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de concert avec vous, des explications et des éclaircissements aux endroits de son livre où l'on peut trouver à redire. Cette conduite humble et défiante lui auroit été d'ailleurs plus avantageuse; car il auroit prévenu la censure de Rome, qu'il aura peine à éviter, à ce qu'on me mande de ces quartiers-là.

Trouvez bon, monsieur, que je profite de cette occurrence, pour vous demander la continuation de votre amitié. Vous ne pouvez l'accorder à personne qui vous honore et qui vous estime plus que moi, et qui soit à vous avec plus d'attachement et de vénération que j'y suis.

A Grenoble, ce 27 novembre 1697.

LETTRE CLXXX.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur l'Instruction pastorale de M. de Paris contre le livre de M. de Cambrai; les dispositions de ce dernier, et l'opposition des docteurs à ses sentiments.

Je viens de recevoir votre lettre du 12 novembre. On va travailler à l'impression que vous souhaitez on enverra l'écrit feuille à feuille.

Vous verrez, par les remarques ci-jointes *, que M. l'archevêque de Paris, sans nommer M. de Cambrai, se déclare si ouvertement contre son livre, dont il rapporte en trente endroits des lignes entières, qu'il ne s'y peut rien ajouter. M. de Chartres n'a encore rien fait. L'instruction de M. de Paris est très bien reçue, et il met M. de Cambrai en pièces. La lettre de M. de Beaufort, que je vous ai envoyée, sur le frère Laurent, est triomphante. Vous connoissez M. de Beaufort,

qui est l'homme de confiance de M. de Paris.

Le roi a encore parlé très fortement à M. le nonce, et celui-ci a écrit selon l'intention de Sa Majesté.

M. de Cambrai continue à faire le soumis, avec l'air du monde le plus arrogant. Il a fait les derniers efforts pour venir au mariage du duc de Bourgogne : on n'a pas voulu le lui permettre, et

il en est bien mortifié.

Il n'y a pas un seul docteur de son sentiment. La cabale est puissante: mais tout cédera à la condamnation; il n'en faut pas douter.

A Versailles, ce 2 décembre 1697.

LETTRE CLXXXI.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE.

Sur deux écrits contre les trois evêques opposés à M. de Cambrai; les notes explicatives de ce dernier sur son livre; le dessein de ses partisans de faire suspendre l'examen jusqu'à ce qu'il eût répondu aux pièces publiées contre lui.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 11 de novembre, de Versailles. Je vous envoie la copie d'un écrit latin, fait en faveur de M. de Cambrai, sous le nom d'un docteur de Sorbonne, contre la Déclaration des trois évêques, et un extrait d'un autre écrit de la même plume, fait avant celui-là. Je n'aurois jamais cru, si je ne l'avois vu, qu'on eût osé écrire si insolemment au sujet des évêques, et de vous en particulier. Les écrits font juger de la bonne foi de celui qui anime tout. Il faut que lui et ses amis aient perdu l'esprit, si je l'ose dire, pour en venir, comme ils font, aux injures et aux calomnies : il en résulte nécessairement un effet contraire à leur intention. Je savois bien ce qu'ils répondoient de bouche; mais qu'ils l'osassent mettre par écrit, et qu'ils en fissent la plus forte défense de leur cause, c'est ce que je ne pouvois m'imaginer. Cela me paroit également injurieux au roi et aux évêques. Je ne puis m'empêcher de le dire, mais ils feront bientôt le roi janséniste.

J'ai reçu une lettre très honnête du père de La Chaise, en réponse à la mienne. Elle avoit été envoyée apparemment aux jésuites ici, qui ne m'ont pas fait l'honneur, ni de me l'apporter, ni de me faire faire le moindre compliment sur la Il y a meme huit jours que j'y allai, et je n'ai nouvelle grace que Sa Majesté vous a accordée. pas entendu parler de personne. Je ne sais s'ils ont résolu de ne me point voir, pour se venger de vous, qui avez eu la hardiesse de présenter au roi l'Ordonnance de M. de Reims. Je ne

laisse pas de garder ici toutes les mesures possibles en paroles et en actions, disant toujours que j'ai peine à croire les faits qu'on me rapporte. Vous jugerez de ces écrits, qui ne siguifient rien d'ailleurs.

Au reste, la copie des notes, que M. Phelippeaux vous a envoyée il y a quinze jours, a été prise sur l'exemplaire donné à Granelli; et celui que j'avois vu, dont je vous avois rendu

* Ces remarques ont été données à la suite de la lettre CLXXVI. compte et envoyé quelques extraits, étoit celui

du maître du sacré palais, qui se trouvoit entre les mains du père Massoulié : c'est proprement celui qui avoit été donné le premier au saintoffice. Ce matin, en parcourant l'exemplaire sur lequel M. Phelippeaux a fait copier ce qu'il

vous a envoyé, j'ai trouvé qu'il y manque la note dont je vous avois écrit, qui regarde le silence prétendu des pasteurs et des saints sur cette matière; note, à la vérité, bien positive, et qui suffiroit seule pour faire condamner le livre. Il faut qu'ils aient jugé à propos de la supprimer. C'est néanmoins un fait constant, que je l'ai vue et lue avec le père Massoulié. Je veux un peu aller à la source, et savoir ce qu'est devenue cette première copie. Je ne sais si, par le moyen de l'assesseur, ils ne l'auroient pas fait supprimer: s'ils n'ont pas eu cette précaution, j'espère en faire un bon usage. Mais il est toujours à propos que vous soyez averti du fait. La note étoit telle que je vous l'ai marqué, donnant sa doctrine de l'amour pur comme appartenante à la foi, et disant qu'on avoit eu sur ce sujet une certaine économie de secret pour ceux qui non poterant portare modò: cela étoit encore plus fort que je ne puis vous le dire.

J'ai vu ces jours passés l'assesseur, qui, après beaucoup de verbiage, me dit que le saint-office avoit résolu, avant que de faire recommencer l'examen, d'attendre la réponse de M. de Cambrai aux pièces dont cet archevêque avoit demandé la communication, qui sont la Déclaration des évêques et le Summa Doctrinæ; et qu'on le lui avoit accordé.

la décision dernière, d'attendre les éclaircissements dont la congrégation croiroit avoir besoin.

Toutes ces raisons ont fait impression sur la plupart de messieurs les cardinaux que j'ai pu voir, et même sur le Pape, à qui j'ai fait parler en conformité. J'espère qu'on recommencera bientôt les conférences, d'autant plus que je sais que M. le nonce a écrit, et que le Pape, qui disoit, il y a quelques jours, qu'il vouloit caminare in questo negotio col piede di piombo, cheminer dans cette affaire avec un pied de plomb, commençoit à dire qu'il failoit aller plus vite. Si je vois qu'on ne détermine rien sur les conférences dans la première congrégation, j'ai formé la résolution de parler moi-même au Pape, en prenant l'occasion de lui témoigner, de la part des trois évêques, leur joie sur le rétablissement parfait de sa santé. J'ai dessein de ne lui parler que dans la nécessité, pour appuyer davantage les choses. Ce rétablissement des conférences me paroît de la dernière importance; car si on n'examine pas, on n'aura garde de juger, et dorénavant le Pape et la congrégation seront plus attentifs : cet arrêté de la congrégation fut déterminé il y a un mois, dans le temps que l'assesseur faisoit tout ce qu'il vouloit, et qu'on étoit sorti des règles ordinaires, comme vous l'avez su.

m'envoyâtes d'abord, auquel j'ai ajouté la petite préface que je vous fais passer, qu'on a trouvée ici convenable au sujet et au temps. Je l'ai lue au cardinal Spada et au cardinal Casanate, qui l'ont approuvée. J'ai parlé aujourd'hui fortement sur tous ces délais au cardinal Spada, qui m'a dit qu'il espéroit que, sans que j'en parlasse à Sa Sainteté, on feroit ce qu'il convient pour diligenter cette affaire. Il faut tout emporter à la pointe de l'épée, et tout faire sans la participation de M. le cardinal de Bouillon, qui pourroit, par de petits mots, empêcher ces longueurs. Vous jugez bien de l'embarras où je suis j'espère ne me pas rebuter.

Ce dessein me parut un peu extraordinaire. Je pris sur cela la résolution de faire parler au J'ai encore pris la résolution de publier, c'estPape, et de représenter à messieurs les cardi-à-dire, de donner aux cardinaux l'écrit que vous naux que ce n'étoit qu'un prétexte pour allonger et reculer la décision; que M. de Cambrai avoit par-là tout ce qu'il pouvoit desirer, qui étoit que non seulement on ne jugeât point, mais qu'on n'examinât pas même sa doctrine; que c'étoit éluder les bonnes intentions de Sa Sainteté et les instances de Sa Majesté, et peu répondre au zèle qu'elle témoignoit pour voir la fin de cette importante affaire, qui causoit un si grand scandale dans son royaume; qu'il n'étoit question que de ce livre qu'on avoit en main, dont on avoit même la traduction, outre les notes explicatives de M. de Cambrai; qu'on ne pouvoit pas comprendre ce qu'on avoit à desirer de plus pour l'éclaircissement d'un livre qui faisoit toute la question, contre lequel seul les évêques s'étoient élevés, et dont M. de Cambrai avoit demandé l'examen; qu'il n'étoit en aucune manière question des ouvrages que ce prélat pour-mièrement, parceque je ne crois pas devoir me roit faire dans la suite, où il diroit tout ce qu'il jugeroit à propos ; qu'il s'agissoit uniquement du livre; que ce n'étoit que pour éterniser cette affaire qu'on employoit tous ces prétextes; enfin que rien du moins ne devoit empêcher qu'on ne continuât à examiner le livre, sauf, pour

On m'avoit conseillé, et c'est M. le cardinal Casanate, de présenter un mémorial à la congrégation et au Pape mais j'ai jugé à propos jusqu'ici de ne le faire qu'à l'extrémité; pre

déclarer partie si ouvertement et si en forme; en second lieu, parceque j'aime mieux tenter les voies indirectes, et que cela vienne de la part du Pape; en troisième lieu, parceque je doute que ce soit l'intention des évêques de reconnoître le tribunal du saint-office, et je ne pourrois

présenter le mémorial qu'en leur nom; outre | ce que je vois. M. le cardinal de Bouillon ne veut que les évêques effectivement ne se portent en tout qu'imposer, et au roi, et aux particuliers: point pour parties, et ont seulement déclaré il ne réussit pas mieux à Rome, sain que maleurs sentiments, et que c'est le roi qui de- lade. mande et presse le jugement. Ces raisons m'ont retenu et me retiendront toujours. Mais aussi cela m'embarrasse beaucoup car si je pouvois agir directement et juridiquement au nom des évêques et un peu au nom du roi devant la congrégation et le Pape, je crois que l'affaire iroit plus vite; au contraire, tous les pas que je fais, il faut presque que je les fasse de moi-même, et point aussi ouvertement qu'il seroit à desirer; vous en voyez bien les raisons. Toutefois mandez-moi, je vous prie, jusqu'où je puis m'avancer dans la nécessité, et dans les circonstances urgentes.

Le livre du père Dez, sur les affaires du jansénisme, a été rejeté, comme dangereux et mauvais, par les deux examinateurs, le père Granelli et le père Le Mire, qui ont fait leur rapport devant les cardinaux. Le cardinal de Bouillon n'a pu se contenir. Avant que les cardinaux prissent une résolution conforme à l'avis des examinateurs, il a parlé fortement en faveur du livre, et a même interposé le nom du roi, ce qui a très surpris les cardinaux et les a indignés; car ils se sont bien imaginé que le roi n'avoit donné là-dessus aucun ordre. Ils ont décidé qu'on donneroit à chaque cardinal l'avis des examiLe cardinal Spada m'a dit qu'à la place du nateurs par écrit, sur lequel ils formeront leur père Damascène, le Pape avoit nommé le Père jugement. Ils sont résolus, à ce qu'on m'a asgénéral ou le procureur général des carmes dé-suré, si le cardinal de Bouillon continue, d'en chaussés*. Je ne sais qui il est: j'ai seulement faire écrire au roi. Jugez du bon effet que cela oui dire, ce me semble, il y a quelque temps, fait ici : je ne puis vous dire à quel point sa conqu'il n'étoit pas trop ami des jésuites: avec duite est méprisée à Rome. cela je me défie toujours de quelque cabale dans les nouveautés. Le cardinal Spada m'a dit qu'il étoit consulteur du saint-office; mais je crois qu'il n'est pas bien informé. Je vous en dirai davantage par le premier ordinaire.

J'ai eu une longue conférence avec Fabroni: c'est un homme d'esprit, mais qui étoit prévenu. Je lui ai parlé en votre nom comme à une personne de considération, et dont vous estimiez le mérite. Je lui ai lu votre relation cela a fait un très bon effet. On l'instruira bien, et j'espère qu'il ne favorisera plus ce qu'il ne connoissoit pas il lit votre livre, dont il est très content.

Je parlerai et remercierai, en conformité de votre lettre, M. le cardinal de Bouillon de ses bontés pour moi, et de la manière dont il a écrit. Il est pourtant bon que vous sachiez que ce qu'il a écrit, qu'il m'avoit offert de me donner auprès de lui la place d'ami, la même qu'a M. de Polignac, est très faux. Il est vrai que je n'ai pas sujet, pour les honnêtetés, de m'en plaindre; mais, à dire aussi la vérité, je n'ai pas non plus sujet de m'en louer beaucoup. M. le cardinal de Bouillon croit payer tout le monde par des compliments, et en disant qu'il a une grande confiance, quand il agit tout au contraire; cela suffit pour cet article. Je vais mon chemin, et je ne manque à rien pour ce qui est du cérémonial; mais je me tiens pour dit ce que je sais, et

*C'étoit le général des carmes déchaux, qui se nommoit le

père Philippe

A

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Je vous supplie de me mander quelle idée madame de Maintenon et le roi ont du cardinal de Bouillon, et s'ils croient être bien servis ici.

Il est nécessaire que le roi continue, auprès du nonce, ses bons offices, et lui témoigne son étonnement sur toutes ces longueurs affectées.

A Rome, ce 5 décembre 1697.

LETTRE CLXXXII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur le mariage du duc de Bourgogne; l'Instruction pas

torale de M. de Noailles; les éloges que l'abbé de Chanterac donnoit à Fénelon; et sur la conduite du prélat dans l'assemblée de 1682.

On n'a point encore reçu les lettres de ce courrier: je vous écris cependant; et si elles arrivent, j'en accuserai la réception.

Toute cette cour est d'une magnificence inouie pour le mariage de monseigneur le duc de Bourgogne: il fut célébré samedi ; j'eus l'honneur de servir la princesse. Tout fut fait avec une grace merveilleuse de la part des mariés. M. le cardinal de Coislin fit l'office; ce ne fut qu'une messe basse. On fit les fiançailles et le mariage en même temps, dans la chapelle royale. Les évêques étoient en rochet et camail, ayant à leur tête messieurs les cardinaux d'Estrées, Furstemberg et Janson. Les cardinaux eurent hier, avec M. le cardinal de Coislin,

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leurs audiences particulières de madame la duchesse de Bourgogne, qui les fit asseoir, à l'ordinaire, sur un pliant. Hier elle tint le cercle, qui fut d'un éclat extraordinaire. Toutes les princesses du sang, Madame entre autres, avoient à leur tête madame la duchesse de Bourgogne. Vous aurez l'imprimé des Observations en latin, le plus tôt qu'il sera possible: je suis très content de ce que j'ai vu de la version. On imprimera en même temps la réfutation de l'Instruction pastorale de M. de Cambrai, qui est une pépinière d'erreurs; on la mettra à la tête de mes cinq Ecrits, que vous devez à présent avoir reçus.

L'Instruction pastorale de M. de Paris fait fort bien ici. Tout le monde voit qu'il n'y manque que le nom de M. de Cambrai et de son livre, qui de tous côtés y est mis en pièces.

Les jésuites ont fait une remontrance à M. l'archevêque de Reims sur son Ordonnance : elle est respectueusement insolente. M. l'archevêque ne s'oubliera pas. J'ai un grand plaisir de voir triompher la véritable doctrine de saint Augustin. Les jésuites me font plus de caresses que jamais, quoique je défende M. de Reims, et que, etc.; mais c'est avec modération. Le roi trouve tout bon, aussi bien que madame de Maintenon.

Ils n'ont pas un homme plus opposé que lui dans le fond; mais il sait jouer.

La lettre qu'il a répandue en confirmation de celle à l'ami *, est pire que l'autre car encore qu'il y promette de se soumettre à la décision du Pape; en quelque forme qu'il parle, il menace de passer ses jours à questionner le Pape en particulier; et toute sa soumission ne paroît qu'un jeu.

M. le cardinal de Janson m'envoya hier une lettre en réponse à la vôtre, qu'il m'a aussi envoyée. Il parle toujours de vous avec la même estime, la même considération et la même ten

dresse.

A l'égard de ce qu'on dit du clergé de France, vous savez quelle fut ma conduite dans l'assemblée de 1681 et 1682, et ce que je fis pour empêcher qu'on n'allåt plus loin. Du reste, il faut laisser oublier cela, et prendre garde seulement à ce qui se dira sur mon compte. Vous connoissez mon manuscrit sur cette matière **, que M. de Cambrai peut avoir eu de M. de Fleury; mais il ne faut rien remuer.

A Versailles, ce 9 décembre 1697.

LETTRE CLXXXIII.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONcle.

Outre la remontrance, que les jésuites donnent publiquement, sans nom pourtant ni d'au-Sur ses démarches pour faire recommencer les conféren

teur, ni d'imprimeur, ni d'approbateur, et sans privilége, il court un autre libelle outrageant contre M. de Reims: tout roule sur son humeur et sur sa famille. La remontrance n'est pas mal écrite pour le style: mais elle énonce faux en deux endroits; l'un, où elle dit que M. de Reims condamne la science moyenne; l'autre, où elle prétend qu'il oblige d'enseigner la prédestination ad gloriam ante prævisa merita; mais il a dit le contraire. Un des moyens d'autoriser à Rome l'Ordonnance de M. de Reims seroit de la faire imprimer à Rome même, avec les marques ordinaires d'approbation; comme on fit de mon Exposition, traduite en italien, qui fut imprimée à l'imprimerie de la propagande ou du saint-office.

On écrit ici de Rome que M. l'abbé de Chanterac vante M. de Cambrai comme le défenseur, contre les évêques de France, de l'autorité du Pape, de l'anti-jansénisme et des moines. Il les gracieuse à Cambrai, et leur dit qu'il se contentera, pour les recevoir à l'administration des sacrements, du témoignage de leurs supérieurs.

Ces cinq Écrits ou Mémoires, ainsi que la Préface sur Instruction pastorale de M. de Cambrai, se trouvent dans Te tome viii. (Edit. de Vers.)

ces des examinateurs, les dispositions du Pape, une conversation que cet abbé avoit eue avec le cardinal de Bouillon; l'Ordonnance de M. de Cambrai et celle de M. de Paris, et sur les notes explicatives de M. de Cambrai.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de Versailles, le 18 novembre. J'ai reçu aussi les exemplaires des divers écrits dont M. Ledieu me parloit: j'en ferai l'usage qu'il faut, et les communiquerai ici à ceux qui entendent le françois. Pour les cardinaux, il ne leur faut rien donner, hors à quelques uns, si ce n'est les observations latines quand elles seront imprimées. Cela contient tout: la grande quantité d'écritures leur fait peur; il y en a déja assez.

Vous aurez vu, par ma dernière lettre, la situation des affaires, et les pas et les instances que j'avois résolu de faire pour engager à recommencer les conférences des examinateurs. Il seroit trop long de vous marquer tout ce qu'il

Voyez ci-dessus les lettres CXXXVIII et CXLIX. (Édit. de Vers.)

**Ce manuscrit est la Défense de la Déclaration du Clergé, dont Bossuet avoit permis à l'abbé Fleury de prendre une copie. Après la mort de cet abbé, cette copie passa à la bibliothè que du Roi, où elle est encore. Voyez l'Hist. de Bossuet, t. 11, Picces justific. du livre v1. (Edit. de Vers.),

De tous ceux auxquels je me suis proposé de lire votre relation, il ne me reste plus que les cardinaux Carpegna et Noris. Je l'ai lue aux cardinaux Nerli, Marescotti, Ferrari et Casanate. Les deux premiers étoient très prévenus par le cardinal de Bouillon: j'ai lieu de les croire bien changés. J'ai rendez-vous avec le cardinal Carpegna et le cardinal Noris pour la leur lire je leur ai dit que vous m'aviez défendu de la publier, non que vous craignissiez qu'on put vous démentir sur une chose si pu

a fallu faire pour y parvenir je vous dirai seulement que Sa Sainteté et messieurs les cardinaux de la congrégation ont enfin entendu mes raisons, et qu'ils ont jugé mes instances sur ce sujet très justes; l'assesseur même n'a pu s'y refuser. Je n'ai paru par aucun instrument public. Le Pape a été bien instruit de mes raisons, sans que j'ai eu aucune audience de lui; et la congrégation, sans' qu'il ait été besoin de lui présenter de mémorial, a fait son décret: enfin Sa Sainteté a ordonné au maitre du sacré palais de faire continuer les conférences des exa-blique, et dont vous aviez les preuves en main; minateurs avec toute la diligence possible, sans attendre les réponses de M. de Cambrai sur les pièces à lui communiquées.

mais seulement par charité pour votre confrère : que vous m'aviez envoyé cette relation seulement pour mon instruction particulière; mais que sachant combien il est important que messieurs les cardinaux soient informés de la vérité sur une matière si importante, et où on leur en a tant imposé, j'avois cru nécessaire de la communiquer à Leurs Éminences. Elles ont trouvé cela très à propos et très utile à la cause, et la conduite que vous et moi tenons sur ce sujet, fort louable: ils sont ravis de tout savoir.

Le maître du sacré palais est très bien intentionné pour finir, et en sent la conséquence. Je l'ai vu, et j'en suis très content. L'assesseur m'a fait l'honneur de me rendre compte de tout ce que la congrégation et le Pape avoient déterminé sur ce sujet, et m'a fait entendre qu'il avoit fortement parlé là-dessus: je l'ai assuré que j'en étois persuadé. Je crois que M. le nonce recevra, par cet ordinaire, la résolution que Sa Sainteté a prise. Je me suis servi utilement de ce que le nonce avoit écrit. Je crois savoir de bonne part que le Pape est réveillé, et voit qu'on le trompoit quand on lui faisoit croire que le roi ne se soucioit pas de cette affaire, et dans ce qu'on lui disoit touchant M. de Cambrai et les évêques. J'espère faire parvenir votre re-nateur est le général actuel des carmes délation jusqu'à lui. Ce qu'il y a de plaisant, c'est que tout cela s'est passé sans que le cardinal de Bouillon en ait rien su je doute même qu'il le sache encore.

Cette Éminence arriva avant-hier de Frescati, où elle étoit restée huit jours, et me parla hier comme un homme qui n'étoit nullement informé de la nouvelle résolution du Pape et des cardinaux sur cette affaire. Je me crus obligé de lui dire, en général, que j'avois lieu d'espérer que l'examen recommenceroit bientôt sur quoi il parut très surpris, et me dit que ce n'étoit pas la résolution qu'il sembloit qu'avoit prise la congrégation, mais qu'il en seroit bien aise. Je lui dis qu'à présent on se flattoit qu'il voudroit bien aider à presser cette affaire, étant dorénavant pour tout cet hiver à Rome : il ne me répondit rien. Je vous assure que j'ai tout sujet de me louer de tout ce que cette Éminence me dit hier d'obligeant pour vous et pour moi : elle savoit de M. l'abbé de Fleury, l'aumônier, tout ce que vous lui aviez dit à son sujet, dont elle me témoigna une sensible joie. Vous ne devez pas douter que je ne réponde comme je dois à tant de bontés.

Je sais que M. de Chanterac, qui a eu vent d'une relation, est très en peine, et fait tous ses efforts pour la voir; mais très inutilement, car, j'en ai même refusé des copies à ceux de messieurs les cardinaux qui me l'ont demandée; et cela pour les raisons que je vous dis, qu'ils ont eux-mêmes approuvées. Le nouvel exami

chaussés, il s'appelle le père Philippo : il est très habile, à ce qu'on dit, homme d'esprit, mais très sourd. On prétend qu'il n'a aucune relation avec les jésuites: on vient de m'assurer qu'il est même leur ennemi, et par rapport à Papebrock, et par rapport à Palafox.

La note sur le quarante-quatrième article vrai, dont je vous ai parlé, se trouve encore dans l'exemplaire qu'a en main le père Massoulié je tâcherai d'en avoir copie avant de fermer ma lettre. Je l'ai bien averti de ne s'en pas dessaisir : elle ne se trouve pas dans celui de Granelli; je ne sais si c'est à dessein.

Je n'ai garde de parler au nom du roi je fais seulement entrevoir l'intérêt qu'il prend à cette affaire, et qui paroît assez par sa lettre.

Je ne vois pas que l'Ordonnance de M. de Cambrai fasse ici aucun bon effet pour son livre: on n'en a encore distribué aucun exemplaire aux cardinaux; je crois que les examinateurs l'ont. Je reçus avant-hier, par le courrier, deux exemplaires de l'Ordonnance de M. de Paris, qui est admirable et digne de ce prélat: elle fera bien voir ici l'union des évêques. Je la portai dès le jour même à M. le cardinal Casa

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