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exécuté avec autant de concert, d'activité et de succès par tous ceux qui l'ont formé, que celui dont les évènemens militaires et politiques des trois derniers mois présentent le développement. On n'a pas attaché un seul instant à l'entreprise de Buonaparte plus d'importance qu'elle n'en méritoit. Les déclarations du 13 mars et du 12 mai expriment aussi bien les dispositions invariables des souverains alliés, qu'une juste appréciation des ressources du perturbateur du repos du monde à son retour de l'île d'Elbe. Personne n'a imaginé de croire que son apparition auroit une influence durable. La paix de l'Europe étoit établie; l'invasion de Buonaparte étoit plutôt un désordre de police, qu'un bouleversement politique de la tranquillité générale; c'étoit la première occasion solennelle où tous les états de l'Europe étoient à même de montrer qu'ils formoient de nouveau un même corps bien uni. Leur ennemi commun, trop foible pour renverser un ouvrage appuyé sur des bases aussi solides, étoit encore assez fort pour causer quelque temps des maux incalculables. C'étoit donc le moment de prouver, par l'énergie des moyens employés par l'Europe contre la dernière tentative de la mettre en feu par une

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trame indigne, que l'alliance de ses souverains seroit durable, et qu'au milieu de discussions épineuses sur le mien et le ticn, et sur les prétentions particulières de chaque individu, l'esprit public des années 1813 et 1814 se conserveroit inaltérablė. Mit

Toute espèce de doute à cet égard a été réfuté pour toujours par les évènemens eux

mêmes.

La politique et la tactique militaire de Napoléon étoient connues; elles consistoient à diviser pour régner, à séparer politiquement ses adversaires par des négociations avec chacun d'eux en particulier, et militairement par des attaques partielles exécutées avec toutes ses forces. Il a été d'autant plus fidèle à ce plan dans sa dernière entreprise, qu'il pouvoit compter sur le concert des siens pour commettre le crime et agir en désespérés, et que celui des princes qui lui étoient opposés, paroissoit plus difficile à conserver parmi tant d'intérêts particuliers, et vu le nombre des nouveaux intéressés.

Ses premières attaques politiques s'adressèrent, comme on l'avoit bien prévu, d'abord à l'Autriche. Dans une situation aussi critique que la sienne, il ne falloit moins pas que la.

défection d'une puissance aussi considérable que l'Autriche pour faire pencher la balanced de son côté. Il a réveillé les sentimens particu liers les plus sacrés, qui avoient déjà été contenus dans de justes bornes dans le grand cœur qu'il avoit dessein d'ébranler par ce moyen. Il a fait entrevoir clairement les avantages immenses qu'auroit offerts pour le moment à l'Autriche une alliance avec lui. Mais toutes ses tentatives furent inutiles. La postérité jugera si l'Autriche a terminé avec dignité une lutte de vingt ans ; si elle s'est écartée un seul instant de la justice et de la scrupuleuse délicatesse de sa politique, qui sont les anciennes colonnes de şon trône, dans un moment où on lui offroit une prépondérance qui n'étoit pas douteuse et que des cabinets peu éclairés regardent ordi nairement comme le but le plus avantageux. La postérité ne pourra éprouver d'incertitude que pour prononcer, si c'est dans la prospérité ou dans les revers que l'Autriche a montré la plus de grandeur d'âme.

On pouvoit militairement s'attendre avec certitude à une attaque concentrée de l'ennemi sur une des ailes du grand théâtre de la guerre, qui s'étendoit depuis les Apennins et les Alpes jusqu'au Bas-Rhin. L'Italie et les Pays-Bas

devoient être naturellement le premier objet de ses opérations. Le monde a vu comment, par une réunion remarquable d'activité politique et militaire, l'Italie lui a échappé, de manière que les Alpes du haut desquelles il croyoit, avec l'appui de son unique allié, pouvoir menacer ses adversaires, sont devenues la partie la plus foible de ses frontières.

Plus il lui étoit difficile de s'éloigner de Paris lorsqu'il fut décidé qu'il devoit renoncer pour toujours à l'Italie, et qu'il devoit borner à la France le théâtre de son usurpation, plus il voyoit invariablement tracé le plan d'opérations qu'il avoit à suivre et qui devoit amener sa perte. Les forces qui menaçoient Paris de plus près devoient, d'après ce plan, être sinon anéanties, du moins considérablement ébranlées.

D'après le premier plan des alliés, trois armées devoient pénétrer en France séparément, mais d'une manière concentrique. Celle du Haut-Rhin, sous le F. M. prince de Schwarzenberg, celle du Bas-Rhin, commandée par le maréchal prince de Blucher, et celle des Pays-Bas, sous le commandement du F. M. duc de Wellington. Les armées russes, qui, suivant les calculs ordinaires, ne pouvoient

cet effet la position de Claviers. Il rencontra le 22 le colonel Aubrien, du régiment d'infanterie de Kerpen, près Cesano, et il tenta de s'emparer de cette position; mais après un combat de quatre heures, il fut repoussé avec beaucoup de perte. Le bataillon des chasseurs de Fenner, sous son brave commandant, le major Pirquet, se distingua de nouveau dans

cette occasion.

Le même jour, l'ennemi s'avança vers Moutiers en Savoie. Pendant que le comte de Bubna passoit le Mont - Cénis, il envoya le général baron de Trenk avec le régiment de Duca sur le petit Saint-Bernard, vers Moutiers. L'ennemi fut forcé d'abandonner cette position, parce que le comte de Bubna envoya dans le même temps une colonne par la montagne sur son flanc droit. L'ennemi avoit fortifié Conflans, et achevé une tête de pont à l'embouchure de l'Arle, dans l'Isère. Cette position, que la nature et l'art rendoient presque inexpugnable, étoit défendue par deux régimens d'infanterie et six cents hommes des gardes nationales. Le général baron de Trenk, qui arriva le 27 à Conflans, se prépara à attaquer le jour suivant. Le général piémontois, comte d'Andézène, qui étoit arrivé près de

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