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67

SUITE

DES OBSERVATIONS

SUR

L'ÉTAT

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DE L'AGRICULTURE

Chez différentes nations de l'Afrique && de l'Afie

J'

'AI rendu compte de mes recher ches fur l'état de l'agriculture chez les différents peuples de l'Afri que & de l'Afie. J'ai fait remarquer qu'elle étoit prefque nulle chez les Negres ftupides & indolents. , qui habitent les côtes occidentales de P'Afrique; qu'elle étoit floriffante à l'ombre de la liberté, chez les Hol landois au Cap de bonne Efpéran ce, & accompagnée de l'abondance

la plus heureufe dans le fol fertile de l'Ifle de Madagascar, habitée par un peuple fimple, qui eft gouverné par fes moeurs fimples, & qui ne connoît d'autres loix que celles de la

nature.

J'ai rendu juftice à la bonne culture des terres de notre Ile de Bourbon, en faisant remarquer que cette Ifle n'a aucun port; que fes habitants, ayant par cette raison peu de commerce avec les Européens, ont confervé des mœurs fimples bien favorables à l'agriculture. J'ai avoué en même temps, que cet art qui demande de la conftance & de la fimplicité étoit fort négligé dans notre Ifle de France, qui a deux excellents ports très-fréquentés par nos vaiffeaux. L'administration variable & les mœurs inquietes de l'Europe, y ont par conféquent plus d'influence, quoiqu'elle renferme des terres auffi fertiles que celles des Ifles de Bourbon & de Madagafcar; néanmoins les récoltes y manquent souvent, elle est presque toujours dans la difette.

J'ai paffé enfuite aux grandes Indes, où j'ai fait voir l'agriculture opprimée par les loix barbares des conquérants Mogols, mais toujours honorée, toujours foutenue par la religion, par les moeurs, par la conftance du Malabare conquis.

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A Siam, dans le climat le plus heureux dans le fol le plus fertile qu'il y ait fur la terre, on l'a vu avilie par les indignités d'un gouvernement defpotique, & abandonnée par un peuple d'efclaves que rien ne peut intéreffer après la perte de fa liberté. je l'ai représentée dans le même état chez les Malais qui habitent un pays immenfe, des Isles innombrables dans lesquelles la nature a renfermé fes tréfors les plus précieux, & où elle répand fes dons avec une profufion qu'on ne voit point ailleurs. Le génie deftructeur des loix féodales, qui agite fans ceffe ce peuple, ne lui permet pas de s'appliquer à la culture des meilleures terres qu'il y ait au monde. La nature fait prefque feule tous les frais de fa nourriture.

Il y a lieu de croire que fi les autres peuples de la terre, qui ont le malheur d'être gouvernés par les loix féodales, habitoient un climat fi heureux des terres naturellement fi fertiles que celles que poffedent ces Malais, leur agriculture feroit également nulle. Le feul befoin de vivre peut leur mettre la charrue à la main. J'ai donné en détail les procédés les plus intéreffants des différentes cultures locales que j'ai observées; mais mon objet principal a été de faire remarquer, d'après des recherches chez les différents peuples que j'ai vus dans tous les pays du mon, que de, l'état de l'agriculture dépend uniquement des loix qui y font établies, & par conféquent des mœurs & des préjugés que donnent ces loix. La fuite de mes obfervations aidera à confirmer ce que j'ai avancé.

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