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Revenant au midi, il constate l'existence des sociétés savantes du royaume d'Italie. La réunion des divers États de la péninsule en un seul est trop récente pour avoir altéré l'indépendance littéraire et scientifique des anciens duchés. Florence, Parme, Modène, Naples, Gênes, Turin, Milan et une foule d'autres villes sont encore fières de leurs académies et espèrent leur conserver l'originalité au sein de la grande unité italienne. Rome, qui a aussi ses illustres sociétés, n'est pas un centre intellectuel pour le pays dont elle doit être un jour la capitale politique. Le comte A. d'Héricourt termine par la revue des sociétés savantes de l'Espagne et du Portugal cet intéressant tableau de l'organisation littéraire et scientifique de l'Europe.

L'Annuaire des sociétés savantes nous conduit plus loin et ne néglige aucune des parties du monde. En Afrique, nous trouvons, à part les provinces françaises de l'Algérie, le gouvernement du Cap, avec trois sociétés à Cap Town. L'Égypte en a, entre autres, une très-importante, l'Institut Égyptien. L'Ile Maurice, l'île de la Réunion, l'île Ste-Hélène ont aussi leurs académies, publient leurs annales, leurs transactions. L'Amérique surtout se montre plus riche qu'on ne pourrait s'y attendre en institutions littéraires et scientifiques. Le comte A. d'Héricourt passe en revue chacun des États-Unis de l'Amérique du Nord, fédéraux ou confédérés, et nous dit l'organisation des sociétés savantes des grandes cités comme Washington, Boston, New-York, Philadelphie, New-Haven, et des villes à peine nées d'hier comme San Francisco, en Californie.

A côté des États-Unis, l'Annuaire des sociétés savantes fait place à ces grands territoires que la confédération de Washington menace de s'annexer au premier jour, le Canada et le Mexique. Dans la première de ces contrées nous pourrions nous croire encore en France en voyant la Société historique ou l'Institut canadien ne nous offrir, dans son personnel, que des noms français. A Mexico la société de

géographie et de statistique avec ses Socios de numéro, honorarios, corresponsales, ne nous rappelle que l'Espagne. Rien n'y trahit l'influence de la France, et encore moins du gouvernement allemand de Maximilien; au contraire les relations intimes de la Société mexicaine avec l'Institut de Washington marquent le mouvement qui tend à rapprocher le Mexique de la grande république américaine. La mention des sociétés savantes de l'Amérique du Sud achève de nous donner la mesure des préoccupations littéraires ou scientifiques au nouveau monde.

Le vieux monde, dans l'extrême Orient, ne nous offre guère que des sociétés savantes de formation anglaise. Il y a un Société asiatique de Chine à Hong-Kong. Il y en a une autre à Shang-haï, sans compter une Société littéraire dans la même ville et une Société scientifique à Macao. Mais c'est surtout dans l'Indoustan que l'activité scientifique des Anglais se donne carrière. Il y a à Bombay, à Calcutta des Sociétés asiatiques, géographiques, historiques, scientifiques, qui rivalisent d'importance avec les grandes académies de l'Europe.

L'Océanie nous montre aussi le génie anglais organisant les recherches scientifiques et géographiques dans des régions à peine occupées. Il y a un Institut de l'Australie méridionale à l'Adélaïde avec une Société des Arts, des expositions de peinture et des lectures publiques; il y a une Société royale d'acclimatation à Melbourne, sans compter une Société géologique et une Société sténographique. Il y a quatre Sociétés savantes à Sidney; il y a un Institut philosophique à Auckland, dans la Nouvelle-Zélande; il y a enfin une Société royale pour l'avancement des sciences à Hobert-Town, dans la terre de Van Diemen. Les Hollandais ne font pas davantage à Batavia, où leur Société des arts et des sciences est la plus ancienne de cette partie du monde.

Voilà le curieux et intéressant spectacle que nous offre

l'Annuaire des sociétés savantes du comte Achmet d'Héricourt; on pourrait l'appeler justement le code de l'organisation littéraire et scientifique du monde. Les nombreux renseignements qu'il contient offrent à l'esprit de chacun un sujet de réflexion sur la direction du mouvement intellectuel moderne et sur les relations des progrès de la science avec la marche de la civilisation.

JOURNAUX ET RECUEILS PÉRIODIQUES.

Classification des recueils périodiques au point de vue littéraire. Tableau de ces recueils au commencement de l'année 1865.

Grâce à la facilité avec laquelle les journaux et revues naissent et meurent, les tableaux que l'on dresse de l'état des recueils périodiques d'une année deviennent inexacts l'année suivante, et au bout d'un temps plus long les modifications successives ont été telles que les cadres sont presque entièrement renouvelés. Aussi, au lieu d'indiquer les derniers changements survenus, nous trouvons plus utile de présenter à nouveau dans son ensemble, l'état des journaux, revues et publications périodiques de Paris, aux premiers jours de l'année 1865.

Nous prenons pour guide le Catalogue publié en 1864 par M. Reinwald et nous le complétons à l'aide de catalogues plus récents et de la liste générale publiée par l'Annuaire almanach de Didot-Bottin pour 1865. Nous y ajoutons quelques indications recueillies directement sur les derniers venus des diverses catégories, auxquelles le but spécial de l'Année littéraire nous force de nous restreindre.

Nous ne pouvons en effet donner place ici à un assez grand nombre de séries de recueils périodiques entièrement étrangers aux études littéraires. Nous devons laisser de côté les organes spéciaux des sciences particulières telles que les mathématiques, la physique, la chimie, l'histoire naturelle, la médecine, puis les journaux d'industrie, de technologie,

d'agriculture. Ces recueils non littéraires entrent cependant pour une grande partie dans le mouvement de la presse périodique. Ainsi la médecine seule, dans ses différentes branches, compte près de soixante journaux ou revues; la technologie en compte un peu plus encore. Chaque division de la science ou de l'industrie, chacun des arts, chaque métier, a ses gazettes, ses journaux, ses revues, ses moniteurs. Ce dernier titre est un des plus en faveur. Il y a le Moniteur de la Carrosserie, le Moniteur de l'Ameublement, le Moniteur de la Cordonnerie, etc. On n'attend pas de nous que nous passions en revue toute cette armée d'un journalisme qui ne s'adresse qu'à un public d'intéressés ou d'initiés.

Le nombre des journaux, revues et recueils périodiques publiés à Paris s'élève, au commencement de 1865, à sept cent cinquante environ. C'est à peu près trois fois de plus qu'à Berlin, où l'on en comptait deux cent dix à la même époque. Il est vrai qu'en Allemagne, une capitale n'absorbe pas, comme chez nous, toute l'activité littéraire ou artistique, et que chaque petite ville a non-seulement sa feuille de nouvelles locales, mais aussi ses journaux et revues de sciences, de philosophie, de philologie, d'art, d'archéologie, etc. Car chacune a son université, ses sociétés savantes, qui rivalisent, dans une entière indépendance, avec les plus illustres corps des capitales. Chez nous, hors de Paris, il n'y a dans nos villes de province, sauf trois ou quatre exceptions, que le journal de la préfecture, ou la feuille des annonces légales et judiciaires. Quand la province veut avoir dans la presse un organe de ses intérêts, elle vient le fonder à Paris. C'est ainsi que nous avons vu paraître, il y a deux ans, la Décentralisation littéraire et scientifique, devenue, cette année, la Revue des Provinces, sous la direction de M. Édouard Fournier.

Les publications périodiques, ayant un rapport plus ou moins direct avec la littérature, nous ont paru se ramener à une douzaine de classes que voici:

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