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ressante d'un bout à l'autre, son étendue nous interdit de la citer en entier. En voici les passages principaux :

« Le Board a toujours eu l'intention que les teachers, dans leur enseignement, présentent la religion chrétienne telle qu'elle nous est révélée par la Bible. Tout en vous basant sur le syllabus qui vous est communiqué annuellement, vous êtes libres d'y ajouter d'autres passages de la Bible qui peuvent donner aux principes de la religion chrétienne plus de clarté et de force. Ces principes impliquent la croyance en Dieu le Père comme notre Créateur, en Dieu le Fils comme notre Rédempteur, et en Dieu le SaintEsprit comme notre Sanctificateur. »

« Le Board ne peut approuver aucun enseignement qui nie soit la nature divine, soit la nature humaine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ou qui laisse dans les esprits des enfants une impression autre que la suivante : à savoir qu'ils sont tenus d'avoir confiance en Lui et de Le servir comme leur Dieu et comme leur Seigneur. »>

« ....Si parmi vous se trouvent des personnes qui ne peuvent en conscience donner l'enseignement biblique dans cet esprit, des mesures seront prises pour que, sans porter atteinte à leur situation comme teachers du Board, ils soient dispensés du devoir de donner l'enseignement religieux. >>

« Les opinions religieuses des candidats ne peuvent en aucune façon avoir d'influence sur leur nomination ou leur avancement et ils ne pourront être soumis à aucune question à propos de leurs croyances religieuses'.

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A côté de ces deux mesures principales, il convient de signaler un certain nombre d'actes du Board qui, tout en étant en apparence étrangers à la question religieuse, n'en ont pas moins avec celle-ci d'étroites relations.

Ces actes, qui sont de nature diverse, ont ceci de commun que, sous prétexte d'économie, ils tendent à entraver les progrès des Board Schools et à favoriser par contre les Voluntary Schools. Il nous est impossible de faire entrer dans le cadre restreint de ce travail l'énumération de tous ces actes, et surtout l'analyse des discussions que leur interprétation a soulevées. La plupart des modérés se sont en effet défendus de toute pensée d'hostilité à l'égard des Board Schools et ont prétendu que leur administration était à la fois plus économique et plus efficace que celle de leurs adversaires. Mais, à notre avis, malgré l'argumentation subtile et incontestablement habile de

1. En outre, pour accentuer encore sa politique, M. Riley proposa et fit accepter par le Scripture Sub-Comittee l'insertion dans le Syllabus de quelques-uns des passages les plus discutés de la Bible, ceux sur lesquels reposent les doctrines -spéciales aux Églises catholiques, notamment la confession auriculaire et certains sacrements.

M. Diggle, les progressistes, particulièrement par la plume de M. Stanley', ont parfaitement prouvé les allégations suivantes :

La majorité du Board a fait la guerre aux Board Schools, qu'elle était chargée de défendre, de quatre manières : 1o en ne construisant pas des écoles là où le besoin s'en faisait sentir, ce qui a amené l'encombrement des écoles existantes; 2o en maintenant le nombre des teachers au-dessous du chiffre nécessaire aux besoins du service; 3o en refusant aux écoles quelques améliorations peu coûteuses et réellement utiles; 4° en négligeant complètement les cours du soir destinés aux jeunes gens déjà sortis des écoles.

Les modérés se sont en outre rendus coupables d'un acte répréhensible, qui, paraît-il, a été commis en sens inverse par une majorité progressiste au London County Council. Par suite d'une disposition bizarre et dont nous ne comprenons pas bien la nécessité, le School Board, une fois élu, remplit les vacances qui viennent à se produire parmi ses membres par cooptation. Deux sièges progressistes étant devenus vacants, les modérés, pour renforcer leur majorité déjà cependant assez forte, ont coopté deux personnes partageant leurs opinions.

Telles furent, dans leurs grandes lignes, les idées et la politique des modérés dans le Board. Il est aisé de voir en mettant en regard les doctrines des progressistes qu'un conflit aigu était inévitable.

IV

Les progressistes, en effet, sont en opposition avec les modérés sur un très grand nombre de sujets, et, ce qui a certainement été pour beaucoup dans la violence de la discussion, cette opposition provient

1. V. supra, op. cit., et aussi « The case against Diggliem

2. Nous pouvons citer à ce propos les faits suivants. Le Board refuse d'approuver l'achat de savon fait pour débarbouiller les enfants d'une école située dans la partie la plus misérable de Londres. Il refuse d'autoriser une dépense de quelques livres à l'effet d'établir un lavabo dans une autre école. Pour ceux qui connaissent l'état de misère et de saleté dans lequel croupissent des quartiers entiers de Londres, ces faits sont tout bonnement monstrueux. Il refusa également de chauffer certaines écoles. Il refusa d'autoriser l'achat de pianos, prétendant que les enfants des pauvres gens n'ont pas besoin d'apprendre la musique. Les pianos étaient destinés à accompagner les chants et à marquer le rythme dans les exercices de gymnastique d'ensemble. Plusieurs School Boards ont fait l'acquisition de pianos dans ce but et s'en sont très bien trouvės. Par suite de la disposition des Board Schools de Londres, un seul piano aurait pu servir à un très grand nombre d'enfants et la dépense n'aurait pas été très élevée. Le Board refuse aussi pour certaines écoles les objets d'ameublement les plus élémentaires, tels que des armoires destinées à renfermer certaines pièces délicates du matériel scolaire.

de conceptions différentes sur les points les plus sensibles des croyances humaines, ceux sur lesquels les hommes aiment le moins à être contredits. Les modérés sont des hommes de foi, ils ont des idées bien arrêtées qu'ils croient, sinon révélées par la divinité, au moins découlant directement de la révélation divine; et l'affirmation d'idées contraires aux leurs en même temps qu'elle est une atteinte portée à leur orgueil, doit leur paraître quelque peu injurieuse à l'égard de Dieu et attentatoire aux seuls et vrais principes qui doivent guider la vie humaine. Les progressistes sont, en réalité, à peu d'exceptions près, des libres penseurs. Le gros du parti se compose en effet de non-conformistes partisans du libre examen et de la libre interprétation de la Bible, et d'un certain nombre de membres à croyances religieuses assez vagues, disposés à respecter toutes les opinions, ce qui est un signe évident qu'ils admettent la liberté en cette matière. Il y a aussi parmi les progressistes quelques Anglicans et quelques Catholiques, mais ils sont en fort petit nombre.

L'énorme majorité du parti est d'avis que l'instruction des enfants doit être religieuse. Les non-conformistes pensent que la Bible est un livre admirable et que, librement interprétée, elle a une valeur éducative considérable. Les hommes à convictions religieuses flottantes, dont il y a en Angleterre un très grand nombre, croient que la morale gagne beaucoup à être basée sur un enseignement religieux. Pour eux, Dieu remplit le rôle d'une espèce de gendarme ou de croquemitaine céleste, très supérieur à un policeman terrestre, parce qu'il a un effet préventif bien plus puissant. Quant aux agnostiques proprement dits et aux partisans de l'éducation laïque, généralement, comme nous l'avons dit, ils gardent pour eux leurs opinions et n'essaient pas de les faire passer dans la pratique, car ils savent qu'ils n'auraient pas la plus petite chance de réussir.

Mais tous ces hommes ont un point commun: ils ont horreur de l'instruction religieuse « définie ». Tous la repoussent parce qu'ils ne veulent pas enseigner une religion particulière aux frais de tous les contribuables ni embarrasser les cervelles des enfants de subtilités théologiques qu'ils sont incapables de comprendre. Plus spécialement, les non-conformistes ne veulent pas de l'instruction religieuse « définie » parce que c'est l'introduction dans les écoles de dogmes abhorrés et d'un esprit radicalement différent du leur. Les hommes à conviction religieuse indéterminée la rejettent parce que, suivant eux, c'est mélanger à des vérités plus ou moins incontestables un certain nombre d'inventions cléricales. Enfin, le petit groupe des progressistes anglicans ou catholiques y est opposé parce que, chose rare chez les gens religieux, il a souci de respecter avant tout la parole

biblique ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit. Ils ne veulent pas qu'on enseigne aux enfants appartenant à leurs cultes des dogmes étrangers et ils ne veulent pas non plus la réciproque. En outre, un certain nombre est d'avis que l'enseignement religieux est mieux donné par des prêtres, et qu'il vaut mieux ne pas en donner du tout dans les écoles.

Pour les progressistes, les compromis de 1870 et de 1871 ne sont pas une solution logique et idéale de la difficulté religieuse, mais ils prétendent qu'ils sont la seule solution pratiquement possible et que en fait ils ont bien fonctionné. Ils s'appuient victorieusement sur ce fait que le Board n'a jamais reçu de plaintes de parents ayant leurs enfants dans les Board Schools et que les plaintes qui ont été faites émanent de gens riches faisant élever leurs enfants dans des écoles privées où l'instruction religieuse est complètement négligée. Ils prétendent également que, si des abus se sont produits au point de vue religieux dans les Board Schools, ils ont été commis en faveur de l'Église établie.

Ils s'élèvent avec vigueur contre la tentative des modérés de vouloir définir la religion chrétienne et prétendent que le Board n'est pas compétent pour s'occuper de questions de théologie. Ils protestent surtout avec la dernière énergie contre la circulaire qui, en même temps qu'elle contient des définitions théologiques, impose un test aux teachers.

Ils font ressortir tous les inconvénients de cette circulaire. Ce qu'un Board a fait, un autre peut le défaire. L'enseignement défini d'une certaine façon par la majorité actuelle peut l'être d'une autre façon par la majorité future. Et les teachers, quelle situation leur est faite? D'une façon générale, la circulaire est une preuve de défiance envers eux tous, et pour ceux qui ne partagent pas les doctrines qui y sont énoncées, c'est une prime à l'hypocrisie et un instrument de persécution. Sans doute il est dit que les opinions religieuses des teachers n'influeront en rien sur leur nomination et leur avancement, mais on voit comment les choses se passent dans la pratique. M. Coxhead, par exemple, en sa qualité de président du Scripture Sub-Committee, a posé à un candidat pour un poste d'instituteur en chef les questions suivantes : « Avez-vous l'intention de donner l'instruction biblique suivant les règlements du Board? Faites-vous partie du Metropolitan Board Teachers Association?' » Après quoi M. Coxhead a ajouté : « Je désire donner mon vote aux teachers qui sont capables de donner

1. Société comprenant presque tous les teachers au service du Board et foncièrement hostile à la politique de la majorité.

A. TOME X. — 1895.

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l'instruction religieuse conformément aux règlements du Board ». Dans le School Management Committee, un membre a dit à M. Headlam en parlant des teachers: « Si quelques-uns de vos radicaux athéistes demandent à être dispensés de l'instruction religieuse, nous nous souviendrons d'eux quand ils demanderont de l'avancement ».

Il a

Et, qu'espérer pour le futur, si le parti rileyite conserve encore la majorité? M. Riley n'a-t-il pas écrit au Church Times: « C'est seulement en envoyant au Board des hommes qui ne veulent pas de compromis, mais qui veulent défendre les intérêts de l'Église, que nous pouvons avoir l'espérance d'effectuer des réformes durables ». écrit à la Pall Mall Gazette: « Aussi longtemps que le Board fait profession d'enseigner les principes de la religion, il doit avoir une épreuve religieuse pour ceux qui enseignent la religion, juste comme il a une épreuve de couture pour ceux qui enseignent à coudre ». Le West London Chronicle, organe du parti anglican, a publié ces lignes « En tant que Churchmen, nous admettons franchement que notre intention est de ne pas nous borner à la publication de la circulaire notre but est d'obtenir l'enseignement anglican pour les enfants anglicans et par des teachers anglicans, et nous ne serons satisfaits que lorsque nous aurons atteint ce but ».

Il y a donc lieu de prévoir, après la circulaire, un nouveau pas fait en arrière, et cela est une raison de plus pour couper le mal dans sa racine. Les progressistes sont d'autant plus portés à agir dans ce sens que, même en faisant abstraction de la question religieuse, leurs idées, en matière d'éducation, diffèrent profondément de celles de leurs adversaires. Ils sont d'avis que l'éducation donnée aux classes pauvres doit être la plus complète et la plus étendue possible, au contraire des modérés qui, ainsi que tous les partis rétrogrades, désirent conserver les pauvres gens dans l'ignorance afin de les dominer plus facilement. Les progressistes pensent que dans le budget des États ou des corps administratifs modernes, le chapitre de l'éducation est le plus important, celui sur lequel on doit être le plus libéral. Ils croient qu'il vaut mieux imposer les gens riches quelques pence de plus à la livre et procurer à ceux qui souffrent et qui sont pauvres le levier le plus puissant qu'ils puissent mettre en œuvre pour sortir de leur

misérable condition : l'éducation.

V

Après cet exposé, il est facile de comprendre la violence et la longueur de la lutte qui sévit au Victoria Embankement.

Du 2 février 1893, époque à laquelle commença la discussion des

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