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sions; la sûreté malgré la contrariété des intérêts, et l'harmonie malgré la dissonance des caractères effet admirable de la loi naturelle qui, quoique souvent violée entretient cependant dans le monde ce qui lui reste de bonheur, et qui inviolablement observée par les peuples, constamment maintenue par les chefs des nations, rempliroit la première destination de l'homme en ne faisant de l'univers entier qu'une vaste famille.

CHAPITRE VI.

Du Culte religieux.

En remontant aux idées primitives, il est impossible de contester de bonne foi, et sans vouloir nous abrutir, qu'il existe en nous un sentiment d'amour et de reconnoissance pour tout ce qui nous fait du bien, et d'admiration pour tout ce qui nous surpasse par le nombre et l'étendue de ses perfections.

Or, du moment que l'homme parvient à la connoissance de l'Etre - Suprême, et à l'intime conviction qu'il est le créateur de toutes choses, le père de tous les hommes, leur premier bien et leur dernière fin, il est impossible, s'il n'est pas dénaturé, qu'il lui refuse l'hommage de son amour, de sa reconnoissance et de son admiration. Donc ce sentiment est en nous l'ouvrage de la nature, et non l'ouvrage de la société.

Cette vérité est tellement indélébile, que les philosophes qui ont prétendu dispenser l'homme de l'hommage et du culte qu'il doit à la divinité,

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ne l'ont prétendu qu'en niant son existence, ou l'action de sa providence sur nous; de sorte que ne pouvant détruire ce mouvement si naturel d'amour, de reconnoissance et d'admiration qui nous porte vers tout ce qui est grand, et nous comble de bienfaits, ils ont essayé seulement de le détourner de l'être par excellence auquel il doit s'appliquer.

Ainsi, de même qu'on ne peut pas dire que l'homme tient de la loi politique ou de la loi civile la faculté d'aimer et d'admirer, on ne peut pas dire qu'il tient de ces deux lois le droir d'appliquer cette faculté à l'adoration de Dieu et aux hommages qui lui sont dus.

Un sentiment religieux est donc un apanage aussi distinctif de l'homme que la raison, la justice et toutes les vertus morales qui constituent son être. Voilà pourquoi les animaux qui n'ont ni raison, ni aucune idée du juste et de l'injuste, n'ont aucune idée religieuse. Tout homme doit donc avoir aussi essentiellement une religion, qu'il doit avoir une raison, un sentiment plus ou moins éclairé de justice, de bonté, d'humanité, etc., parce que l'un ne peut exister sans

l'autre.

Celui qui n'a pas de religion est un animal aussi dépravé et aussi hors de la nature, que

l'imbécille qui est privé de toute raison, que le voleur et l'assassin qui sont privés de justice et d'humanité : aussi à l'exception du nombre infiniment, et très - infiniment petit de prétendus philosophes dont l'athéisme a desséché l'ame, et perverti les affections morales, tous les peuples de la terre, sauvages ou policés, ont reconnu un Etre-Suprême auquel ils ont adressé leurs hommages, soit en particulier dans leurs foyers domestiques, soit comme étant réunis en corps de nation dans des fêtes et des cérémonies publiques.

Il est donc une loi primitive fondée sur la nature de l'homme, qui comprend nos devoirs envers Dieu de qui nous tenons l'être, la vie, le mouvement et les facultés morales et intellectuelles, dont il peut, sans doute, régler l'usage comme il lui plaît: le bonheur auquel nous aspirons, ne peut être que la récompense de notre fidélité à observer ces devoirs connus sous le nom de culte religieux. Ce culte s'appèle intérieur, lorsqu'il est renfermé dans les affections de l'ame; extérieur, s'il se produit au-dehors par des paroles, des cérémonies ou d'autres signes sensibles; public, s'il est rendu à l'Etre-Suprême au nom de la société, ou du moins conformément aux lois et aux mœurs publiques de la société dont on est membre..

CHAPITRE VI I.

Nécessité d'un Culte intérieur.

Le culte intérieur est le premier devoir de l'homme à l'égard de la divinité. Pour sa bonté, nous lui devons de l'amour; pour sa majesté, des hommages; pour ses bienfaits, de la reconnoissance. Tous les devoirs de l'homme sont fondés sur la nature de son être, sur ses rapports avec son créateur, et sur les différens liens qui l'unissent avec ses semblables. De-là naissent ces idées universelles de vertu et d'équité, cet ordre immuable, cette justice primitive, cette lumière des esprits qui répand sur nos actions un jour qui en dévoile la nature et leur attache un caractère invariable qui les distingue. Ces notions lumineuses nous présentent la divinité sous des rapports qui rendent ses attributs précieux, inspirent tous les sentimens qui constituent le culte intérieur.

Quelle idée sublime de l'Etre-Suprême ne nous donne pas la raison lorsqu'elle développe les motifs de notre culte ! Qu'il est digne de nos respects et de nos hommages lorsqu'elle peint ce dieu vivant

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