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due au ratafia chez Rametin. Noblin est venu au | parlement solliciter des défenses, que je crois qu'il obtiendra aisément *.

J'ai fait convenir les compagnies pour leur marche à la procession de l'Assomption: je crois qu'il ne me sera pas malaisé de faire encore convenir le chapitre et les compagnies; mais ce sera pour mon retour. M. le lieutenant général et M. le procureur du roi m'avoient dit qu'on ne pousseroit pas plus loin que l'information l'affaire de Noblin: peut-être n'en ont-ils pas été les maîtres; le lieutenant criminel étoit plus ardent.

Je souhaite apprendre au premier jour que l'indisposition de M. Phelippeaux n'a pas eu de

suites.

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ment à la doctrine, mais même au langage de l'Église, et du sens le plus naturel de chaque expression.

Au reste, quoique je sois très éloignée de vouloir m'exuser, et qu'au contraire je veuille porter toute la confusion des condamnations qu'on jugera nécessaires pour assurer la pureté de la foi, je dois néanmoins, devant Dieu et devant les hommes, ce témoignage à la vérité, que je n'ai jamais prétendu insinuer, par aucune de ces expressions, aucune des erreurs qu'elles contiennent ; je n'ai jadans l'esprit; et si on m'en eût avertie, j'aurois mieux aimé mais compris que personne se fût mis ces mauvais sens mourir que de m'exposer à donner aucun ombrage làdessus, et il n'y a aucune explication que je n'eusse donnée pour prévenir avec une extrême horreur le mauvais effet de ces sens pernicieux. Mais enfin, puisque je ne saurois faire que ce qui est arrivé ne soit arrivé, je condamne du moins, avec une soumission sans réserve, mes livres

avec toutes les expressions mauvaises, dangereuses et suspectes qu'ils contiennent, et je voudrois pouvoir les supprimer entièrement. Je les condamne pour satisfaire à ma conscience, et pour me conformer d'esprit et de cœur à la condamnation que monseigneur l'archevêque de Paris, qui est mon pasteur, et monseigneur de Meaux en ont justement faite. Je voudrois pouvoir signer de mon sang cette déclaration, pour mieux témoigner à la face de toute l'Église ma soumission pour mes supérieurs, mon attachement inébranlable à la foi catholiqne, et mon zèle sincère pour détruire à jamais, si je le pouvois, toutes les illusions dans lesquelles mes livres pourroient faire tomber les ames.

Sur ses sentiments, ses écrits et sa conduite. Davantage, pour marquer toujours de plus en plus la Comme je ne respire, Dieu merci, que soumission aveu- sincérité de mes dispositions, je déclare que j'abhorre tout gle et docilité pour l'Église, et que je suis inviolablement ce qui s'appelle conventicule, secte, nouveauté, parti ; que attachée à la foi catholique, je ne puis déclarer trop forte-j'ai toujours été et que je veux toujours être inviolablement combien je déteste du fond de mon cœur toutes les erreurs condamnées dans les trente-quatre propositions arrêtées et signées par messeigneurs les archevêques de Paris et de Cambrai, par monseigneur l'évêque de Meaux, et par M. Tronson.

Je condamne même, sans aucune restriction, mes livres, que messeigneurs de Paris et de Meaux ont condamnés; parcequ'ils les ont jugés, et qu'ils sont contraires à la saine doctrine qu'ils avoient établie dans les trente-quatre propositions; et je rejette avec toutes ces erreurs, jusqu'aux expressions que mon ignorance m'a fait employer dans un temps où je n'avois point encore ouï parler de l'abus pernicieux qu'on pouvoit faire de ces termes.

Je souscris avec une pleine soumission à l'interprétation que messeigneurs de Paris et de Meaux leur donnent en les condamnant; parceque j'ignore la force de ces termes, que ces prélats en sont parfaitement instruits, et que c'est à eux à décider de ce qui est conforme, non seule

* Le père de l'abbé Bossuet lui marque, dans une lettre du 5 octobre 1695, que le parlement avoit renvoyé l'affaire à l'official, et fait défense aux officiers du présidial de Meaux de connoître des affaires criminelles des ecclésiastiques, excepté dans les cas privilégiés.

**Bossuet, dans ses Remarques sur la Réponse de M. de Cambrai à sa Relation, art. 11, § vt, n. 26, (tom. VIII), observe que madame Guyon, ayant été convaincue de contraventions expresses à des paroles qu'elle avoit souscrites, M. de Noailles, archevêque de Paris, fut obligé de prendre, à son égard, de plus grandes précautions; et ce fut en conséquence de ces preuves de duplicité qu'il exigea d'elle cette déclaration, après qu'elle eut subi à Vincennes différents interrogatoires.

ment unie à l'Eglise catholique, apostolique et romaine, et que je n'en reconnois point d'autre sur la terre : que je déteste, comme j'ai toujours fait, la doctrine, la morale et la fausse spiritualité de ceux à qui on a donné le nom de quiétistes que la seule idée des abominations dont on les accuse me fait horreur; et que je condamne de tout mon cœur, et sans exception ni restriction, toutes les expressions, propositions, maximes, auteurs, livres que l'on a condamnés à Rome, et que messeigneurs les prélats ont condamnés en France, comme contenant, tendant à insinuer une théologie mystique si pleine d'illusions et si abominable que je suis très éloignée de vouloir m'ériger en chef de parti, ni de dogmatiser en public ou en secret, de vive voix ou par écrit, ni de rien innover dans la doctrine chrétienne ou dans les exercices de piété, comme dans l'oraison, et les autres pratiques et maximes de la vie intérieure. Et pour ne donner plus aucun lieu à des soupçons injurieux à l'amour de la doctrine orthodoxe que Dieu a mise dans mon cœur, je proteste et promets de ne plus composer aucun livre, écrit ni traité de dévotion, ni de me mêler en aucune façon de la conduite et direction spirituelle de personne; de peur que, ne me défiant pas assez de moi-même, je ne vinsse à m'égarer, ou à faire égarer les autres.

Et je promets encore de ne me plus diriger ni conduire par le père La Combe, mon ancien directeur, puisque monseigneur l'archevêque de Paris ne le juge pas à propos, qu'il a condamné le livre de ce Père, intitulé l'Analyse de l'Oraison mentale, et que l'on m'a dit que ce même livre a été condamné à Rome. Ainsi j'assure que je n'aurai plus aucun commerce de lettres ni autrement avec lui.

Enfin je proteste qu'à l'avenir je me soumettrai humble | On avoit fort pressé ce prélat, de certains enment à la conduite et aux règles que monseigneur l'arche- droits, de condamner un livre qui avoit paru vèque de Paris voudra bien me prescrire pour ma direction et conduite, tant extérieure qu'intérieure, et que je avant votre départ. Il a fait sur cela ce qui étoit ne m'écarterai jamais de ce qu'il croira que Dieu deman- juste: mais il y a ajouté le plus beau témoignage dera de moi; bien repentante et bien fachée d'avoir, par qu'on pût souhaiter pour la grace et pour l'aumes livres et écrits, donné occasion aux bruits et aux scan-torité de saint Augustin. Il souhaite que vous dales qui se sont élevés dans le monde à leur sujet; et bien résolue à l'avenir de pratiquer cet ordre établi par l'apôtre, Que la femme apprenne en silence. Ainsi Dieu me soit en aide, et ses saints Évangiles!

C'est la déclaration sincère que je fais aujourd'hui, 28 août 1696, et que je signe de tout mon cœur, dans la seule vue de Dieu et par un pur principe de conscience, et à laquelle je prie M. l'archevèque d'ajouter une foi entière.

Madame Guyon, avant de signer cette déclaration, voulut consulter M. Tronson, supérieur de Saint-Sulpice, qui écrivit ces mots au bas de la déclaration :

présentiez de sa part les exemplaires que je vous envoie de cette Ordonnance, à messieurs les cardinaux Casanate et Noris : je me sers de cette Occasion pour leur écrire. Quant à M. le cardinal d'Aguirre, il lui écrit lui-même, et je ne l'importune pas cette fois. Je vous prie de rendre ces lettres le plus tôt que vous pourrez, avec les ordonnances.

Je ne crois pas que le terme, accepter les constitutions des papes, puisse déplaire : c'est la formule ordinaire. Elle est de tous nos auteurs et de Duval elle est même de saint Antonin, très favorable à la puissance des papes. Il établit l'autorité de la détermination de Jean XXII contre les fratricelles, entre autres raisons, sur ce qu'elle est acceptata, examinata et approbata. Vous trouverez ces paroles mémorables, SUMMÆ, IV. part. tit. XII, cap. IV : Fratricelli sunt hæretici veri, qui asserunt contra delerEn conséquence cette dame ajouta les paroles et Joannem XXII, per omnes successores ejus minationem catholicam, factam per Ecclesiam

<«< Puisque madame Guyon veut bien s'en rapporter à » mon sentiment, je crois devant Dieu, après avoir bien » examiné cette affaire, que non seulement elle peut, mais » même qu'elle doit souscrire, sans rien changer, à la dé» claration ci-dessus que monseigneur l'archevêque de » Paris exige d'elle, et s'y soumettre d'esprit et de cœur. » Signé L. TROnson. »

suivantes à sa déclaration :

Ce jourd'hui 28 août 1696, j'ai signé de tout mon cœur la déclaration ci-dessus, pour obéir à M. l'archevêque, et me soumettre à tout ce qu'il croit que Dieu demande de moi; et je l'ai fait sincèrement, par un pur principe de conscience, sans limitation ni restriction. Que si j'ai quelquefois été embarrassée à souscrire ce qu'on a demandé de moi, ce n'a jamais été par un attachement à mon sens, mais par un doute que je le pusse faire en conscience. Mais puisqu'on m'assure que je le puis et le dois en conscience, il est juste que je soumette mon esprit à celui de mes supérieurs en foi de quoi j'ai signé, en la présence

de Dieu.

J.-M. BOUVIER DE LA MOTTE-Guyon.

LETTRE LXIX.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur l'Instruction de M. de Paris, touchant la Grace et la
Prédestination; et sur la paix avec le duc de Savoie.

J'ai reçu votre lettre du 14. Je vous envoie une Ordonnance de M. de Paris*, vraiment admirable, qui étonnera ici beaucoup de monde.

C'est l'Ordonnance et Instruction pastorale de M. de

Noailles, archevêque de Paris, du 20 août 1696, sur la grace et la prédestination. L'abbé Ledieu nous apprend que Bossuet étoit l'auteur de la partie dogmatique de cette Instruction. Voyez l'Histoire de Bossuet, liv. xi, n. 13, tom. iv. Edit. de Vers.)

et omnes alios prælatos Ecclesiæ et doctores utriusque juris, et magistros plurimos in theologiá, acceptatam, examinatam et approbatam ut verissimam.

Pour les nouvelles, on en a ici qui marquent que M. le maréchal de Catinat est en marche; qu'il doit être le 7 à Casal, c'est-à-dire à la place où il étoit; que M. de Savoie s'y doit rendre le 15; que l'armée sera de quatre-vingts bataillons, dont il y en a seize de M. de Savoie, et de cent escadrons. On a envoyé à M. de Savoie les patentes de généralissime. Il a reçu d'avance cent mille écus pour deux mois de subsides: vous voyez bien que c'est cinquante mille écus par mois, tant que la guerre durera.

Le roi se porte de mieux en mieux. Il n'a point été saigné; on n'a point fait d'incision : un baume excellent a fait des merveilles. C'est celui de Me Feuillet, déja connu et en réputation.

Les délibérations de Sorbonne sur Marie d'A

gréda vont finir. Apparemment le décret passera à l'avis des députés. Il faut attribuer la longueur au nombre des opinants, qui sont cent quatre-vingts, et à l'affectation de ceux qui, engagés par les cordeliers, ont voulu éluder ou reculer la condamnation.

A Paris, ce 3 septembre 1696.

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Je me sers, monseigneur, de la commodité de M. de Vares pour vous faire rendre, de la part de M. de Paris, cette ordonnance qu'il vient de publier. On l'a fort pressé, d'un certain côté, de condamner le livre dont il y est fait mention. Il crut cela juste; mais en même temps il résolut de mettre un contre-poids en faveur de la grace efficace et de l'autorité de saint Augustin. C'est ce qu'il a fait, comme vous verrez, et à mon avis, de la manière du monde la plus forte et la plus précise. La lecture de cette Ordonnance vous fera sans doute souvenir de ce que je vous écrivis, il y a quelque temps, au sujet de mon ouvrage sur la grace: c'est là ce que j'avois en vue; et je ne puis vous dire la consolation que je res sens de voir la vérité affranchie, et l'autorité de saint Augustin, autrefois tant vilipendée par certaines gens, si hautement rétablie. Dieu soit loué de son don inexplicable! C'est M. de Paris qui m'a envoyé cet exemplaire pour vous: ne manquez pas de lui en écrire, et à moi quelque chose qu'on puisse montrer. On a été un peu étonné que vous n'ayez fait aucune réponse sur l'Ordonnance touchant l'ordination des Anglois, que M. Pirot vous a envoyée : M. de Nismes a répondu.

Peut-être que cette Ordonnance sur la grace donnera lieu, avec le temps, à faire paroître mon ouvrage sur cette matière. Je suis aux écoutes, pour faire ce qui conviendra suivant la disposition que Dieu fera naître.

On va imprimer l'ouvrage sur le quiétisme : on vous l'enverra feuille à feuille, à mesure qu'on l'imprimera. On ne peut faire autrement, sans une longueur extrême. On fera tant de cartons qu'il faudra : il y a de bonnes raisons de ne plus tarder. Enfin M. de Cambrai s'est déclaré sur l'approbation. Après avoir eu ce livre entre ses mains trois semaines entières et plus, il l'a entièrement refusée, et n'a pu se résoudre à condamner madame Guyon. J'ai été obligé d'en rendre compte; et c'est enfin à quoi aboutit cette docilité, ou, pour parler plus juste, cette soumission sans réserve je n'ai jamais vu d'exemple d'un pareil aveuglement.

* L'Instruction sur les États d'oraison.

Madame Guyon a souscrit à la condamnation de ses ouvrages, comme contenant une mauvaise doctrine, contraire aux articles qu'elle a signés moyennant cela et la renonciation à son à sa déclaration faite entre mes mains, on l'a redirecteur, avec quelques autres choses conformes çue aux sacrements. Il y a un peu de discours dans sa soumission. Elle n'a pas voulu souscrire, que M. Tronson ne l'ait assurée par écrit qu'elle le pouvoit, et qu'elle y étoit obligée. On ne vit jamais tant de présomption et tant d'égarement que cette personne en a fait paroître : ses amis ne reviennent pas pour cela. Ce qu'il y a de meilleur, c'est qu'elle demeurera enfermée.

Je veillerai soigneusement à l'avis que vous m'avez donné pour l'Allemagne, et ne manquerai aucune occasion: mais il faut que Dieu la donne, et les bonnes affaires se décrient par des projets mal concertés.

L'affaire de la mère d'Agréda va s'achever en Sorbonne, et passera à l'avis et aux qualifications des députés, avec quelques légères explications. Il faut imputer en partie la longueur de la délibération au nombre des délibérants, qui étoient cent quatre-vingts. Il y a eu aussi beaucoup d'affectation dans la cabale: on a vu en cette occasion combien il y avoit de fausses dévotions dans la tête de plusieurs docteurs, combien d'égarements dans certains esprits, et combien de cabales monacales dans un corps qui en devoit être pur.

Vous m'avez parlé d'un mémoire que j'avois fait envoyer au cardinal d'Aguirre sur ce sujet par le cardinal de Bouillon: le voilà ; il vous instruira de ce livre. La réponse du cardinal à son confrère a d'abord été ambiguë et sans décision : depuis il a parlé franchement. On a découvert que toute l'approbation que ce livre a eue en Espagne est l'effet d'une intrigue de cour : et le cardinal s'en est expliqué à Rome assez ouvertement à mon neveu. Vous me renverrez, s'il vous plaît, ce mémoire ; car je n'en ai que cela.

Vous savez apparemment la congrégation que les jésuites vont tenir à Rome. Leur général a mandé que tout le monde apportât une liste des propositions relâchées dont on accusoit sa compagnie; et lui-même il donnera la sienne. Je crois qu'à la fin, de bon ou de mauvais jeu, ils deviendront orthodoxes. On ne paroît pas à Rome leur être fort favorable.

Vous aurez su la nomination des dames et de quelques autres pour la future duchesse de Bourgogne : on n'a point parlé des charges d'Église. Je vous avouerai, sans hésiter, que j'ai fait ma demande: elle a été aussi bien reçue qu'il se pouvoit, et les apparences sont bonnes de tous côtés. Dieu

sait ce qu'il veut; et pour moi je suis bien près | si agréables pour madame la princesse des Ur

de l'indifférence. Je suis comme vous savez, etc.

A Paris, ce 4 septembre 1696.

Je pars demain pour m'en retourner.

LETTRE LXXI.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur la publication de la paix avec le duc de Savoie; et les délibérations de Sorbonne sur Marie d'Agréda.

On a dû publier aujourd'hui la paix, et chanter le Te Deum à Paris. Elle a été publiée à Turin, et le mariage de la princesse de Piémont avec le duc de Bourgogue a été signé : M. de Mansfeld y étoit encore. M. le maréchal de Catinat et tous les officiers de l'armée ont été trois jours à Turin très bien régalés, et tout le peuple ravi de les voir.

sins, qu'on ne peut trop s'en réjouir avec elle. Toute la cour en témoigne ici de la joie, et je vous prie de ne pas manquer de lui témoigner la mienne.

L'affaire des Pères de l'Oratoire fut consommée vendredi : le jour même que le père de Sainte-Marthe fit sa démission, le père de La Tour fut élu par quarante-deux suffrages sur quarante-cinq. Toute la cour, aussi bien que toute la ville, a applaudi à un si digne choix. Vous lirez la lettre que j'écrivis au chevalier Tartare, et vous lui parlerez en conformité.

Je vous prie de recueillir soigneusement ce

qui a été fait contre Molinos, Malaval, madame Guyon, l'Analysis de La Combe, Falconi,

Bernières, etc.

On commence à imprimer mon ouvrage contre les quiétistes.

Je ne manquerai pas d'écrire à M. le cardinal Barberin, au premier courrier.

M. Marescoti a écrit ici très avantageusement

lettre étoit écrite, a fort répandu vos louanges.

Les dues qui vont en otage doivent partir aujourd'hui, pour être à Turin jusqu'à la paix gé-sur votre sujet; et M. l'abbé Belot, à qui la nérale. Ils y auront le même traitement qu'on y faisoit au marquis de Leganez, grand d'Espagne. Les dames partent aussi pour aller au-devant de la princesse au Pont-de-Beauvoisin. L'ordre est donné pour mardi.

M. le maréchal de Catinat et M. le duc de Sa

voie seront toujours à Casal, l'un le 7 et l'autre le 15, comme je vous l'ai mandé; et ce prince, le jour de son arrivée, dînera chez le maréchal. Le reste est attendu avec impatience.

Nous avons des obligations infinies et au-delà de tout à M. le cardinal de Janson. Vous pouvez lui dire sans façon que je ferai dans le temps ce qu'il faudra pour l'affaire dont il vous a parlé. Le témoignage qu'il rendra de votre conduite pourra vous être utile dans le temps: mais il a raison de vous dire qu'il faut aller en cela fort naturellement et fort délicatement ; en sorte qu'on ne sente pas le moindre dessein; ce qui oblige à se renfermer dans des termes fort généraux.

On est épouvanté de l'empoisonnement de la reine d'Espagne, et de ses terribles circonstances. Trois personnes qui ont mangé du pâté L'affaire d'Agréda doit être finie aujouroù elle a trouvé la mort sont mortes avec elles.d'hui, et a dû passer magno numero à l'avis La censure contre la mère d'Agréda tire à sa fin. Elle passera de cinquante voix à l'avis des députés. On dit de très belles choses, et de temps en temps de grandes pauvretés. Je serai à Paris le 12, s'il plaît à Dieu.

A Meaux, le 8 septembre 1696.

LETTRE LXXII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur la princesse des Ursins, l'élection du P. de La Tour au généralat de l'Oratoire, et la censure de Marie d'Agréda.

Votre lettre du 28 août m'apprend des choses

* Marie-Anne de Bavière-Neubourg. Elle ne mourut qu'en

1740.

des députés.

Je m'en retourne jeudi; et vendredi je célébrerai, en attendant mon obit, l'anniversaire

de mon sacre.

Soyez bien attentif à nous rendre compte de ce qui se dira de l'ordonnance de M. de Paris. Les évêques de Flandre ont écrit au Pape sur son bref, où il veut qu'on entende les propositions in sensu obvio; et ils tâchent de faire voir qu'on abuse beaucoup de ce terme, que M. de Paris a suivi. Plusieurs sont mécontents de la première partie de son ordonnance sur la grace; mais il paroît qu'ils se consolent de cette première partie par la seconde.

A Paris, ce 17 septembre 1696.

* Elle finit en effet ce jour-là, par une censure conforme à l'avis des députés, qui fut ensuite confirmée au fer d'octobre.

LETTRE LXXIII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur la manière froide dont le nonce avoit parlé de l'Instruction de M. de Paris ; et sur la conclusion prochaine de la censure de Marie d'Agréda.

nou

Je n'ai pas encore reçu vos lettres cet ordinaire. Nous attendons avec impatience les velles de Rome sur l'ordonnance de M. de Paris. M. le nonce en a parlé froidement, et a dit qu'il n'appartenoit qu'au Pape de s'expliquer sur la foi. Vous savez nos sentiments sur cela, et la pratique de l'antiquité. On s'en est expliqué à Rome même, dans l'affaire de Jansenius; et Innocent X a loué des lettres du clergé, où les évêques s'attribuoient le premier jugement.

Souvenez-vous des bulles et autres décrets sur le quiétisme du temps d'Innocent XI : il y en a sept ou huit, et je prie M. Phelippeaux de vous aider à les bien chercher, sans en omettre

aucun.

La censure de la mère d'Agréda sera relue au premier octobre*, et paroîtra aussitôt après: elle a été faite selon l'avis des députés, avec quelques adoucissements.

Nous chantâmes hier le Te Deum pour la paix de Savoie.

Il y a eu à Meaux des difficultés infinies pour les places et pour les rangs : j'ai tout réglé.

Je célébrai solennellement mes obsèques le 21 **, jour de saint Matthieu, avec grand concours. M. le théologal *** fit un beau ser

mon.

MM. les abbés de Fleury et de Langle sont ici, et vous saluent.

A Germigny, ce 24 septembre 1696.

me, illustrissime præsul, novissimis scilicet litteris quas nuper ad me reddidit D. abbas Bossuetus, fratris tui filius, jam pridem mihi præclaras ob ejus virtutes charissimus : ex quibus profectò illam præ cæteris decerpsi jucunditatem, quod tantopere ab illustrissimo D. archiepiscopo Parisiensi intellexi me amari. In cujus rei testimonium exoptavit clarissimus vir Constitutionem suam unà cum epistolâ tuâ ad me deferri; eo fortasse judicio inductus, illam ad me chariorem perventuram, si amantissimi mei litteris comitata accederet. Quod quidem negare non ausim, cùm cæteroquin præstantissimi viri egregia dotes tot tantæque sint, ut iis non modò universo Galliarum regno præluceat, sed cæterarum etiam Ecclesiarum præsulibus exemplo sit, illosque ad sui imitationem alliciat.

Gratissima insuper ad me accessit ejusmodi constitutionis editio, tum quia in eâ optimi pastoris animum recognovi Sedis apostolicæ decretis adeo conformem, ut nihil magis; tum etiam quia planè video maximum gloriæ cumulum viro religiosissimo inde accessurum, ab iis præsertim qui catholicæ veritatis studio flagrant.

Te interim, illustrissime præsul, summopere. exoratum volo, præfato D. archiepiscopo, quem plurimi meritò semper feci, semperque faciam, propter hoc ingens erga me animi sui testimonium gratias nomine meo agas innumeras; tibique persuadeas nihil mihi fore jucundius, quàm tuis tuorumque commodis inservire, et valeas. H. card. CASAnate.

Romæ 2 octob. 1696.

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Iteratis amoris tui significationibus exornas * Dans une lettre du 1er octobre, qui ne contient rien autre chose d'intéressant, le prélat lui marque: «La censure de la › mère d'Agréda a été relue ce matin, et paroîtra dans peu de » jours. »

**Bossuet avoit fondé dans son église cathédrale un service, qui devoit être célébré tous les ans après sa mort au jour de

son décès; et. pour acquitter, cette fondation, on disoit pour lui. pendant sa vie, une messe solennelle chaque année.

*** C'étoit l'abbé Treuvé: son sermon a été imprimé. (Édit. de Vers.)

LETTRE LXXV.

DE FÉNELON A BOSSUET.

Il tache de le rassurer dans ses défiances à son égard, et de justifier son refus d'approuver le livre du prélat sur les États d'oraison.

J'arrivai, monseigneur, de Paris à Versailles avant-hier au soir fort tard, et je ne sus hier, par M. Ledieu, que vous étiez à Versailles, que dans le temps de l'embarras de mon départ : ainsi je ne fus pas libre d'avoir l'honneur de vous aller voir. J'espère que vous verrez par toute ma conduite quelle est ma sincérité. Personne, s'il plaît à Dieu, n'ira jamais plus loin que moi en zèle pour l'autorité de l'Église, et en attachement inviolable à sa tradition. Je vous suis très obligé, monseigneur, des soins avec lesquels vous avez la bonté de vous inté

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