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les cardinaux sur cette affaire, et s'ils écouteront, que je vous honore toujours, monsieur, très sinles qualificateurs : demain ils en parleront au cèrement.

saint-office.

Rome, ce 6 avril 1698.

Paris, 7 avril 1698.

LETTRE CCXLIV.

LETTRE CCXLIII.

DE BOSSUET A L'ABBÉ RENAUDOT.

DE M. DE NOAILLES, ARCHEVÊQUE DE PARIS, Sur l'affaire de M. de Cambrai, et une fausse maxime A L'ABBÉ BOSSUET. que ce prélat avoit avancée dans une de ses lettres.

Sur les moyens de rendre plus utiles les audiences que le Pape lui donnoit; les trois lettres de M. de Cambrai, et

les calomnies débitées contre cet abbé.

Je reçois toujours avec plaisir vos lettres, monsieur, et je ne les trouve point trop longues: je vous remercie, au contraire, du soin que vous prenez de me mander dans le détail tout ce qui se passe. Je vois, par la vôtre du 18, qu'il n'y a pas encore de changement considérable; que le Pape presse toujours les examinateurs, et qu'ils conservent tous les dispositions qu'ils ont fait paroître d'abord. La cabale agit si fortement, qu'il ne faut pas s'en étonner; mais il faut toujours espérer que la vérité triomphera à la fin. Vous ferez bien de voir plus souvent le Pape; mais il seroit bon, ce me semble, pour rendre vos audiences plus utiles, que vous convinssiez avec M. Giori de ce que vous proposerez, afin qu'il parlât ensuite comme vous.

Je vous remercie des trois belles lettres de M. de Cambrai, que vous m'envoyez. Je les avois; car on les a répandues ici en quantité, et dans le même temps qu'on les a envoyées à Rome. Je travaille actuellement à la réponse : elle est assez avancée, et j'espère vous l'envoyer dans peu de temps. J'ai de quoi renverser, sur le fait aussi bien que sur le droit, tout ce qu'il avance de spécieux contre moi.

Je vous ai déja mandé, monsieur, que j'ai parlé fortement au roi et à madame de Maintenon sur les calomnies qu'on a débitées contre vous. Je n'ai rien de plus à vous dire, sinon qu'on paroît toujours plus revenu des impressions qu'elles avoient faites, et qu'on ne doute plus qu'elles ne soient fausses. Madame de Maintenon vous prie de l'excuser, si elle ne vous fait pas réponse. Vous avez plus besoin de ses bons offices que de ses lettres : elle fera le premier, et ne peut pas aisément faire le dernier. Je me suis chargé de vous faire ses compliments.

M. l'abbé de La Trémouille m'écrit une lettre d'apologie pour vous, dont je ferai encore le meilleur usage que je pourrai : elle est très forte et très honnête. Vous devez lui en savoir très bon gré : vous ne devez pas être moins persuadé

J'ai reçu votre lettre du 5: vous savez, monsieur, les remerciments que je vous dois, et je vous prie d'en faire beaucoup à M. le nonce. J'espère être à Paris samedi prochain, sans manquer. Nous parlerons de l'affaire dont M. de Montpellier m'écrit, et je vous supplie, en attendant, de l'assurer de mes respects. Je ne m'étonne pas de l'audace de M. de Cambrai : cela est de l'esprit lettre contre M. de Paris. Je ne sais où il a pris qui le pousse. Je viens de recevoir sa quatrième sa maxime, qu'il faut, en matière de doctrine que l'accusé ait le dernier. En tout cas, puisqu'il nous accuse, il faut donc aussi que nous répondions. Il faudra pourtant donner des bornes à nos écrits en faire en latin, parcequ'on les demande à Rome et en Flandre; les faire courts et décisifs. Dieu confond toujours la témérité des novateurs. Je vous rends mille graces, monsieur,

et suis à vous avec toute l'estime et la confiance que vous savez.

A Germigny, ce 7 avril 1698.

LETTRE CCXLV.

DE L'ABBÉ PHELIPPEAUX A BOSSUET, Sur la célérité que les consulteurs mettoient dans leur examen; la démarche qu'avoit faite l'abbé de Chanterac; les nouveaux imprimés de M. de Cambrai; et le véritable auteur de la Lettre d'un docteur de Louvain.

J'ai fait un extrait en latin de votre Préface sur ce qui regarde l'amour naturel, qui est le prétendu dénouement du livre. J'y ai ajouté la réfutation de ce qu'il dit de l'état de l'ame qui espère, dont vous n'avez dit qu'un mot. J'aurois souhaité que vous eussiez relevé les falsifications qui se trouvent dans la version latine, dont je vous ai envoyé un extrait : j'espère que vous le ferez dans les livres latins que vous nous promettez. Si on avoit eu la Préface traduite en latin, et imprimée, elle auroit fait un bon effet : cela se pouvoit faire en même temps.

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Le Pape ordonna dimanche que l'examen du livre fût fini à la fin de ce mois : c'est pourquoi on examinera demain six articles ensemble, le

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treizième jusqu'au dix-neuvième. Cet examen pourra finir dans deux congrégations: il ne restera plus que ce qui regarde la méditation et la contemplation.

étoit déclaré pour nous je l'avois fait changer dans trois conférences que nous eûmes ensemble.

M. le cardinal de Bouillon alla mercredi dernier, à une heure de nuit, voir les pères Charonnier et Dez. On dit qu'il applaudissoit fort aux lettres de M. de Cambrai contre M. de Paris; je n'en doute pas. Le mariage de M. le comte d'Ayen m'a fort réjoui: cela vient bien dans la conjoncture présente. Si vos livres sont imprimés, ne perdez point de temps à les envoyer; ils serviront pour les cardinaux. Quelque empressement qu'ait le Pape à finir l'examen, je doute fort qu'il le soit aussitôt qu'il l'a ordonné.

M. l'abbé vous mandera au long la démarche qu'a faite l'abbé de Chanterac: il a présenté de nouveaux exemplaires, imprimés en latin et en françois, contenant la Réponse à la Déclaration | et au Summa Doctrinæ, et a demandé qu'on lui rendit les autres exemplaires qu'il avoit donnés. Le Pape l'a refusé. Je ne sais pas son dessein, ni s'il y a des changements qui ne se peuvent voir qu'en collationnant les deux livres ensemble. L'exemplaire nouveau en françois est imprimé à Bruxelles d'un caractère menu, auquel on a joint la réponse en françois au Summa Doctrinæ. Le premier exemplaire étoit › sans le nom du libraire ni de la ville, quoique je sache qu'il a été imprimé à Lyon, chez Thiolin. Le nouvel exemplaire latin est sans nom de libraire et de ville; on n'y a pas joint la réponse au Summa en latin. Le temps nous apprendra quel dessein il a eu dans cette démar-vous prie de l'ajouter à vos chiffres. M. le che, qui paroît étonnante.

On a déféré au saint-office l'Ordonnance de M. d'Amiens contre les propositions du père des Timbrieux. Une personne de ma connoissance en a été chargée : j'en ai déja conféré avec lui; il est bien intentionné, et cela n'aura pas de suite. Vous jugez bien qui a pu faire cette délation. On ne pardonnera pas aux évêques qui ont accusé Sfondrate *, et on prend le train d'accuser leurs ordonnances: M. le cardinal de Bouillon ne s'y opposera pas.

L'ambassadeur d'Espagne est très fâché du partage qu'on a procuré sur l'affaire de Palafox: il s'est plaint que M. le cardinal de Bouillon ait sollicité dans cette occasion.

Nous donnerons au père Campioni, religieux de Campitelli, le nom de Nicodème, qui est vacant: il pourra nous servir dans l'occasion; je

prince des Ursins mourut samedi. On est ici dans une grande attente de savoir ce qu'auront produit les changements arrivés à la cour de Madrid.

Je vous aurois envoyé la traduction latine du livre de M. de Cambrai, si je ne croyois que vous l'avez : elle a été imprimée à Lyon, chez Thiolin. L'auteur de la Lettre d'un docteur de Louvain à un docteur de Sorbonne, contre les sentiments de M. de Meaux sur la charité, est un nommé Caron, chanoine de Cambrai et docteur de Louvain. La Faculté n'y a point de part, et est bien éloignée de vouloir se déclarer pour cette doctrine. Je suis avec un profond respect, etc.

Rome, ce 8 avril 1698.

LETTRE CCXLVI.

J'ai vu ce matin Granelli, qui m'a chargé de vous faire ses compliments. L'archevêque de Chieti n'a pas assisté aux quatre dernières congrégations, ayant la goutte. Granelli fit dire, il y a quelques jours, à l'archevêque de Chieti, qu'il se déshonoroit et se perdoit dans l'esprit de tous les honnêtes gens. L'archevêque l'a fait prier de le venir voir pour conférer avec lui: ils ont dù s'aboucher ce soir, et je ne doute pas que cela ne fasse un bon effet. Le sacriste et le général des carmes persistent dans leur premier sentiment, aussi bien qu'Alfaro et Gabrieli. Les amis du sacriste en sont au désespoir, surtout Hennebel, qui a toujours pris le bon parti. Il a eu une Préface, dont il a dit mille biens partout. Je le connois, il est honnête homme et as-neur de m'écrire de Meaux, du 17 mars. Quoisez habile.

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DE L'ABBÉ BOSSUET A SON oncle.

Sur une demande singulière qu'avoit faite M. de Chanterac, en distribuant aux examinateurs de 'nouveaux livres ; et sur ce qui s'étoit passé dans les dernières conférences.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon

que je croie que ma lettre vous trouvera à Paris, je continue et continuerai d'écrire tous les ordinaires à M. de Paris. Votre lettre et la sienne est presque la même chose, hors certains articles particuliers qui ne regardent pas l'affaire générale.

Il seroit aussi nécessaire d'avoir quelque témoignage de M. de Chartres. Le malheur est la foiblesse du Pape, sur qui on ne peut compter. M. le cardinal de Bouillon continuant d'agir de la même manière, le Pape est prévenu sur tout contre lui; c'est pitié.

M. Phelippeaux vous rend compte de l'affaire de M. d'Amiens. Il est honteux à M. le cardinal de Bouillon de laisser traduire au saint-office une chose pareille; mais il est entré dans la haine et la politique des jésuites. Je crois être sûr de M. le cardinal Noris : pour M. le cardinal Ferrari, j'en espère bien; mais il est bon ami du

Je lui mande au long une démarche que M. de [ s'il vient quelque courrier extraordinaire, il faut Chanterac a faite ici depuis deux jours, de la s'en servir. part de M. de Cambrai, qui est très extraordinaire. En donnant des éditions nouvelles de sa réponse en françois à la Déclaration et au Summa, et la traduction en latin de la Déclaration dans un autre volume, il a demandé, de la part de M. de Cambrai, qu'on lui restituât ce qu'il avoit distribué ci-devant au saint-office, et qu'on n'eût égard dans l'examen et dans le jugement qu'à ce qu'il donnoit à présent. L'assesseur alla chez le Pape lui rendre compte de cette proposition. Sa Sainteté la rejeta, ordonna qu'on retînt tout, et qu'on ne rendit rien; ce qui a été exécuté. On ne comprend rien à cette démarche, si ce n'est qu'il y eût quelque chan-père Damascène. gement considérable dans ces ouvrages, qu'on n'a pu encore remarquer; ou qu'il prétendit qu'on lui restituât tout ce qu'il a distribué ici, hors ces deux réponses, comme la Lettre pastorale, les trois Lettres contre M. de Paris, et son écrit latin contre vous sur la différence de vos sentiments en deux points. Mais cela n'étoit pas praticable. J'ignore le motif de cette démarche; ce que je sais, c'est qu'elle a produit un très mauvais effet contre lui dans l'esprit du Pape et de tout le monde. M. l'assesseur me l'a dit ainsi; le Pape en a parlé dans ce sens à monseigneur Giori, qui me l'a dit de même: j'en saurai davantage dans peu.

ce

Dans les deux dernières conférences, qui se tinrent jeudi et dimanche, tous les examinateurs parlèrent sur le onzième et le douzième articles, et parlèrent tous suivant leurs premiers principes. L'archevêque de Chieti ne s'y trouva point, il est encore incommodé. On doit examiner demain les six articles suivants, jusqu'au dix-neuvième. Le Pape continue à presser, et on ne perd point de temps: le scandale et la division continuent. Il seroit bon de faire écrire le nonce, pour représenter le mal qu'a fait l'adjonction des nouveaux examinateurs, le scandale que cause le partage, et faire sentir que la cabale est

marquée. Il faut décrier ce parti, afin que les cardinaux et le Pape ne soient pas arrêtés par leur autorité : c'est tout ce que je crains.

Je vis hier le père Dez, nous disputames; il

est du dernier entêtement je lui parlai fortement. Il n'avoit pas un mot à répondre sur tout, mais il ne se rendit pas. Les jésuites sont plus déclarés que jamais : leur unique but est de décréditer les évêques, le roi, et madame de

Maintenon.

J'attends la preuve de la liaison de M. de Cambrai avec madame Guyon et le père de La Combe, cela est essentiel pour les cardinaux :

Vos trois écrits latins ne sauroient trop tôt venir : il faudra les distribuer par toute l'Europe. Nous ne nous oublions pas.

Je vous supplie de vouloir bien faire mes compliments à toute la maison de M. de Noailles: je viens de les faire à M. l'archevêque de Paris, et à M. le cardinal d'Estrées, que je vous prie de remercier. Cette Éminence m'a écrit la lettre du monde la plus obligeante pour vous et pour moi: M. le cardinal de Bouillon se désespère, et est le même très assurément. Il est bon qu'il revienne à monseigneur Giori par MM. les cardinaux de Janson et d'Estrées, que je mande qu'il continue à se bien conduire dans l'affaire; et cela est vrai.

Rome, 8 avril 1698.

LETTRE CCXLVII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur le zèle que les protestants témoignoient pour M. de
Cambrai; les avantages qu'ils tireroient du silence de
Rome; et les lettres que M. de Cambrai commençoit à
lui adresser.

Votre lettre, du 25 mars, m'a été rendue samedi, en arrivant de Meaux en cette ville. J'y ai appris les extrêmes obligations qu'a la bonne cause à monseigneur Giori. Il combat pour l'Eglise catholique contre les protestants, qui

font tout ce qu'ils peuvent contre nous. Toutes de Hollande font l'apologie de M. de Cambrai les gazettes, tous les lardons et tous les journaux contre moi: on a réimprimé son livre en Hollande, chez le même libraire qui imprimoit autrefois pour la fanatique Bourignon*, qui ne

*Antoinette Bourignon, née à Lille en Flandre, en 1616, fut fameuse dans le dernier siècle par ses prétendues révélations, et par les dogmes de sa fausse spiritualité.

vantoit que le pur amour. Les quakers
* fai-
soient venir le livre de M. de Cambrai avec tant
d'empressement, qu'on a été obligé d'en arrêter
le cours. Je ne suis pas encore bien assuré de ce
dernier fait; mais les autres sont certains. A
moins qu'une sentence de Rome ne décide bien-
tôt un si grand différend, très aisé à résoudre
par la tradition, les protestants et les fanatiques
diront les premiers, que Rome commence à
douter de ses lumières; et les seconds, qu'elle
n'a osé condamner les erreurs des nouveaux
quiétistes, à cause de ses mystiques, qui pensent

comme eux.

Vous devez recevoir, à peu près dans le temps qu'arrivera cette lettre, le Mystici in tuto. J'ai voulu commencer par-là, comme par l'endroit sensible des spirituels : le reste suivra avec toute la diligence possible.

M. de Cambrai, après avoir écrit quatre lettres à M. de Paris, commence à m'écrire; et j'ai reçu une première lettre imprimée. On dit que j'en aurai ma douzaine. Jusqu'ici il n'y a que du verbiage. Quand j'aurai eu le loisir de lire, je vous en dirai davantage.

sont notés d'une raie de crayon. On aura sans doute envoyé à Paris la dernière édition; et en cas que vous ne l'ayez pas, le mémoire qu'on y joint vous instruira des les différences qui se trouvent dans l'une et dans l'autre. On a distribué une quatrième lettre contre M. de Paris sur l'addition faite à son Instruction pastorale, avec les deux premières lettres en latin. Vous voyez que M. de Cambrai ne manque pas de traducteurs, ni de gens qui prennent soin de ses impressions. On doit donner une dissertation sur le pur amour, comme vous verrez à la fin de la traduction de la réponse au Summa: je n'ai pas eu le temps de la collationner avec le latin. Cette réponse est de même caractère que la réponse à la Déclaration imprimée à Bruxelles, et y étoit jointe.

Les partisans du livre font valoir ces deux questions: 1o Si la béatitude n'est pas gratuite, et si Dieu n'auroit pas pu nous créer sans nous destiner à la béatitude éternelle; 2o si un homme, à qui Dieu révéleroit sa damnation infaillible, ne seroit pas obligé de l'aimer. Et on n'a pas honte de faire de telles suppositions, si éloignées de l'état de la question!

une si grande évidence, que les défenseurs du

Depuis le bruit du chapeau pour M. l'abbé d'Auvergne, on parle de M. l'archevêque de On finit dimanche l'examen jusqu'au dix-neuParis. J'aurai toute l'attention possible sur ce vième article: Granelli y fit valoir la Déclaraqui pourroit vous faire plaisir. Je serai demain àtion du père La Combe. On met la chose dans Versailles. Vous ne sauriez marquer assez de reconnois-livre en ont honte, et n'y répondent que par des sance aux amis de M. le nonce et à lui-même, puisqu'il a agi en cette cour avec toute l'affection possible pour votre justification; faisant voir aux ministres les lettres qu'il avoit de Rome, dont il m'envoyoit des extraits, et en rendant compte au roi même.

A Paris, 14 avril 1698.

LETTRE CCXLVIII.

DE L'ABBÉ PHELIPPEAUX A BOSSUET. Sur les différences d'une nouvelle édition que Fénelon venoit de donner de quelques uns de ses ouvrages; sur des questions que les partisans du livre élevoient, et les contradictions de M. de Cambrai.

Dans l'incertitude où nous sommes de savoir quelle édition vous avez de la Réponse à la Déclaration, on vous envoie celle de Lyon, qui a été donnée la première, et qu'on vouloit retirer, avec les suppressions et additions qui se trouvent dans l'édition de Bruxelles : les endroits

Les quakers ou tremblers ont pris naissance en Angleterre pendant les guerres civiles du règne de Charles Ier. Un nommé Fox, cordonnier dans la ville de Nottingham, fut l'auteur de cette sécte de fanatiques.

subtilités outrées qui font pitié : cependant ils persistent dans le parti qu'ils ont pris; ce qui cause du scandale dans l'esprit des honnêtes gens. Cela ne laissera pas peut-être d'embarrasser les cardinaux, qui ont coutume de s'en rapporter aux examinateurs. Beaucoup d'autres personnes étudient la matière: elles s'éclairent de jour en jour; et elles l'auroient été davantage, si vous aviez jugé à propos de donner des observations latines dans le temps qu'on vous avoit mandé. Demain on commencera à examiner les huit articles suivants jusqu'au vingt-sept; et j'espère que la discussion en sera finie dimanche prochain. Il ne restera que ce qui regarde la contemplation.

J'ai vu le provincial des carmes déchaux, qui a parlé au général. Ce général lui demanda quelle étoit la disposition des trois évêques à l'égard des réguliers. Je vous ai mandé ce qu'on avoit tâché d'inspirer sur cet article. Le père Cambolas a parlé fortement au cardinal Ferrari, et lui a fait connoître la disposition du royaume sur le livre. Il doit voir au premier jour le Pape, et il a promis d'en parler fortement. C'est ce Père dont M. l'abbé a écrit à M. de Paris.

Je vous prie de faire réflexion sur l'article | Il me semble à présent que la chose parle d'ellemême; mais j'avoue qu'elle m'a été fort sensible, et me le sera bien encore, si on n'a pas la bonté de m'assurer que le roi et les honnêtes gens sont convaincus de la vérité. J'ai reçu des lettres de M. le cardinal de Janson, de M. le cardinal d'Estrées, de M. l'archevêque de Reims, les plus obligeantes du monde. Pour ce qui me regarde, je ne donne aucun prétexte sur quoi que ce puisse être au monde. J'ose dire que je ne change rien à la conduite que j'ai toujours tenue ici, qui est approuvée des honnêtes gens, et que je tiendrai jusqu'à la fin; mais on n'est pas à l'abri d'une calomnie aussi peu fondée c'est au fond ma véritable consolation.

qui regarde M. de Chartres, page 9, qu'on a supprimé dans la nouvelle édition; et sur la suppression, page 189, de ces paroles: Je ne le répète point ici, ma lettre étant devenue publique. Il n'a donc rendu compte au Pape de ses sentiments sur madame Guyon que dans sa lettre au Pape, qui est devenue publique, où cependant il n'en dit pas un mot; car la note marginale n'étoit pas dans l'original écrit au pape, dont j'ai copie. Vous verrez aussi qu'il admet à présent deux amours surnaturels, l'un commandé par la charité, l'autre imparfait, qui n'est point relevé par le motif supérieur de la charité. Ainsi il rétracte son argument, que ce qui est imparfait vient de la nature. Je ne comprends plus rien dans le procédé de cet homme : c'étoit assez de manquer de science, sans manquer encore de bonne foi.

J'appréhende que vos écrits latins ne viennent un peu tard: ils serviront pour les cardinaux et leurs théologiens particuliers. Le provincial de Flandre des grands carmes a avoué au père Latenai que le livre étoit de la plus grande inutilité du monde, quand la doctrine n'en seroit pas mauvaise. Je suis avec un profond respect, etc.

A Rome, ce 15 avril 1698.

LETTRE CCXLIX.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE.

Sur l'état des congrégations; les conférences qu'il avoit eues avec quelques cardinaux, et les bruits que répandoit l'abbé de Chanterac sur les dispositions du roi.

Je vous envoie les additions et altérations de la nouvelle édition de Bruxelles; et comme je m'imagine que ce peut être celle que M. de Cambrai aura envoyée en France, je vous fais passer à tout hasard la première, à laquelle on a fait les additions que vous verrez. Je vous envoie aussi le françois de la réponse au Summa, que vous trouverez différent du latin que vous avez. Ce qu'il y a d'extraordinaire dans la démarche de M. de Cambrai, c'est que le latin de la traduction de la Réponse à la Déclaration est de même que cette édition françoise que je vous envoie. Tout cela est plein de détours inintelligibles: on n'oublie pas ici de tout faire remarquer, et j'espère que cela réussira malgré les oppositions.

:

Dans les deux dernières congrégations on a examiné jusqu'au dix-neuvième article. Tous les examinateurs ont parlé, hors l'archevêque de Chieti, qui doit parler la première fois. On n'a rien oublié pour son instruction; mais j'ai bien peur qu'il ne continue comme il a commencé. On doit examiner à présent depuis le dix-neuvième article jusqu'au vingt-troisième inclusivement, et ainsi de suite. Le Pape voudroit bien que les examinateurs pussent finir ce mois-ci: mais cela est impossible, et ils ne pourront finir qu'à l'Ascension; ce sera toujours quelque chose.

J'ai eu cette après-dinée une audience de trois heures avec le cardinal Panciatici, à qui j'ai tout expliqué sur le fait, tant du côté de France que de ce côté-ci. Comme il ne va jamais au saint-office, il ne savoit pas les choses extraordinaires qu'on avoit faites pour M. de Cambrai. Je lui ai fait tout connoître, aussi bien que le caractère des examinateurs, l'état où cette affaire étoit au mois de décembre, et l'état où la cabale l'avoit mise par l'adjonction des trois derniers examinateurs. Il est absolument nécessaire qu'on sache ces faits; car cela le décrédite absolument, parcequ'on voit l'esprit de la cabale, et le tort que toute cette conduite fait au SaintSiége et à la religion. Rien n'a été oublié, et je suis très content de lui. J'ai conféré aussi ce soir avec le cardinal Noris, qui voit clair dans cette affaire. Je crois savoir aussi que le cardinal Ferrari ne se laissera pas tromper : c'est beaucoup, avec la bonne intention du Pape, qui dure toujours. M. le cardinal Casanate est le plus sûr de tous. M. le cardinal d'Aguirre est également rempli de bonnes intentions.

Le secrétaire de M. le cardinal de Bouillon m'a averti que l'abbé de Chanterac et ses partiJ'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon- sans faisoient courir le bruit que le roi avoit neur de m'écrire de Meaux, du 24 mars. Vous écrit en particulier au Pape, pour l'assurer qu'il savez mieux ce qu'il faut faire pour moi que est indifferent sur le jugement de l'affaire de moi-même : je ne demande que justice et équité. ! M. de Cambrai; et que, pourvu qu'on finisse,

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