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L'auteur de l'Année littéraire recevra toujours avec reconnaissance toutes les communications qui pourront l'aider à rendre ce tableau périodique de plus en plus exact et complet.

Imprimerie générale de Ch. Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.

LITTÉRAIRE

ET DRAMATIQUE

REVUE ANNUELLE

DES PRINCIPALES PRODUCTIONS DE LA LITTÉRATURE FRANCAISE ET DES TRADUCTIONS DES CEUVRES-LES PLUS IMPORTANTES DES LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

AVEC L'INDICATION

des événements les plus remarquables appartenant à l'histoire littéraire dramatique et bibliographique de l'année

PAR G. VAPEREAU

Auteur du Dictionnaire universel des Contemporains

HUITIÈME ANNÉE

PARIS

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie

BOULEVARD SAINT-GERMAIN, N° 77

-1866

Droit de traduction réservé

L'ANNÉE

LITTÉRAIRE

ET DRAMATIQUE.

POÉSIE.

1

Nouvelle évolution de la poésie romantique. Le dernier livre
de M. V. Hugo.

La pauvreté des années précédentes en fait de poésie originale n'avait encore été compensée, pendant presque toute l'année 1865, que par une multitude de volumes de vers, plus estimables que populaires, lorsqu'une main de poëte, de vrai poëte, est venue, dans les derniers jours, jeter sur la déplorable nudité de la muse moderne quelques lambeaux brillants de pourpre semés de paillettes d'or. Ce poëte n'est pas un nouveau-venu, un représentant de la jeunesse, une espérance de l'avenir : c'est un vétéran des Juttes littéraires, le chef d'une révolution qui date d'un demi-siècle, un vieillard, un exilé, enfin Victor Hugo! C'est à lui que nous devions déjà, depuis dix ans, à peu près la seule poésie qui se soit produite hors du théâtre : un jour,

VIII

1

les Contemplations; un autre jour, la Légende des Siècles; sans parler des vers dictés par des inspirations politiques de nature à leur fermer les portes de la patrie. Aujourd'hui, M. Victor Hugo nous envoie des mêmes rivages lointains un recueil d'apparence plus légère: Les Chansons des rues et des bois. Cette publication est l'événement littéraire d'une année dont l'histoire n'est pas brillante : c'est un réveil de la poésie au sein de notre médiocrité poétique.

On se figure difficilement M. Victor Hugo écrivant des chansons. L'auteur des Orientales, des Contemplations, des Châtiments, de la Légende des Siècles peut nous captiver tour à tour par les merveilles de la forme, les épanchements du sentiment, les explosions de la colère, le souffle héroïque ou prophétique. Après avoir ciselé les mots, il a pu faire gronder les haines, épanouir les idées; il a été tour à tour le Benvenuto Cellini, le Juvénal, l'Orphée de la poésie contemporaine. On se figure mal qu'il en devienne le Désaugiers. Sa muse, dans ces derniers temps, était plus près de Pathmos que du Caveau. Comme il le dit quelque part :

Il va couvant une chanson,

Dans laquelle roule un tonnerre.

Le génie de M. Victor Hugo est bien rigide, bien solennel pour ce genre souple et léger. Son envergure le destine à planer, à dominer les cimes, à franchir l'infini, à se jouer avec la lumière et l'ombre, à se précipiter dans les abîmes assombris, pour remonter d'un coup d'aile vers le jour éclatant. Il aime à créer des mondes, à les animer, à rêver l'impossible, à réaliser les chimères, à entasser les images, à refaire l'histoire, à donner à l'humanité des lois nouvelles, un dieu nouveau, une nature transformée, à mêler

1. Librairie internationale, Lacroix et Cie, in-8 (plusieurs éditions), 444 pages.

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