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l'avance que toutes les chartes mancelles ne sont pas authentiques dès qu'elles sont favorables aux prétentions de l'évêché, l'auteur des Actus, ayant sous la main de ces bons modèles qu'il savait utiliser, eût produit les actes informes, à formules fantaisistes (1), qu'on lui reproche ? Ce serait absurde; il n'en est rien. Il a reproduit simplement ce qu'il trouvait dans les archives, sans ignorer que tout n'était pas parfait, n'eût-il été instruit que par les critiques des moines ses adversaires, et le diplôme de l'an 814 relatif aux originaux perdus. L'accusation portée contre lui est gratuite, et ne tient pas compte des faits qui la rendent absurde.

A priori, l'auteur des Actus a toujours tort; c'est toujours lui qui pille les autres. Il a reproduit un long récit de la découverte et de la translation des corps de saint Benoît et de sainte Scolastique, parce que la possession des reliques de la sainte a déterminé la fondation d'un monastère. Ce morceau n'a rien de lui. Aussitôt qu'on l'aborde et dès la première phrase: Cum gens Longobardorum... on a le sentiment d'un changement de style aussi net et saisissant qu'un changement de décor à vue, et quand notre auteur reprend la plume, on éprouve la même impression. Je l'ai dit et, de concert avec mon confrère, M. l'abbé A. Ledru, j'ai noté les parties de ce récit qui se retrouvent mot pour mot dans celui qu'on attribue généralement au moine Adrevald ; j'ai fait remarquer que ces parties communes aux deux narrations ne different point du reste quand on suit le texte des Actus, tandis que celui d'Adrevald est, en d'autres endroits, beaucoup moins naturel et trahit l'effort d'un littérateur novice qui s'épuise à rechercher l'élégance et les effets de style. Donc, c'est ce littérateur qui modifie l'œuvre primitive en travaillant pour la belle littérature, et j'ai ajouté, pour son couvent. Son héros est le moine Egulfe. C'est lui qui a tout fait, tout trouvé; les Manceaux arrivent quand il n'y a plus qu'à s'en

(1) Actus Pontificum, comparez le præceptum de Childebert, p. 66, et celui de Chilpéric, p. 91, et jugez s'ils sont du même auteur.

aller, et néanmoins, à Fleury, on consent à leur abandonner le corps de sainte Scolastique. Si les choses s'étaient passées selon le récit du moine, ils n'en auraient pas eu seulement un doigt. M. P. Fournier se garde bien de discuter ces arguments. « Mgr Duchesne, dit-il, l'a fort nettement discerné ; pour lui, ce récit des Actus est un remaniement du récit de la Translatio (1)... MM. Busson et Ledru n'hésitent pas à donner la préférence au récit du Mans sur celui de Fleurysur-Loire. » Non, pour ma part, je n'hésite pas ; et j'affirme que ceux qui trouvent plus simple de penser que l'écrivain du Mans a remanié la Translatio, ont lu trop vite et ne semblent pas bien connaître les moines du moyen âge. Abandonner aux Manceaux les reliques de la propre sœur de saint. Benoît retrouvées par un moine! Cela ne se pouvait pas ; cela n'a pas eu lieu. Tenons-nous en au récit des Actus : les Manceaux et le moine ont cherché ensemble, trouvé ensemble, et, malgré cela, c'est encore presqu'un miracle qu'à Fleury on ait pu se mettre d'accord sans de trop grandes difficultés! (2)

(A suivre).

G. BUSSON.

(1) Evidemment, pour M. Fournier, Mgr Duchesne est un grand seigneur; grand seigneur lui-mème, il dédaigne les petites gens. M. Fournier a tort; il s'agit uniquement de savoir lire.

(2) Je remercie mon ami, M. A. Ledru, des remarques dont il accompagne mon travail. Elles fourniront la matière d'un épilogue qui ne sera peut-être pas sans intérêt. Je discuterai les textes, sans négliger les principes et la manière de les appliquer.

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Documents historiques concernant saint Victeur. Saint Victeur arrête miraculeusement un incendie au Mans. Date de sa mort. Il fonde la basilique et le monastère des Douze-Apôtres. Son culte.

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diocèse du Mans sous son vocable.

Églises de l'ancien

Saint Victeur est le premier évêque du Mans rigoureusement historique, c'est-à-dire dont l'existence nous est prouvée par des documents authentiques, soit contemporains, soit rapprochés du temps où il vivait.

On ne sait rien sur ses origines. Il apparaît pour la première fois dans l'histoire au concile d'Angers, tenu le dimanche 4 octobre (2) 453, pour donner un successeur à saint Maurille, mort le 13 septembre. Étaient présents: Léon, de Bourges, Eustochius, de Tours, Victurius, du Mans, Thalassius (le nouvel élu), d'Angers, Chariato, Rumoridus et

(1) Domnus Victurius, Victurus, Victorius, Victor. J'adopte la forme française Victeur qui est en usage au Mans, où se trouve la rue SaintVicteur.

(2) Dom Piolin (Égl. du Mans, t. I, p. 106) dit « le 4 des nones d'octobre, « c'est-à-dire le 12 octobre ». Le 4 des nones correspond ici au 4 octobre.

Viventius (1). Ce concile est le premier de la région dont nous ayons les actes. Ses douze canons de discipline ont trait aux prêtres, aux diacres, aux clercs et au célibat ecclésiastique.

Vers 453, Victurius écrivit, avec les évêques de Tours et de Bourges, une lettre collective à leurs collègues de la III Lyonnaise, relative aux privilèges de l'Église.

Quelques années plus tard, le 18 novembre 461, la fête de la « réception » de saint Martin réunit à Tours neuf évêques. Ceux-ci profitèrent de l'occasion pour prendre des ordonnances au sujet de la discipline ecclésiastique dont ils déploraient la décadence.

Les signataires furent Perpetuus (de Tours), Victurius (du Mans), Eusèbe (de Nantes), Athenius (de Rennes), Léon (de Bourges), Germain (de Rouen), Amandius (de Châlons), Mansuetus, qualifié episcopus Britannorum, enfin Venerandus, aveugle, sans siège indiqué, qui fit signer, en son nom, par un prêtre nommé Jocundinus. L'évêque d'Angers, Thalassius, n'assistait pas au concile; mais on lui en envoya les canons et il y adhéra en ces termes: Thalassius, peccator, hanc definitionem dominorum meorum episcoporum ab ipsis ad me transmissam in civitacula mea relegi, subscripsi et consensi.

Peu après le concile de Tours se tint celui de Vannes à propos de l'ordination de l'évêque Paterne. Deux évêques de la troisième province Victurius, du Mans, et Thalassius,

(1) Voir, en dehors des collections des Conciles: Duchesne, Fastes épiscopaux, II, p. 245; Albert Houtin, Les Origines de l'Église d'Angers, p. 14. — Il ne faut tenir aucun compte des Le Corvaisier, Bondonnet et autres faisant assister saint Victeur, en 444, à un concile indéterminé, célébré dans les Gaules, non plus d'ailleurs que de l'affirmation de dom Piolin (Egl. du Mans, I, 99-101) plaçant le même Victeur, en 451, parmi les signataires des lettres arlésiennes au pape Léon. On rencontre un Victurus parmi ces signataires, mais son siège n'est pas indiqué. A ce sujet, dom Piolin s'emporte contre le P. Longueval qui a le mauvais goût de dire que ce Victurus était évêque d'un siège inconnu, ce qui est pourtant la simple vérité.

SAINT VICTEUR"

ÉVÊQUE DU MANS

(450-490).

SI

Documents historiques concernant saint Victeur. - Saint Victeur arrête miraculeusement un incendie au Mans.Date de sa mort. Il fonde la basilique et le monastère des Douze-Apôtres. Son culte. - Églises de l'ancien diocèse du Mans sous son vocable.

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Saint Victeur est le premier évêque du Mans rigoureusement historique, c'est-à-dire dont l'existence nous est prouvée par des documents authentiques, soit contemporains, soit rapprochés du temps où il vivait.

On ne sait rien sur ses origines. Il apparaît pour la première fois dans l'histoire au concile d'Angers, tenu le dimanche 4 octobre (2) 453, pour donner un successeur à saint Maurille, mort le 13 septembre. Étaient présents: Léon, de Bourges, Eustochius, de Tours, Victurius, du Mans, Thalassius (le nouvel élu), d'Angers, Chariato, Rumoridus et

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(1) Domnus Victurius, Victurus, Victorius, Victor. J'adopte la forme française Victeur qui est en usage au Mans, où se trouve l

Victeur.

(2) Dom Piolin (Égl. du Mans, t. I, p. 106) dit « le 4 d

« c'est-à-dire le 12 octobre ». Le 4 des nones corresr

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