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monographie intéressante intitulée: Histoire de la soie'. Il a divisé son travail en quatre grandes parties dont deux seulement sont achevées; la première comprend les temps antérieurs au septième siècle de l'ère chrétienne, période pendant laquelle l'industrie de la soie est exclusivement chinoise. La Chine seule, en effet, durant toute l'époque antérieure au troisième siècle avant notre ère produit et consomme la soie. A partir de ce moment les peuples occidentaux commencent à la tirer de l'Asie orientale; les Grecs et les Romains en font un grand usage, mais ils en ignorent l'origine et ne s'occupent point de la reproduire. La seconde comprend l'histoire de l'industrie séricicole chez les Arabes et chez les Byzantins. Ils profitent du succès de la mission des moines nestoriens, et de leur voyage dans l'empire du milieu, et deviennent les grands producteurs de soie et de soieries en Oricnt comme en Occident. Dans la troisième partie de son histoire, l'industrie de la soie est italienne. Ce sont des villes importantes comme Amalfi, Pise, Lucques, Gênes et Venise qui monopolisent le commerce et la production des soieries. La concurrence.de l'extrême Orient n'est plus redoutable, les étoffes chinoises sont entièrement délaissées. L'industrie séricicole se transforme une quatrième fois et devient française, et c'est Lyon qui bénéficie, en dernier ressort, des nombreux perfectionnements apportés à la production, à la teinture et au tissage de la précieuse matière.

De ces quatre époques distinctes, qui sont comme les quatre grands siècles de l'industrie séricicole, les deux premiers seuls sont traités dans ce qui a paru de l'ouvrage de M. Ernest Pariset. On dirait même, à en croire la dernière phrase de son second volume, que l'auteur a renoncé à mener jusqu'au bout l'œuvre considérable qu'il a entreprise, et que l'histoire de la soie en Italie et en France ne sera jamais écrite par lui.

1. A. Durand, 1862-1865, 2 vol. in-8, avec carte; vi-266-386 pages.

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« Nous ne raconterons pas vos luttes et vos succès; mais quel que soit votre historien, salut, brillantes républiques dont les noms figurent parmi les aïeux de l'industrie lyonnaise salut, Florence, Lucques, Venise, Gênes, reines dans l'industrie de la soie aux quinzième et seizième siècles! »

Ce n'est peut-être là qu'une de ces formules banales et indécises, dont M. Pariset ne comprend pas très-bien la portée et qui ne disent pas ce qu'elles voudraient dire. Ce reproche que je fais à la conclusion provisoire du second volume de l'Histoire de la soie, peut s'appliquer à tout ce qu'a écrit sur ce sujet M. Ernest Pariset. Dans son livre, les recherches sont consciencieuses et les documents abondent, mais l'esprit de classification, la méthode, le sentiment de l'ordre et de la clarté, font entièrement défaut. Ce sont là cependant les qualités essentielles d'un ouvrage d'érudition. Peu importe que l'on ait élucidé une question d'archéologie, résolu un problème ethnographique, ou fait disparaître une erreur de langage, si le résultat de ces grands travaux est insaisissable pour le lecteur ou n'apparaît pas assez clairement à son imagination. Je crains que ce soit là, le seul peut-être, mais l'immense défaut de l'Histoire de la soie. C'est un amas de commentaires, de digressions, d'analyses obscures ou de vues rétrospectives inattendues, dans lequel l'esprit se promène avec plus d'étonnement que de satisfaction. Les notes abondent; les traductions du chinois, de l'hébreu, du syriaque, de l'arabe, émaillent toutes les pages. Mais pourquoi M. Pariset ne nous fait-il pas mieux connaître un sujet qu'il connaît si bien !

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Les répertoires officiels de documents historiques. Les Archives départementales!

La publication des grandes collections de documents historiques ne peut être entreprise en France que par l'Etat. L'esprit d'association n'a pas encore créé chez nous de ces corps littéraires, artistiques ou savants, qui ont en Angleterre tant de richesses et de si puissants moyens d'action. Les ressources dont l'État dispose chez nous lui permettent de mener promptement à bonne fin les plus gigantesques travaux. Il suffit qu'un ministre comprenne l'honneur qui en reviendra à son administration. C'est ce qui est arrivé pour la grande et intéressante publication intitulée: Inven taire sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Le duc de Persigny l'avait commencée, il y a seulement trois ans; ses successeurs au ministère de l'intérieur, en ont pressé le cours d'une manière si active, qu'aujour d'hui le marquis de La Valette peut annoncer à l'Empereur que le précieux inventaire ne comprend pas moins de 4 608 239 pièces ou registres analysés, répartis en trentecinq volumes.

Le rapport du ministre est un compte rendu des plus in ressants de ce grand travail, ainsi que des services qu'il peut rendre dans toutes les branches de notre histoire nationale. Nous n'avons rien de mieux à faire que de le reproduire textuellement :

Sire,

Un de mes prédécesseurs a eu l'honneur de présenter à Votre Majesté, le 3 août 1862, les deux premiers volumes de l'Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, et un rapport destiné à faire connaître le but et les avantages de cette publication.

Depuis cette époque, grâce aux encouragements de Votre Majesté, ce travail a pris une extension considérable et il n'a cessé d'être poursuivi avec une activité dont je me plais à signaler les résultats. Tous les départements ont commencé la publication de leurs inventaires, à l'exception des trois départements récemment annexés à l'Empire, dont les archives n'ont pu encore être constituées entièrement, et de deux autres qui attendent que la situation de leurs finances leur permette de l'entreprendre. L'administration peut mettre aujourd'hui à la disposition du public trente-cinq volumes complétement terminés. Les fascicules divers distribués aux conseils généraux en représentent à eux seuls une quantité au moins égale. Enfin, le nombre des pièces ou registres analysés s'élève au chiffre de 4 608 239.

Seize des principales villes de l'Empire se sont empressées de suivre l'exemple donné par les départements, et sept d'entre elles ont terminé déjà leur publication.

Je signalerai particulièrement à Votre Majesté le premier volume imprimé par la ville de Lyon.

On y trouve une précieuse correspondance politique avec les souverains de France, d'Espagne, de Savoie, avec les chefs de la Ligue, les agents du roi Catholique et du saint-père. Les arts n'y sont pas oubliés et l'histoire biographique y recueillera de curieux détails sur l'origine, les travaux et les succès des peintres et des sculpteurs employés à l'occasion de fêtes et d'entrées solennelles, et parmi lesquels on remarque Pierre Évrard (1455), Péréal (1511), Sébastien de Bologne, l'architecte Philibert de Lorme, un grand nombre de graveurs de plans, de monnaies, de médailles, le relieur Grolier, etc.

Quatre administrations hospitalières ont également commencé l'impression de leurs archives. L'Assistance publique, à Paris, vient d'achever le premier volume relatif à l'Hôtel-Dieu. Ge document retrace rue par rue et maison par maison la topographie de l'ancien Paris, et abonde en intéressantes indications.

Des titres importants pour les intérêts de l'État et des communes se retrouvent dans les documents antérieurs à 1790. Le classement et l'inventaire en ont fait découvrir un certain nombre dont on ignorait l'existence ou que l'on croyait détruits, et il a suffi de les produire pour en obtenir, en 1863 et 1864, la solution de procès pendants depuis longues années. Ces titres figurent particulièrement parmi les anciens cartu

laires, parmi les cadastres, les terriers, les plans de routes, les partages de biens communaux, les concessions de terrains vagues et incultes. J'ai remarqué, dans ces mêmes collections, des renseignements précieux sur de grands travaux effectués ou étudiés avant 1790, tels que défense des côtes maritimes à Rouen, au Havre, à Dieppe, à Saint-Valery-en-Caux, etc.; mesures contre les inondations en Touraine; endiguement du Rhin; établissement de canaux, projets sur les mines, les carrières, les haras, les pépinières, les opérations du service des ponts et chaussées, l'extinction de la mendicité et du paupérisme. Les actes qui nous sont restés sur les fondations d'hôpitaux, la création de manufactures, l'organisation d'ateliers de travaux d'utilité publique, fournissent des éléments pleins d'intérêt pour l'étude de questions qui préoccupent encore aujourd'hui tous les gouvernements.

A côté des actes administratifs émanés du pouvoir central ou de sa représentation directe, il en est qui se rattachent à la vie politique du pays, à l'intervention de ses députés dans les affaires générales de l'État et dans les affaires particulières des provinces et des villes. Tels sont les papiers relatifs aur États-Généraux, aux Assemblées des notables, aux Assemblées provinciales, précieux documents qui sont tout à la fois le testament de l'ancienne société et la préface de la Révolution française.

Comme les provinces et les communes, les familles ont un intérêt incontestable à cette publication. En effet, les simples états de répartition de l'impôt ne servent pas seulement à délimiter d'anciennes propriétés, ils déterminent aussi et constatent la situation nobiliaire d'un grand nombre de personnes au moment de la Révolution. Les élus chargés de faire la répartition des impôts n'admettaient pas sans des preuves rigoureuses l'exemption des charges financières que procuraient à ceux qui les possédaient légalement les terres nobles et les titres nobiliaires.

Aussi voit-on un illustre savant du dix-septième siècle, Claude Saumaise, se montrer aussi habile défenseur de ses prétentions nobiliaires que perspicace archéologue lorsqu'il s'agit de déchiffrer une antique inscription, et l'histoire constate-t-elle sans étonnement que les échevins de Lyon apportaient plus de persévérance à faire rechercher, après les troubles de la Ligue, les lettres-patentes qui leur conféraient l'anoblissement, qu'à préserver la cité des invasions des Bohémiens, Egyptiens, ba

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