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courent, chacun dans la mesure voulue, à une action intéressante et à un dénoûment vraiment dramatique. L'auteur a toute l'habileté et toute la puissance qui conviennent au genre. Il a bien voulu y porter, par surcroît, des qualités littéraires que le boulevard ne réclamait pas; et de splendides décors, des mouvements ingénieux de machines, achèvent d'assurer un succès auquel la littérature pourrait rester tout à fait étrangère.

Quatre autres drames en cinq actes remplissent l'année : la Voleuse d'enfants, de MM. E. Grangé et Lambert Thiboust (6 mai); Princesse et Favorite, de M. J. Barbier (12 août); la Meunière, de M. Anicet-Bourgeois (28 octobre), et la Magicienne du Palais-Royal, de MM. X. de Montépin et J. Dornay (29 décembre).

Le théâtre du Châtelet, l'ancien Cirque, entremêle le drame aux représentations à grand spectacle. Celles-ci dominent et ont en général le plus de succès possible sur une scène faite exprès pour elles. Il nous a donné successivement : les Mystères du vieux Paris, drame en cinq actes et onze tableaux, de MM. d'Ennery et Ferd. Dugué (21 janvier); le Déluge universel, drame en cinq actes et douze tableaux, de MM. Clairville et Siraudin (29 juillet); Trois hommes forts, drame en cinq actes et sept tableaux, de M. Hostein, le directeur même du théâtre (6 novembre); une revue monstre, la Lanterme magique, en vingt tableaux, de MM. Clairville, A. Monnier et Ern. Blum (8 décembre); sans compter trois grandes reprises les Premières pages d'une grande histoire, drame en cinq actes et vingt tableaux, de MM. Labrousse et Albert (1er avril); les Aventures de Mandrin, drame en cinq actes et dix tableaux, de MM. Judicis et Arnault (14 mai); et les Nuits de la Seine, drame en cinq actes et neuf tableaux, de M. Marc Fournier (9 octobre).

Le théâtre Beaumarchais a bien le droit de figurer parmi

les théâtres de drames : il y occuperait le premier rang pour la quantité des œuvres, sinon pour la réputation des auteurs. Je n'y compte pas moins de dix drames nouveaux faisant ensemble cinquante actes. Je n'additionne pas les tableaux.

Voici les titres: Jacques Burkes, en cinq actes, de M. Ch. Denougeot (1er janvier); le Secret du Docteur, en deux actes, de M. J. Allevarès (31 janvier); la Gitane, en cinq actes et huit tableaux, de MM. X. de Montépin et X. Dornay (22 février); le Ménétrier de Saint-Waast, en cing actes et sept tableaux, de MM. Edouard Plouvier et Barrière (17 avril); les Vendanges du clos Tavannes, en cinq actes, de MM. T. Moreau et X. Dornay (20 mai); les Compagnons de la truelle, en cinq actes et neuf tableaux, de MM. Cogniard et Clairville (15 juillet); Douglas le Vampire, en cinq actes, de M. J. Dornay (13 août); l'Amour qui tue, en sept actes, de M. Ch. Garaud (23 septembre); la Louve de Florence, en cinq actes, de Mme D. Rouy (21 octobre); enfin le Médecin des pauvres, en six actes, de MM. X. de Montépin et J. Dornay (18 novembre). Il y a aussi une reprise : Il y a seize ans, mélodrame en cinq actes, de MM. E. Moreau et Dornay (16 juin); puis un vaudeville, la Revue de Citrouillyles-Melons (24 décembre). Le théâtre Beaumarchais a souvent fermé ses portes: il tient à rattrapper le temps perdu.

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Scènes de genre. Anciennes scènes : Variétés, Palais-Royal, FoliesDramatiques, Folies-Marigny, Théâtre-Déjazet, Luxembourg.

Sur les scènes de genre l'activité de production plus ou moins littéraire est difficile à suivre. A côté des théâtres anciens et, pour ainsi dire, classiques de cet ordre, le PalaisRoyal et les Variétés, il s'est ouvert, même avant le régime de la liberté des théâtres, plusieurs scènes secondaires

dont la veine est intarissable. Tel est le théâtre Déjazet; tels sont ceux des Folies-Dramatiques et des Folies-Marigny, où la gaieté doit forcément s'allier à la littérature, quand celle-ci n'est pas laissée à la porte comme un luxe inutile ou embarrassant.

Nous donnerons, suivant notre habitude, la liste complète des pièces qui se sont produites au Palais-Royal et aux Variétés.

Sur ce dernier théâtre, la continuation de la Belle Hélène, au commencement de l'année, et sa fructueuse reprise pendant l'été a remis sur le tapis la question du respect dû aux héros et aux dieux de l'antiquité classique. Ne disons pas que le succès justifie tout; car à nos yeux le succès n'a jamais rien justifié. Mais il s'est produit en faveur de cette grande débauche de lèse-poésie, une plaidoirie poétique digne d'être signalée. Elle est d'un homme voué de longue date au culte de la beauté classique, d'un des plus fervents adorateurs et apôtres de l'antiquité hellénique, de l'auteur d'une tragédie gréco-française, Electre, du traducteur couronné de la Grèce tragique, de Léon Halévy enfin, le père de l'un des auteurs de la Belle Hélène. On pouvait croire que cet austère amant des lettres grecques se voilait la face devant le sacrilége commis par son fils. Point: il défend du même coup, avec la nouvelle parodie de l'Olympe et du monde homérique, toutes les mascarades que l'humeur gauloise de nos pères a inspirées contre une majesté trop au-dessus de nos rires pour en être blessée.

Voici, en vers presque monorimes, le plus joli passage de cette défense du droit de la parodie:

Autre temps, autre arlequinade!
Dans le grand siècle, Benserade,

Sans être coupé par morceaux,

Gaillardement mit Ovide en rondeaux;
Scarron, sans qu'on rompit ce qui lui restait d'os

A fait de l'Eneide une pantalonade!

Plus tard, le peintre ambré des Damis, des Moncade,
Faut-il le dire? Marivaux

Pour le divin Homère inventant la cascade,

Mit au gros sel tous ses héros.
Homère en est-il plus malade?

Virgile est-il moins grand, Ovide moins aimé?
Non! le génie est acclamé,

Même quand la folle Pléiade
Tourne en burlesque pasquinade
Le vieux chef-d'œuvre renommé.
Le demi-dieu, dans son temple enfumé,
Où brûle un cierge de parade,
Écœuré par l'encens trop fade
Du cuistre et du pédant gourmé,
Donnerait presque l'accolade
A ces malins dont la mazarinade
L'a si plaisamment costume!
Il prend plaisir à l'algarade
Et, toujours de gloire affamé,
Il dit, joyeux de la grotesque aubade :
« L'on rit à mes dépens, mais chacun m'a nommé! »
Ainsi, tel spectateur maussade,

En son courroux d'emprunt, d'un beau zèle animé
Contre la Belle-Hélène et cette mascarade

Du vieil Olympe transformé,

Au retour se dira, d'un air très-gendarmé :
« Tiens! si je lisais l'Iliade? »

Voilà ce que j'ai dit moi-même, plus brièvement et en vile prose, l'année dernière. N'est-il pas étrange que le respect de l'antiquité devienne plus intolérant à mesure qu'on en laisse tomber les œuvres dans l'oubli?

Ce que la Belle Hélène a laissé de temps libre a été rempli comme il suit le Singe de Nicolet, comédie en un acte, mêlée de couplets, par M. L. Halévy (29 janvier); Mme Gibou et Mme Pochet, folie-vaudeville en trois actes, de Dumersan (reprise) (19 février); les Amours d'un Coiffeur, vaudeville en un acte (5 mars); les Contributions indirectes, comédievaudeville en un acte, de M. H. Thierry (17 juillet); Une Femme dégelée, vaudeville en un acte, de MM. Clairville et

Choler (17 juillet); Lully, comédie en deux actes, de MM. Dumanoir et Clairville (reprise) (24 juillet); le Meurtrier de Théodore, comédie en trois actes, de MM. Clairville. A. Brot et V. Bernard (6 septembre); les Fruits secs, comédie en quatre actes, de MM..... (5 octobre); les Campagnes de Boisfleury, vaudeville en un acte, de MM. J. Moineaux et A. de Launay (22 octobre); Mam'Maclou, folie en un acte, de M. Dupin (29 octobre); l'Homme qui manque le coche, comédie en trois actes, de MM. Labiche et Delacour (31 octobre); Une Fantasia, opérette kabyle, de M. Nuitter, musique de M. Hervé (12 novembre); les Méprises de Lambinet, en un acte, de M. L. Halévy (3 dẻcembre).

La liste du Palais-Royal est plus riche encore: Un Clou dans la serrure, comédie - vaudeville en un acte, de MM. Grangé et L. Thiboust (20 janvier); le Procès VanKom, comédie-vaudeville en un acte, de MM. Choler et Rochefort (20 janvier); les Jocrisses de l'amour, comédie en trois actes, de MM. Barrière et L. Thiboust (31 janvier); Même maison, vaudeville en un acte, de M. Jules Renard (4 mai); Dix contre Un, pochade en un acte, de M.... (4 mai); Un homme de bronze, vaudeville en un acte, de MM. A. Chivot et Duru (4 mai). les Mémoires de Réséda, souvenirs contemporains, de MM. Rochefort, E. Blum et A. Wolff (4 mai); le Premier prix de piano, comédie-Vaudeville en un acte, de MM. Delabiche et Delacour (8 mai); la Tribu des Rousses, vaudeville en un acte, de MM. Rochefort et E. Blum (11 juillet); le Supplice d'un homme, vaudeville en trois actes, de MM. Grangé et L. Thiboust (12 juillet); Une dame du Lac, vaudeville en un acte, de M. A. Choler (13 août); la Gazette des Étrangers, revue parisienne, de MM. E. Grangé et Clairville (28 août); In habit par la fenêtre, vaudeville en un acte, de M. Renard (6 octobre); Un Jour de première, vaudeville en un acte, de

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