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ont pris dans le sens de briser, sans faire attention qu'il signifie aussi battre; celui de tribulis, qu'ils ont regardé comme l'ablatif pluriel de tribula, traineau qu'on rouloit sur les épis afin d'en séparer le blé de la paille, quoiqu'il soit aussi l'ablatif de tribulus, espèce d'épine ou de ronce, ainsi qu'on le voit par l'hébreu et par la version des Septante. Sans recourir à ces textes étrangers, ces auteurs se seroient garantis de l'erreur s'ils eussent observés que la Vulgate joint le terme de deserti à celui de tribulis ; car on dit bien les ronces, les épines du désert, mais jamais on n'a dit les traîneaux du désert.

On ne voit donc dans la conduite de Gédéon ni cruautés ni excès; on n'y aperçoit qu'un châtiment juste et bien mérité.

Dénombrement du peuple d'Israël ordonné par David.

les

« La colère du Seigneur s'alluma encore » contre Israël ', et de là vint que pour » punir il permit que David donnât ordre » que l'on comptât tout ce qu'il y avoit » d'hommes dans Israël et dans Juda. Il dit » donc à Joab, général de son armée

II des Rois, c. 24.

Allez

>> dans toutes les tribus d'Israël, depuis Dan » jusqu'à Bersabée, et faites le dénombrement » du peuple, afin que je sache combien il y >> a d'hommes. Joab répondit au roi Je prie >> le Seigneur votre Dieu de multiplier votre » peuple et même au centuple de ce qu'il est, >> et que mon seigneur et mon roi le voie >> accru de la sorte; mais que prétend faire » mon seigneur par ce nouvel ordre? Néan» moins la volonté du roi l'emporta sur les >> remontrances de Joab et des principaux >> officiers de l'armée. Joab donc partit avec >> eux d'auprès du roi pour faire le dénom>> brement du peuple d'Israël.... Après ce dé» nombrement du peuple, David sentit un >> remords en son cœur, et il dit au Seigneur : » J'ai commis un grand péché dans cette ac» tion; mais je vous prie, Seigneur, d'ôter de >> devant vos yeux l'iniquité de votre servi>>teur, car j'ai fait une très-grande folie. Le » lendemain matin, lorsque David se fut » levé, le Seigneur adressa sa parole à Gad, » prophète et voyant de David, et lui dit : » Allez dire à David: Voici ce que dit le Sei>>> gneur Je vous donne le choix de trois » fléaux que je vous prépare, prenez- celui » que vous voudrez. Gad étant donc venu » vers David, lui dit de la part du Seigneur : >> Ou votre pays sera affligé de la famine pen» dant sept ans, ou vous fuirez durant trois

>> mois devant vos ennemis qui vous pour» suivront, ou la peste sera dans vos états » pendant trois jours. Délibérez donc sur » cela, et voyez ce que vous voulez que je » réponde à celui qui m'a envoyé. David ré» pondit à Gad : Je me vois dans une étrange » extrémité, mais il vaut mieux que je tombe >> entre les mains du Seigneur, puisqu'il est » plein de miséricorde, que dans les mains » des hommes. Le Seigneur donc envoya la » peste dans Israël, depuis le matin de ce >> jour-là jusqu'au temps arrêté, et depuis » Dan jusqu'à Bersabée. Il mourut du peuple » soixante et dix mille personnes. >>

On trouve dans les Paralipomènes quelques circonstances qui ne sont pas rapportées dans le livre des Rois, et par cette raison il est propos de transcrire ici le récit qu'on y fait de cet événement.

à

« Or Satan s'éleva contre Israël', et il ex>> cita David à faire le dénombrement d'Is» raël. David dit donc à Joab et aux pre>> miers d'entre le peuple : Allez et comptez » tout Israël, depuis Bersabée jusqu'à Dan, » et m'en apportez le rôle, afin que je sache » à quoi il se montera. Joab lui répondit : » Je prie le Seigneur de multiplier son » peuple au centuple de ce qu'il est main

I Liv. I, C. 21.

» tenant. Mon seigneur et mon roi, tous ne » sont-ils pas vos serviteurs? pourquoi donc >> recherchez-vous une chose qui sera impu» tée à péché à Israël? Néanmoins le com» mandement du roi l'emporta..... En effet » ce commandement déplut à Dieu, et il fut » cause de la plaie dont Dieu frappa Israël; » mais David dit à Dieu : J'ai commis une » grande faute d'avoir fait faire ce dénombre» ment; je vous prie, Seigneur, d'ôter de de`·» vant vos yeux l'iniquité de votre serviteur, » parce que j'ai fait une folie. Alors le Sei>> gneur parla à Gad, prophète de David, et >> lui dit : Allez trouver David, et dites-lui: » Voici ce que dit le Seigneur : Je vous donne » le choix de trois choses; choisissez celle » que vous voudrez, et je suivrai votre choix. >> Lors donc Gad fut venu trouver Daque » vid, il lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : >> Choisissez celui que vous voudrez de ces » trois fléaux ; ou qu'il y ait une famine >> durant trois ans, ou que vous soyez obligé » de fuir devant vos ennemis durant trois » mois sans pouvoir éviter leur épée, ou que » l'épée du Seigneur soit tirée durant trois

jours, la peste étant dans vos états, et » l'ange du Seigneur tuant les peuples dans » toutes les terres d'Israël. Voyez donc ce que » vous voulez que je réponde à celui qui m'a » envoyé. David répondit à Gad: De quelque

» côté que je me tourne, je me vois pressé >> par de grandes extrémités. Cependant il » m'est plus avantageux de tomber entre les >> mains du Seigneur, sachant qu'il est plein » de miséricorde, que non pas en celles des » hommes. Le Seigneur envoya donc la peste » en Israël, et il mourut soixante-dix mille >> Israélites. »

On ne voit rien de répréhensible dans cette conduite de David, disent les incrédules. Un souverain doit connoître les forces de son royaume; ainsi, bien loin d'être criminel lorsqu'il fait le dénombrement de ses sujets, il remplit une des obligations de son état. Pourquoi donc Dieu punit-il David pour une entreprise qui étoit non-seulement innocente, mais encore un deyoir du trône sur lequel il l'avoit placé lui-même ?

Réponse. Une action innocente, une action même bonne est condamnable aux yeux de Dieu si le motif en est criminel. Que tel ait été celui de David dans le dénombrement qu'il ordonna; que l'orgueil seul lui ait inspiré ce dessein, c'est de quoi l'on ne peut douter.

Ce prince jouissoit d'une profonde paix; ses peuples soumis, ses ennemis vaincus ne lui laissoient rien à craindre ni au dedans ni au-dehors de son royaume. Ainsi il n'étoit pas nécessaire qu'il se précautionnât, par la

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