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centricités. Son cœuvre privilégiée de l'année, la Cagnotte, comédie-vaudeville en cinq actes de MM. E. Labiche et Delacour (22 février)', n'a pas compté moins de cent vingt représentations consécutives. Les pièces légères qui l'ont précédée, accompagnée, ou suivie, sont: Monsieur Boude, vaudeville en un acte de M. Delacour (6 février); Fallait pas qu'il y aille, à propos en un acte de MM. Clairville et Siraudin (6 février); la Maison rouge, vaudeville en un acte de M. C. Newil (22 mai); Une femme qui bat son gendre, comédie-vaudeville en un acte de MM. Varin et Delaporte (18 juin); l'Avocat des Dames, comédie-vaudeville en un acte de MM. Raymond Deslandes et Rimbaut (18 juin); Vermout et Fille-de-l'Air ou les courses de la Fertésous-Jouare, fantaisie hippique (18 juin); la Leçon de chant, bouffonnerie de M. Bourget, musique de M. J. Offenbach (28 juin); les Femmes sérieuses, comédie en trois actes de MM. Siraudin, Delacour et Blum (2 juillet); les Ficelles de Montempoivre, comédie-vaudeville en trois actes de MM. Varin et Delaporte (27 août); Eh! Lambert! à propos en un acte de MM. Lambert, frères (27 août); un Tailleur pour Dames, comédie-vaudeville en un acte de M. Jules Renard (9 novembre); les Pommes du voisin, comédie en trois actes et quatre tableaux de M. Victorien Sardou : cette pièce, comme beaucoup d'œuvres précédentes du même auteur, a été le prétexte de nouvelles accusations de plagiat (15 octobre); Histoire d'une patrouille, comédie-vaudeville

1. Acteurs principaux: MM. Geoffroy, Chambourcy: Brasseur, Colladan: Luguet, Cocaret; Lheritier, Corden bois: Pellerin, Béchut : Lassouche, Sylvain; — Mmes Thierret, Léonida; Damain, Blanche ; Blanche, une fruitière.

2. Une œuvre de M. Sardou, née sur un théâtre secondaire littérairement, ne peut guère s'accommoder du régime d'énumération sèche auquel nous condamnons ici le Palais-Royal. Voici les quelques lignes que nous avons consacrées aux Pommes du Voisin, dans une revue plus complète du théâtre.

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« Le titre est extrêmement joli; c'est une étiquette ingénieuse assez

en un acte de MM. A. Monnier et E. Martin (24 décembre); le Photographe, comédie-vaudeville en un acte de MM. Meilhac et L. Halévy (24 décembre).

Les Folies-Dramatiques tiennent une grande place, an moins pour le nombre, dans les nouveautés de l'année. Leur exhibition principale est le Grand Journal, pièce en 4 actes et 10 tableaux de MM. H. Thierry et E. Blum: exhibition de calembours, de plaisanteries risquées, de femmes à l'avenant, et de brillants décors. Une dizaine de vaudevilles en un acte que nous négligeons de mentionner, signés pourtant de noms plus ou moins connus, s'entremêlent à des pièces plus longues que voici le Carnaval des canotiers, vaudeville en quatre actes de MM. de Jallais et A. Dupeuty (25 janvier); les Cochers de Paris, pièce populaire en trois actes et quatre tableaux de MM. Pol Mercier et Léon Morand (25 février); la Fleur des pois, vaudeville en quatre actes de

bien trouvée pour faire passer une marchandise nécessairement peu nouvelle. Les pommes du voisin, c'est naturellement la femme d'autrui, que la loi, la morale et l'amour-propre ou la jalousie, défendent de leur mieux contre nos convoitises. Mais quels que soient les dragons qui veillent aux portes du jardin des Hespérides, l'attrait du fruit défendu est tel, que les plus timides, à un moment donné, se hasardent à passer par dessus la muraille. C'est ce que fait le héros de M. Sardou, un avocat candide et assez niais, en passe de devenir substitut et mari d'une jeune veuve. La gourme de la jeunesse que cet homme grave n'a pas jetée en son temps, lui vient tard et n'est que plus désastreuse. Il fait toutes sortes de folies, tombe dans mille aventures grotesques et terribles, s'en échappe, en y laissant toutes ses plumes, et perd à la fois ses droits à une place dans la magistrature et dans le cœur de la belle veuve.

« M. Sardou a tiré cette folie à outrance d'une nouvelle de Charles de Bernard, une Aventure de Magistrat, qui était déjà très-amusante. On se rappelle les petits ou gros emprunts, qui ont été faits à ses devanciers par l'auteur de Nos Intimes et tout le bruit de certaines accusations de plagiat; c'est ce qui a fait dire au chroniqueur si populaire du Petit Journal, à Timothée Trimm, c'est-à-dire à M. Léo Lespès, que M. Sardou est l'homme du monde le mieux autorisé pour parler des pommes du voisin, grâce à l'habitude qu'il a de. les cueillir. » (Revue Française du 1er novembre. Mouvement dramatique.)

M. H. de Juckau (26 mars); Thérèse Lambert, vaudeville en deux actes de M. Naquet (15 avril); le Mari d'une demoiselle, vaudeville en trois actes de M. A. Masquillier (21 avril); les Calicots, vaudeville en trois actes de MM. H. Thierry et Paul Avenel (23 mai); Lord Kincester, comédie-vaudeville en un acte de M. Laurencin (31 octobre).

Bornons-nous à mentionner, sur le théâtre Déjazet, ordinairement plus fécond: le Dégel, vaudeville en trois actes de M. V. Sardou (12 avril); le Petit Journal, vaudeville en quatre actes et douze tableaux de MM. de Jallais et Najé (20 octobre); et le Refrain du bonheur, vaudeville en deux actes de MM. Vauvert et Leriche (18 décembre).

Des nouveaux théâtres que semblait promettre en foule la liberté d'exploitation dramatique, nous n'en avons qu'un à citer, le théâtre Saint-Germain, café concert du quartier latin, transformé en salle de spectacle pour le malheur de ses actionnaires. Pendant ses premières semaines, signalées par des désastres financiers, on a joué avec des opéras-comiques ou bouffes, deux vaudevilles en un acte, le Libre échange, de M. J. Frenet (24 novembre), et Un brigand comme on en voit peu, de M. Lemonnier (1er décembre). Il faut plus de temps pour juger des effets commerciaux et littéraires de la nouvelle loi et de l'influence de la multiplication des petits théâtres sur le goût du public et le talent des auteurs.

Nous devons, pour en finir avec le théâtre, enregistrer ici les librettos et poëmes, qui se sont produits sur nos principales scènes lyriques. La disparition de l'Année musicale, dont l'auteur est mort à la peine, a rendu à l'Année littéraire le soin de marquer au moins la date d'œuvres dramatiques souvent plus importantes que nos vaudevilles, nos comédies on nos drames. Mais je ne puis donner qu'une ligne de sou

venir là où le regrettable Scudo aurait consacré de belles pages d'études.

L'Opéra est toujours d'une sobriété excessive en fait de nouveautés. Deux ballets, la Maschera, en trois actes, de MM. de Saint-Georges et Rota, musique de M. Giorza (19 février); Néméa ou l'Amour vengé, en deux actes, de MM. L. Halévy et Saint-Léon, musique de M. Minkous (11 juillet) voilà pour la danse; deux opéras, le Docteur Magnus, en un acte, de MM. Cormon et Carré, musique de M. Boulanger (9 mars); Roland à Roncevaux, en quatre actes, paroles et musique de M. A. Mermet (3 octobre): voilà pour la musique chantée.

L'Opéra-Comique a donné un peu plus de besogne aux paroliers; nous y trouvons trois opéras en trois actes et trois de moindres dimensions: la Fiancée du roi de Garbe, en trois actes et six tableaux, de M. de Saint-Georges, musique de M. Auber (11 janvier); Lara, en trois actes, de MM. Cormon et Carré, musique de M. A. Maillard (20 mars); Sylvie, en un acte, de MM. Adenis et Rostaing, musique de M. Guiraud (11 mai); les Absents, en un acte, de M. Alph. Daudet, musique de M. Poise (26 octobre); le Trésor de Pierrot, en deux actes, de MM. Cormon et Trianon, musique de M. E. Gautier (5 novembre); le Capitaine Henriot, en trois actes, de MM. G. Vaëz et Victor Sardou, musique de M. Gevaert (29 décembre).

Au Théâtre-Lyrique, nous ne trouvons qu'un livret nouveau important, celui de Mireille, opéra-comique en cinq actes, de M. Carré, d'après le poëme de M. F. Mistral, musique de M. Gounod (19 mars). Ajoutons-y trois opéras en un acte, l'Alcade, de M. E. Thierry, musique de M. Uzépy, Bégayements d'amour, de MM. Najac et Deulin, musique de M. A. Grisar, et le Cousin Babylas, de M. Caspers, et il ne nous restera plus, au lieu de nouveautés, que des arran

gements de célèbres partitions italiennes, Norma, Don Pasquale et Violetta.

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Conséquence de la liberté des théâtres. La Société Parisienne.

Un fait de l'histoire dramatique de 1864, qui a été plus remarqué que le succès ou l'échec de telle ou telle pièce, est la constitution d'une grande société financière pour l'exploitation d'un certain nombre de théâtres. On l'a appelée d'abord la Société Nantaise, à cause de l'origine de ses capitaux, puis elle a pris le nom de Société Parisienne. Elle réunit d'abord sous une même administration trois grands théâtres de drame, la Gaîté, la Porte-Saint-Martin et le Châtelet; elle a recueilli, au commencement de 1865, la succession difficile du Vaudeville. On parlait en même temps de l'adjonction prochaine d'une nouvelle scène à cette grande entreprise de direction dramatique, et l'on entrevoyait dès lors le jour où tous les anciens théâtres de Paris, les scènes subventionnées exceptées, seraient réunis dans une même main.

Cette concentration fait pousser des cris de terreur et soulève des protestations inutiles. Grâce à la liberté de l'exploitation dramatique, promulguée sous le nom de liberté des théâtres, la loi protége toutes les entreprises qu'elle ne proscrit pas. Elle n'a pas prévu les conséquences de semblables accaparements, et ce n'est plus au pouvoir qu'il faut recourir pour les combattre, si elles sont fâcheuses. Il faut s'armer de la loi même qui les rend possibles, et chercher dans la liberté le remède contre les maux de la liberté. Mettons les choses au pis supposons que, grâce à l'association des capitaux, le théâtre perde sa liberté plus vite qu'il ne l'avait retrouvée; supposons que les auteurs, les

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