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de la partie du Nord-eft. Ces vents font fi impétueux qu'ils renverferoient toutes les plantes à grains, & abattroient les fruits de tous les arbres

fi on ne leur apportoit une barriere pour garantir les récoltes. Le Colon Hollandois a imaginé de divifer les terres par petites portions & de les entourer de hautes paliffades de chê nes ou de quelques autres arbres plantés près à près, comme pourroit l'être une charmille destinée à faire l'ornement d'un jardin. Ces paliffades fe taillent en croiffant toutes les années, on les éleve à 25 ou 30 pieds de hauteur de forte que chaque champ féparé eft fermé comme une chambre.

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C'est par cette induftrie fur-tout, que les Hollandois font parvenus à rendre leur colonie le grenier de tous leurs établissements aux Indes orientales, & la meilleure relâche que les vaiffeaux puiffent faire pour rafraîchir & approvifionner les équipages.

Lorfque les Hollandois commencerent à former les vignobles de leur

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colonie, ils rechercherent avec foin des plants des cantons qui jouiffoient de la plus grande réputation pour leurs vignes. Après bien des effais inutiles pour faire à l'extrêmité de l'Afrique des vins de Bourgogne, de Champagne & autres, ils fe font arrêtés à cultiver les plants tranfportés d'Efpagne, des Isles Canaries & du Levant dont le climat est plus analogue à celui du Cap. Aujourd'hui les plants dominants dans leurs vignes font des plants de mufcat qui réuffiffent très-bien; le mufcat rouge furtout,cultivé dans un petit terroir nommé Conftance, y donne du vin délicieux: la compagnie de Hollande en arrête toutes les années la récolte qu'elle fait transporter en Europe pour en faire des préfents aux Souverains.

Les vignes du Cap fe cultivent fans échalas; on leur fait le même labour que nous faifons aux nôtres. Elles font entourées de différents arbres fur lefquels on appuie les ceps de gros mufcats efpagnols en forme d'efpaliers fort élevés, qui fervent d'abri

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au vignoble contre la violence des

vents.

Le jardinage n'eft pas plus négligé au Cap que les autres parties de l'agriculture; on y trouve tous les légumes d'Europe & les meilleurs de ceux qui font particuliers aux autres parties du monde. Indépendamment des jardins des colons qui font auffi-bien entretenus que dans aucune partie d'Europe, la Compagnie de Hollande a fait former deux ou trois jardins magnifiques, qu'elle entretient avec une dépenfe digne d'une Compagnie fouveraine.

Quinze ou vingt jardiniers européens, dont l'habileté a été reconnue avant d'être embarqués, font chargés de la culture de chacun de ces vaftes jardins, fous la direction d'un jardinier principal dont la place eft lucrative & honorable. C'eft dans ces jardins publics que fe font, aux frais de la Compagnie, tous les effais de nouvelle culture. C'est là que les particuliers trouvent gratuitement, avec les inftructions néceffaires, les grai

nes & les plantes dont ils peuvent avoir befoin.

Ces jardins fourniffent dans la plus grande abondance, des herbages & des fruits de différentes efpeces, aux équipages des vaiffeaux de la Compagnie.

On y remarque avec admiration des emplacements confidérables, confacrés à la Botanique, dans lesquels on voit placées dans le plus grand ordre les plantes les plus utiles & les plus rares de toutes les parties du monde. Les voyageurs curieux ont la fatisfaction d'y trouver des jardiniers inftruits qui fe font un plaifir de leur démontrer chaque plante.

Ces beaux jardins font terminés par de grands vergers où l'on trouve tous les fruits de l'Europe, ceux de l'Afrique & quelques-uns de l'Afie. Rien n'eft plus agréable que d'y voir à différentes expofitions, & dans la même enceinte, le chataignier, le pommier & les autres arbres fruitiers des climats les plus froids, aves le mufcat des Indes, le camphrier de Borneo,

les palmiers & plufieurs autres arbres de la zone torride.

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Madagascar.

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En doublant le Cap de Bonne Efpérance, on entre dans la mer des Indes, & l'on trouve d'abord la grande Isle de Madagascar. Nous ne connoiffons encore que quelques parties de cette Isle, quoique nous y ayions eu des établiffements & que nous la fréquentions depuis près d'un fiecle. Les terres que nous y connoiffons font très-fertiles, & les habitants feroient bons agriculteurs fi leurs denrées avoient un débouché. Ils élevent des troupeaux nombreux de bœufs & de bêtes à laine. Les pâturages, tels que la nature les a formés, font excellents. On voit dans plufieurs cantons des défrichés immenfes, couverts d'un gros gramen à large feuille qui s'éleve à la hauteur de 5 à 6 pieds; les habitants le nomment fatak; il nourrit & engraiffe parfaitement les bêtes à corne qui font de la plus gran

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