflexion générale, que si Murat avoit été vraiment sincère et de bonne foi, la certitude qu'il n'avoit pas de pardon à espérer de Buonaparte, lui auroit fait embrasser avec empressement toute offre d'assistance, et l'auroit engagé à ne regarder aucun sacrifice trop grand, pourvu qu'il lui assurât la coopération de la Grande-Bretagne. Cependant lorsque j'arrivai à Reggio, il refusa même de consentir à la cession de Livourne, qu'il avoit offerte au lieutenant-colonel Catinelli. Mais pour faire parade de sa bonne volonté, il pro

posa de soumettre la question à la décision de V. S.; mais la sûreté immédiate et les vivres de l'armée étoient la question, et celleci ne permettoit pas de délai; 2o de me donner le commandement militaire de la Toscane, qu'il administroit: mais quel avantage pouvois-je tirer du commandement de troupes qui reconnoissoient une autorité supérieure, et quelle difficulté ne prévis-je pas si j'avois voulu prendre part à son administration civile? Les plaintes des habitans étoient innombrables; 3° de fournir des provisions à l'armée britannique; mais pouvois-je, avec prudence, confier l'existence de l'armée agissante dans les montagnes de Gênes, à la bonne volonté d'un homme dont la mauvaise foi étoit si notoire? Un tel arrangement auroit-il été compatible avec la dignité du gouvernement Britannique ou conforme aux usages des armées alliées, dont les conquêtes étoient en commun et destinées au bien général?

Certainement, je parlai à Murat le langage que sa conduite inexcusable et perfide méritoit; mais je fis le comte de Bellegarde arbitre du différend, et lorsque, dans une seconde conférence à Bologne où je priai sir Robert Wilson d'agir en mon nom, et à laquelle le général russe Balacheff assista, Murat per

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sista dans son refus; je consentis, pour me rendre aux vœux du feld-maréchal Bellegarde, de renoncer à ma prétention, et exprimai ma résolution de quitter sur-le-champ la Toscane, et d'agir partout où je le pourrois avec le plus grand avantage.

Dans les conversations que j'eus avec le feld-maréchal Bellegarde, il exprima sa pleine et entière conviction de la mauvaise foi de Murat. Il reconnut que ma demande étoit parfaitement raisonnable. Il dit que l'évènement le plus heureux pour les alliés seroit le retour de Murat à Naples, et que cette proposition devoit lui avoir été faite par le comte Mier; que les troupes autrichiennes et britanniques agiroient ensemble avec plus d'effet; mais il craignoit, par-dessus tout, que Murat ne se déclarât pour la France, et il préféra toute autre alternative à cette déclaration. Je ne fus nullement d'accord avec le feld-maréchal Bellegarde. Je crois que Murat auroit cédé à nos remontrances fermes et réunies; mais s'il ne le faisoit pas, je pensai que, plutôt la question de sa mauvaise foi fût éclaircie, mieux ce seroit. Il ne nous étoit pas utile comme ami; si la fortune nous tournoit le dos, il auroit causé notre perte comme ennemi. Il me

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sembloit que la question pouvoit être décidée sans faire du tort aux opérations actuelles. Mais que ce fût bien ou mal, toute la négociation ne prit que dix jours, pendant lesquels il ne fut question d'aucun mouvement, et il est clair que ma conduite extraordinaire ne put avoir aucune influence sur les résultats décisifs de la coopération napolitaine.

Ma note au duc de Gallo, dont parle le duc de Campochiaro, fut présentée à Bologne après mon retour de Vérone, parce que sir Robert Wilson avoit représenté qu'une déclaration écrite des assurances verbales données par V.S. satisferoit Murat et le porteroit à agir. Autant que je me rappelle, V. S. avoit ordonné cette communication, que je n'avois pas offerte auparavant, parce que je n'avois aucune raison de croire que Murat l'exigeroit. J'accompagnai ces assurances d'un examen de la conduite qu'il avoit tenue. Je le fis, parce que je vis que les ménagemens ne feroient pas d'impression sur lui, et dans la croyance que s'il hésitoit seulement, une conduite ferme et un langage décidé pourroient le déterminer, enfin dans la vue d'établir alors et de développer officiellement les raisons pour lesquelles les alliés pour

TOME VI.

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