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J'ai péché contre vous seul, ó mon Dieu.

Ce sont les paroles que David adresse au Seigneur' en lui demandant pardon de son adultère avec Bethsabée, et du meurtre commis en la personne d'Urie.

Comment David peut-il dire à Dieu qu'il a péché contre lui seul, tibi soli peccavi; ou comme porte l'original : tibi soli, tibi peccavi? N'avoit-il pas péché contre Urie, qu'il avoit deshonoré et fait mourir ; contre Bethsabée, qu'il avoit séduite et fait tomber dans l'adultère; contre ses braves soldats qu'il avoit fait périr pour envelopper Urie dans leur massacre; contre son peuple qui n'avoit pu voir sans le plus grand scandale, un prophète, un homme si favorisé de Dieu, tomber dans les plus grands crimes?

Les commentateurs ont donné plusieurs réponses à cette difficulté. En voici une nouvelle.

Le mot seul n'emporte pas toujours une exclusion de tous autres.

I des Rois. ch. 21, v. 1. Le grand-prêtre Achimelech dit à David : Quare tu solus, et nullus est tecum? D'où vient que vous venez seul? Il y avoit quelques gens avec lui, comme on le voit par le verset 4; mais beaucoup

' Psal. 50.

moins qu'à son ordinaire; car étant un des premiers officiers de Saül et son gendre, il avoit toujours une suite considérable.

Ecclésiastique, chap. 24. La Sagesse, après avoir dit qu'elle est sortie de la bouche du Très-Haut, et qu'elle est née avant toutes les créatures, ajoute : J'ai fait seule tout le tour du ciel : Gyrum cœli circuivi sola : elle n'exclut pas le père de la bouche duquel elle est sortie.

Matthieu, chap. 4, v. 4. Ce n'est pas le pain seul qui fait vivre l'homme, mais toute parole qui sorte de la bouche de Dieu, c'està-dire tout ce qu'il plaît à Dieu de faire servir de nourriture à l'homme, comme fut la manne dans le désert. Ici le mot seul, joint au pain, n'exclut pas les autres aliments ordinaires.

Matthieu, chap. 24, v. 36. Or personne n'a connoissance de ce jour et de cette heure, non pas même les anges du ciel, mais le Père seul, de die autem illá et horá nemo scit neque Angeli cælorum, nisi solus Pater. Il est certain que Jésus-Christ non-seulement en tant que Dieu, mais encore en tant qu'hommeDieu avoit cette connoissance.

I. Cor, chap. 9, v. 6. Ou moi seul et Barnabé, aut ego solus et Barnabas. Quoique saint Paul se dise seul, saint Barnabé n'est point exclu.

Jude, v. 4. Qui ne veulent point reconnoître Jésus-Christ, notre seul maître, et notre seul Seigneur Solum dominatorem et Dominum nostrum Jesum Christum negantes. Sûrement l'apôtre n'exclut pas le Père céleste et le Saint-Esprit, qui sont avec Jésus-Christ notre maître et notre Seigneur.

Ainsi, quoique David eût péché contre Urie, contre Bethsabée, contre un grand nombre d'Israélites qu'il avoit fait mourir avec Urie, quoiqu'il eût péché contre son peuple qu'il avoit scandalisé, il dit qu'il a péché contre Dieu seul, parce que, pénétré de la plus vive douleur d'avoir offensé Dieu, il ne pensoit qu'à ce souverain Être, oubliant pour ce moment toutes les créatures contre lesquelles il avait aussi péché. .

Vau et serment de David.

v. 1. Souvenez-vous, Seigneur', de David et de toute sa douceur.

2. Souvenez-vous qu'il a juré au Seigneur, et fait ce vœu au Dieu de Jacob.

3. Si j'entre dans le secret de ma maiṣon, si je monte sur le lit qui est préparé pour me coucher;

4. Si je permets à mes yeux de dormir et à mes paupières de sommeiller;

'Ps. 131.

5. Et si je donne aucun repos à mes tempes, jusques à ce que je trouve un. lieu propre pour le Seigneur, et un tabernacle pour Dieu de Jacob.

le

1.Memento, Domine, David, et omnis mansuetudinis ejus.

2. Sicut juravit Domino, votum vovit Deo Jacob.

3.Si introïero in tabernaculum domus meæ, si ascendero in lectum strati mei;

4. Si dedero somnum oculis meis, et palpebris meis dormitationem,

5. Et requiem temporibns meis : donec in, veniam locum Domino, tabernaculum Deo Jacob.

L'objet du serment et du vou de David n'est pas, la détermination de la place du temple, comme quelques-uns l'ont pensé, mais la construction même de cet édifice, ainsi qu'on peut s'en convaincre par le chap. 24 du second livre des Rois, et le 22 du premier des Paralipomènes, où nous voyons ce prince tout occupé du dessein, non de trouver un endroit propre à bâtir cette sainte maison, mais de celui de la construire. Ainsi, au lieu de traduire comme l'on fait ordinairement, jusqu'à ce que j'aie trouvé un lieu pour le Seigneur, on devroit traduire, jusqu'à ce que j'aie édifié une demeure au Seigneur, puisque les termes de l'original sont également

susceptibles de ce sens. David fait donc ici vœu de ne point entrer dans le secret de sa maison, de ne point monter sur le lit qui est préparé pour sa couche, de ne point goûter les douceurs du sommeil, jusqu'à ce qu'il ait construit un temple pour y placer l'arche du Seigneur, qui jusque là avoit été pour ainsi dire errante de lieu en lieu.

Par ce vou, disent les incrédules, David s'engageoit à une chose impossible. Ce prince pouvoit-il ne point entrer dans sa maison, ne point prendre de repos, se priver absolument du sommeil jusqu'à ce qu'il eût bâti un temple au Seigneur, ce qu'il ne pouvoit exécuter que dans un grand espace de temps, puisque Salomon son fils y employa scpt années? Est-il d'un homme sage de faire une promesse qu'on ne peut remplir?

Nous répondons que c'est ici une de ces hyperboles dont toutes les langues sont remplies. Nous en trouvons une dans le livre des Proverbes toute semblable à celle-ci. Le sage veut que, si on a répondu pour son ami, on fasse tout ce qu'on peut pour se décharger de l'obligation qu'on a contractée. Courez de tous côtés, dit-il, hátez-vous et réveillez votre ami; ne laissez point aller vos yeux au sommeil, et que vos paupières ne s'assou. pissent point. Le sage n'exige sûrement pas qu'une caution ne puisse dormir jusqu'à ce

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