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& le petit nombre de ses habitants paroiffent frappés d'une malédiction commune. Toutes les informations que j'ai prifes fur les lieux, des Miffionnaires Italiens qui ont le zele admirable de parcourir l'intérieur de ces maudites régions, m'ont appris que l'agriculture n'y étoit guere plus floriffante que fur les côtes, quoique la terre, en beaucoup d'endroits, y annonce la plus grande fertilité par fes productions naturelles.

Cap de Bonne Efpérance.

Les terres du Cap de Bonne Efpé

rance étoient condamnées à la même ftérilité, avant que les Hollandois en priffent poffeffion; mais depuis leur établiffement à cette pointe de l'Afrique, les terres y produifent en abondance du froment & des grains de toute efpece, des vins de différentes qualités, & une quantité confidérable de fruits excellents raffemblés des quatre parties du monde. On y voit de grands pâturages couverts de che

vaux, de boeufs & de bêtes à lainc. Tous ces troupeaux réuffiffent parfaitement. L'abondance dont jouit cette colonie comparée à la ftérilité des pays immenfes qui l'environnent, prouve évidemment que la terre n'eft avare que pour les tyrans & les efclaves; qu'elle prodigue des tréfors au delà de toute efpérance dès qu'elle eft libre, remuée par des mains libres & cultivée par des hommes intelligents, que des loix fages & invariables protegent.

Une multitude de François, chaffés de leur patrie par la révocation de l'Edit de Nantes ont trouvé dans cette côte une véritable patrie, & dans cette nouvelle patrie, la fûreté la propriété, la liberté, feuls vrais fondements de l'agriculture, feuls principes de l'abondance. Ils ont enrichi cette mere adoptive de leur induftrie & du travail ineftimable de leurs bras; ils y ont fondé des peuplades confidérables dont quelques-unes ont tiré leur nom du pays malheureux, mais toujours chéri, qui leur avoit

refufé le feu & l'eau. La peuplade de la petite Rochelle furpaffe toutes les autres par l'induftrie des colons qui la compofent, & par la richeffe des terres qui en dépendent.

Les pâturages y font compofés de différents gramens naturels au pays, & en partie des herbages qui forment nos prairies artificielles en Europe telles que les trefles, la luzerne & le fainfoin. Les plantes étrangeres, dont tes femences ont été apportées dans le pays par les Hollandois, y réuffiffent comme les plantes naturelles. Toutes ces graines font femées fur un labour fait à la charrue; on ne coupe ces herbes que la premiere année; dès la feconde on ouvre la prai rie aux troupeaux qui y vivent à difcrétion, & l'on n'a plus d'autre foin que de les raffembler tous les: foirs dans un parc fermé par de hautes & groffes paliffades pour les garantir des tigres & des lions, dont le pays ne manque pas.

Ces prairies ne font en général ar rofées que par les pluies, quoiqu'on

ait l'attention de les former dans le voifinage de quelque ruiffeau où l'on pratique des abreuvoirs commodes. On est très-exact à ménager dans tous ces pâturages des bofquets d'arbres où les troupeaux puiffent trouver un abri contre les ardeurs du foleil, fur-tout dans les mois de Janvier, Février & Mars qui font les plus chauds de l'année dans cette partie du monde.

Les terres à grains s'y labourent comme en Europe, quelquefois par des chevaux, plus fouvent par des bœufs; les Hollandois de cette colonie ont l'industrie de corriger la lenteur de ces derniers animaux en les exerçant de bonne heure à un pas vif; & j'ai vu au Cap des charriots tirés par des attelages de dix & douze paires de boeufs, aller auffi vîte que s'ils avoient été traînés par de bons chevaux.

Les grains qui fe fement ordinai rement dans les terres du Cap, font le froment, le bled de Turquie & le riz; il eft ordinaire de voir ces grains

cultive

rapporter 50 pour un. On y beaucoup de plantes légumineufes, tels font les pois, les feves & les haricots. Ces légumes fervent aux approvifionnements des vaiffeaux qui relâchent au Cap, en allant ou en revenant des Indes orientales.

Parmi ces légumes il en eft une efpece qui eft fort recherchée aux Indes où l'on en transporte beaucoup. On l'y connoît fous le nom de pois du Cap. C'eft une faféole qui ne se rame point; fon grain a la forme de notre haricot, mais plus large & plus applati; il a le goût de notre pois verd, & il conferve long-temps fa fraî

cheur. J'en ai tenté cette année la culture qui paroît réuffir. Le climat du Cap de Bonne Efpérance paroît exiger de la part du cultivateur une attention qui femble moins néceffaire dans ce pays, & qui peut-être même feroit préjudiciable aux productions de nos terres.

Le Cap eft pendant la plus grande partie de l'année expofé à des orages violents qui foufflent ordinairement

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