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n'y a point d'anciennes versions des auteurs profanes d'où l'on puisse tirer des diversités de leçons. En décuplant les manuscrits de Téet en lui donnant neuf anciennes versions comme au nouveau Testament, on y trouveroit près d'un million de variantes; ainsi non seulement le nouveau Testament n'a pas plus souffert des injures du temps qu'aucun auteur profane, mais au contraire il en a infiniment moins souffert, ce qui n'est pas arrivé sans une attention particulière de la Providence, puisque selon le cours ordinaire des choses il étoit de tous les livres celui où il se devoit glisser le plus de fautes.

Après avoir prouvé la fausseté de la proposition de Grégory, passons-la comme vraie; accordons que les variantes du nouveau Testament sont en plus grand nombre que celles d'aucun auteur profane : les incrédules n'en pourront point tirer d'avantage; pourquoi? parce qu'il ne sera rien arrivé alors que ce qu'on auroit dû naturellement attendre.

Un copiste qui transcrit un livre fait toujours quelque faute par inadvertance; un second qui copie celui-ci en fait d'autres; la même chose arrive à un troisième; ainsi en multipliant les exemplaires d'un ouvrage, on augmente les fautes ou les altérations, et par conséquent les variantes de ce livre; d'où il suit que plus il y a de manuscrits d'un ou

vrage, plus il doit y avoir de variantes : or, de tous les livres qui ont jamais paru, il n'y en a point dont on ait fait tant de copies que du nouveau Testament. Toutes les Eglises, soit de la ville soit de la campagne, répandues dans les trois parties du monde, en avoient un exemplaire: outre cela une infinité de particuliers se procuroient ces saints livres. Il n'en a pas été de même des auteurs profanes dont les ouvrages n'étoient entre les mains que de quelques curieux. Ce que nous disons se prouve par les manuscrits qui nous restent. M. Bentley, si versé dans cette matière, assure que les manuscrits des auteurs profanes ne sont qu'en petit nombre, en comparaison de ceux du nouveau Testament, n'y en ayant peut-être qu'un des premiers contre dix des autres.

Il ne sera pas inutile de donner un exemple de la rareté des manuscrits des auteurs profanes.

Phèdre est un des plus agréables et des plus élégants auteurs latins; il écrivoit sous Tibère. Les exemplaires de ses fablés étoient si rares, même à Rome, que Sénèque, précepteur de Néron, ignoroit que cet excellent livre eût paru; car dans son ouvrage de la Consolation à Polybe, composé sous le règne de Claude, il dit qu'aucun auteur latin n'a travaillé sur les fables d'Esope; c'est pour

quoi il exhorte Polybe à les mettre en latin.

Nous fortifierons ce que nous avons dit dans cet article du suffrage de M. Basnage qui, dans son Histoire des ouvrages des savants, au mois de février 1708, faisant l'extrait du nouveau Testament de M. Mill, assure que les variantes qu'on y voit ne changent pas le sens du texte.

CATALOGUE DES CHRÉTIENS SAVANTS EN HÉBREU DANS L'ÉGLISE LATINE JUSQU'AU CONCILE DE

TRENTE.

Neuvième siècle.

Raban Maur, évêque de Mayence, qui vivoit sous l'empereur Lothaire, savoit l'hébreu, puisqu'il cite dans ses commentaires sur l'Ecriture les notes critiques d'un juif: on sait que ceux de cette nation n'écrivent qu'en hébreu.

Agobard, archevêque de Lyon, a composé -plusieurs ouvrages contre les Juifs, dans l'un idesquels il rapporte les blasphèmes contre Jésus-Christ, qui se lisoient dans leurs livres. ཏིརཱ'' Amolon, successeur d'Agobard dans le siége de Lyon, composa un livre contre les Juifs, dans lequel il rapporte les fables impies qui ise lisoient dans les livres des Juifs contre -Jésus-Christ.

Drathmar, religieux bénédictin, savoit le grec et quelque chose de l'hébreu, comme on le voit par ce qui nous reste de ses ouvrages. Angélôme, moine de Luxeuil, dans ses commentaires sur la Genèse, emploie en plusieurs endroits les traditions des juifs, et y parle comme n'ignorant pas leur langue originale.

Pascase Radbert, outre l'Ecriture et les Pères qu'il étudia à fond, possédoit encore l'Histoire ecclésiastique et les meilleurs auteurs de l'antiquité profane, et avoit joint la science du grec et de l'hébreu à celle de la, langue latine...:

Harmote, abbé de Saint-Gal, fit non-seument de grands progrès dans les sciences en usage au neuvième siècle, mais apprit le grec, l'hébreu et quelque chose de l'arabe. Il fit des commentaires sur plusieurs livres de l'Ecriture suivant l'hébreu.

Dixième siècle.

Remi d'Auxerre a donné dans ses com-mentaires les explications de plusieurs mots hébraïques.

L'auteur anonyme de deux lettres à Vicfride, évêque de Verdun, qu'on croit être un abbé de Montfaucon, savoit fort bien l'hébreu, comme on en juge par la manière lu

mineuse dont il explique beaucoup de termes de cette langue, auxquels il ne semble pas d'autres eussent touché avant lui,

que

Onzième siècle..

Samuel de Maroc, juif converti, composa un petit livre contre les Juifs pour prouver que le Messie étoit venu.

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I'

de

On faisoit à Limoges une étude particulière de la religion et de ce qui y a rapport. On en juge ainsi sur ce qu'Adémar de Chabanois nous apprend des conférences que l'évêque Alduin fit tenir pendant un mois en 1010. Il s'agissoit d'engager les juifs ou à se faire chrétiens ou à sortir de la ville; mais avant d'en venir là, le sage prélat voulut essayer leur faire connoître la vérité. Dans ce dessein, il assembla des docteurs, ou théologiens, doctores divinos, qui dans des disputes réglées convainquirent ces incrédules leurs propres livres, sans pouvoir néanmoins en convertir que trois ou quatre; expressions qui porteroient à conclure qu'au moins quelques-uns de ces théologiens entendoient l'hé-breu, qui est la langue ordinaire en laquelle les Juifs ont l'Ecriture, sainte et les autres livres qui concernent leur religion.

par

Sigon, abbé de Saint-Florent, avoit une

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