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Macrobe, auteur païen ', parmi plusieurs bons mots d'Auguste, qu'il rapporte dans ses Saturnales, nous a conservé celui-ci qui fait si bien connoître la véracité de nos écrivains sacrés.

La mort d'Hérode arriva vers la fin de mars; l'exécution d'Antipater ne l'avoit précédée que de cinq jours, et le massacre des Innocents que de quelques semaines; ces deux événements se touchant de si près, Auguste en apprit la nouvelle en même temps, ce qui occasiona l'union qu'il en fit dans le trait que nous venons de rapporter.

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Les Juifs nous fournissent aussi une preuve de la vérité du récit de saint Matthieu. Le philosophe Celse composa un livre contre la religion chrétienne au commencement du second siècle. Le Juifqui parle dans cet ouvrage, dit que la mère de Jésus étoit une pauvre femme qui gagnoit sa vie à filer; qu'ayant été convaincue d'adultère, elle fut chassée par son époux; qu'après avoir accouché de Jésus, elle se retira en Egypte, où elle l'éleva en cachette.

Le Juif et notre évangéliste s'accordent sur la retraite de Jésus et de sa mère en Egypte; mais ils sont opposés sur la cause de cette

Liv. I, c. 4.

* Liv. I, contre Celse, Nombres 28, 38.

fuite. Le premier en indique une dont la fausseté saute aux yeux rien au contraire n'est si vraisemblable que celle qui est rapportée par le second.

1° Si Marie avoit été convaincue d'adultère, elle auroit été lapidée, suivant la loi du Deuteronome, chap. 4.

2° Il n'étoit pas nécessaire à Marie chassée par son mari de faire un voyage de plus de cent lieues dans lequel il falloit traverser un désert de plusieurs journées, pour s'assurer d'un asile; elle auroit pu le trouver dans la Judée ou dans la Syrie, qui sont voisines de la Galilée.

3° Pourquoi Marie élevoit-elle son enfant en secret? Cette précaution ne marque-t-elle pas que cet enfant étoit suspect à quelque personne puissante qui étoit à craindre même dans un pays éloigné?

Qui étoit cette personne puissante qui menaçoit la vie de son fils, sinon Hérode? Dès que ce prince veut le faire périr, l'ordre de le massacrer est une suite naturelle de cette disposition; mais comme il ne connoissoit point cet enfant en particulier, et qu'il n'est pas facile de discerner les enfants à cet âge, il est à présumer qu'il fit en ce cas ce que font les princes cruels et défiants tel qu'il étoit il enveloppe dans son barbare commandement tous les enfants qui sont nés dans

le même lieu, pour ne pas manquer ce qu'il redoute. Cet ordre inhumain fait fuir Marie en Egypte avec son fils, où elle le tint caché tout le temps que vécut encore Hérode. Voilà donc le Juif qui rend témoignage à la vérité du récit que poursuit saint Matthieu sur le massacre des Innocents.

Ce n'est pas là le seul avantage que nous pouvons tirer de son témoignage. Je demande, pourquoi l'enfant d'une pauvre femme alarmoit-il le roi des Juifs ? On n'en peut donner d'autre raison sinon que sa naissance avoit été acompagnée de quelque chose d'extraordinaire dès lors l'apparition de l'étoile aux mages et celle des anges aux pasteurs deviennent croyables même à ceux qui ne reconnoissent pas l'autorité de nos livres saints.

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Bethleem étoit une petite ville à deux lieues de Jérusalem, dont le territoire ne pouvoit être considérable : nous avons donc été fondés à n'estimer qu'à une centaine ou environ les enfants au-dessous de deux ans qu'Hérode fit massacrer; c'est en effet tout ce qu'il pouvoit naturellement s'en rencontrer dans un aussi petit endroit et ses dépendances; ainsi il faut placer les quatorze mille innocents des Grecs au nombre des fables dont cette nation a toujours aimé à se repaître.

Jésus-Christ est tenté par le démon.

v. I. Alors Jésus fut conduit par l'esprit dans le désert' pour y être tenté du diable. 2. Et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite.

3. Et le tentateur s'approchant de lui, lui dit: Si vous êtes le fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains.

4. Mais Jésus lui répondit: Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu,

5. Le diable alors le transporta dans la ville sainte, et le mettant sur le haut du temple,

6. Il lui dit : Si vous êtes le fils de Dieu, jetez-vous en bas, car il est écrit qu'il a ordonné à ses anges d'avoir soin de vous, et qu'ils vous soutiendront de leurs mains, de peur que vous heurtiez le pied .contre quelque pierre.

7. Jésus lui répondit : Il est écrit aussi : Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. 8. Le diable le transporta encore sur une montagne fort haute, et lui montrant tous les royaumes du monde et la gloire qui les accompagne,

'Saint Matthieu, c. 4.

9.

Il lui dit : Je vous donnerai toutes ces choses si en vous prosternant devant moi vous m'adorez.

10. Mais Jésus lui répondit: Retire-toi, Satan, car il est écrit: Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul.

11. Alors le diable le laissa, et en même les anges s'approchèrent, et ils le ser

temps

voient.

On ne forme point de difficulté contre la première tentation examinons celles que l'on propose contre les deux autres.

Le démon ne put mettre Jésus-Christ sur le haut du temple; il n'auroit pu s'y tenir, puisque, comme nous l'apprend Josèphe ', le toit de ce saint édifice étoit tout couvert de broches d'or très-pointues, afin que les oiseaux ne pussent s'y poser et le salir. Si l'on dit que, conformément à la loi du Deuteronome, il y avoit un parapet autour du toit sur lequel le démon plaça Jésus', on répondra que cette loi ne regardoit que les maisons des particuliers, dont les toits, étant plats et fort fréquentés, auroient occasioné bien des chutes si l'on n'eût pris cette précaution. On n'avoit point de semblables accidents à craindre au sujet du toit du temple,

'Guerre des Juifs, l. 5, c. 14. —2 C. 22, v. 8.

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